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BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ NATIONALE
D'ACCLIMATATION
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'mprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris
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BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ NATIONALE
D'ACCLIMATATION
Fondée le 10 février 1854
RECONNUE ÉTABLISSEMENT D UTILITÉ PUBLIQUE
PAR DÉCRET DU 26 FÉVRIER 1855
3« SÉRIE — TOIVI
[E X
'NÉE
SOGJ
LILLE,
1883
TRENTIÈME AN
AU
PARIS
SIÈGE DE LA
HÔTEL LAURAGUAIS, RUE DE
ÉTÉ
19
1883
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SOCIETE NATIONALE
D'AGCLIMATATION
I>E FFIAIXOE
■ ORGANISATION POUR L'ANNÉE 1883
Conseil. — Délégués. — ilniiimissinns. — Bureaux des Seclions.
CONSEIL D'ADMINISTRATIOiN POUR 1888
BUFtEA.TJ
Président.
MM. H. BOULEY (C. ^), Membre de l'Instilut (Académie des sciences)
et de l'Académie de médecine, professeur au Muséum d'his-
toire naturelle, inspecteur général des Écoles vétérinaires.
Vice-présidents.
MM. Ernest COSSON(0. ^), membre de rinstitut(Académie des sciences),
ancien conseiller général, membre du conseil d'administration
de la Société botanique de France.
Le comte d'ÉPRÉMESNlL (^), propriétaire.
De QUATREKAGES (C. *), membre de l'Institut (Académie des
sciences), professeur au Muséum d'histoire naturelle.
Le marquis de SINÉTY, propriétaire.
Secrétaire général.
M. Albert GEOFFROY SAL\T-HILAIRE (^), directeur du Jardin
zoologique d'Acclimatation du Bois de Boulogne.
Secrétaires.
MM. E. DUPIN (^), Secrétaire pour l'intérieur, ancien inspecteur des
chemins de fer.
ç;^ Maurice GIRARD, Secrétaire du Conseil, docteur es sciences,
g C. RAVERET-WATTEL {Q A.), Secrétaire des séances, sous-chef
de bureau au ministère de la guerre.
<^ P.-L.-II. FLURY-HÉRARD (^), Secrétaire pour l'étranger, banquier
""" du corps dipiomaliqne.
Ou
VI SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATA.TION,
Trésorier.
M. Saint-Yves MÉNARD, sous-direcleur du Jardin zoologique d'Accli
matation du Bois de Boulogne, professeur à l'École centrale
es arts et manufactures.
ïîSftjj Archiviste-bibliothécaire.
M. Amédée BERTHOULE, avocat, docteur en droit.
IVIEINIBFIES OU OONSEIL.
MM. Camille DARESTE, docteur es sciences et en médecine, directeur
du laboratoire de tératologie à l'École pratique des hautes
études.
Aimé DUFORT (^ A.), directeur des domaines.
Alfr. GRANDIDIER (^), voyageur naturaliste.
Henri LABARRAQUE (^), docteur en médecine, propriétaire.
Alph. LA VALLÉE (0.^), membre de la Société nationale d'agri-
culture'de France, président de la Société nationale et cen-
trale d'horticulture de France.
Edouard MÈNE (^), docteur en médecine, médecin de la maison
de santé de Saint- Jean-de-Itieu.
A. MILNE EDWARDS (^), membre de l'Institut (Académie des
sciences, professeur au Muséum d'histoire naturelle.
P. -A. PICHOT, directeur de la Revue britannique.
Edgar ROGER, conseiller référendaire à la Cour des comptes.
Le marquis de SELVE (^), propriétaire.
Léon VAILLANT (^), professeur au Muséum d'histoire naturelle.
Henry de VILMORIN (^), ancien membre du tribunal de commerce
de la Seine.
Vice-présidents honoraires.
MM. le prince Marc de BEAUVAU (0. ^), propriétaire, ancien con-
seiller général.
RICHARD (du Cantal), ancien représentant du peuple, propriétaire.
Membres honoraires du Conseil.
MM. Fréd. JACQUEMART (^), manufacturier, membre de la Société
nationale d'agriculture de France.
De RUFZ de LAVISON (0. ^), membre de l'Académie de méde-
cine.
Agent général.
M. Jules GRISARD {U A.), gérant des publications de la Société.
ORGANISATION.
Y|[
OËLËGUËS DU CONSEIL EN FRANCE
Boîilogne-s.-M ,MM.Carnier-Adam.
Douai, L. Maurice.
Le Havre, Henri Dela-
ROCHE.
La Roche-sur- Yon, MM. I). Golrdix.
Poitiers, Malapert père
Saint-Quentin, Theillier-Ues-
JARD1NS.
DELEGUES DU CONSEIL A L'ÉTRANGER
Cernay{khm),mi. A. Zurcher.
Mexico, Ghassin.
Milan, Gh. Brot.
New-Orleans, Ed. Sillan.
Odessa, P. de BouRakoff.
Pesth (Hongrie), Ladislas DE Wagner.
Québec, MM. Henry Joly de ïiOT-
BIN1ÈRE.
Rio-Janeiro, De Gapanë.ma
Téhéran, Tholozan.
Wesserling, Gros-Hartmann.
COMMISSION DE PUBLICATION
MM. le Président et le Secrétaire général, membres de droit.
D' E. GossoN, Vice-Président.
E. DuPiN, Secrétaire pour l'intérieur.
Maurice Girard, Secrétaire du Conseil.
Raveret-Wattel, Secrétaire des séances.
Flury-Hérard, Secrétaire pour l'étranger.
Saint-Yves Ménard, Trésorier.
olctur^Ed' MÈNE, I ^''''^'''' ^^ ^^"^^^^•
COMMISSION DES CHEPTELS
MM. le Président et le Secrétaire général, membres de droit.
Membres pris dans le Conseil.
MM. Amedée Berthoule.
Maurice Girard.
Saint-Yves Ménard.
Docteur Ed. Mène,
H. de Vilmorin.
Membres pris dans la Société.
MM. De Barrau de Muratel
Xav. Dybowski.
Jules Fallou.
Jules Gautier.
Paillieux.
COMMISSION DES FINANCES
MM. le Président et le Secrétaire général, membres de droit.
MM. Amédée Berthoule.
Aimé DuFORT.
MM. Eug. DupiN.
Saint-Yves Ménard.
VIII
SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
COMMISSION MÉDICALE
MM. le Président et le Secrétaire général, membres de droit.
MM. E. Hardy.
H. Labarraque.
Marais.
MM. Edouard 3IÈNE.
Saint-Yves Ménard.
Léon Vaillant.
COMMISSION PERMANENTE DES RÉCOMPENSES
MM. le Président et le Secrétaire général, membres de droit.
Délégués du Conseil.
MM. H. Labarraque.
Amédée Berthoule
MM. Raveret-Wattel.
Marquis de Sinéty
Délégués des sections.
Première section. — Mammifères. — MM
Deuxième section. — Oiseaux. —
Troisième section. — Poissons, etc. —
Quatrième section. — Ins'xtes. —
Cinquième section. — Végétaux. —
Saint- Yves Ménard.
C. Millet.
Amédée Berthoule.
Jules Fallou.
Docteur E. Mène.
BUREAUX DES SECTIONS
1'^ Section. — Maniniirèrcs.
MM. Geoffroy St-Hilaire, d. du Cons.
E. Becroix, président.
Saint- Yves Ménard, vice-président.
Gautier, secrétaire.
Xav. Dybowski, vice-secrétaire.
Z^ Section. — Oiseaux.
MM. Edgar Roger, dél. du Conseil.
C. Millet, président.
Baron d'Avène, vice-président.
Sturne, secrétaire.
Vicomte d'Esteri)o, vice- secrétaire.
5*^ Section.
3'^ Section. — Poissons, ete»
MM. L. Vaillant, délégué du Conseil
et président.
DeBarrau de Muratel ,vice-président.
Banmeyer, secrétaire.
L. Vidal, vice-secrétaire.
4* Section. — Insectes.
MM. Maurice Girard,delégué du Con-
seil et président.
Jules Fallou, vice-président.
A.-L. Clément, secrétaire.
Xav. Dybowski, vice-secrétaire.
- végétaux.
MM. Alph. LdivaWée, délégué du Conseil
Henri de Vilmorin, président.
Paillieux, vice-président.
Jules Grisard, secrétaire.
Jean Dybowski, vice-secrétaire.
YINGT-HUITIÊfflE LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES
Admissions Jii 19 mai 1882 au 25 mai 1883.
ACLOQUE (André), 53, rue de Lisbonne, à Paris.
Allard (Jules), 60, rue de Londres, à Paris.
Armet de LiSLE, industriel, à Nogent-sur-Marne (Seine).
Aron (Henri), U, rue de Grammont, à Paris.
Aron (Jules), 90, rue Lafayette, à Paris.
Aronssohn (Léon), propriétaire, à Lagny-le-Sec (Oise).
Babault de Lépine, à Douvy, près Brézé (Maine-et-Loire).
Baillet (V.), 40, rue de Laborde, à Paris.
Bailly (Louis-Joseph), chef de bataillon en retraite, 14, rue Charles Laf-
fitle, à Neuilly (Seine).
Banmeyer, 17, rue de Chateaudun, à Paris.
Baré (docteur E.), à Nort (Loire-Inférieure).
Barratt (le B. A. A.), Glenwood Thames Ditton, Surrey (Grande-Bre-
tagne).
Bass (W.-J.-M. de), notaire, à la Haye (Pays-Bas).
Beauciiaine (Gustave), à Châlellerault (Vienne).
Bellecombe (André de), homme de lettres, 43, rue Jacques Dulud, à
Neuilly (Seine).
Benoit (^Constant), avoué, 4, avenue de l'Opéra, à Paris.
Bernard (Henri), industriel, à Ambert (Puy-de-Dôme).
Bertheol, 7, rue de Poitou, à Paris.
Bertoni, rédacteur de la Revue scientifique suisse, à Loltigna, Tessin
(Suisse).
Binet, 40, rue de Prony, à Paris.
Blancherais (H. de la), conseiller municipal, à Cannes (Alpes-Maritimes).
Blignières (de), homme de lettres, 38, r. de Longchamps, à Neuilly (Seine).
Blocmann (Henri), chirurgien-dentiste, 18, rue des Pyramides, à Paris.
Blot (Alexandre), tiâ, rue Charles Laffitte, à Neuilly (Seine).
BoTTEY (Louis), propriétaire, à Charroux (Vienne).
Boursier (Charles), aviculteur, à Houdan (Seine-et-Oise).
BoYER-ViDAL (J.-B.-A.), à Besse (Puy-de-Dôme).
BOYRON (docteur Georges), à Chatelus-Malvaleix (Creuse).
Bravard (J. -Alfred), maire de Grandrif (Puy-de-Dôme).
Broissia (comte de), au château de Neublanc, par Chaussin (Jura).
Brosse (Gustave de la), maire de Messeix (Puy-de-Dôme).
Brousset (Pierre), négociant, à Cette (Hérault).
X SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
Brun (F.-Eug.), médecin vétérinaire, 9, rue Casimir Périer, à Paris.
BUHLER (A.-J.), 30, rue Vignon, à Paris.
Cantrelle, propriétaire, 10, rue de la Préfecture, à Beauvais (Oise).
Causans (Paul de), au château de Relibert, par Évaux (Creuse).
Choppin (Louis), 2, rue Mogador prolongée, à Paris.
Clerc (Hugues), inspecteur primaire de la Seine, 39, rue Saint-Ferdi-
nand, Paris.
COLLiN (A. -F.), juge de paix, à Lussac-les- Châteaux (Vienne).
CoLLiNET (Edmond), 53, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine).
Courteille (F.-A.), 37, rue Charles Laffitte, à Neuilly (Seine).
Dalaut (François), 43, avenue de la Grande-Armée, à Paris.
Daux (l'abbé Emmanuel), 47, faubourg Sapiac, à Montauban (Tarn-et
Garonne).
Danne (comte Léon de), 37, rue des Arènes, à Angers (Maine-et-Loire)-
Delaquys (E.), 4, rue Favart, à Paris.
Deltour (Paul-Félix), 8, rue Labordère, à Neuilly (Seine).
Dequeker (Emile), propriétaire, à Bergues (Nord).
Uesmatte (A.), professeur des sciences naturelles au lycée Charlemagne,
13, boulevard Saint-Germain, à Paris.
Desprez (Auguste), 265, rue Saint-Honoré, à Paris.
Douladoure (J.-L.), directeur générai de la Société la Garantie fédé-
rale, 38, rue des Bourdonnais, à Paris.
DuBERT (Martial), commissaire-priseur, 20, rue de Grammont, à Paris.
DUBUISSON (Eugène), 17, rue de Presbourg, à Paris.
DuFOURG (André), au château des Moules, par Villenenve-de-Marsan
(Landes).
DuFRESNE (Ernest), greffier de la justice de paix, 25, rue Jacques Dulud,
à Neuilly (Seine).
DuJARDiN (F.), 19, rue du Marché, à Neuilly (Seine).
Dl'NAC-Pol, propriétaire, à Tarascon (Ariège).
DuVAL, horticulteur, 64, rue du Plessis, à Versailles (Seine-et-Oise).
Du VAL (Gh.), au Parc, commune du Hézo, par Theix (Morbihan).
Elmore (Georges), au château de la Remonte, au Petit-Courgain, près
Saint-Pierre-lez-Calais (Pas-de-Calais).
Favre (Philippe), 59, avenue du Houle, à Neuilly (Seine).
Feuilloy (Gédéon), à Sénarpont, par Oisemont (Somme).
Forest (Jules), 15, rue Marsollier, à Paris,
Forestier de Coubert (comte F. -Henri de), au château de laBoisnière,
Châteaurenault (Indre-et-Loire).
FoKGEOT (E.), marchand grainier, 8, quai de la Mégisserie, à Paris. ■
LISTE SUPPLEMENTAIRE. XI
FOURNIER (E.), apiculteur, à Issoire (Puy-de-Dôme).
Fuzier-Hermann (Louis), à la Houssière, par Ligueil (Indre-et-Loire).
Ganivet (A.), juge de paix, à Douvres-h-Délivrande (Calvados).
Gaspard (Félix), notaire, à' Saint-Jean de Bournay (Isère).
GÉLiOT (Adrien), propriétaire, à Plainfaing (Vosges).
Gennadius, directeur du Jardin dendrologique de l'Etat, à Athènes
(Grèce).
Gérard (Albert), 8, rue Drouot, à Paris.
GouDCHAUX (Edmond), banquier, 52, boulevard Maillot, à Neuilly (Seine).
GuiLLET (Lucien), négociant, 9, rue Laftitte, à Paris.
Hameau, médecin-inspecteur, à Arcachon (Gironde).
Hernoux (Eugène), négociant, 211, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine).
Heughebaert, avocat, à Pecq-lez-Tournai (Belgique).
HiRSCH (Isidore), négociant, 59, rue Charles Laffitte, à Neuilly (Seine).
Hiver (A..), à Crouy-sur-Ourcq (Seine-et-Marne). ..,
HuiMIères (F. d'), au château de Couros, par Aurillac (Cantal).
JOLY(Ch.), ancien notaire, à Marlins-Engilbert (Nièvre).
Kerambrun (Denis), notaire, à Belle-Isle-en-Terre (Côtes-du-Nord).
Kern (Edouard), banquier, 7, rue Scribe, à Paris.
Labouret, 28, boulevard Haussmann, à Paris.
Lamy (David), avoué, 6, boulevard de Strasbourg, à Paris.
Laniol (Jean), à Murât (Cantal).
Lataste (Fernand), 7, avenue des Gobelins, à Paris.
Lecaille (Jules), à Avranches (Manche).
Lecomte (Henri), 8, boulevard Saint-Denis, à Paris.
Lecoq (Joseph), au château du Hilgny-Plogastel-Saint-Germain (Finistère).
Lecoq (Louis-Ch.), fabricant d'horlogerie, 51, rue Turbigo, à Paris.
Lecoq (Th. -Auguste), 11, rue Perronnet, à Neuilly (Seine).
Legrand (le docteur Jacques), 136, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine)»
Lefèvre, (Ch. -Ernest), banquier, 15, rue Cuvier, au Cateau (Nord).
Lefèvre (Joseph), 53, avenue de Neuilly, â Neuilly (Seine).
Lelubez (Grégoire), constructeur, 59, rue Condorcet, à Paris.
Lenglé (Paul), ancien député, 29, rue Jacques Dulud, Neuilly (Seine).
Le Pargneux (Albert), propriétaire, au château de Beauregard, près
Caen (Calvados).
Lessieux (Henri), manufacturier, à Bethel (Ardennes).
Letourneur (Bené-A.), 22, rue de l'Église, à Neuilly (Seine).
Leudet (Léon), i, rue Ménars, à Paris.
Lezaud, premier président honoraire de la Cour d'appel, à Limoges
(Haute-Vienne).
XII SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
LiGNEY (Edouard), 46, boulevard Magenta, à Paris.
La Ligue du reboisement de l'Algérie, à Alger (Algérie).
LoLiGOis (Antoine), 53, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine).
LouRADOUR-PoNTEiL (Félix), à la Jugière, commune de Saint-Leomer,
canton de la Trimouille (Vienne).
LouvENCOURT (.Iules de), négociant, U6, faubourg Saint-Denis, à Paris.
Lugand (Marie-Joseph), 3, rue Montrosier, à Neuilly (Seine).
Lugrin (François), pisciculteur, 4-6, rue du Ithône, à Genève (Suisse).
LUTNANN (Lcopold), 78, rue Monge, à Paris.
Mahieux, Caissier à la Société de dépôts et comptes courants, 63, ave-
nue de Neuilly, Neuilly (Seine).
Maisonneuve (Charles), au Gaudinet, 34, chemin de la Tortière, à Nantes
(Loire-Inférieure).
Mallassagne (Pierre), 139, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine).
Maquaire (A.), négociant, 5, boulevard de Strasbourg, cà Paris.
Marly (Graux), au château des Roches, à Bièvres (Seine-et-Oise).
Marronnière (Gustave de la), au château de la Marronnière, par Aizenay
(Vendée).
Martin (Biaise), 11, rue de la Chaussée, à Nevers (Nièvre).
Massias (Gabriel), négociant, 13, rue Vivienne, à Paris.
Massurel (Paul), à Roubaix (Nord).
Mengin (Maurice), capitaine au 107^ de ligne, à Angoulême (Charente).
MÉRAT (Louis), propriétaire, à Vaudes (Aube).
MÉTRA (Claude), 22, boulevard d'Inkermann, à Neuilly (Seine).
Mollinger (Godefroij, à Godesberg, près Bonn (Allemagne).
Mousset (Pierre), 127, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine).
Nouvel (Georges), au château de la Ronce, commune de Fontaine-sous-
Jouy (Eure).
Ogier d'Ivry (comte), 48, rue Raynouard, à Paris.
Ornano (le comte Ludovic d'), au château de la Branchoire, par Joué-
lez-Tours (Indre-et-Loire).
Parra-Bolivar (le docteur), consul des États-Unis de Venezuela, au
Havre (Seine-Inférieure).
I'auliau (Louis-André), 9, rue Labordère, à Neuilly (Seine).
Pehacca (le comte Mario Hyacinto), via délia Rocca, à Turin (Italie).
Perrot (J.), avenue de Déols, à Châteauroux (Indre).
Pi.MONT (G. -P. -Laurent), à Vilainville, par Criquetot-d'Esneval (Seine-
Inférieure).
PiNAUD, négociant, 14, rue Magenta, à Asnières (Seine).
PoLACK (.Iules), 189, av.nuc de Neuilly, à Neuilly (Seine).
LISTE SUPPLEMENTAIRE. XIII
Porte (Etienne), direcleur des courses d'Enghien, 23, chaussée d'Antin,
à Paris.
Pugh-Desroches, château de la Bouillie, près Versailles (Seine-et-Oise).
lUuLT (Jules), 1 i, rue Demours, à Paris.
Kavenez (Louis), 91, boulevard Gouvion-Saint-Cyr, à Paris.
Regny (Georges de), à Orgeval (Seine-el-Oise).
Revillon (le D'' Eug.), 9, boulevard Richard-Wallace, à Neuilly (Seine).
RiCHET, professeur à la Faculté de médecine, 15, rue de l'Université,
à Paris.
Rihouel (Amédée), conseiller référendaire à la Cour des comptes, 55,
ruj Jouffroy, à Paris.
Rivière (.1.-15.), 95, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine).
RivoiRON (Emile), pisciculteur, à Servayette, commune de Miribel-les-
Echelles (Isère).
Robert (le docteur H.), à Ligny (Nord).
Rocher, 66, rue Caumartin, à Paris.
RoGERON (Gabriel), au château de l'Arceau, près Angers (Maine-et-Loire).
Romain (L. Paul), 11, avenue de Madrid, à Neuilly (Seine).
ROULINAT (Charle>), 49, rue Charles Laflîtle, à Neuilly (Seine).
Roulland (Claude), à Geste (Maine-et-Loire)*
ROUSSET (Henri), fabricant d'horlogerie, 51, rue Turbigo, à Paris.
HoussEN (Léon de), 14, boulevard de Clichy, à Paris.
RouviÈRE, ingénieur civil, à Mazamet (Tarn).
Saffers (Emile), juge au tribunal de 1"= instance de la Seine, 9, rue
Laffilte, à Paris.
Saint-Georges (vicomte de), au château de Fragne, par Montluçon (Allier),
et rue Casimir Périer, 19, à Paris.
Saint-Meleuc fils (A. de), au château de la Haute-Forêt, à Bréal-sous-
Montfort (lUe-et- Vilaine).
Sanglebceuf, à Chissay, par Montrichard (Loir-et-Cher).
ScELLiER (de), 17, rue Parmentier, à Asnières (Seine).
Sharland (Henry), propriétaire, à La Fontaine Saint-Cyr, près Sours
(Eure-et-Loir).
SiREDEY (le docteur), 66, rue Charles Laffilte, à Neuilly (Seine).
SOLLER (Charles), explorateur, 1, rue Nouvelle, à Paris.
Tainturier (Henri), boulevard de la Courterie, à Bar-sur-Aube (Aube).
Tardieu (le docteur), à Arles (Bouches-du-Rhône).
Tartenson (le docteur A.), 10, rue de Châteaudun, à Paris.
Thomas (Alcide), à Mèze (Hérault).
Trasbot (Léopold), professeur de clinique à l'Ecole vétérinaire d'Alfort
(Seine).
XIV SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
VanOgten, directeur du jardin zoologique de la Haye (Pays-Bas).
ViANELLi (Albert), artiste peintre, 84, avenue des Champs-Elysées, à Paris.
ViÉviLLE (Etienne), batteur d'or, président de la chambre syndicale,
209, rue Saint-Maur, à Paris.
ViGNAUX (Alphonse), propriétaire, à Saint-Sauvy, par Gimont (Gers).
ViGOUR (Jules), notaire, à Saint-Servan (lUe-et-Vilaine).
ViGUiER (Paul), ancien président du Conseil général de Constantine, 17,
quai Voltaire, à Paris.
Vjncendon-Dumoulin, vice-président de la Société d'agriculture de Saint-
Marcellin (Isère).
ViOT (A.), ancien notaire, 62, rue Charles Laffitte, à Neuilly (Seine).
Walker (Georges), consul général des États-Unis d'Amérique, 3, rue
Scribe, à Paris.
Weytland, clerc de notaire, à la Haye (Pays-Bas).
YzAC (Louis), 83, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine).
Zammann (Félix), au château de Vasseyes, par Hannut (Belgique).
Zenk, à Wurzbourg (Bavière).
VINGT-SIXIÈME SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE
DE DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES
DE LA
SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE
PROGÈS-YERBAL
La Société nationale d'Acclimatation de France a tenu sa
vingt-sixième séance publique annuelle de distribution des
récompenses, le vendredi 25 mai 1883, dans la salle du
théâtre du Vaudeville, sous la présidence de M. H. Bouley,
membre de l'Institut, président de la Société.
Sur l'estrade avaient pris place MM. les membres du Conseil,
les membres du bureau des diverses Sections, les membres
de la Commission des récompenses, et un grand nombre de
notabilités françaises et étrangères.
Une très nombreuse et très brillante assemblée occupait la
salle.
L'orchestre du Jardin d'Acclimatation, dirigé parM.Mayeur
(de l'Opéra), prêtait son concours à cette solennité.
La séance a été ouverte par M. Bouley qui s'est exprimé en-
ces termes:
Mesdames et Messieurs,
« La Société d'Acclimatation tient aujourd'hui sa vingt-
sixième séance annuelle, mais ce chiffre ne donne pas la mesure
de son âge réel. Il y aura bientôt trente ans que M. Isidore
Geofîroy-Saint-Hilaire a eu l'heureuse idée de l'instituer, et si
la mort ne lui a pas permis de présider longtemps à son œuvre,
il a trouvé dans son fils, notre affectionné secrétaire général,
le continuateur de sa pensée. M. Alb. Geofïroy-Saint-Hiiaire
s'est consacré tout entier à la Société d'Acclimatation et il s'est
fait un pieux devoir de son succès.
XVI SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
» A-t-elle satisfait aux intentions de son illustre fondateur?
Pour répondre à cette question, elle n'a qu'à présenter les
29 volumes de ses Bulletins, pleins de mémoires scientifiques,
de faits d'observation, de résultats d'expérience sur une foule
de questions relatives à la biologie, c'est-à-dire embrassant
tout à la fois le règne animal et le règne végétal dans toutes
les parties du monde.
)) Je crois qu'au point de vue du nombre et de l'importance
de ses travaux, la Société d'Acclimatation occupe un rang élevé
parmi les sociétés qui ont pour objet la science et ses applica-
tions à la pratique.
» Ce qui la caractérise, c'est qu'elle est toujours ouverte à
toutes les bonnes volontés, à toutes les bonnes intentions, à
toutes les activités qui se proposent de contribuer aux pro-
grès de la science.
» De là son rajeunissement perpétuel. Ceux qui ont vieilli et
n'ont plus leur fécondité d'autrefois, ne ferment pas la porte
aux jeunes. Tout le monde a la liberté d'apporter ce qu'il peut
de concours.
» Les uns, leur subvention pour aider au mouvement parce
grand et indispensable ressort que l'argent constitue; les
autres, avec leur subvention, leur collaboration active, pour
l'éclaircissement et la solution de toutes les questions scien-
: tifiques et pratiques que comporte l'étude de l'acclimatation
dans ses rapports avec les deux règnes de la nature.
)^ Pour de tels résultats, on ne saurait avoir trop de res-
sources.
» Considérez, en effet, combien le programme de la Société
est étendu et vise un but élevé :
» Rechercher les espèces animales et végétales nouvelles dont
on pourrait faire bénéficier notre pays; les étudier pour con-
naître le climat auquel elles s'adaptent le mieux; les mettre
dans les conditions les plus convenables pour leur développe-
ment, leur reproduction, leur naturalisation.
» Puis cette première partie du problème résolu, les ré-
pandre en ayant soin de bien choisir les régions de la France
qui leur conviennent le mieux par leurs rapports de simili-
PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE. XVII
tude avec les régions dont les espèces qu'il s'agit d'acclimater
sont originaires.
» Grave problème et difficile, pour la solution duquel tous
les concours sont nécessaires. Les plus humbles peuvent y
contribuer aussi bien que les plus illustres; si nous avons
besoin de la science du savant, le modeste campagnard peut
nous être aussi grandement utile par son esprit d'observation
appliqué aux choses de la nature, dans le cercle où nous pou-
vons le convier à faire des essais soit de semis, soit d'éle-
vage.
» Ce serait donner à cette allocution plus de longueur que
ne le comporte le temps dont je dispose, que de rappeler, même
par une simple énumération, la longue série des espèces ani-
males ou végétales de provenance exotique dont l'Europe a
bénéficié. Pour donner une idée des grands services que peut
rendre l'acclimatation d'une espèce exotique, je me conten-
terai de citer ici l'introduction récente de V Eucalyptus, cet
arbre merveilleux par l'activité de sa végétation. On peut dire
que c'est un arbre sanitaire par excellence, car la puissance
de sa faculté d'absorption est si grande, qu'il aspire, dans les
terrains humides, l'excès des liquides qui les imprègnent, et
les répand dans l'atmosphère par la vaporisation de ses feuilles;
on peut dire qu'il constitue une sorte d'appareil de drainage
par en haut et que, grâce à la perfection de son fonctionne-
ment, il peut rendre habitables pour l'homme les localités
réputées les plus fécondes en fièvres pernicieuses. Si un jour
la campagne romaine est délivrée de sa terrible malaria, c'est
«à l'assainissement dont VEucalypliis aura été l'instrument,
qu'elle le devra en grande partie. Quelques résultats déjà ob-
tenus autorisent cette espérance.
» Voilà une belle conquête de l'acclimatation et qui doit
être un encouragement à poursuivre des recherches pour en
faire de semblables.
« Mais les éventails que je vois s'agiter devant moi me pré-
viennent que déjà l'atmosphère de cette salle est bien chaude.
Je m'arrête pour ne pas trop prolonger la durée de cette
séance et je donne la parole à mon jeune confrère de l'ensei-
3° SKRIE, T. X. — Séance publique aniuielle. b
XVIII SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
gnement vétérinaire, M. Raoul Baron, professeur de zootech-
nie à l'école d'Alfort. »
Après cette allocution vivement applaudie par l'assemblée,
M. Raoul Baron a fait une conlérence fort intéressante sur
« La distribution géoi/rapliique des animaujc dans ses rap-
ports avec V acclimatation. »
Enfin M. le Secrétaire général a présenté le rapport au nom
de la Commission des récompenses.
11 a été décerné cette année :
I Une médaille d'or offerte par le Ministère de l'agricul-
ture.
2° Une grande médaille d'or de 500 francs (hors classe) à
l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-llilaire.
8° Huit grandes médailles d'argent (hors classe) également
à l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire.
A" Deux prix extraordinaires d'une valeur totale de mille
francs.
5° Une prime de deux cents francs.
6° Trente neuf médailles d'argent.
7" Dix médailles de bronze.
8° Sept mentions honorables.
9° Quatre récompenses pécuniaires d'une valeur de cinq
cents francs.
iO' Les deux primes de 200 et de 100 francs fondées par
feu Agron de Germigny.
II " Deux primes de 300 francs, deux de 100 francs, deux
de 50 francs et deux de 25 francs offertes par l'administration
du Jardin d'Acclimatation.
Le Secrétaire des séances,
C. Rayeret-Wattel.
PRIX EXTRAORDINAIRES ENCORE A DÉCERNER
GÉNÉRALITÉS
1" — 188*î. — Prix de 1000 fVaiics fondé
pai* m. BEREIVD, iiieinltre de la Société.
Un prix de 1000 francs sera décerné à l'auteur du meilleur tra-
vail faisant connaître, au point de vue historique et pratique, les
travaux relatifs à l'acclimatation et les résultats obtenus depuis 1854.
Concours ouvert jusqu'au l*^'' déceinbro 1885. — Prix : aooo francs.
2" — 1S63. — Prix pour les travaux théoriques relatifs à
l'acclimatation.
§ I. Les travaux théoriques sur des questions relatives à l'accli-
matation, publiés pendant les cinq années qui précèdent, pourront
être récompensés, chaque année, par des prix spéciaux de 500 francs
au moins.
La Société voudrait voir étudier particulièrement les causes qui
peuvent s'opposer à l'acclimatation, et les moyens qui peuvent servir
à prévenir ou à combattre leurs effets.
§11. Il pourra, en outre, être accordé dans chaque section des
primes ou des médailles aux auteurs de travaux relatifs aux ques-
tions dont s'occupe la Société.
Ces travaux devront être de nature à servir de guide dans les ap-
plications pratiques ou propres à les vulgariser.
Les ouvrages (imprimés ou manuscrits) devront être remis à la Société
avant le 1" décembre de chaque année.
3° ^ 1867. — Prix pour les travaux de zoologie pure, pouvant
servir de guide dans les applications.
La Société, voulant encourager les travaux de zoologie pure (mo-
nographies génériques, recherches d'anatomie comparée, éludes
embryogéniques, etc.), qui servent si souvent de guide dans les ap-
plications utilitaires de cette science, et rendent facile l'introduction
d'espèces nouvelles ou la multiplication ou le perfectionnement d'es-
pèces déjà importées, décernera annuellement, s'il y a lieu, un prix
de 500 francs au moins à la meilleure monographie de cet ordre
publiée pendant les cinq années précédentes.
Elle tiendra particulièrement compte, dans ses jugements, des
applications auxquelles les travaux de zoologie pure appelés à con-
(1) L(î chiffre qui précède l'énoncé des divers prix, indique l'année delà fon-
dation de ces prix. Tous les prix qui ne portent pas l'indication d'une fondation
particulière sont fondés par la Société.
XX SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
courir auraient déjà conduil, que ces applications aient été faites par
les auteurs de ces travaux ou par d'autres personnes.
Un exemplaire devra être déposé avant le 1'^'" décembre.
4.0 _ 1875. — Des primes ou médailles pourront ètreaccordées
aux personnes qui auront démontré, pratiquement ou théoriquement,
les procédés les plus favorables à la multiplication et à la conserva-
tion des animaux essentiellement protecteurs des cultures.
Concours prorogé jusqu'au 1" décembre 1885.
50 1867. — Prix perpétuel fondé par fen
m™^ G1IÉRII\EAU , née DEL%L%I%DE.
Une grande médaille d'or, à l'efligie d'Isidore Geoffroy Saint-
Hilaire et destinée à continuer les fondations faites les années
précédentes, dans l'intention d'honorer la mémoire de l'illustre et
intrépide naturaliste voyageur, Pierre Delalande, frère de M'"^ Gué-
rineau.
Gette médaille sera décernée, en 1886, au voyageur qui, en
Afrique ou en Amérique, aura rendu depuis huit années le plus de
services dans l'ordre des travaux de la Société, principalement au
point de vue de l'alimentation de l'homme.
Les pièces relatives à ce concours devront parvenir à la Société avant
le 1" décembre 1885.
5<= 1861. — Primes fondées par feu
M. AGRO]\ DE GERIflIGIXY.
Deux primes, de 200 francs et de 100 francs, seront décernées,
chaque année, pour les bons soins donnés aux animaux ou aux vé-
gétaux, soit au Jardin d'acclimatation (200 francs), soit dans les
établissements d'acclimatation se rattachant ci la Société (prime de
100 francs).
Les pièces relatives à ce concours devront parvenir à la Société avant
le 1" décembre de chaque année.
PREMIÈRE SECTION. — MAMMIFÈRES
jo — 1864. — Introduction d'espèces nouvelles.
11 pourra être accordé, dans chaque section, des primes d'une valeur
de 200 à 500 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce
nouvelle utile ou ornementale d'un réel intérêt.
2» — 1870. — Introduction en France des belles races asines
de l'Orient.
On devra faire approuver par hi Société d'Acclimatation les Anes éta-
PRIX EXTRAORDINAIRES. XXI
Ions importés, et prouver que vingt saillies au moins ont été faites dans
l'année par chacun d'eux.
Concours prorogé jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : looo n-anc»*.
30 _ 1868. — Domestication complète, application à l'agricul-
ture ou emploi dans les villes de l'Hémioiie [Eqims Hemionus) ou
du Dauw {E. Burchellï).
La domestication suppose la reproduction en captivité.
Concours prorogé jusqu'au l""^ décembre 1885. — Prix : 100© francs.
40 _ 1S67. — Métissage de l'Hémione ou de ses congénères
(Dauw, Zèbre, Couagga) avec le Cheval.
On devra avoir obtenu un ou plusieurs métis âgés au moins d'un an.
Concours prorogé jusqu'au l"'' décembre 1885.— Prix : looorrancs.
50 — 1867. — Propagation des métis de l'Hémione ou de ses
congénères (Dauw, Zèbre, Couagga) avec l'Ane.
Ce prix sera décerné à l'éleveur qui aura produit le plus de métis. (11
devra en présenter quatre individus au moins.)
Concours prorogé jusqu'au l^' décembre 1885. — Prix : 1 000 fi-anca«.
Qo — 1867. — Élevage de rAlpaca,de l'Alpa-Lama et du Lama.
On devra présenter au concours douze sujets nés chez l'éleveur ei
âgés d'un an au moins.
Concours prorogé jusqu'au l"'" décembre 1885. — Prix : 1500 n-anci«.
70 — 1869. — Prix pcppéttiel fonde pai* feu
!ll">'Acl. DUTROIVi:, uéc GALOT.
Une somme annuelle de 100 francs sera, tous les trois ans, con-
vertie en prime de 300 francs (ou médaille d'or de cette valeur),
et décernée, par concours, au propriétaire ou au fermier qui, en
France ou en Belgique, aura le mieux contribué à la propagation de
la race bovine désarmée sarlabot, créée par feu M. le conseiller
Ad. Dutrône.
Ce prix sera décerné en 188i et 1887.
8» — 1873. — Chèvres laitières.
On devra présenter 1 Bouc et 8 Chèvres d'un type uniforme, et justifier
({ue trois mois après la parturition les Chèvres donnent 3 litres de lait
par jour et par tète.
Les concurrents devront présenter un compte des dépenses et recettes
occasionnées par l'entretien du troupeau, et faire connaître à quel usage
le lait a été employé (lait en nature, beurre, fromage).
Concours ouvert jusqu'au l"'" décembre 1885. — Prix : 500 n-ancs.
90 — 1874. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans
un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf Wapiti {Cervus
Canadensis), du Cerf d'Arislote {Cervus Arislotelis) ou d'une autre
grande espèce.
. On devra faire constater la présence de di.v individus au moins, nés à
XXII SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
l'éîat de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au l*'' décembre 1885. — Prix : i50o francs.
10^ — ISî^l. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans
un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf axis (Cerwts axis),
du Cerf des Moluques (Cermis Moluccensis) ou d'une autre espèce
de taille moyenne.
Ou devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à
l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au 1^'' décembre 1885. — Prix : looo n-nnes.
Il» — 1874. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans
un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf-Cochon {Cervus
porcinus) ou d'une autre espèce analogue.
On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à
l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés déplus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au !<"• décembre 1885. — Prix : soo francs.
42" — ISî-â. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans
un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf Pudu (Cen'its
Pudu) ou d'une espèce analogue.
On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à
l'état de lil)erté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 50© francs.
43" — 1874. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans
un grand parc clos de murs ou en forêt), de l'Antilope Canna {Bos
elaphus Oreas) ou d'une autre grande espèce.
On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à
l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au 1*'" décembre 1885. — Prix : tso© francs.
14,0 — 1874. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans
un grand parc clos de murs ou en forêt), de l'Antilope Nylgau {Por-
tax picta) ou d'une autre espèce de taille moyenne.
On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à
l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au 1^' décembre 1885. — Prix : «ooo francs.
15» — 1874. — Multiplication en France, à l'état sauvage
(dans un grand parc clos de murs ou en forêt), d'Antilopes de petite
taille.
On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à
l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au 1"" décembre 1885. — Prix : soo francs.
16" — 1878. — Introduction en France de VHydropotcs inermis
{Ke ou Cliang).
On devra avoir introduit au moins trois couples de Ke ou Chang, et
faire constater que trois mois après leur importation, ces animaux sont
dans de bonnes conditions de santé.
Concours prorogé jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : soo francs.
PRIX EXTRAORDINAIRES. XXIII
1 70 — 187». — Multiplication en France de V Hydropotes imrmis
(Ke ou Chang).
On devra faire constater la présence de dix individus au moins âgés de
plus d'un an et issus des reproducteurs importés.
Concours prorogé jusqu'au l''' décembre 1885. — Pnix : looo francs.
iS° — 1865. — Domestication en France du Castor, soit du Ca-
nada, soit des bords du Rhône.
On devra présenter au moins quatre individus mâles et femelles, nés
chez le propriétaire et âgés d'un an au moins.
Concours prorogé jusqu'au ["' décembre 1885. — Prix : soo francs.
— Le prix sera doublé si l'on présente des individus de seconde géné-
ration.
IQo — 1875. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans
un grand parc clos de murs ou en forêt), de Kangurous de grande
espèce.
On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à
I 'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au 1'^'" décembre 1885. — Prix : «ooo francs.
20» — 1875. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans
un grand parc clos de murs ou eu forêt), de Kangurous de uetite taille.
On devra faire constater la présence de dix individus au mouis, nés à
l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au 1^'" décembre 1885. — Prix : 500 francs.
21« — 1882. — Multiplication en France du Lapin géant des
Flandres, à oreilles droites.
On devra présenter 5 mâles et 5 femelles adultes, nés chez l'éleveur,
du poids moyeu de 8 kilogrammes.
Concours ouvert jusqu'au l^"'' décembre 1885. — Prix : 300 francs.
2-2" — 188*2. — Alimentation du bétail par le Téosinté {Reana
luxurians).
On devra présenter un compte établissant le rendement obtenu, en
poids, d'une plantation de Téosinté couvrant au moins 25 ares et fournir
des renseignements circonstanciés sur les avantages ou les inconvénients
que présente ce mode d'alimentation pour le bétail.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 300 francs.
23» — 1882. — Alimentation des animaux par le Soya.
On devra fournir des renseignements circonstanciés sur les avantages
ou les inconvénients que présente ce mode d'alimentation pour les ani-
maux soit à l'état vert, soit à l'état sec.
Concours ouvert jusqu'au 1'='' décembre 1885. — Prix : 300 francs.
XXIV SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
DEUXIÈME SECTION. — OISEAUX
\o — 1H<>4. — Introduction d'espèces nouvelles.
Il pourra èlre accordé, dans chaque section, des primes d'une valeur
de 200 ;"i .^00 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce
nouvelle utile ou ornementale d'un réel intérêt.
20 _ 1875. — Un prix de 500 francs sera accordé à l'inventeur
d'un genre de nourriture artificielle ou composition pouvant rem-
placer partout et à un prix modéré les œufs de fourmis (nymphes
et larves), pour l'élevage des Perdrix et des Faisans. Ou devra
justifier du plein succès du procédé et livrer ce genre de nour-
riture à un prix qui ne sera pas plus élevé que celui des œufs de
fourmis.
Concours ouvert jusqu'au \" décembre 1885. — Paix : 500 francN.
3û _ 1864. — Introduction et acclimatation d'un nouveau gibier
pris dans la classe des Oiseaux.
Sont exceptées les espèces qui pourraient ravager les cultures.
On devra présenter plusieurs sujets vivants de seconde génération.
Concours prorogé jusqu'au i" décembre 1885. — Prix : soo
lOOO rrancs.
A" — 1870. — Multiplication et propagation en France ou en
Algérie du Serpentaire (Gypogeranus Serpentarins).
On devra présenter un couple de ces oiseaux de première génération ^
et justifier de la possession du couple producteur et des jeunes obtenus.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Pnix : «ooo francs.
5" — 1868. — Acclimatation du Martin triste (Acridotheres
tristis) ou d'une espèce analogue, en Algérie ou dans le midi de la
France.
On devra présenter cinq paires de ces oiseaux, adultes, de seconde
génération.
Concours prorogé jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : soo n-uncs.
G" — 1870. — Multiplication en France, à l'état sauvage, de la
Pintade ordinaire {Numida Meleagris).
On devra faire constater l'existence, sur les terres du propriétaire,
d'au moins quatre compagnies de Pintades de six individus chacune,
vivant à l'état sauvage.
Concours prorogé jusqu'au i" décembre 1885. — Prix : «50 n-anes.
1° — 1875. — Multiplication en France, k l'état sauvage, du
Faisan vénéré.
On devra faire constater l'existence d'au moins dix jeunes sujets vivant
en liberté et provenant du couple ou des couples lâchés.
Concours prorogé jusqu'au l^décendjre 1885. — Prix : soo francs.
8" — 1870. — Création d'une race de Poules domestiques
pondant de gros œufs.
PRIX EXTRAORDINAIRES. XXV
On devra présenter au moins douze Poules de 3^ génération, constituant
une race stal)le, et donnant régulièrement des œufs atteignant le poids de
75 grammes. Cette race, créée parla sélection ou par croisement, devra pré-
senter les caractères d'une variété de bonne qualité pour la consommation.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — f^iux : 500 n-ancs.
9° — 1879. — Reproduction en captivité du Lophopliore {Lo-
phophoriis refulgens) en France.
On devra présenter au moins six sujets vivants nés chez le proprié-
taire et issus d'oiseaux nés en Europe.
Concours ouvert jusqu'au l'^'' décembre 1885. — Prix : 500 francs.
10° — 1867. ^ Introduction et multiplication en France, en par-
quets, du Tétras huppecol (Tetrao Citpido) de l'Amérique du Nord.
On devra présenter au moins douze sujets, complètement adultes, nés
et élevés chez le propriétaire.
Concours prorogé jus(|u'au 1" décembre 1885. — Prix : î50 n-anc^i.
Le prix sera doublé si la multiplication du Tétras huppecol a été
obtenue en liberté.
il" — 1870. — Multiplication en France, à l'élat sauvage, de la
Perdrix de Ciiine {Galloperdix Sphenura) ou d'une autre Perdrix
percheuse.
On devra faire constater l'existence d'au moins six sujets vivant en
liberté et provenant du ou des couples lâchés.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : soo francs.
12° — 187 7. — Importation des grosses espèces de Colins (ori-
ginaires du Mexique et du Brésil) et des petites espèces de Tina-
mous de l'Amérique méridionale.
On devra avoir importé au moins six couples de ces oiseaux et justifier
que trois mois après leur importation ils sont dans de bonnes conditions
de santé.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 950 n-ancs.
13° — 187 7. — Multiplication en volière des grosses espèces de
Colins originaires du Mexique et du Brésil, ou des petites espèces de
Tinamous de l'Amérique méridionale.
On devra présenter dix sujets vivants nés des oiseaux directement im-
portés du pays d'origine.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 3«o francs.
14,0 __ f 881. — Reproduction de la grande Outarde (^Otis tarda)
à l'élat sauvage.
On devra prouver que trois couples au moins de grandes Outardes ont
couvé et élevé leurs jeunes en France, sur les terres du propriétaire.
Concours ouvert jusqu'au 1'^'" décembre 1885. — Prix : soo francs.
15° — 1870. — Domestication en France ou en Algérie de ITbis
sacré (Ibis religiosa) ou de l'Ibis falcinelle {Ibis falcinelliis), ou
d'un autre oiseau destructeur des Souris, Insectes et Mollusques nui-
sibles dans les jardins.
XXVI SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Sont exceptées les espèces qui pourraient ravager les cultures.
On devra faire constater l'existence de quatre sujets au moins de pre-
uière vénération, vivant en liberté autour d'une habitation et nés de
parents libres eux-mêmes dans la propriété.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 5oo n-anes.
16° 186'?. — Domestication de l'Autruche d'Afrique {Strii-
thio camelus) en Europe.
On devra justifier de la possession d'au moins six Autruches nées chez
le propriétaire et âgées d'un an au moins.
Concours prorogé jusqu'au 1^' décembre 1885. — Prix : isoo n-ancs.
17» l§79. — Création en Algérie d'une ferme d'Autruches.
On devra être possesseur de dix couples, au moins, de reproducteurs,
et avoir fait naître et élever dans les trois années précédentes cent jeunes
autruchons. Les concurrents ne seront pas tenus d'entretenir chez eux
tous les jeunes produits; mais ils devront fournir des documents authen-
tiques justifiant de la destination qui leur a été donnée.
Les concurrents devront présenter un compte des dépenses et recettes
occasionnées par l'entretien du troupeau ; faire connaître la valeur des
plumes livrées au commerce; les procédés cà employer pour la multipli-
cation des jeunes (incubation naturelle ou hydro-incubateurs), et adresser
à la Société un rapport circonstancié donnant tous les détails propres à
l'éducation de l'Autruche en captivité.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : fooo n-ancs.
18" _ 1873. _ Domestication d'un nouveau Palmipède utile.
On devra présenter au moins dix sujets vivants de seconde génération
produits en captivité.
Concours prorogé jusqu'au l^"" décembre 1885. —Prix: fooo n-anes.
IQo __ 1882. — Un prix de 300 francs sera décerné à l'auteur
du meilleur travail sur les nichoirs artificiels pour la protection et
la propagation des espèces d'oiseaux qui nichent dans les creux
ou trous des arbres, des murailles ou des rochers.
L'auteur devra produire des modèles de nichoirs en indiquant leur
mode de construction et leur prix de revient, et justifier des résultats
obtenus depuis cinq ans au moins.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1890. — Prix : 300 francs.
20" — 18S*i. — Un prix de 300 francs sera accordé h. l'inven-
teur d'un genre de nourriture artificielle ou composition pouvant
remplacer les pâtées fraîches, pour les oiseaux insectivores entre-
tenus en volières.
On devra faire connaître la composition et le mode de préparation,
justifier des avantages que présente l'emploi de cette composition au
point de vue de sa conservation, de ses qualités nutritives cl de son prix
de revient.
Concours ouvert jusqu'au 1'^'' décembre 1885. — Prix : 300 n-ancs.
PRIX EXTRAORDINAIRES. XXVII
TROISIÈME SECTION. — POISSONS, MOLLUSQUES, ETC.
CRUSTACÉS, ANNÉLIDES
10 — 1864. — Introduction d'espèces nouvelles.
11 pourra être accordé, dans cliaque section, des primes d'une valeur
■de 200 à .500 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce
'«nouvelle utile ou ornementale d'un réel intérêt.
^0 _ 1882.^— Recherches sur les propriétés physiques et
chimiques des eaux douces au point de vue de l'aquiculture.
L'auteur devra faire ressortir, par des observations et des analyses
pratiques, les conditions favorables au développement des diverses
«spèces de Poissons, Crustacés, Mollusques et Végétaux.
Concouî-s ouvert jusqu'au !*■• décembre 1885. — Prix : 500 francs.
3» _ 1883. —Recherches sur les propriétés physiques et chi-
miques des eaux de mer et saumâtres au point de vue de l'aquicul-
ture.
L'auteur devra faire ressortir, par des observations et des analyses
pratiques, les conditions favorables au développement des diverses
^espèces de Poissons, Crustacés, Mollusques et Végétaux.
Concours ouvert jusqu'au 1^' décembre 1885. — Pkix : 500 francs.
REPTILES
4.0 — 1870. — Introduction et multiplication en France de la
Grenouille bœuf (/?awa mugiens) de rAmérique du Nord.
On devra justilier de la possession de vingt-cinq sujets nés chez le pro-
.priétaire.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885.— Prix : S50 francs.
POISSONS
5" _ 1873. — Introduction dans les eaux douces de la France
d'un nouveau Poisson alimentaire.
Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins ; on
devra justifier qu'ils ont été importés depuis plus d'un an.
Concours ouvert jus([u'au l""' décembre 1885. — Prix : 5oo francs.
6» — 187». — Acclimatation dans les eaux douces de la France
d'un nouveau Poisson alimentaire.
Concours ouvert jusqu'au l'"" décembre 1885. — Prix : looo n-anes.
7» — 1873. ~ Introduction dans les eaux douces de l'Algérie
d'un nouveau Poisson alimentaire.
Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins; on
devra justifier qu'ils ont été importés depuis plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 5oo n-ancs.
XXVIII SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Le prix sera doublé si le poisson introduit est le Gourami {Osphrome-
nus olfax).
go 1873. — Acclimatation dans les eaux douces de l'Algérie
d'un nouveau Poisson alimentaire.
Concours ouvert jusqu'au \" décembre 1885. — Pnix : looo frnnc««.
Le prix sera doublé si le poisson acclimaté est le Gourami {Osphrome-
nus olfax).
90 187S. — Introduction dans les eaux douces de la Guade-
loupe et de la Martinique d'un nouveau Poisson alimentaire.
Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins ; on
devra justifier qu'ils ont été importés depuis plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 500 rrancs.
Le prix sera doublé si le poisson introduit est le Gourami [Osphrome-
nus olfax ).
10° 1§73. — Acclimatation dans les eaux douces de la Gua-
deloupe et de la Martinique d'un nouveau Poisson alimentaire.
Concours ouvert jusqu'au 1^' décembre 1885. — Prix : lOOO franc».
Le prix sera doublé si le poisson acclimaté est le Gourami (Osphrome-
nus olfax).
llo_ 1874. — Introduction en France du Coregonus olsego de
l'Amérique du Nord.
Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins, et
l'on devra justifier qu'ils ont été importés depuis plus d'un an.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 500 n-anc»*.
Si des multiplications du Coregonus otsego ont été obtenues en France,
le prix sera doublé.
12° 1 8'3'9. — Multiplication en France du Saumon de Cali-
fornie {Salmo quinnat) de l'Amérique du Nord.
On devra présenter au moins 500 alevins, âgés d'un an, nés de parents
existant dans les eaux du propriétaire depuis au moins dix-buit mois.
L'état des reproducteurs devra être constaté au moment du frai par
des pièces autbentiques. On devra également faire constater l'époque de
l'éclosion des œufs et faire connaître dans un rapport circonstancié les
observations auxquelles donnerait lieu l'éducation de ces jeunes poissons.
Concours ouvert jusqu'au 1"" décembre 1885.— Prix : 5oo n-ancs.
130 — 1879.— Propagation dans les eaux douces de la France
de la grande Truite des lacs {Salmo Lemanus).
Concours ouvert jusqu'au \"' décembre 1885. — Prix : 500 n-anes.
44.0 — 1879. — Propagation dans les eaux de la France du
Corégone Lavaret.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : «oo francs.
15» — 1881. — Protection des poissons migrateurs.
Un prix de 500 francs sera décerné à l'auteur du meilleur travail indi-
({uant, au point de vue pratique, les moyens les plus propres à assurer
PRIX EXTRAORDINAIRES. XXIX
la reproduction des poissons migrateurs dans les eaux douces de la
France.
L'ouvrage devra particulièrenienl faire connaître les avantages et le
mode de construction des appareils ou ftassages, dits échelles à saumons,
permettant aux poissons migrateurs de franchir les barrages, chutes
d'eau et obstacles divers, dans les cours d'eau.
Concours ouvert jusqu'au l'^"' décembre 1885. — Prix : 500 francs.
16" — I8S2. — Etablissement d'échelles pour les poissons mi-
grateurs.
Un prix de 500 francs sera décerné aux usiniers ou propriétaires qui
auront établi, dans des conditions pratiques, des échelles pour le passage
des poissons migrateurs.
Concours ouvert jusqu'au 1"' décembre 1885. — Pfux : 500 rrnncs.
17" — 1883. — Jlultiplication des Cyprinides.
Il pourra être accordé des primes ou des médailles à toute personne
qui aura obtenu, dans des eaux closes, de l'alevm de Cyprinide, notam-
ment la Carpe et la Tanche, et qui justifiera en avoir introduit en grand
nombre dans les cours d'eau de la région et aura ainsi contribué le plus
efficacement à leur repeuplement.
■ Concours ouvert jusqu'au 1^' décembre 1885. — Prix : soorrnnes.
MOLLUSQUES
18° — 1867. — Acclimatation et propagation d'un Mollusque
utile d'espèce terrestre, fluviatile ou marine, resté jusqu'à ce jour
étranger à notre pays. — Cette acclimatation devra avoir donné lieu
à une exploitation industrielle ; ses produits alimentaires ou autres
seront examinés par la Société.
Concours prorogé jusqu'au 1'='' décembre 1885. — Piux : 50« francs.
19" — 1869. — Reproduction artificielle des Huîtres. — Un prix
de 1000 francs sera décerné pour le meilleur travail indiquant, au
point de vue pratique, les méthodes les plus propres à assurer cette
reproduction artificielle. L'ouvrage devra, en outre, faire connaître
d'une manière précise les conditions à remplir pour obtenir les au-
torisations de créer des établissements luiîlriers, et énumérer les
travaux que comportent les bancs d'Huîtres naturels, aussi bien que
les caractères auxquels on peut reconnaître qu'un banc est exploi-
table; enfin quelles sont les mesures qu'il convient de prendre pour
l'enlèvement du coquillage. En un mot, ce travail devra constituer
un véritable manuel d^ ostréiculture.
Concours prorogé jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix: tooo rranc!i.
-20» — 1879. — Culture de la Moule sur les côles méditerra-
néennes.
On devra justifier d'une superficie d'un hectare mis en culture, soit sur
XXX SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
fond horizontal, soit sur bouchots, et ayant donné des produits ahraen-^
taires au moins une année.
Les concurrents devront joindre à l'appui de leur demande un mémoire
indiquant, au point de vue pratique, les moyens les plus propres à assurer
le succès de semblable industrie, et présenter un compte des dépenses
occasionnées pour l'établissement de l'exploitation et des bénéfices qu'on,
peut en tirer.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Paix : looo francs.
CRUSTACÉS
210 — 1867. — Introduction et acclimatation d'un Crustacé-
alimentaire dans les eaux douces de la France, de l'Algérie, de la,
Martinique ou de la Guadeloupe.
Concours prorogé jusqu'au i" décembre 1885. — Prix : 5oo francs..
QUATRIÈME SECTION. — INSECTES
1° — 1864. — Introduction d'espèces nouvelles.
Il pourra être accordé, dans chaque section, des primes d'une valeur-
de 200 à 500 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce
nouvelle utile ou ornementale d'un réel intérêt.
2» _ 1865. — Acclimatation et multiplication soutenue pen-
dant trois années au moins en Europe ou en Algérie d'un insecte
producteur de cire, autre que l'Abeille ou les Mélipones.
Concours prorogé jusqu'au i"" décembre 1885. — Prix: «ooo francs.
SÉRICICULTURE
30 — 1881. — Acclimatation et multiplication soutenue pen-
dant trois années au moins, en France ou en Algérie, d'une nouvelle
espèce de Ver à soie produisant de la soie bonne à dévider ou à.
carder pour employer industriellement.
Le prix ne sera accordé que sur preuve d'une production annuelle de-
trois mille cocons au moins.
Concours ouvert jusqu'au l'"" décembre 1885. — Paix : 1000 francs.
40 — 1881. — Application industrielle de la soie de l'At-
tacus Cynthia vera, Ver à soie de l'Ailante.
On devra présenter plusieurs coupes d'étoffe formant ensemble au
moins 50 mètres, et fabriquées avec la soie dévidée en fils continus de
YAttacus Cijnthia et sans aucun mélange d'autres matières. Les tissus,
de bourre de soie sont hors de concours .
Concours ouvert jusqu'au 1'''" décembre 1885. — Prix : 1000 francs.
50 — 1818. — Encouragement, en France, à un établissement
industriel pouvant livrer à la consommation, et prêtes à être tissées,.
PRIX EXTRAORDINAIRES. - XXXI
des soies grèges ou des fdoselies des cocons d'une des espèces ci-
après désignées :
Attacus Yama-maï, Pernyi, Cyntliia, Cecropia, Polyphe-
imis, Ole, espèces qui ont déjà été l'objet d'éducations en France
sur une échelle plus ou moins étendue.
Concours ouvert jusqu'au l^' décembre 1885. — Prix : looo n-ancs.
go — 187 7. — Vers à soie du Mûrier. — Études théoriques et
pratiques sur les diverses maladies qui les atteignent. Les auteurs
devront, autant que possible, étudier monographiquement une ou
plusieurs des maladies qui atteignent les Vers à soie, en préciser
les symptômes, faire connaître les altérations organi({ues qu'elles
entraînent, étudier expérimentalement les causes qui leur donnent
naissance et les meilleurs moyens k employer pour les combattre.
Concours ouvert jusqu'au 1"" décembre 1885. — Ptux : looo francs.
70 _ 1870. — Vers à soie du Mûrier, — ^Production dans le nord
de la France de la graine de Vers à soie de races européennes par
de petites éducations.
Considérant l'intérêt qu'il y aurait à encourager la production de
la graine saine des Vers k soie du Mûrier de races européennes, les
prix sont institués pour récompenser dans les bassins de la Seine,
de la Somme, de la Meuse, du Rhin, ainsi que dans la portion sep-
tentrionale du bassin de la Loire, les petites éducations qui permet-
tront de mettre au grainagedes cocons provenant d'éducations dans
lesquelles aucune maladie des Vers n'aura été constatée.
La Société n'admettra au concours du grainage que les graines de
Vers à so^e de races européennes.
Elle ne primera aucune éducation portant sur plus de 30 grammes-
de graine pour une même habitation.
Mise au grainage de plus de 50 kilogrammes de cocons :
Deux Prix de 500 francs chacun.
Mise au grainage de 25 à 50 kilogrammes de cocons :
Deux Prix de 2»0 fVaucs chacun.
Mise au grainage de 10 k ^25 kilogrammes de cocons :
Quatre Prix de 150 francs chacun.
Mise au grainage de 5 k 10 kilogrammes de cocons :
Dix Prix de 100 francs chacun.
Ces primes seront distribuées chaque année, s'il y a /<CM, jusqu'en 1885.
Les concurrents devront (cette condition est de rigueur) se faire con-
naître en temps utile, afin que la Société puisse faire suivre par ses dé-
légués la marche des éducations et en constater les résultats.
XXXII ' SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
APICULTURE
8" — 1870. — Etudes lliéoriques et pratiques sur les diverses
maladies qui atteignent les Abeilles, et principalement sur la loque
ou pourriture du couvain.
Les auteurs devront, autant que possible, en préciser les sym-
ptômes, indiquer les altérations organiques qu'elle entraîne, étudier
expérimentalement les causes qui la produisent et les meilleurs
moyens à employer pour la combattre.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Pni\ : 500 francs.
9" — 1870. — Propagation en France de l'Abeille égyptienne
[Apis fasciata).
On devra justifier de la possession de six colonies vivant cliez le pro-
priétaire depuis au moins deux ans, en bon état, sans dégénérescence ni
hybridation, et de si.\ bons essaims de l'année parfaitement purs, prove-
nant des ruches mères ci-dessus désignées.
Concours ouvert jusqu'au \" décembre 1885. — Prix : 5oo francs.
10» — 1870. — Introduction en France d'une Mélipone ou Tri-
gone (Abeille sans aiguillon) américaine, australienne ou africaine.
Présenter une colonie vivant depuis deux ans chez le propriétaire.
Concours ouvert jusqu'au 1'"'' décembre 1885. — Prix : 5oo francs.
CINQUIÈME SECTION. — VÉGÉTAUX.
1" — 1864. — Introduction d'espèces nouvelles.
Il pourra être accordé, dans chaque section, des primes d'u;ie valeur
de 200 à 500 francs à toute personne ayant hitroduit quelque espèce
nouvelle utile ou ornemenlale d'un réel intérêt.
'2° — 1873. — Plantes de pleine terre utiles et d'ornement, in-
troduites en Europe dans ces dix dernières années.
Les auteurs devront indiquer dans un livre, ou dans un mémoire étendu,
les usages divers de ces plantes, leur pays d'origine, la date de leur in-
troduction, la manière de les cultiver; les décrire et désigner les diffé-
rentes variétés obtenues depuis leur importation, ainsi que les différents
noms sous lesquels ces végétaux sont connus.
En d'autres termes, les ouvrages présentés au concours devront pouvoir
servir de guide pratique pour la cul ture des plantes d'importation nouvelle ;
les ouvrages (manuscrits ou imprimés) devront être remis à la Société
avant le 1" décembre.
Concours prorogé jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 500 francs.
3" — 1806. — Introduction en France et mise en grande cul-
ture d'une plante nouvelle pouvant être utilisée pour la nourriture
des bestiaux.
Concours prorogé jusqu'au 1''' décembre 1885. — 1^'' Pnix : .ïoo francs.
— 2^ Prix : 300 francs.
PRIX EXTRAORDINAIRES. XXXIII
40 _ ISSO. — Prix de 200 francs, fondé par
M. GODEFROY-LEBŒIJF.
Un prix de 200 francs sera décerné à la personne qui présentera
un double décalitre de graines û' Elœococca vernicia récoltées sur
des plantes cultivées à l'air libre, en Europe ou eu Algc^rie, sans
autres abris que les rangées d'arbres nécessaires à leur protection
dans le jeune âge (^comme au Se-tchuen).
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1890. — Prix : «o© n-ancM.
5" — 1870. — Utilisation industrielle du Lo-za {Rhamnus utllis)
qui produit le vert de Chine.
On devra fournir à la Société, sous réserve des droits de propriété, les
documents relatifs aux méthodes et procédés employés.
On devra également présenter des spécimens d'étoflés teintes en France
avec les produits du Lo-za préparés en France.
Concours ouvert jusqu'au 1'^'' décembre 1885. — Prix: 5oo francs.
6" — 1881. — Utilisation industrielle de l'Ortie de Chine, ré-
coltée en France ou en Algérie {Bœhmeria utilis, tenacissima,eic.).
On devra fournir à la Société, sous réserve des droits de propriété, les
documents relatifs aux méthodes et procédés employés.
Concours ouvert jusqu'au l'^'" décembre 1885. — Prix : 5oo francs.
7° — 1881. — Introduction et culture en France du Noyer
d'Amérique [Carya alba), connu aux États-Unis sous le nom de
Hickory (bois employé dans la construction des voilures légères).
On devra justifier de la plantation sur un demi-hectare de Noyers d'A-
mérique ou de la possession de 500 arbres hauts de 1",50 au moins.
Concours ouvert jusqu'au l*"" décembre 1885. — Prix : 5oo francs.
8° — 1881. — Introduction et culture pendant deux années
successives d'une Igname (Dioscorea) joignant à sa qualité supé-
rieure un arrachage facile.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — 1" Prix : eoo francs.
— 2^ Prix : 400 francs.
9" — 1870. — Culture du Bambou dans le centre et le nord de
la France.
Le prix sera accordé à celui qui aura :
1" Cultivé avec succès le Bambou pendant plus de cinq années, et dont
les cultures couvriront, au moins pendant les dernières années, un demi-
hectare ;
2° Exploité industriellement ses cultures de Bambou.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885.
Deux Prix de 1000 francs chacun.
10" — 1873. — Culture de V Eucalyptus en Algérie.
Le prix sera accordé à celui qui aura :
1° Cultivé avec succès VEucalyptus pendant plus de cinq années et dont
3° SÉRIE, T. X. — Séance publique annuelle. c
XXXI Y SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
les cultures couvriront au moins, pendant les dernières années, 8 hectares;
2" Exploité industriellement ses cultures d'Eticalyptus.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Paix : looo francs.
Il» _ 1873. — Culture de VEucalyptus en France et particu-
lièrement en Corse.
Le prix sera accordé à celui qui aura :
1° Cultivé avec succès l'Eucalyptus pendant plus de cinq années et dont
les cultures couvriront au moins, pendant les dernières années, 2 hectares;
2° Exploité industriellement ses cultures à'Eucalyptus.
Concours ouvert jusqu'au V décembre 1885. — Prix : looo francs.
j-)o — 1S70. — Guide théorique et pratique de la culture de
VEucalyptus.
Les auteurs devront surtout étudier, en s'appuyant sur des expériences,
et comparativement, quelles sont les espèces d Eucalyptus qui peuvent
être cultivées sous les divers climats; faire connaître la nature du sol qui
leur convient, les soins spéciaux de culture que chaque espèce exige, le
degré de froid auquel elle résiste et leur valeur relative.
Concours ouvert jusqu'au 1*"" décembre 1885. — Prix: 50© francs.
130 — 1876. — Culture du Jaborandi {Pilocarpus pinnatus)
en France ou en Algérie.
Le prix sera décerné à celui qui aura :
1» Cultivé avec succès le Jaborandi pendant plus de cinq années et
dont les cultures couvriront, au moins pendant les dernières années, un
demi-hectare ;
2" Exploité commercialement ses cultures de Jaborandi.
Concours ouvert jusqu'au l*"" décembre 1885. — Prix : 500 francs.
140 — 1879. — Reboisement des terrains en pente par
l'Ailante.
Considérant que l'Ailante s'accommode facilement de tous les sols,
que les troupeaux ne touchent ni à ses feuilles ni à son écorce, et qu'il
serait par conséquent essentiellement propre au reboisement de certains
terrains pauvres servant actuellement de pâture, la Société institue un
prix de 1000 francs, qui sera décerné à la personne ou à la commune qui,
en France, justifiera de la plantation de 5 hectares de cette essence.
Les concurrents devront établir que le reboisement est fait depuis plus
de cinq ans.
Concours ouvert jusqu'au l^"" décembre 1890. — Prix : 1000 francs.
15° — 188*J. — Alimentation du bétail par le Téosinté (Reana
luxurians).
On devra présenter un compte établissant le rendement obtenu, en
poids, d'une plantation de Téosinté couvrant au moins 25 ares et fournir
les renseignements circonstanciés sur les avantages ou les inconvénients
que présente ce mode d'alimentation pour le bétail.
Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1885. — Prix : 30© francs.
1G° — 1S82. — Alimentation des animaux par le Soya.
On devra fournir des renseignements circonstanciés sur les avantages
PRIX EXTRAORDINAIRES. XXXV
ou les inconvénients que présente ce mode d'alimentation pour les ani-
maux, soit à l'état vert, soit à l'état sec.
Concours ouvert jusqu'au i" décembre 1885. — Prix : 3oo rranc»*.
17° — 1S82. — Jardin fruitier exotique en Algérie ou sur le
littoral méditerranéen français.
On devra faire connaître les espèces et les variétés d'arbres fruitiers
exotiques entretenues, indiquer la date des plantations, la nature du sol,
et les précautions prises pour assurer le succès de la plantation.
Ce travail devra faire connaître les variétés les plus recommandables
pour la localité oîi l'expérience aura été faite.
Concours ouvert jusqu'au 1"'' décembre 1895. — Prix : 500 francs.
18" — 1888. — Culture du Phaseolus raïUatus.
Le prix sera accordé à la personne qui aura cultivé avec succès le
Haricot radié dans un champ d'un demi-hectare au moins.
S'il se présentait plusieurs concurrents, la préférence serait donnée à
celui qui produirait les plus beaux spécimens de préparations alimen-
taires, obtenues avec les graines du Phaseolus rudiatus.
Concours ouvert jusqu'au l*"" décembre 1890. — Prix : soo rran«»»«.
DE LA
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX
Par 91. Raoul BARON
Mesdames, Messieurs,
Lorsque vous considérez les nombreuses espèces qui com-
posent le règne animal, vous ne tardez pas à reconnaître entre
elles des différences de toutes sortes: Différences dans la
couleur, dans le volume, dans la consistance, dans les odeurs
exhalées, dans les sons émis, dans les attitudes et les restes ;
différences dans la conformation externe, dans la structure
interne et le fonctionnement physiologique des organes di-
vers...
Alors une idée vous vient tout naturellement et vous vous
demandez, par exemple, si cette variété infinie ne tiendrait
pas à celle apparemment non moins infinie que présentent les
circonstances au sein desquelles se développent et se perpé-
tuent ces espèces. Puis la science vient à votre secours: elle
vous apprend (si vous ne le saviez déjà) que notre planète a
passé par une série d'évolutions laborieuses autant que mul-
tiples. A chaque époque distincte ont dû correspondre des
conditions d'existence également distinctes ; d'autre part,
comme les vestiges fossiles que nous exhumons impliquent
eux-mêmes des organisations plus ou moins éloignées des
types actuels, votre idée de tout k l'heure se fortifie et se
change bientôt en une véritable méditation que je vais essayer
de traduire.
Le globe terrestre, à l'heure qu'il est, tel qu'il est, nous
offre, dans son unification admirable et majestueuse, une di-
versité qui saute aux yeux les moins attentifs : car c'est par
abréviation que nous disons « la terre »... L'élément aqueux
n'y occupe-t-il pas (superficiellement au moins) une place
énorme ?
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. XXXVIi:
L'atmosphère n'enveloppe-t-ellc pas le tout, solides et
liquides, sous une épaisseur de plusieurs dizaines et peut-être
de plusieurs centaines de lieues ?
Ce n'est rien encore : La terre, proprement dite, n'est pas
partout la même. Que dis-je ! Il faudrait plusieurs conférences
comme celle-ci pour énumérer, même rapidement, ses conti-
nents, ses côtes, ses caps, ses presqu'îles, ses îles, ses chaînes
de montagnes, ses plateaux, ses plaines, ses vallées et ses
cavernes... Après cela, l'eau jalouse voudrait avoir son tour :
les mers grandes et petites, les manches, les détroits, les
golfes, les méditerranées, les lacs, les fleuves, les rivières et
les moindres ruisseaux ; tout cela réclamerait une mention. •
Or tout cela est peuplé et peuplé diversement, plus diverse-
ment, croyez-le bien, que ne l'exigent en somme les innom-
brables modalités géographiques que je viens de vous faire
entrevoir.
Mais sommes-nous sûrs d'avoir fidèlement examiné notre
sphère sous tous les aspects possibles ? Loin de là. La terre
est dans le ciel et entrelient avec la sublime coupole, ainsi
qu'avec la lampe d'or qui l'éclairé, des rapports merveilleux
jusqu'à la peinture desquels n'a pu encore se hausser le lan-
gage des plus grands poètes !... En attendant, les astronomes
s'efforcent d'en préciser le sens et nous savons, grâce à eux,
qu'il y a ici-bas des saisons, des climats, des événements
météorologiques, des lignes et des zones particulières : autour
de ces points singuliers qu'on nomme « les pôles », s'étendent
les zones glaciales; plus excentriquement les zones tempérées
et, sur le ventre de l'équateur, les zones intertropicales ou
torrides. Ce sont là, derechef, autant de conditions de vie qui
se superposent aux précédentes et vous voyez finalementqu'il
n'est pas besoin de remonter l'échelle des âges géologiques,
pour découvrir de quelle manière la vie se pluriformise sous
l'influence des milieux. En d'autres termes, ce que la paléon-
tologie vous montrait dans Vordre des successions, la zoo-
logie géographique va vous le montrer dans Vordre des
coexistences.
La Zoologie géographique peut donc se définir « le chapitre
XXXVIIl SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
de la philosophie nalurelle qui étudie comment, et pourquoi
les animaux sont parqués, suivant leur organisation, en telle
ou telle ou telle région, sur tel ou tel point du globe ter-
restre. »
Je dis comment et pourquoi : car en voulant aborder le
pourquoi avant le comment, nous nous exposerions à coup
sûr à une défaite. En nous bornant au problème du comment,
par élimination systématique du pourquoi, nous nous montre-
rions indignes de l'illustre fondateur de cette Société. Ecoutez
bien ses paroles: « Sans doute, dit-il, pour celui qui se ren-
ferme dans le cercle étroit de l'observation directe et de ses
conséquences immédiates, il n'y a de possible que la connais-
sance, même imparfaite, des fails matériels de l'ordre actuel
des choses; tandis que pour celui qui croit pouvoir, non
seulement observer et expérimenter, mais aussi raisonner,
mille routes nouvelles sont ouvertes : le but grandit comme
les moyens, l'espace et le temps n'ont plus de limites. »
Je suis complètement de l'école des Geoffroy Saint-Hilaire,
«t j'avoue que si la zoologie géographique ne devait être qu'un
pur et simple inventaire des animaux répandus en ce petit
coin du monde que nous habitons, je trouverais cette science
aussi aride et j'ose ajouter aussi peu féconde que la statis-
tique... Respectons certes les faits; mais permettons-nous de
les discipliner et de les généraliser, en daignant nous souvenir
que le genre humain a des ailes et qu'il aspire à s'élever tou-
jours. Il ne pourrait voler dans le vide, c'est évident; mais,
de même que l'oiseau est soutenu par l'air qui lui résiste, de
même notre esprit, quand il s'appuie sur le témoignage empi-
rique des sens, cherche par cela seul à s'élancer au delà !
Ainsi envisagée, la science est incontestablement toute
jeune et ne remonte pas au delà des années qui suivirent les
beaux travaux d'Alexandre de Humbold. Cependant le cerveau
de Buffon en couvait le précieux germe ; et nous ne pouvons
refuser à l'immortel naturaliste la gloire d'avoir fait observer
le premier que le lio7i, le tigre et \e chameau d" Amérique ne
sont pas un vrai lion, un vrai tigre, un vrai chameau. — Les
premiers conquérants du nouveau monde, trouvant sur le sol
DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. XXXIX
conquis des animaux qui se l'approchaient en apparence de
ceux qu'ils connaissaient en Europe, leur donnèrent tout spon-
tanément les mêmes noms ; et fmalement il se trouva que les
noms avaient confondu les choses. — La zoologie et la bota-
nique sont du reste toutes pleines de survivances analogues,
et je ne sache pas de rhéteurs plus amis de la catachrèse que
les hommes auxquels nous devons nos nomenclatures.
Mais Flourens, qui insiste beaucoup sur le rôle joué par
Buflon, croit néanmoins devoir rappeler que Pline l'Ancien
avait eu, lui aussi, au sujet de la géographie animale, des
pressentiments fort justes.
Sur ce terrain il est toujours facile de renchérir : car un
germe, si informe qu'il soit, est constamment précédé d'un
état antérieur plus vague et plus informe encore... Je n'hésite
pas personnellement à croire que l'antiquité (même la haute
antiquité) dut être rapidement initiée aux faits les plus élé-
mentaires des grandes localisations de la nature vivante ; de
sorte que Virgile ne me semble pas prêter un langage trop
scientifique au berger Tityre, lorsqu'il le fait s'écrier:
« On verra dans les plaines de l'air, paître les cerfs légers ;
les poissons vivre à sec sur les rivages ou le Parthe venir
boire les eaux de l'Arar et le Germain celles du Tigre, plutôt
que l'image de mon maître s'effacer de mon cœur ! »
Cette touchante exclamation est, par son incohérence même,
plus remarquable encore : car elle invite à supposer que le
Parthe et le Germain sont, dans la pensée de l'humble inter-
locuteur de Mélibée, circonscrits dans leurs aires géographi-
ques respectives, au même titre que les animaux terrestres à
la surface du sol et les aquatiques au sein de l'onde. Nous y
reviendrons.
Seulement, Mesdames et Messieurs, et pour ne pas déserter
mon idée maîtresse, vous voudrez bien remarquer que ce qui
caractérise essentiellement le point de vue scientifique n'est
nullement touché ici, pas plus que dans les ouvrages de Pline,
pas plus même que dans Bulïon. Car, en définitive, le point
de vue scientifique, c'est findication des lois et le soupçon
des causes... Il v a des localisations dans la nature animée,
XL SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
soit ! le renseignement vaut son pesant d'or ; mais ne poussons
pas le fétichisme jusqu'à adorer le brillant lingot. Monnayons-
le plutôt et servons-nous-en au plus vite. Le monnayeur, ici,
vous le devinez, c'est l'intelligence qui compare et qui juge.
Comparons donc et jugeons.
To^it dans le monde, et surtout dans le monde de la vie,
est localisé ou tend à se localiser. Comme le règne animal
nous présente ses faunes, le règne végétal nous présente ses
flores ; et l'anatomiste qui se confine dans la dissection d'un
seul individu animal ou végétal découvre bientôt que l'objet
même de ses patientes et utiles recherches gît tout entier dans
la connaissance d'une série de localisations.
Montrer l'universalité d'un fait, c'est déjà l'éclairer passa-
blement, et quoique l'essence dé la pesanteur nous soit pro-
fondément inconnue, nous avons coutume de dire que ce phé-
nomène est expliqué, depuis que l'incomparable instituteur de
la mécanique céleste nous l'a fait envisager comme un cas
particulier de la gravitation universelle.
Dans la question qui nous occupe, il y a même plus : nous
pouvons trouver en effet dans les localisations des espèces
végétales, une explication directe, une cause matérielle de la
distribution géographique des animaux herbivores, frugi-
vores et granivores et, par contre-coup, une raison de la
distribution des carnivores qui s'attachent généralement à
certaines proies de prédilection.
De môme dans les localisations anatomiques des appareils,
des organes et des tissus, nous trouvons une explication
directe, une cause matérielle de la topographie des parasites.
En étendant l'idée, on arrive à dire que toutes les fois
qu'il existe, dans l'économie de la nature, une subordination
quelconque entre deux vivants, la distribution de ceux-ci en
est affectée.
Aux deux grands principes ci-dessus, savoir : que la matière
vivante est atteinte de la monomanie des localisations et
que le groupement réciproque des êtres est comme Vappa-
reil enregistreur de leurs relations économiques simples ou
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. XLI
compliquées; à ces deux grands principes s'enjoint un troi-
sième:
Il y a des rapports définis entre les propriétés géométri-
ques, mécaniques, physico - chimiques des milieux et les
attributs différentiels des espèces.
Par exemple, si l'on jette un coup d'œil d'ensemble sur les
différentes aires géographiques, on reconnaît qu'il existe une
harmonie incontestable entre les dimensions des territoires
et les dimensions des habitants. — Ce qu'on peut exprimer
sous cette autre forme :
' Aux grandes aires les types volumineux, aux petites
aires les types exigus.
D'abord on peut remarquer, ainsi que nous l'avons fait au
début, que les portions de notre planète qui sont recouvertes
d'eau l'emportent très considérablement en étendue sur les
portions terrénéennes. Eh bien, il est reconnu par tous les
zoologistes, à la suite d'Isidore Geoffroy Saint-llilaire, que
« les animaux qui habitent au sein des eaux ou qui y passent
seulement une partie de leur vie, parviennent cà une grande
taille comparativement avec les autres types du groupe au-
quel ils appartiennent ». — « Et il semble même, ajoute ce
profond penseur, que l'accroissement de leurs dimensions
soit en raison directe de la durée de leur séjour dans l'eau. »
Mais les applications se poursuivent bien au delà, car il est
reconnu également:
i° Que, parmi les espèces aquatiques, les marines sont
décidément les plus grandes, à proportion même de la gran-
deur des mers; de même pour les espèces lacustres, et ainsi
de suite, en prenant celles des tleuves, des rivières et des
ruisseaux ;
2" Que, parmi les formes vivantes terrestres, les continen-
tales, qui sont les plus grandes de toutes, déclinent comme les
continents eux-mêmes, jusqu'à rejoindre les insulaires qui
déclinent à leur tour, parallèlement à la décroissance de
rétendue de îles;
3" Enfin, que les mammifères montagnards atteignent ordi-
nairement des dimensions moins considérables que ceux des
XLII SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
plaines. L'altitude n'est-elle pas, en effet, une autre fornne du
rétrécissement de l'habitat terrénéen et ne peut-on pas dire
qu'une montagne est une île à laquelle il ne manque que
d'être entourée d'eau?
Mais, de toutes les aires géographiques, la plus petite serait
encore, bien entendu, l'organisme d'un autre animal... Eh
bien ! le principe n'est pas en défaut et les parasites pris en
masse sont évidemment les plus petits êtres de l'univers.
Encore un mot : si le format des animaux diminue avec
l'espace qu'on laisse à leur disposition, la science expérimen-
tale doit pouvoir nous offrir, à un moment donné, de gra-
cieuses récréations de physiologie amusante. C'est ce qu'a fait
Bory de Saint-Vincent. Un cyprin doré ayant été, pendanl^dix
années, renfermé dans un bocal étroit, n'y prit aucun accrois-
sement. Il se développa au contraire en très peu de temps, de
manière à doubler de volume, lorsqu'il eut été mis dans un
vase plus grand... Voilà bien, cette fois, de la zoologie géogra-
phique en chambre et sur commande. Mais voici maintenant
une autre loi analogue à la précédente, tout aussi remar-
quable qu'elle et peut-être plus scientifique, je veux dire plus
rationnellement explicable :
Au fluide le plus dense, les gros animaux ; au fluide le
plus subtil, les petits.
Nous retrouverions là, pour commencer, deux des obser-
vations précédentes, au sujet de l'océan comparé aux eaux
douces et des montagnes comparées aux plaines. Mais la pro-
position se vérifie encore lorsque nous envisageons la faible
taille des animaux qui vivent sur les arbres, entre ciel et
terre, et à plus forte raison de ceux qui sont adaptés pour le
vol.
II se pourrait. Mesdames et Messieurs, que la mécanique
eût son mot à dire sur cette question : en effet, pour voler
dans les couches légèrement rarétiées de l'atmosphère ou
même plus bas, pour vivre seulement sur les arbres, il faut
une énergie locomotrice dont les petits sujets seuls sont sus-
ceptibles, à cause du peu de surcharge que leur masse pesante
impose dans ce cas à leur puissance musculaire. Aussi les
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. XLIII
grands oiseaux ne perchent-ils déjà plus, mais descendent
jusque sur le sol, où ils finissent même par demeurer exclusi-
vement, incapables qu'ils sont alors du vol le plus rudimen-
taire. Si la Fable fut jamais malheureusement inspirée, c'est
bien dans sa création fantastique du Roc, ce colosse ailé qui
enlevait dans ses serres des rochers énormes. La paléontologie,
quoi qu'on dise, n'a point ratifié cette chimère et les épiornis
géants qu'elle a déterrés, outre qu'ils ne volaient pas, se sont
rapidement éteints devant de chétifs émules. — Au delà d'une
certaine masse, un animal terrestre deviendrait même absurde,
et le monstrueux cétacé abdiquant sa dignité de mammifère
est allé se réfugier dans les lourdes eaux du milieu salé.
Comme Archimède il aurail pu s'écrier en se plongeant dans
le bain révélateur : « Eupy]Ka ! j'ai trouvé! j'ai trouvé le moyen
de perdre de mon poids tout l'excédent qui me paralysait à la
surface du sol... »
En faisant cette digression je me montre au reste le con-
sciencieux disciple du grand zoologiste français, M. Milne
Edwards : il avait été frappé depuis longtemps de certaines
relations nécessaires qui existent sûrement entre les pressions
exercées par l'habitai liquide et l'infériorité de l'organisation.
Il est certain que l'esprit comprend avec netteté pourquoi les
animaux dont les tissus sont trop mous pour se soutenir par
eux-mêmes dans l'air, peuvent néanmoins vivre très bien au
sein des eaux, où ces mêmes tissus n'étant guère plus denses
que le fluide ambiant, n'ont besoin d'offrir qu'une bien faible
rigidité pour conserver leurs formes et pour empêcher les
diverses parties du corps de retomber sur elles-mêmes. Cha-
cun de vous peut-être a-t-il tenu ce raisonnement en visitant
nos aquariums et s'est-il plus ou moins rendu compte de la
raison qui fiiit que les espèces marines sont étagées aux diffé-
rentes profondeurs de l'Océan.
Et puis, lorsque ce n'est pas la masse tout entière du corps
qui a besoin d'être maintenue, c'est souvent encore un organe
délicat et important, comme celui de la respiration : on voit
alors les branchies en arbuscules et en panaches s'épanouir
aisément, à la façon de ces préparations anatomiques molles
XLIV . SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
et flexibles qu'il faut absolument achever dans l'eau, si l'on,
tient à les bien réussir.
- Enfin il y a la question de dessiccation qui vient à la res-
cousse et qui pourrait expliquer à elle seule pourquoi l'imper-
fection organique entraîne, ipso facto, l'aquatilité plus ou
moins complète.
Les grands agents de la nature, lumière et chaleur, ont
incontestablement, eux aussi, de l'influence sur les animaux;
et les physiologistes, avant d'avoir les ressources de l'expéri-
mentation dans leurs laboratoires, se tournaient instinctive-
ment vers la zoologie géographique, pour y puiser des dé-
monstrations provisoires de leurs théorèmes : « Aux pays
chauds et lumineux, disait-on, les animaux venimeux et colo-
rés; aux pays pauvrement ensoleillés, les animaux lanigères,
duveteux et pales. »
"i'Cela est frappant et a toujours été vérifié, notamment en ce
qui concerne la laine dont la production nous intéresse à si
juste titre. Ce poil supplémentaire tend, d'une façon générale
et régulière, à se développer sur le corps des mammifères
exposés au froid ; et c'est en vain qu'on essayerait, à l'équa-
teur, d'entretenir avec leurs fines toisons nos bêtes ovines de
Rambouillet... Par contre, nous avons vu constamment, au
Jardin d'Acclimatation, des animaux tropicaux étrenner un
costume d'hiver qui les eût fait montrer au doigt dans leur
pays natal ! N'était-ce pas là une sorte de réédition de ce qui
a dû se passer dans les temps antérieurs, quand des pachy-
dermes frileux, analogues à nos éléphants, se voyaient obligés
d'affronter les latitudes sibériennes ? Tout est relatif, du reste,
et les chèvres de Cachemire que nous avons transportées ici
se sont vues forcées, elles, de mettre au vestiaire leur par-
dessus trop lourd, pour s'adapter à notre climat comparative-
ment chaud...
En somme, c'est grâce à celte merveilleuse propriété d'ac-
commodation des quadrupèdes et des oiseaux aux basses
températures que nous possédons nos précieuses fourrures et
nos moelleux édredons ; que ces édredons et ces fourrures
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. !XLV
proviennent d'animaux sauvages ou domestiques, que noiis
les devions à l'adresse du chasseur ou à la vigilance du fer-
mier, peu importe.
On a cru longtemps que les climats tempérés, où la lumière
et la chaleur ont une intensité moyenne, étaient plus favo-
rables que les autres au grand développement de la taille.
I. Geoffroy Saint-Hilaire ajustement réagi contre celte croyance
et nous lui devons la loi suivante : « Aucun genre n'a ses plus
grandes espèces, aucune espèce n'a ses plus grands individus
dans les pays un peu chauds ou un peu froids ; résultat non
seulement différent, mais même précisément inverse de celui
qui est universellement admis. »
l^n un mot, les tailles extrêmes répondent à des tempéra-
tures extrêmes. '
Les pays chauds et lumineux auraient-ils, en outre, une
influence sur le degré d'évolution des formes vivantes? Voilà
ce qu'on soupçonne et voici, dans tous les cas, les faits indu-
bitables qui alimentent cette belle induction :
D'abord, il a été démontré expérimentalement par Milne
Edwards que les têrards privés d'air et de lumière ne peuvent
pas subir leurs métamorphoses. Chose singulière ! Ils acquiè-
rent alors un volume effrayant, mais sans dépouiller leur
forme larvale. 11 en serait de même, paraît-il, d'une foule
d'êtres inférieurs.
D'autre part, les types à physionomie plus ou moins em-
bryonnaire se rencontrent surtout chez les animaux hibernants
ou fouisseurs et plus encore dans les espèces aveugles des
cavernes.
Que l'organe de la vue, en particulier, s'atrophie et dispa-
raisse au fur et à mesure que les mœurs d'un animal devien-
nent plus souterraines, c'est, je pense, ce que personne ne
révoque en doute. Les Taupes, les Tucu-Tuco, les animaux
divers des grottes de la Garniole et de la caverne du Mam-
mouth, dans le Kentucky, sont tous plus ou moins aveugles.
Il en est de même de l'Amblyopsis, du Protée et de l'Anoph-
talmus dont le nom est si expressif. « Chez quelques Crabes,
dit Darwin, le pédoncule portant l'œil est conservé, bien que
XLVI SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
l'appareil de la vision ait disparu; c'est-à-dire que le support
du télescope existe encore, mais que le télescope lui-même et
ses verres font déiaut. »
A son insu, l'industrie minière a repris cette étude sur une
grande échelle. En effet, les mulets du Creusot que l'on des-
cend dans les galeries profondes et que, bien entendu, on ne
prend pas la peine de remonter toutes les six heures à la sur-
face du sol, comme cela a lieu pour les ouvriers humains;
les mulets du Creusot qui passent en moyenne dans la mine
cinq ou six ans, perdenttousfinalementet fatalement la vue...
Je devrais simplement dire qu'ils s'adaptent à la vie subter-
rénéenne et viennent artificiellement enrichir la faune des
cavernes d'un mammifère nouveau. Mais ne perdons pas.. . de
vue notre sujet principal : sous tel ou tel aspect, l'obscurité
est l'ennemie du développement vital ; Arimane, génie des
ténèbres, comprime l'essor créateur d'Ormuzd, le dieu bien-
faisant!...
Ouvrons maintenant le livre d'Agassiz et lisons :
« Presque toutes les classes possèdent des familles tropi-
cales, dit-il, et celles-ci ont généralement dans la classe un
rang très élevé. » Témoins les grands singes anthropomor-
phes, les grands chiroptères et les puissants digitigrades.
« Un autre rapport intéressant à signaler, c'est, dit encore
Agassiz, l'absence de types embryonnaires dans les régions
tropicales. »
Le savant américain ne commente pas ; mais on se sent, à
cette lecture, très porté à admettre que la vie, ayant d'abord
apparu aux pôles, a envahi, à partir de ces grands centres
primordiaux, la terre tout entière en ondulant de tous côtés,
à la façon du liquide troublé par la chute d'une pierre, et en
perfectionnant simultanément ses manifestations. Toujours
est-il qu'il y a cette corrélation non équivoque entre les lieux
fortement éclairés de la ligne équinoxiale et les organisations
les plus achevées de la nature, comme entre la dégradation
suprême des parasites intérieurs et les sombres cachots de
nos viscères.
Si les climats ont quelque empire sur les formes animales,
DISTUIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. XLVII
dira (|uelqu'un, il suit h priori « que les aires géographiques
» des espèces doivent affecter de préférence la forme d'une
» ellipse dont le grand axe tendra à être parallèle à l'équa-
» teur. » On a plus de chances, en effet, de rencontrer les
mêmes conditions d'existence en allant de l'est à l'ouest qu'en
allant du sud au nord, et le cercle d'extension naturelle des
êtres a dû constamment s'aplatir selon le diamètre^le plus
défavorable pour s'allonger selon le diamètre le plus favorable.
Eh bien, cette proposition quasi-mathématique a été véri-
fiée presque toujours.
Si les climats ont quelque empire sur les formes animales,
il suit encore à priori que les aires clirnatériques correspon-
dantes doivent donner lieu à des manifestations morphologi-
ques correspondantes. Or, c'est précisément ce qui s'observe
lorsqu'on rapproche nos perdrix de leurs représentants amé-
ricains les Colins, ou bien lorsque Ton compare nos Sucriers
et nos Souïmangas aux Colibris, nos Sangliers aux Pécaris, etc.
Il n'y a pas identité dans ces animaux, mais Vanalogie la
plus complète s'y fait remarquer du premier coup, au moins
autant qu'entre le Lama et le Chameau, le Puma et le Lion, le
Jaguar et le Tigre. Buffon avait bien saisi le côté négatif de la
comparaison, mais c'est Flourens qui a formulé nettement
l'idée du parallélisme entre les types de l'ancien et les types
du nouveau monde.
Un autre parallélisme bien curieux est celui qui règne éga-
lement entre les productions organiques des altitudes pro-
noncées et celles des hautes latitudes. L'expression « hautes
latitudes » fait déjà image par elle-même et nous rappelle que
depuis longtemps on avait assimilé poétiquement les deux
hémisphères terrestres, réunis et séparés par l'équateur, à
deux gigantesques montagnes accolées par la base.
Mesdames et Messieurs, il ne me semble pas encore lire sur
vos bienveillants visages la moindre trace de fatigue; mais
cela ne prouve pas suffisamment en ma faveur, et peut-être
ferai-je bien d'arrêter ici cette aride conférence. Cependant
les points qui intéressent sans doute le plus les membres
XLVIII SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION. .
d'une Société telle que la vôtre, ont été à peine effleurés et,
tout compte fait, je crois de mon devoir de garder la parole
quelques minutes encore.
On s'est bien souvent posé une question :
Les animaux sont-ils distribués de façon à répondre à
Vinfinie diversité des conditions géographiques ambiantes,
à toutes les offres de vie que la planète a su et sait faire à
ses myriades de clients ?
Ne pouvant transiger avec la vérité scientifique, je répon-
drai hardiment : Non, cela n'est pas. « D'une part, dit Her-
bert Spencer, les animaux de chaque espèce ont évidemment
leurs habitats limités par des conditions extérieures ; ils sont
nécessairement réduits à des espaces dans lesquels leurs
actions vitales peuvent s'accomplir. » Mais « d'autre part,
l'existence de certaines conditions ne détermine pas récipro-
quement la présence d'organismes qui y trouveraient un
milieu convenable ».
En d'autres termes, « il y a des espaces parfaitement adap-
tés à la vie d'êtres supérieurs et dans lesquels on ne trouve
que des êtres d'ordre bien inférieur »,
Ces dernières paroles du philosophe anglais sontjudicieuses
et les personnes qui nient l'acclimatation au nom des prin-
cipes de zoologie géographique, seront bien forcées de recon-
naître finalement que la distribution des vivants s'explique
mal par la théorie du plan préconçu. Je vous citais, dans mon
historique, les réflexions enfantines d'un chevrier naïf ; per-
mettez-moi de vous dire à présent la profession de foi d'un
infortuné Maori de la Nouvelle-Zélande : « De même que le
rat des hommes blancs a expulsé notre rat indigène, que la
mouche d'Europe a fait fuir la mouche du pays et que le trèfle
a vaincu les vieilles fougères; de même devant les hommes
blancs périront les Maoris ! »
Ce Jérémie de l'hémisphère austral n'est peut-être pas aussi
célèbre que l'autre... Mais je crois qu'il est dans le vrai et que
ses lamentations sont positivement inspirées.
En définitive, il faut reconnaître l'existence d'une loi très
générale que, faute de mieux, je prendrai la liberté de dési-
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. XLIX
gner sous le titre de « Loi d'usurpation des aires géographi-
ques ». Chaque espèce, veux-je dire, loin de se trouver satis-
faite des limites de son parc, tend de toutes ses forces à élargir
sa sphère d'existence, à envahir d'autres régions , d'autres
modes de vie, d'autres milieux.
Eh quoi! me direz-vous; faut-il donc admettre que le
Parthe viendra jamais boire les eaux de l'Arar et le Germain
celles du Tigre? Ou plutôt est-il à craindre que nous trou-
vions un jour les cerfs envolés de nos forêts et les poissons
sortis en masse de nos rivières?...
L'objection contient sa propre réfutation en grande partie :
car si l'invasion des Asiatiques en Europe ou des Européens
en Asie ne constitue pas un dérèglement que vous osiez assi-
miler à l'invasion des ruminants les plus agiles dans la région
des nuages ou à celle des requins sur la place publique, c'est
que d'intuition vous déterminez approximativement les coeffi-
cients de plasticité probable des organismes considérés.
Tout est là en effet, et les espèces, quelles qu'elles soient,
doivent infailliblement trouver des bornes à leurs velléités
usurpatrices, dans la mesure môme de leurs facultés d'adap-
tation.
Or on peut faire à ce sujet trois hypothèses principales :
i" Si les facultés d'adaptation sont nulles ou presque nulles,
il suit que les types organiques, sans être absolument confinés
dans leurs districts primitifs, ne pourront jamais espérer con-
quérir que des régions du globe à peine dilïérentes des leurs,
et même à la condition de pouvoir franchir les stations inter-
médiaires. En un mot, cette alternative supprime la possibi-
lité intrinsèque de l'acclimatation, sans pouvoir toutefois sup-
primer la possibilité extrinsèque de l'extension des vivants.
La remarque est bonne à noter, et nous ne devons pas perdre
de vue que la seule conquête de la nature brute nous assure-
rait quand même la jouissance parfaite d'un monde animé
rebelle à toute modification anatomique ou physiologique.
2" Si les facultés d'adaptation sont très amplement dévelop-
pées ou quasi indéfinies, il est évident, du moins à première
vue, que les êtres pourront prétendre tôt ou tard à n'importe
3° SÉRIE, T. X. — Séance publique annuelle, </
L SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
quel habitat, et l'on est tout d'abord porté à croire que leur
spécificité, aussi fantaisiste que leur localisation, disparaîtra
sans retour, emportant dans la tombe nos convictions les plus
chères à l'endroit des lois de la nature... Mais une méditation
intelligente repousse cette interprétation et réduit simple-
ment la théorie à supposer que tous les phénomènes décrits
par les morphologues et les géographes sont fonction les uns
des autres ainsi que de la durée éternelle. Ce qui enracine
encore plus profondément dans l'esprit la conception de « loi
naturelle ».
3" Enfin si les facultés d'adaptation ont un degré moyen de
plasticité, alors sans doute il n'est plus possible qu'une race
d'êtres ait épuisé dans le passé ou doive épuiser dans l'avenir
toutes les modalités de la forme et de la résidence; mais une
prophétie quelconque condamnant à priori telle naturalisa-
tion, tel acclimatement, tel transport, devient parfaitement
outrecuidante.
Le langage le plus prudent est encore celui des évolution-
nistes : Quand une espèce change réellement d'habitat, di-
sent-ils, elle subit des altérations anatomo-physiologiques
correspondantes^ afin de s'adapter à ses nouvelles conditions ;
mais si elle est incapable de ce tour de souplesse, elle en
meurt et va grossir de la sorte la liste des fossiles.
C'est simple, c'est clair ; et l'on s'étonne de ce que cela n'ait
pas été trouvé tout de suite !
Toutefois nous ne devons pas rejeter, sans l'entendre,
l'opinion de certains zoologistes chefs d'école, opinion qui ne
laisse presque rien à la variabilité et qui vous représente vo-
lontiers les peuples de la terre localisés au même litre que
les autres productions de la nature.
Notre éminent anihropologiste, M. le professeur Quatre-
fages, s'est heureusement chargé de la difficulté et il en a fait
sortir un des plus beaux arguments que je connaisse en faveur
de la loi d'usurpation des aires géographiques et par consé-
quent de l'acclimatation.
Avec toute la délicatesse qui caractérise le vrai savant,
M. de Quatrefages commence par attribuer ouvertement à de
DISTRIBUTION GÉOGRAl'HIQUE DES ANIMAUX. LI
Candolle la paternité de l'admirable loi de géographie biolo-
gique sur laquelle il va appuyer son argumentation.
Voici cette loi : « L'aire moyenne des espèces est d'autant
plus petite que la classe à laquelle elles appartiennent a une
organisation plus complète, plus développée, autrement dit
plus parfaite. »
Pour de Candolle cependant c'est là avant tout le résultat
immédiat d'une constatation de faits et de faits relatifs au
règne végétal; aux yeux de M. de Quatrefages, le cantonne-
ment progressif domine tout l'empire organique et constitue
d'ailleurs une nécessité physiologique qui peut se déduire
ainsi : « Le perfectionnement des organismes s'accomplit par
la division du travail; or celle-ci exige la multiplication des
appareils fonctionnels. A mesure donc que les instruments
anatomiques deviennent plus nombreux et plus spéciaux, les
fonctions elles-mêmes se spécialisent. A cause de cela, les
conditions d'harmonie entre l'être vivant et le milieu qui l'en-
toure se précisent déplus en plus. Par suite enfin, l'organisme
ne trouve plus ses indispensables éléments de bien-être que
dans une aire progressivement restreinte. »
Cette déduction est irréprochable, et comme aucun animal
ne fait au reste exception à la règle, il faut bien que l'homme
et ceux de ses animaux domestiques qui sont, comme lui,
cosmopolites, aient opéré leur extension paradoxale après
coup, c'est-à-dire en s'irradiant d'un berceau primitif parfai-
tement défini.
L'objection tirée de la pluralité possible des souches hu-
maines, canines, équines, bovines, etc., s'évanouit même
complètement, en ce sens qu'elle n'atteint plus le grand prin-
cipe du cantonnement progressif, lequel s'applique aux genres
et aux familles aussi bien qu'aux espèces.
Deux autres vérités capitales achèvent de nous convaincre
de l'impuissance des conceptions philosophiques anciennes,
relativement à la prédétermination des rapports qui existent
entre les territoires et les habitants.
C'est d'abord la loi de sir Alfred Russel Wallace, savoir que
LU SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
les relations naturelles d'affinité entre les espèces, aussi bien
que leurs rapporls économiques, se traduisent dans leur voi-
sinage géographique.
La démonstration est éclatante lorsqu'on envisage , par
exemple, la distribution desBulimi, des Colibris, des Toucans,
des Goliatbi d'Afrique, des Ornithoptères des îles Malaises,
des Héliconides de l'Amérique méridionale et des Danaïdes
de l'Orient.
Mais il est bon d'ajouter qu'au fur et à mesure que l'on en-
visage des groupes plus embrassants que les espèces, c'est-
à-dire les genres, les familles, les ordres, les classes et les
embranchements, on voit s'affaiblir et disparaître toute cor-
respondance entre la morphologie et la chorologie.
Agassiz insiste beaucoup sur ce principe restrictif: « A ne
considérer, dit-il, que les sections primaires du règne animal,
on rencontre partout, à côté les uns des autres, des représen-
tants des quatre embranchements. Les classes ont déjà un
mode de distribution plus restreint. Dans quelques classes,
c'est seulement dans les ordres ou dans les familles qu'on
trouve une corrélation avec les milieux. Il y a même des grou-
pes naturels où elle ne se manifeste plus au delà des genres,
et un petit nombre de cas dans lesquels elle ne va pas plus
loin que les espèces. »
On comprend à priori qu'il doit en être ainsi ou à peu près ;
car plus un groupe a de compréhension, plus il présente de
types subordonnés et divers, capables de répondre à la diver-
sité des conditions d'existence que présente une aire géogra-
phique très étendue, plus étendue même quejie le compor-
terait rigoureusement l'augmentation numérique proportion-
nelle des individus du groupe le plus considérable...
Le même Agassiz explique facilement, au moyen de cette
loi, pourquoi les natiu'alisLes des siècles précédents ont en-
fanté de mauvaises classifications: t( C'est surtout, dit-il,
parce qu'ils ont fait de l'habitat la base de leurs divisions pri-
maires. Mais en la réduisant aux proportions qui lui convien-
nent, cette étude ne peut manquer de produire de bons ré-
sultats et, dans les limites de la classe, la seule considération
DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. LUI
de l'habitat pourrait, en beaucoup de cas, conduire à une
classification rationnelle. »
Le génie de Charles Darwin ne pouvait rester étranger à
cette question intéressante, et nous devons rappeler avec lui :
i" Que les espèces qui habitent les îles sont ordinairement
parentes des espèces qui habitent les continents les plus
voisins ;
2° Que les faunes des groupes d'îles offrent entre elles des
ressemblances encore plus marquées;
S" Enfin qu'il semble y avoir, par contre, un rapport entre
l'existence, dans les îles, de Mammifères à un état plus ou
moins modifié et la profondeur de la mer qui sépare ces îles
de la terre ferme.
Spencer et Darwin enveloppent ces divers faits généraux
dans l'aphorisme suivant, lequel fait pendant à la loi de Wal-
lace et la corrige dans ce qu'elle pourrait avoir de trop
rigide :
Les affinités ou les dissemblances sont en harmonie avec
r absence on r existence des barrières, bien plutôt qu'avec
Vanalogie ou la disparité des circonstances ambiantes géolo-
logigues ou météorologiques.
Ainsi, d'une part, « il n'y a pas deux faunes plus distinctes
que celles des rivages oriental et occidental de l'Amérique du
Sud et de l'Amérique du Centre; et pourtant ces deux grandes
créations ne sont séparées que par l'isthme étroit, mais in-
franchissable de Panama. » Nous pouvons ajouter que « sur
les versants opposés des hautes chaînes de montagnes, on
trouve aussi des différences dans les formes organiques; dif-
férences moins prononcées, il est vrai, que lorsque les bar-
rières sont absolument insurmontables, mais bien plus pro-
noncées que ne l'exige la différence des actions cosmiques, p
D'autre part, les grandes surfaces qui offrent une diversité
énorme de conditions biogéniques n'en sont pas moins peu-
plées d'organismes très voisins, lorsqu'il n'existe aucun ob-
stacle à la libre migration.
'O'
Ma conclusion désormais ne peut être que simple et brève :
LIV SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGGLIMATATION.
A. Il y a une science qu'on appelle la zoologie géographi-
que el qui se propose de déterminer jusqu'à quel point la di-
versité des animaux est fonction de la diversilé des territoires,
des habitats, des locaux que les vivants occupent ici-bas à un
moment donné.
B. A un moment donné... Et pourtant il ne faudrait pas né-
gliger de s'enquérir au sujet de la distribution des animaux
aux époques antérieures, d'autant plus que la répartition ac-
tuelle doit être en grande partie la conséquence de celles qui
ont précédé. — C'est du moins l'avis de I. Geoffroy Sainl-Hi-
laire et d'Agassiz.
C. Même avec cette réserve importante, il s'en faut de
beaucoup que l'adéquation des deux ordres de diversités soit
complète, attendu que, d'un côté, il serait difficile d'expliquer
toutes les différenciations zoologiques par les différences qui
existent dans les conditions de vie, et que, d'un autre côté,
condition de vie n'est pas synonyme de condition géogra-
phique.
D. La plupart du temps une forme vivante semble présen-
ter les vestiges d'adaptation successives à des milieux absolu-
ment différents, comme si les ancêtres de cette forme n'avaient
eu rien de commun avec elle.
E. En somme, tout se passe comme si, d'une façon lente et
siÀre, les espèces animées avaient, en se modifiant au fur et à
mesure, envahi les divers départements qu'elles occupent
aujourd'hui.
Aux termes de cette hypothèse, l'homme en acclimatant des
animaux n'aurait fait que prendre en main la direction d'un^
phénomène naturel, vieux comme le monde... Et nous voyons
en effet que, môme présentement, ce phénomène s'accomplit
souvent mieux sans nous que par notre intermédiaire, à
moins qu'il ne se produise complètement malgré nous ! Mais
cela doit provenir de ce que la nature a pour elle le temps
illimité et, faut-il le dire, de ce qu'elle ne se propose vraisem-
blablement aucun but : Les choses vont avant tout comme elles
peuvent et suivent toujours ici aveuglément la ligne de moin-
dre résistance. Les organismes de tous les modules envahis-
DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE DES ANIMAUX. LV
sent à tort et à travers tout espace brut ou vif qui peut leur
servir de milieu de culture, et le tout, sous le couvert de la
lutte pour l'existence et de la sélection fatale des plus aptes.
Au bout du compte, nous pouvons être sûrs que si une foule
d'acclimatations n'ont pas réussi, cela vient de ce que nous
connaissons mal les lois de la transformation des espèces. Ce
sont des faits négatifs ; voilà tout !
Mais la plupart des intelligences paresseuses aiment mieux
croire que les formes zoologiques sont autochtones , c'est-
à-dire nées des pierres du sol, et que, figées sur place dans
leur moule initial, elles refusent opiniâtrement de s'ajuster
à d'autres conditions d'existence.
Ce dogme poudreux de 1' « autochtonisrae » va heureuse-
ment en déclinant, de sorte que aujourd'hui beaucoup pen-
sent, s'ils n'osent encore le dire, que les mesures prises par
le Créateur pour empêcher le mélange, le déplacement et l'in-
terversion des faunes, sont ni plus ni moins efficaces que
celles mises en pratique par Lui pour empêcher l'hybridation
des types, les greffes végétales et animales, les hétérotaxies,
les luxations et les hernies de toutes sortes...
L'aulochtonisme ! mot qui déchire encore moins l'oreille
du musicien que l'idée qu'il exprime ne heurte la raison du
vrai philosophe...
L'aulochtonisme ! c'est-à-dire cette funeste croyance qui
nous persuadait si bien que les vers parasitaires et les virus
pouvaient s'engendrer spontanément dans nos corps, de façon
à nous faire ressembler, nous, à ces misérables sauvages qui
adorèrent les premiers hommes blancs qu'ils virent dans leur
île; incapables qu'ils étaient, eux, d'imaginer qu'ont pût fran-
chir ainsi la mer infinie, en venant d'une autre terre plus dif-
ficile encore à imaginer...
L'autochtonisme ! Mais savons-nous seulement si les pre-
miers microbes qui s'installèrent sur notre planète à peine
refroidie, ne venaient pas d'accomplir la formidable traversée
des océans interstellaires, accrochés à quelque épave d'un
vieux cosmos démoli'^ Non, hélas ! Et peut-être jamais ne le
saurons-nous. Mais ce soupçon solennellement étrange était à
LYI .SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
mes yeux le seul commentaire un peu digne qu'il restât à faire
des merveilleux travaux de M. Pasteur et en compagnie des
plus grands physiciens de l'Europe, William Thomson et
Helmliolz.
Après cela, je crois, la Société d'Acclimatation peut se
donner carte blanche.
RAPPORT ANiNUEL SUR LES TRAVAUX
DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION
DE FRANCE EN 1882
Par M. C. RAVERET-WATTEL
Secrétaire des se'ances.
Messieurs,
Chargé par mes ibnctions de vous présenter chaque année
un résumé de vos travaux, je dois veiller à ne laisser dans
l'ombre aucun des faits par lesquels notre Société a manifesté
son activité. Or, si nombreux et si variés sont les sujets
qu'embrassent vos études, que mettre convenablement en
lumière tous les faits intéressants observés, les résultats
scientifiques obtenus, et les applications utiles qui en décou-
lent, est une tâche assurément difficile à bien remplir. En
commençant le présent compte rendu, je réclamerai donc
votre indulgence habituelle pour l'accomplissement d'un de-
voir que je ne peux ni ne veux décliner.
La Société nationale d'Acclimatation, Messieurs, n'a pas
ralenti, pendant la nouvelle péi'iode qui vient de s'accomplir,
la marche en avant qu'elle poursuit d'une façon si heureuse
depuis les premiers jours de son existence. C'est avec une
satisfaction réelle qu'en jetant les regards en arrière, nous
pouvons mesurer des yeux le chemin parcouru et compter les
progrès réalisés, les succès obtenus dans cette nouvelle étape.
Plusieurs questions depuis longtemps à l'étude ont eufin
trouvé leur solution ; d'autres ont été immédiatement abor-
dées et vous fourniront cette année d'importants et fructueux
sujets de recherche, si l'on en juge par les matériaux déjà
réunis.
De ce nombre est la question de l'élevage de la Chèvre,
dont vous avez cru devoir faire l'objet d'une véritable en-
quête. Vous avez compris la nécessité de fixer l'agriculture
sur la fécondité et les qualités respectives des dilïérentes
LXVIII SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
races de Chèvres, généralement si peu étudiées que l'on en
est encore à savoir quelle est à ce jour la meilleure laitière,
la plus robuste et la plus sobre (1), On ne trouve pas d'ail-
leurs partout des races de Chèvres franchement homogènes.
La Suisse seule, peut-être, fait une heureuse exception sous
ce rapport, et les documents fournis par M. Neukom, in-
specteur des forets àShaffouse, vous ont fait connaître l'exis-
tence de races bien homogènes, telles que, par exemple, les
Chèvres dites « Schwarzhals » (cou noir), qui sont bonnes
laitières et de belles formes, et pour lesquelles on évite soi-
gneusement des croisements qui compromettraient ces qua-
lités (2). Trop généralement ailleurs, on a considéré jusqu'à
présent la Chèvre comme pouvant se contenter de peu de
chose, et, par suite, on la laisse, pour ainsi dire, chercher sa
nourriture elle-même. Mais si, comme l'a fait remarquer
M. Dybowski(.S), on s'attachait, par une sélection bien enten-
due, à faire reproduire entre eux les individus les meilleurs
et qu'on leur procurât une alimentation riche, appropriée à
leurs aptitudes, on créerait certainement au bout de quelques
années une variété bonne laitière. Un exemple nous est fourni
par les Vaches bretonnes de petite taille, qui, dans leur pays,
vivent presque à l'état sauvage dans les bruyères et donnent
très peu de lait. Transportées dans des milieux où l'on a l'ha-
bitude de mieux traiter le bétail, ces mêmes Vaches devien-
nent très bonnes laitières. Une même Vache bretonne qui,
dans son pays, ne fournissait que 3 ou 4- litres de lait peut,
étant bien soignée, en donner jusqu'à 12 après deux ou trois
vêlages.
En Angleterre, où l'on s'occupe de la réhabilitation de la
Chèvre (4), une Société s'est formée en vue de propager l'es-
pèce caprine. Il importe de ne pas rester chez nous en arrière
de ce mouvement. Nos concours régionaux ont pour but de
vulgariser les animaux utiles de toutes les espèces; l'admission
(1) Procès-verhaux (Biillelm, 1882, p. 239).
(2) Ibidem. 1882, p. 236, 573).
(3) Ibidem. 1882, p. 450)-
(4) Ibidem. 1882, p. 315). '
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIETE. LIX
de la Chèvre dans ces concours sera un moyen de la bien faire
connaître, et c'est pourquoi vous avez cru devoir faire des dé-
marches dans ce sens auprès de l'administration supérieure.
Vous vous êtes préoccupés surtout de la propagation de la
Chèvre d'Angora en Algérie. Ainsi que M. Durand vous l'a
fait connaître (i), cette race s'est parfaitement acclimatée
dans la colonie, où elle supporte, mieux que la Chèvre arabe,
les variations de température, tout en donnant, comme poil,
des produits fort satisfaisants. Il est donc à regretter que l'ad-
ministration ne croie pas devoir encourager l'élève de la
Chèvre, qu'elle considère comme de nature à porter préju-
dice aux intérêts forestiers. La population caprine est très
considérable en Algérie (elle est d'environ trois millions et
quelques centaines de mille lêtes) et, quoi qu'on fasse, elle le
sera toujours, au moins en pays arabe; il y aurait ainsi tout
avantage à substituer la race d'Angora à la race indigène,
mauvaise laitière et à toison très peu fournie.
Les observations très soignées faites au Jardin zoologique
d'Acclimatation sur la croissance des Girafes (^) ont appelé
votre attention sur l'insuffisance des renseignements recueil-
lis jusqu'à présent concernant l'accroissement des animaux (8).
Les informations enregistrées chaque jour au Jardin sur cette
question fort importante au point de vue de l'élevage, ne
sauraient être considérées comme de simples curiosités scien-
tifiques; elles présentent, au contraire, une sérieuse ulilité
pratique, leur précision très grande donnant une importance
toute particulière aux conséquences qui s'en déduisent.
On peut en dire autant des observations faites à un aulre
point de vue par M. iluet et consignées par lui dans les notes
qu'il vous a communiquées sur les reproductions d'animaux
obtenues à la ménagerie du Muséum (4). Ces notes font sur-
(1) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 713).
(2) Ibidem, p. 178.
(3, Ibidem, p. 178.
(4) Hiiet, Note sur les 7unssances, dons et ac(iuisitions du Muséum {tluUetin,
1882, p. r)52, 578). — Note sur les iiaissances de Mammifères au Muséum [Ihtl-
lelin, 1882, p. 162). — Note sur les naissances d'Oiseaux obtenues au Muséum
{Bulletin, 1882, p. 352)
LX SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
tout connaître avec précision la durée de la gestation chez un
certain nombre de Mammifères, et, comme on ne possède
que des renseignements fort incomplets sur ce sujet (1), vous
ne pouviez qu'accueillir avec faveur les travaux de M. Huet.
A côté de ces intéressantes observations, vous avez été
heureux d'enregistrer celles dues à plusieurs de nos zélés
confrères, qui s'occupent avec persévérance de la multiplica-
tion d'espèces exotiques et qui ont obtenu cette année de nom-
breuses reproductions de Mammifères et d'Oiseaux. Nous
devons une mention spéciale aux succès obtenus par M. Pays-
Mellier (2), dans la multiplication du Muntjack {Cervulus
aureus), du Cerf nain de la Chine (Cervulus Reevesii), de
l'Antilope cervicapra, etc. ; par M. Persin (3), dans celle du
Cerf-Cochon (Cervus porcinus) ; par M. Joseph Cornély (4),
dans celle de divers Oiseaux et notamment du Pucrasia ma-
crolopha, que sa rusticité remarquable paraît désigner spé-
cialement pour devenir chez nous un nouveau gibier. Rappe-
lons aussi les résultats favorables obtenus : par M. le marquis
de Chelfontaines (5), dans l'élevage des Céréopses d'Austra-
lie; par M. Barrachin (6), dans celui du Casoar en demi li-
berté; par M. le docteur J.-J. Lafon (7), dans l'éducation de
la Pintade vulturine, belle espèce qui paraît appelée à deve-
nir, dans notre zone méridionale, un véritable Oiseau de
basse-cour, comme la Pintade commune l'est devenue pour
les régions plus septentrionales.
D'autres éducateurs, eux aussi habitués depuis longtemps
à réussir, vous ont fait part de la continuation de leurs suc-
cès. Nous nommerons en particulier : M. Delaurier aîné
(d'Angoulême), qui a obtenu de nombreuses multiplications :
Perruches à ailes rouges {Aspromictm eri/tJiropterus), Perru-
ches de la Nouvelle-Zélande {Platycercus Novœa Zelandiœ),
0) Procès-verbaux {Bulletin, 188-2, p. 309).
(2) Ibidem, p. 185.
(3j Ibidem, p. 509.
(4) Joseph Cornély, Un nouveau gibier. — Le Pucrasia macrolopha {Bulletin,
1882, p. 350).
(5) Proces-verbaux {Bulletin, 1882, p. 168).
(C) Ibidem, p. 229.
(7) Ibidem, p. 701.
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIETE. LXI
Colombes poit^nardées, etc. (1) ; M. Alfred Rousse, qui a
réussi cette année la multiplication de neuf espèces de Perru-
ches (ondulées, calopsittes, omnicolores, de Pennant, Pali-
ceps, à croupion rouge, Nanday, à scapulaire et de Latham
discolore) et qui vous a fourni d'utiles indications sur les
moyens de reconnaître les sexes chez ces oiseaux Ci).
Des observations intéressantes vous ont été communiquées :
par M. Robert, sur les habitudes de la Mangoiiste Mango en
captivité (3); par M. Nelson-Pautier (4) et par M. deConfé-
vron (5), sur les mœurs et l'instinct très développé du Hé-
risson, classé à bon droit par l'administration forestière au
nombre des animaux utiles, car il détruit une grande quan-
tité d'insectes et de reptiles y compris les vipères; par
M. Victor Chatel (6), sur les migrations du Pinson ; enfin par
M. Millet, sur les mœurs des Cigognes et sur les services que
rendent ces oiseaux en détruisant beaucoup d'animaux nui-
sibles, les Taupes en particulier, qu'elles font sortir de terre
d'un seul coup de bec (7).
De son côté, M. Jean Kiéner vous a signalé certains faits
qui l'ont conduit à admettre l'existence de croisements entre
le Rat et le Cobaye (8). Mais on conçoit toute la réserve que
vous apportez à vous prononcer sur des questions de cette
nature, et combien vous tenez à vous garder de conclusions
reposant uniquement sur l'observation des caractères exté-
rieurs, sur l'aspect des sujets présentés comme hybrides. Vous
ne perdez pas de vue que ce sont surtout les animaux plus ou
moins profondément modifiés par la domestication qui peu-
vent aisément donner lieu à des méprises, certains retours
vers les caractères du type primitif pouvant faire croire à des
croisements qui n'existent pas en réalité (9).
(1) Procès-verbaux {Bulletin, 188"2, p. 306).
{'2) Ibidem, p. 56^2.
(3) Ibidem, p. 22?.
(4) Ibidem, p. 167.
(5) Ibidem, p. 53.
(6) Ibidem, p. 18i.
(7) Ibidem, p. 451 .
(8) Ibidem, p. 692.
(9) Ibidem.
LXII SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
On ne saurait, toutefois, méconnaître la possibilité de croi-
sements entre espèces assez éloignées, et, comme vous l'a fait
remarquer M. Geoftroy Saint-Hilaire , l'observation révèle
chaque jour de nouveaux faits de cette nature se produisant,
soit parmi les animaux domestiques, soit, ce qui est plus sur-
prenant, tout à fait en dehors de l'intervention de l'homme,
chez des espèces absolument sauvages (1). Tel est, par exem-
ple, le croisement du Coq de bruyère et du Tétras à queue
fourchue, croisement qui est assez fréquent et qui donne nais-
sance à des produits chez lesquels la queue présente une
forme intermédiaire entre celle des deux types reproducteurs.
D'après les renseignements qui vous ont été fournis par
MM. Pichot (2), Maurice Girard (3) et le marquis deSinéty (4),
des faits analogues se constatent jusque dans la classe des
Insectes. En réalité, plus on observe, plus on voit s'étendre
le champ des rapprochements possibles entre espèces diffé-
rentes, et l'on reconnaît que ces unions fécondes se montrent
non seulement de genre à genre, mais jusqu'aux limites de
la famille. Ces faits ne semblent pas, toutefois, de nature à
modifier la notion de l'espèce, car, sauf de rares exceptions,
les croisements aboutissent toujours, soit à l'infécondité au
bout de quatre ou cinq générations au maximum, soit à un
retour vers l'un des deux types producteurs (5). Dans la pra-
tique, on tire parfois profit de l'infécondité des produits croisés.
Ainsi, en Allemagne et en Amérique, où l'on a recours au
métissage de différentes espèces de Poissons en vue d'obtenir
des pio'duits réunissant les qualités des espèces croisées entre
elles, ces métis sont généralement inféconds et doivent à leur
infécondité même l'avantage d'un plus grand et plus rapide-
développement (6).
En matière d'élevage, tout ce qui peut augmenter l'impor-
tance de la production mérite une sérieuse attention. Sous ce
(1) Procès-verbaux (Bulletin, 188!2, p. 118).
(2) Ibidem, p. 118.
(3) Ibidem, p. 1 18.
(4) Ibidem, p. 111).
(5) Ibidem, p. 11'.».
(6) Ibidem, p. 118.
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LXIII
rapport, la question de l'alimentaLion est une des plus sé-
rieuses à étudier. C'est pourquoi vous accueillez toujours
avec intérêt des communications ayant trait à cette question,
comme celles, par exemple, qui vous ont été faites par ]\J. l'abbé
Bétin (1) concernant la nourriture des Faisans, et par M. Van
Schmit (2), sur l'emploi d'un nouveau produit alimentaire de
son invention pour les oiseaux insectivores.
Les mêmes considérations vous ont fait suivre avec une at-
tention soutenue les expériences si importantes entreprises,
tant pra la Compagnie générale des Omnibus et celle des
Petites-Voitures de Paris, que par le Jardin zoologique d'Ac-
climatation, sur l'alimentation du Cheval (8), Au Jardin, ces
études de physiologie, appliquées à l'emploi du cheval comme
moteur, portent principalement sur les Poneys. Il y a, en
effet, un intérêt réel à s'assurer si, proportionnellement à la
force utile, les petits chevaux sont bien véritablement, comme
il est admis en général, plus économiques que les grands (4).
Vous avez, cette année, constaté avec satisfaction de nou-
veaux progrès réalisés dans l'élevage de l'Autruche (5), in-
dustrie qui doit son existence à la Société d'Acclimatation.
C'est, en effet, l'illustre fondateur de cette Société qui conçut
la pensée de la domestication de l'Autruche, et c'est par les
soins de notre Société que les premiers essais de multiplica-
tion furent faits au Jardin zoologique de Marseille, où les pre-
miers résultats furent obtenus. D'autres succès suivirent
bientôt : à Madrid, au Retiro ; à San-Donato, chez M. le prince
de Démidoff ; au Jardin des Plantes de Grenoble, où notre re-
gretté confrère, M. Bouteille, obtint des reproductions en
quantité remarquable (0).
Ce n'est qu'à la suite de ces résultats, après une période
(1) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 121.)
(2) Ibidem, p. 715.
(3) Ibidem, p. 700.
(4) Ibiilem, p. 701.
(5) M. Paul Lépervanclic, de Cliébel (île Maurice), a fait connaître à la Société
les résultats très satisfaisants qu'il a obtenus dans l'élevage de l'Autruche, et
les essais entrepris par d'autres éleveurs dans la colonie (Procés-verbaux', Bul-
ie<m, 1882, p. 237).
(6) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 188).
LXIV " SOCIÉTÉ iNATIONALE d'ACCLLMATÂTION.
toute européenne, que se sont créées les fermes à Autruches
du cap de Bonne-Espérance, établissements aujourd'hui si
prospères, et sur lesquels M. Lavenère, consul de France au
Cap, vous a fourni des renseignements des plus intéres-
sants (1). Avec les établissements déjcà nombreux créés en
Algérie et en Egypte ("2), l'industrie entre actuellement dans
une troisième phase, qui paraît pleine d'avenir, si l'on en
juge d'après les résultats déjà obtenus, tant au jardin du
Hamma que dans les établissements de M. Créput, à Misser-
ghin, de M'"' Barrière, près d'Alger, et enfin dans celui d'Aïn-
Marmora, près Coléah; ce dernierne possède pas moins de
quarante à cinquante couples reproducteurs (3). Un double
intérêt s'attache à ces résultats, car l'Autruche n'est pas seu-
lement utile par les plumes qu'elle produit; sa chair peut
ésalement rendre des services et doit faire classer cet oiseau
au nombre des espèces alimentaires. Il en est de même, du
reste, pour le Nandou, sur lequel des renseignements, à ce
point de vue, vous ont été donnés par M. 0. Camille Béren-
ger (4.), qui s'est occupé avec succès de la multiplication de
cette espèce américaine (5). Un très grand nombre de per-
sonnes, mises par notre confrère à même de goiîter la chair
du Nandou, l'ont trouvée de bonne qualité et parfaitement
susceptible d'entrer dans l'alimentation ; cette viande paraît
tenir le milieu entre la volaille et le mouton.
Votre attention a été appelée par M. Pierre Pichot (6) sur
l'intérêt qui s'attacherait à l'acquisition de plusieurs espèces
de Francolins de l'Inde, lesquels seraient probablement plus
faciles à acclimater que les Francolins du Cap, habitués à un
climat plus chaud. Deux espèces paraissent spécialement re-
commandables; ce sont celles que les Anglais nomment
(1) Procès-verbaux (DuUelin, 1882, p. 705.)
(2) M. Merlato, sous-directeur de la Société anonyme pour Félevage de l'Au-
truche en Egypte, a fait parvenir à la Société un mémoire sur la chaleur déve-
loppée par l'embryon pendant l'incubation et sur le rôle de la chambre à air
dans les œuls [Bulletin, 188^2, p. 237.)
(3) Proces-verbaux {Bulletin, 1882, p. 188).
(i) Ibidem, p. 188.
(5) Ibidem, p. 358.
(6) Ibidem, p. 229.
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIETE. LXV
Painted-Partridge et Black-Parlridge. Cette dernière est le
Francolin ordinaire ou Francolin noir> oiseau de mœurs très
douces, non batailleur, qui ne dérange pas les autres gibiers,
et qui fournit de très beaux tirés dans les endroits où il se
propage. Ce Francolin se rencontre dans les plaines les plus
chaudes du Bengale comme dans les neiges de l'Hymalaya.
Parmi les envois précieux d'animaux qui nous ont été faits
cette année, nous devons mentionner particulièrement ceux
de M. Tony Conte , premier secrétaire de l'ambassade de
France au Japon (l). Le corps diplomatique français a, du
reste, constamment témoigné de l'intérêt qu'il prend aux tra-
vaux de la Société d'Acclimatation par les envois qu'il lui fait
de l'étranger. Dès l'origine de la Société, M. de Montigny
faisait parvenir en France les Yacks du Thibet et les Grues de
Mantchourie. Un peu plus tard, M. Léon Roche nous fournis-
sait les moyens d'importer du Japon de la graine de Ver à soie
de race saine. Depuis, des dons très fréquents nous ont été
faits par les divers représentants de la France à l'étranger,
notamment par M. de Montebello, qui a beaucoup contribué
à enrichir nos collections de plantes et d'animaux, et par
M. Tony Conte, dont les envois n'ont pas moins de valeur. On
doit notamment à M. Conte l'introduction en France de la
Poule Phénix, si remarquable par la beauté et le développe-
ment phénoménal de son plumage; chez les mâles, certaines
plumes de la queue ne mesurent pas moins de 1'",60 de lon-
gueur. Un des caractères de la Poule Phénix est d'avoir les
pattes bleues, alors que chez d'autres races japonaises (la
Poule de Nangasaki et la Poule de Yokohama, laquelle est
assez voisine de la Poule dite du Gange) les pattes sont de
couleur jaune. Ce caractère particulier et quelques autres
différences, notamment dans la forme de la tête, semblent in-
diquer que ces races n'ont pas une origine commune, et que
les habitants de l'extrême Orient auraient soumis à la domes-
ticité deux espèces de Poules distinctes.
La belle Monographie des races de Poules, que notre con-
(1) Proces-verbaux {Bulletin, 1882, p. 228).
3" sÉfiiE, T. X. — Séance publique annuelle.
LXVI SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
frère M. La Perre de Roo a récemment publiée, et à laquelle
vous avez été heureux de décerner une de vos récompenses
hors classe, a attiré votre attention sur le soin qu ont pris les
éleveurs anglais d'améliorer, par la sélection, nos principales
races de Poules françaises, dont ils possèdent aujourd'hui les
types les plus parfaits (I). Les expositions d'oiseaux, très fré-
quentes en Angleterre, ont principalement contribué à ce ré-
sultat. Vous vous êtes préoccupés, par suite, de la nécessité
qu'il y aurait à créer un même stimulant en France, où la
seule exposition de ce genre qui se fasse régulièrement au-
jourd'hui est le concours général dit des animaux gras, or-
ganisé chaque année à Paris par les soins de l'administration.
Vous ne vous intéressez pas seulement, en effet, à l'acqui-
sition d'espèces exotiques; la conservation, la propagation et
l'amélioration de nos espèces indigènes vous préoccupent
également. C'est pourquoi vous avez appris avec satisfaction
le soin qu'apportent plusieurs de nos confrères à répandre
dans leur région les meilleures races domestiques. Nous rap-
pellerons particulièrement les renseignements qui vous ont
été donnés à ce sujet par M. Fabre Firmin (2) et par M. Piuinet
du Tailly (3), ainsi que par M. Masson, lequel vous a fait par-
venir une note sur la reproduction du Cobaye ou Cochon
d'Inde en demi-liberté (4).
En continuant à s'occuper avec un zèle et une générosité
méritoires (5) de propager l'excellente race de Canard du La-
brador, si féconde et si rustique, M. Garnot vous a signalé
les qualités d'une race de Poule remarquable au point de vue
de la production des œufs : la Poule de Campine argentée,
laquelle donne, bon an mal an, 240 à 260 œufs, et souvent
plus. Notre confrère n'évalue pas à moins de douze kilogram-
mes le poids total des œufs que peut donner cette Poule, et il
(1) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 2-28).
(2) Ibidem, p. 570.
(Z) Ibidem, p. 168.
(4) N. Masson, Note sur la reproduction du Cobaye en demi-liberté {Bulletin,
1882, p. 464).
(5) M. Garnot a bien voulu encore cette année mettre à la disposition de la
Société un nombre illimité d'œuls de Canards du Labrador et six couples
reproducteurs de cette belle et bonne race {Bulletin, 1882. p. 184).
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LXVII
estime que, eu égard à son propre poids, c'est de toutes les
races, après la race espagnole, si difficile à élever, celle qui
pond le plus. Comme il l'a déjà fait pour le Canard du La-
brador, M. Garnot a bien voulu mettre généreusement à la
disposition de la Société un nombre illimité d'œufs de Poule
de Campine (1), en vue d'aider à répandre l'une et l'autre
race, toutes deux recommandables par leur rusticité, leur
fécondité et la fixité de leurs caractères comme plumage, qui
en font, en même temps que des bêtes de rente, de véritables
oiseaux de luxe et d'agrément.
N'oublions pas de mentionner les intéressantes communi-
cations qui vous ont été faites par M. Lagrange (2) et par
M. Masson (3) sur fincubation artificielle; par M. Geoffroy
Saint-Hilaire (4-) et par M. Dareste (5), sur les œufs doubles
et sur les corps étrangers que l'on trouve parfois dans les
œufs ; enfin par M. Dareste (6), sur le développement des vé-
gétations cryptogamiques dans les œufs en incubation. Les
expériences de notre savant confrère ont fait voir qu'un nombre
considérable (près des deux tiers) des œufs qu'on met en in-
cubation doivent leur non-réussite à cet envahissement de l'al-
bumine, tant par le mycélium des moisissures que par des
quantités de spores, envahissement qui amène à court délai la
mort par asphyxie de l'embryon (7).
Les perfectionnements successifs apportés dans ces der-
nières années aux couveuses artificielles ont opéré une véri-
table révolution dans l'art de l'élevage et généralisé l'emploi
de ces appareils. Aussi avez-vous pensé qu'une exposition
spéciale de ces incubateurs présenterait un véritable intérêt
pratique (8), et qu'il y aurait utilité à ce que le Ministère de
(1) Procés-verbaux (Didlelin, 1882, p. 184).
(2) Ibidem, p. 179.
(3) Ibidem, p. 573.
(4) Ibidem, p. 128, 309.
(5) Ibidem, p. 106, 173.
(6) Ibidem, p. 118, 180.
(7) Ibidem, p. 373.
(8) M. le vicomte d'Esterno a signalé à l'attention de la Société l'intérêt qui
s'attacherait à l'organisation d'un concours entre les différents systèmes de cou-
veuses artificielles (Bulletin, 1882, p. 690).
LXVIII SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
l'agriculture organisât un concours qui aurait pour but de
mettre en relief et de signaler au public les appareils donnant
les meilleurs résultats, et réunissant au bon marché la sim-
plicité, et par conséquent la facilité de direction. Les dé-
marches que vous avez faites dans ce sens auprès de l'admi-
nistration supérieure ont été accueillies avec l'attention
qu'elles méritaient, et, d'après les bienveillantes assurances
qui vous ont été données, vous pouvez espérer que votre
demande recevra sous peu une solution satisfaisante (1).
Votre attention a été appelée de nouveau cette année sur le
tort considérable causé dans plusieurs localités à l'agriculture
et à la sylviculture par différentes espèces de Rongeurs, tels
que les Écureuils, les Mulots, les Campagnols, etc., et sur les
mesures administratives propres à y mettre un terme (2). D'un
autre côté, vous avez continué à vous préoccuper de l'inquié-
tante diminution du nombre de beaucoup de nos oiseaux indi-
gènes, si précieux par les services qu'ils rendent comme des-
tructeurs d'insectes nuisibles (3), et vous avez pris des dispo-
sitions pour ouvrir à ce sujet une vaste et sérieuse enquête [A).
Cette question se rattache intimement à celle de la chasse.
Depuis plusieurs années déjà, la diminution constante du
gibier en France inspire de légitimes inquiétudes, et l'opinion
publique réclame avec instances un prompt remède à un état
de choses qui menace des intérêts considérables. Il ne faut
pas, en effet, voir seulement dans le gibier une occasion de
plaisir; il est aussi, il est surtout une source de richesses des
plus productives pour le pays, soit au point de vue de l'ali-
mentation, soit au point de vue du Trésor public, soit enhn
au point de vue des industries nombreuses qui se rattachent
à la chasse et qui en vivent. Deux chiffres en font foi : celui
de trois millions et demi environ qu'a atteint, année moyenne,
(1) Procès-verbaux (Bulletin, 1882, p. 707).
'-2] D'intéressantes communications sur ce sujet ont été faites à la Société par
MM. Freslon, do Confévroii, Millet, etc. {Bulletin, 1882, p. 573, 381, 450).
(3) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 316).
(4) MM. De liarrau de Muratel et Millet ont particulièrement insisté auprès
de la Société sur la nécessité de protéger les oiseaux destructeurs d'insectes, et
sur Topporlunité de recueillir des renseignemens exacts sur la diminution de
certaines espèces {Bulletin, 1882, p. 316, 317, 374).
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIETE. LXIX
la vente du gibier aux Halles de Paris pendant ces dernières
années, et celui de dix millions environ auquel s'élève par an
le rendement des permis de chasse, au profit de l'État et des
communes.
Les causes de la diminution du gibier sont diverses et nom-
breuses; mais il en est une sur laquelle tout le monde est
d'accord : c'est la répression insufllsante, jusqu'à ce jour, du
braconnage. Aussi plusieurs projets de loi sur la chasse
ont-ils été élaborés dans ces derniers temps. L'un d'eux, dû
à l'initiative de M. Labitte, aujourd'hui sénateur, devant être
prochainement discuté par le Parlement, la Société d'Accli-
matation a pensé qu'elle ne pouvait ni ne devait rester indif-
férente à une réglementation d'intérêts qui lui sont chers.
Une Commission, puisée dans le sein des première et deuxième
sections, a été chargée d'examiner ce projet de loi; un rap-
port, fruit d'une sérieuse étude, vous a été présenté (i), et,
tout en vous associant, d'accord avec votre Commission, à
l'esprit général du projet, qui constitue un progrès réel sur
la loi de 1844, actuellement en vigueur, vous avez cru devoir
signaler aux pouvoirs publics l'utilité qu'il vous paraîtrait y
avoir à la suppression de certaines des dispositions contenues
dans ledit projet, et à l'adjonction de certaines autres. L'ac-
cueil qu'ont reçu vos démarches prouve la haute estime en
laquelle sont tenus partout les travaux de la Société (2).
Des rapports nombreux vous ont été adressés sur la situa-
tion de vos cheptels (3) et vous devez à l'obligeance en même
temps qu'au savoir de MM. Alfred Rousse (4), E. Leroy (5),
Emile Courtois (6) et Delaurier aîné (7) des instructions pra-
tiques résumant, à l'adresse des chepteliers, les fruits d'une
(1) J. Gautier. Rapport présenté au nom de la Commission de la chasse (Bul-
le.tm,\m% p. ?m).
(2) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 558).
(3) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 60, 109, 176, 187, 225, 308, 362, 367,
569).
(4-) Alfred Rousse, Instructions pour les chepteliers: les Perruches (Bulletin,
1882, p. 4).
(5) E. Leroy, Idem: les Colins et les Perdrix de Chine (Bulletin, 1882, p. I).
(0) Éniilc Courtois, Idem : hi Bcrnache (FAustralie (Bulletin, 1882, p. 195).
(7) Delaurier aîné, Idem: les Tragopans {Bulletin, 1882, p. 193).
LXX SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
longue expérience et les résultats d'observations précieuses
pour l'élevage d'un certain nombre d'oiseaux. Il serait gran-
dement à souhaiter de pouvoir réunir de semblables indica-
tions pour toutes les principales espèces à propager.
M. William Jamrach vous a présenté le curieux relevé des
importations si considérables d'oiseaux exotiques (1) aux-
quelles il consacre ses soins, et qui ne peuvent être réalisées
qu'au prix de grandes fatigues, souvent de sérieux dangers
et toujours de dépenses énormes. C'est ainsi que, malgré
les hauts prix obtenus des oiseaux ramenés vivants de
l'Inde par M. Jamrach, ces importations poursuivies pendant
dix-neuf années, loin de lui donner de gros bénéfices, lui
ont laissé, en ce qui concerne les Lophophores et les Tra-
gopans, une perte de 75 000 francs, heureusement couverte
par d'autres opérations relatives au commerce des animaux.
Pour se livrer, comme le fait M. Jamrach, à des voyages
incessants dans l'Inde, voyages ayant uniquement pour but de
rapporter des espèces précieuses, il faut donc autre chose que
l'espérance du bénéfice à réaliser ; il faut avant tout être ama-
teur, avoir la passion des animaux, comme c'est le cas pour
notre confi'ère.
Comme les années précédentes, la pisciculture a été l'objet
de vos préoccupations ; vous avez suivi attentivement les pro-
grès accomplis par cette industrie à l'étranger comme en
France (2). Un grand nombre de nos confrères vous ont fait
parvenir des renseignements sur leurs travaux de repeuple-
plement des eaux; nous mentionnerons particulièrement les
notes envoyées par MM. Braun (3), de Bouteyre (4), Gallais (5),
Berthoule (6), Martial (7), le vicomte de Causans (8), Ch. Re-
(1) William Jamrach, Importations de Faisans indiens {Bulletin, 1882, p. 585).
(2) L'attention de la Société a été appelée sur les résultats remarquables ob-
tenus en pisciculture dans le grand-duché de Bade, en Suède, en Allemagne, etc.
(Bulletin, 1882, p. 169. 224., 227, 370).
(3) Proces-verhaux {Bulletin, 1882, p. 5ij.
(l) Ibidem, p. 50.
(5) Ibidem, p. 57.
(6) Ibidem, p. 168.
(7) Ibidem, p. 171, 366.
(8) Ibidem, p. 171, 232.
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LXXI
nonard (i), de Clermont (2), P. Garbonnier et Rathelot(3).
M. Després (4-) et M. Noordoek-Hegt (5) vous ont fait con-
naître l'inslallalion de leurs établissements de pisciculture, et
un rapport vous a été présenté sur l'importante piscifacture,
véritable ferme aquicole, créée àGremat(Ain)parMM. Liigrin
et du Roveray qui, grâce à une heureuse découverte, ont su
résoudre, dans cet établissement modèle, le problème de l'ali-
mentation économique du poisson (6).
M. le docteur Maslieurat-Lagémard, membre du Conseil
général de la Creuse, vous a rendu compte des résultats très
encourageants donnés par les opérations d'empoissonnement
qui, sous son inspiration, s'effectuent depuis plusieurs années
déjà dans les principales rivières de ce département (7).
D'importants envois d'œufs de divers Salmonidés étrangers
vous ont été faits cette année encore par de généreux dona-
teurs, parmi lesquels nous avons, comme toujours, à men-
tionner en première ligne M. le professeur Spencer F. Baird,
commissaire général des pêcheries des États-Unis (8). Environ
250 000 œufs de Whilefish {Coregonus albus), expédiés de
New-York par ses ordres, vous sont arrivés en parfait état et
vous ont permis d'entreprendre une très intéressante expé-
rience d'acclimatation sur cette espèce, dont l'introduction
dans nos eaux douces constituerait une précieuse acquisition.
M. Fred. Mather, membre adjoint de la Commission des pê-
cheries, a bien voulu, comme de coutume, prêter son con-
cours à cet envoi, pour lequel nous ne saurions nous montrer
trop reconnaissants.
Plusieurs dons également très précieux nous ont été faits
aussi par l'Association allemande de pisciculture qui, sur la
proposition de son éminent président, M. de Behr, vous a gé-
(1) Procès-verbaux (Bulletin, 1882. p. 223.
(2) Ibidem, p. 367.
(3) Ibidem, p. 567.
(4) Ibidem, p. 111.
(5) Ibidem, p. 564.
(6) G. Raveret-Wattel, L'établissement de pisciculture de Gremat {Bulletin,
1882, p. 591).
(7) Proces-verbaux {Bulletin, 1882, p. 359).
(8) Ibidem, p. 55, 123.
LXXII SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
néreusement fourni la possibilité d'essais d'empoissonnement
au moyen d'espèces de choix (1) recommandables soit par la
qualité de leur chair, soit par la rapidité de leur croissance.
Rappelons, en outre, que c'est grâce aux dons déjà précédem-
ment faits à notre Société par M. de Behr (2) que vous avez
pu constater cette année toute la rusticité du Saumon de Cali-
fornie {Salmo quinnat), sur lequel MM. Rathelot (3) et de
Glermont (4) vous ont fait parvenir des détails intéressants.
Sachant que la Société d'Acclimatation s'occupe de toutes
les questions qui se rattachent au repeuplement des rivières
et à la protection des poissons migrateurs, M. le Ministre de
la guerre a fait appel à vos lumières (5), en vue de la construc-
tion d'une échelle à Saumons qui doit être établie sur la rivière
du Dourduf, au barrage de la Poudrerie du Pont-de-Buis
(Finistère). Les nombreux documents que vous tenez de la
Commission des pêcheries des États-Unis et de quelques autres
sources, concernant les échelles à Saumons, vous ont permis
de renseigner l'Administration sur les différents systèmes en
usage et sur les types les plus avantageux au point de vue de
la dépense d'établissement et d'entretien, comme à celui du
■^fonctionnement des appareils.
M. Seth-Green, de Rochester (New-York), un des vélérans
de la pisciculture américaine, vous a rendu compte de ses très
curieuses expériences d'hybridation entre différentes espèces
de Salmonidés (6). De semblables expériences méritent d'être
attentivement suivies au double point de vue de l'intérêt scien-
tifique et des résultats pratiques à en obtenir.
Rappelons enfin la note qui vous a été adressée par M. Vi-
lanovay Piera, professeur de paléontologie à Madrid, con-
cernant l'aquarium ou station zoologique de Naples(7), éta-
blissement international dans lequel les savants de tous les
(1) Procès-verbaux {Dullelin, 1882, p. 111, 186).
(2) Ibidem, p. 55, 111.
(3) Ibidem, p. 565.
(i) Ibidem, p. 367.
(5) Ibidem, p. 71U.
(6) Ibidem, 693.
(7) Vilaiiova y Piera, Note sur la station zoologique de Naples (Bulletin, 1882,
p. 649).
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LXXIII
pays peuvent être admis à travailler et qui, par sa situation,
son organisation, son développement, surpasse tous les éta-
blissements analogues fondés jusqu'à ce jour.
Vous avez encore reçu, pendant votre dernière session, de
nombreux rapports sur la sériciculture et sur l'élevage desdi-
^ferses espèces de Vers à soie. Nous rappellerons particulière-
ment les travaux de MM. Wailly (1), Hénon (2), Max-Cornu (3)
etHuin(4).
En rendant compte d'une éducation bivoltine de Ver à
soie du Chêne de la Chine (Attacus Pernyi) faite à Paris (5),
M. Huin vous a signalé les précautions qui lui paraissent les
plus propres à assurer la réussite de ce genre d'élevage; il
-vous a fait part, en outre, de ses nouvelles observations sur la
conservation par le froid des œufs du Ver à soie du Chêne du
Japon {Attacus Yama-maï). Les expériences auxquelles il
•s'est livré ont montré que le séjour des œufs en glacière ne
nuit en aucune façon aux éducations, et qu'en recourant à ce
procédé, on n'a plus à se préoccuper nullement, pour la nour-
riture des jeunes chenilles, du plus ou moins de précocité de
la pousse des feuilles. M. Huin a constaté, d'ailleurs, qu'un
relard se produit chaque année dans l'éclosion des Vers;
peut-être pourra-t-on, peu à peu, arriver à une concordance
•complète de celte éclosion avec la pousse des feuilles.
M. Clément, qui s'est occupé, lui aussi, de l'éducation de
ÏA. Perni/i, a constaté la possibilité d'élever cette espèce avec
■ la feuille du Prunier. Il y a là une observation utile à enre-
gistrer, au moins pour l'éducateur citadin, qui rencontre
parfois une certaine difficulté à se procurer des feuilles de
Chêne pour des essais d'élevage, tandis que la feuille du Pru-
nier se trouve dans tous les jardins (6).
Une observation du même ordre a été faite par M. Fallou,
(1) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 58, Ô'OG, 361, 57G).
(2) Ihidein, p. 186.
(3) Ibidem, p. 566.
(4) Ibidem, p. 693.
(5) Huin, Education bivoltine d'Attacus Pernyi; rusticité de TAltacus Yama-
maï {Bulletin, 1882, p. U).
(6) A.-L. Clément, i\ote sur une éducation (/'Attacus Pernyi faite sur le Pru-
nier {Bulletin, 1882, p. 84).
LXXIV SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
lequel a réussi à élever sur l'Erable plane VAttacus Ce-
cropia, et à utiliser ainsi une feuille sans valeur pour l'éduca-
tion de ce Ver à soie américain qui, dans les conditions
naturelles, vit aux dépens des arbres fruitiers (1).
M. Alfred Wailly, qui continue avec le plus grand zèle ses
importations de Bombyciens séricigènes exotiques, est par-
venu, sous le climat si peu favorable de Londres, à mener à
bien l'éducation de nombreuses espèces tirées de l'Inde, de
la Chine et de l'Amérique du Nord (2). Les croisements qu'il
a obtenus de certaines de ces espèces ne sont pas seulement
curieux, car les races hybrides ainsi formées semblent pré-
senter des avantages sous le rapport de la qualité de la soie.
M. Maurice Girard a porté à votre connaissance des aber-
rations dans la forme du contour des ailes observées chez
VAttacus Pernyi et chez VAttaciis Yama-maï (3). Ces aber-
rations, qui constituent, en somme, un défaut dans la con-
texture du contour des ailes, se sont toutes produites dans des
éducations captives, faites plus ou moins à la chambre, et
elles proviennent vraisemblablement d'une dégénérescence,
le papillon ne trouvant plus dans les tissus de la chrysalide
assez de matière pour garnir complètement ses ailes. Il est
assez probable que ces faits ne se présenteront plus quand
VAttacus Pernyi sera entièrement acclimaté en France, à la
façon du Ver à soie de l'Ailante, comme il l'est déjà dans le
nord de l'Espagne. Aussi M. Maurice Girard est-il d'avis que
nous devons porter tous nos efforts sur cette espèce, et laisser
de côté VAttactis Yama-maï du Japon, exigeant un climat
insulaire dans des conditions spéciales. Mais nous devons
fonderies plus légitimes espérances sur l'A. Pernyi^ à soie
excellente, en voyant les magnifiques cocons présentés à la
Société et provenant d'éducations en plein bois et entièrement
à l'air libre, faites par M. J.-B. Biaise, à Choloy (Meurthe-et-
(1) J. Fallou, Note pour servir à l'éducation d'un Bombycien séricigène {Bul-
letin, 1882, p. 137).
(2) Alfred Wailly, Educations de Bombyciens séricigènes. — Séricigènes exo-
tiques (Bulletin, 1882, p. 576;.
(3) Maurice Girard, Note sur le» aberrations observées cliei les Attaciens asia-
tiques (Bulletin, 1882, p. 653).
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LXXV
Moselle), et par M. J. Falloii, dans la forêt de Sénart (Seine-
et-Oise).
M"" veuve Simon, née de Fruisseaux, de Forest-Halle-lez-
Briixelles, a continué ses éducations d'Attaciis Pernyi; elle
paraît être aujourd'hui définitivement en possession de la
race imivoltine créée par ses soins depuis cinq ans Çl).
M. Hignet, de Varsovie, qui s'occupe avec succès de Féle-
vage du Ver à soie du Mûrier et de plusieurs Bombyciens sé-
ricigènes nouveaux, vous a fait parvenir, avec de la graine
saine provenant de sa récolte (2), des échantillons de cocons
et de soie qui donnent lieu de croire que l'industrie séricicole
trouverait en Pologne des chances de réussite.
D'autres envois de graines de choix vous ont été également
faits, notamment par M'"' Boucarut (3) et par M. le comte
Casali (4), de Milan, qui a bien voulu vous mettre à même
d'essayer l'éducation de la race milanaise dite Verdolina Ca-
sati, très répandue en Lombardie et en Vénétie, où elle est
fort estimée.
Comme les années précédentes, de nombreux rapports sur
la culture des plantes qu'ils tenaient de la Société vous ont
été adressés par plusieurs de nos confrères (5). Vous avez
surtout remarqué ceux fournis par M. Mathey (6) et par
M. Félix de la Rochemacé (7) sur l'utilisation de la Saggina
comme plante fourragère; par M. Ludovic Joffrion, sur la
culture du Soja, du Chou de Chaves, etc. (8); par M. Giuseppe
Gnecchi, de Milan, sur la possibilité de l'introduction du
Téosinlé dans l'Italie centrale et méridionale (9) ; par M. Le-
mut, sur la culture du Pht/salis Peruviana (10).
(1) Procès-verbaux (Bulletin, 1882, p. 58, 176, 305).
(2) Ibidem, p. 123, 175.
(3) Ibidem, p. 306.
(i^ Ibidem, p. 697.
(5) Des notes très intéressantes ont été adressées notamment par MM. Nau-
din, Léo d'Ounous, Casati, Sagot et Mathey (Bulletin, 1882, p. 306, 307, 612
6tt3, 697, 698).
(6) Proces-verbaux (Bulletin, 1882, p. 697).
(7) Ibidem, p. 59.
(8) Ibidem, p. 113.
(9) Ibidem, p. 115, 170.
(10) Ibidem, p. 235.
LXXYI SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
Nous devons une mention toute particulière aux nombreux
succès obtenus dans la culture de plantes alimentaires nou-
^velles par M. Paillieux (1), auquel revient l'honneur de plu-
.sieurs acquisitions fort intéressantes.
Parmi les mémoires importants qui vous ont été soumis
concernant différents végétaux, il convient de citer spéciale-
ment aussi ceux de M. Dabry de Thiersant, sur le Caféier de
.Libéria et sur la culture de cette espèce, qui paraît appelée
à. faire avant peu une concurrence sérieuse au Café d'Arabie
et à enrichir en même temps un grand nombre de pays inter-
tropicaux (2) ; de M. Charles Rivière, sur le genre Melaleuca
au point de vue du boisement économique et pratique de
l'Algérie (3); de M. Romanet du Gaillaud, sur l'introduction
en France de deux Vignes chinoises (-4); de M. le docteur
E. Bretschneider, médecin de la légation de France à Pékin,
sur un certain nombre de plantes de la Chine, etc. (5).
M. le docteur Mène a continué le travail considérable qu'il
.a entrepris sur la flore du Japon. Cette étude, d'une haute
valeur scientifique, constitue assurément l'un des plus remar-
quables documents qu'ait jusqu'ici T^uhWés noire Bulletin (6).
De son côté, M. Auguste Pissot, inspecteur des forêts, con-
servateur du Bois de Boulogne, a complété le rapport qu'il
avait commencé l'an passé sur les conséquences du rigoureux
hiver de 1879-1880, pour les diverses essences d'arbres réu-
nies dans ce parc admirable. Ce savant et consciencieux tra-
vail fournit bien des indications utiles pour les amateurs de
cultures forestières et d'ornement (7).
M. Bouchereau, qui a été le premier, au moins en France,
à donner à l'Eucalyptus une utiUsation industrielle comme
(1) Procès-verbaux {Bulletin, 1882, p. 312, 361, 493, 636).
(2) Dabry de Tliiersant, Le Caféier de Libéria (Bulletin, 1882, p. il7).
(3) Charles Rivière, Le Niaouli et le genre Melaleuca en Algérie {Bulletin,
1882 p. 529.602).
(4) Romanet du Gaillaud, Sur deux Vignes chinoises {Bulletin, 1882, p. 384).
(5) E. Bretschneider, Plantes de Pékin (Bulletin, 1882, p. 596).
(6) Df E. iMène, Des productions végétales du Japon {Dullelin, 1882, p. 7, 142,
273, 466, 658).
(7) Auguste Pissot, Effets des gelées au bois de Boulogne {Bulletin, 1882,
p. 86. 197).
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIETE. LXXVIÏ '
bois d'ébénisterie, vous a signalé l'inexactitude d'assertions
d'après lesquelles ce bois serait d'un emploi difficile. Notre
confrère a fait voir qu'en prenant les plus simples précau-
tions après Tabatage des arbres, le bois ne se crevasse pas/
reste sain et facile à travailler, et conserve toute sa partie ré-
sistante (1). '
Comme toujours, des dons généreux (2), des envois impor-'
tants de plantes, fruits et graines, aussi bien que d'animaux,^
vous ont été faits. Nous mentionnerons en particulier ceux de
MM. Ujfalvi (3), Maéda(4-), Paillieux (5), Bretschneider (6),
Heymonet(7), Jules Grandidier (8), Fréd. Romanet du Cail-
laud (9), Sanford (10), Emile Harel (11), Vavin (12), Tou-
rasse (13), et Le Myre de Villers (U).
Rappelons enfin que la bibliothèque s'est encore enrichie
d'une façon importante, grâce à la générosité de nombreux
donateurs, au nombre desquels figurent en première ligne
MM. les Ministres de l'agriculture, de la marine (15) et du
commerce (16).
(11 Procès-verbaux (Bulletin, 1882, p. 116).
(2) Nous devons rappeler en particulier le don d'une somme de 1000 francs
fait à la Société par M. Berend, pour la fondation d'un prix à décerner à l'au-
teur du meilleur travail faisant connaître, au point de vue historique et pratique,
les travaux relatifs à l'acclimatation et les résultats obtenus depuis la création
de la Société (Bulletin, 1882, p. xvii, 227).
(3) M. Georges de Ujfalvi a ramené de Turkestan de nouveaux types de Oiiicus
lévriers très intéressants (Bulletin, 1882, p. 129).
(4.) Procès-verbaux (Bulletin, 1882, p. 128).
(5) Ibidem, p. 128, 493, G36.
(6) Ibidem, p. 128. r
(7) Ibidem, p. 116.
(8) Ibidem, p. 116.
(9) Ibidem, p. 225, 301.
(10) Ibidem, p. 232.
(11) Ibidem, Y>. 309. >
(12) Ibidem, p. 363,494,636.
(13) Ibidem, p. 568.
(14) M. Le Myre de Villers, alors gouverneur de la Cochinchine, a fait, .au conir
mencemcnt de Tannée, un très important envoi de plantes et d'animaux, com-
prenant notamment des Bœufs trotteurs renommés par leur rapidité, de petits
Chevaux siamois, et un grand nombre d'oiseaux intéressants, entre autres des
Éperonniers de Germain (Bulletin, 1882, p. 309).
(15) Procès-verbaux (Bulletin, 1882, p. 689).
(16) Ibidem, p. 166, 689.
11 convient de mentionner spécialement aussi M. Thomas B. Fcrguson, com-
missaire des États-Unis à TExposition universelle de 1878, à Paris, qui a bien
LXXVIII SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
Si, grâce aux notables progrès dont ce rapport vient de
vous donner un aperçu, la Société a ressenti des satisfactions
bien légitimes, elle a aussi, Messieurs, compté des jours de
tristesse et de deuil.
Nous avons eu la douleur de perdre M. Tourasse, qui ser-
vait activement la cause de l'acclimatation, et qui, possesseur
d'une grande fortune, la consacrait presque entièrement à
des œuvres philanthropiques et d'utilité générale. Amateur
distingué de plantes rares, M. Tourasse avait réuni dans le
vaste parc de sa villa, près de Pau, des collections du plus
grand intérêt; il y avait, en outre, créé un champ d'expé-
riences et une véritable école d'arboriculture, qui rendaient
de très utiles services. M. Tourasse emporte les regrets de
tous ceux qui l'ont connu.
La Société a aussi perdu deux de ses délégués à l'étranger :
M. Wilson, de Philadelphie, l'un de nos plus actifs représen-
tants, et M. le docteur Ploem, de Batavia, correspondant zélé,
auquel nous devions de nombreux envois de plantes et d'ani-
maux. La mort nous a également enlevé M. Duchesne de Bel-
lecourt, ancien ministre plénipotentiaire, qui, depuis long-
temps membre honoraire de la Société, profitait de son séjour
à l'étranger pour nous faire de précieux envois.
MM. Piver, Henri Mars, Gustave Dufeu, Eugène Gallimard,
Grubert, Chaumette, Speltz, deBellonnet, Tobias, Casamayor,
de Gouttes, F. A. Liénard, Cornalia, Bonnefons, de Faultrier,
Cadaran de Saint-Mars, de Chanteau, A. Gros, Béchu et baron
de Lintjens, ont aussi disparu de nos rangs.
La Société, Messieurs, a ressenti cruellement la perte qu'elle
a faite en la personne de ces regrettés collaborateurs, et c'é-
tait pour nous un devoir, dans cette revue de la session qui
vient de finir, de rendre un dernier hommage à leur mé-
moire.
A côté de ces vides douloureux faits dans nos rangs, nous
avons heureusement à enregistrer des adhésions nombreuses,
en même temps que la création de Sociétés qui, filles de la
voulu adresser à la Société la série complète des rapports officiels publiés sur
cette Exposition par ordre du gouvernement fédéral {Bulletin, 1882, p. 53).
RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. LXXIX
nôtre, viennent unir leurs efforts aux siens. Ces relations,
cette communauté d'efforts, contribueront certainement dans
l'avenir à faire progresser plus rapidement encore que par
le passé l'œuvre si éminemment utile de l'acclimatation.
RAPPORT
AU NOM
DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES (^>
Par M. Alb. GEOFFROY SAIIKT-HILAIRE
Secrétaire général.
Mesdames, Messieurs,
J'ai l'honneur de venir lire devant vous le rapport relatif
aux récompenses que la Société nationale d'Acclimatation dé-
cerne aujourd'hui pour la vingt-sixième fois.
Qu'il me soit permis de remercier comme il convient les
rapporteurs des cinq sections, MM. Saint-Yves Ménard, Millet^
Vidal, Fallou et le docteur Mène qui ont apporté dans leurs
délicates fonctions l'esprit le plus éclairé ; ce n'est pas d'au-
jourd'hui que nous savons apprécier ces collaborateurs.
Nos récompenses, comme vous le verrez bientôt, vont cher-
cher les lauréats dans les cinq parties du monde. C'est que
notre Société prend intérêt à tous les résultats, quel que soit
le lieu où ils sont obtenus.
L'œuvre de la Société d'Acclimatation, Mesdames et Mes-
sieurs, a fait depuis que notre association existe les progrès
les plus importants. Aujourd'hui l'esprit public est initié à
nos efforts ; nous pouvons, sous l'impulsion du chef émi-
nent que nous nous sommes donné, aborder l'étude des pro-
blèmes les plus difficiles.
Pour atteindre le but, il nous faut un état-major composé
de savants distingués : nous l'avons ; il nous faut une armée
de travailleurs; nos efforts doivent tendre à l'augmenter, car
(1) La Commission des récompenses était ainsi composée :
Membres de droit: MM. le Président et le Secrétaire général.
Membres déléijués du Conseil: MM. Berthoulc, Maurice Girard, le docteur
H. Labarraque, liaveret-Wattcl et le marquis de Sinéty,
Membres délégués des sections: MM. Saint-Yves Ménard _(!"= section), G. Millet
(2° sect.), Vidal (3= sect.), J. Fallou (4° sect.) et le docteur Mène (5° sect.).
RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LXXXI
nous ne serons jamais assez nombreux, assez riches, pour
tout le bien que nous avons à faire.
Mais revenons sans plus tarder à la proclamation de nos
lauréats. La liste en est longue et je réclame l'indulgence de
l'assemblée pour le rapporteur.
PREMIÈRE SECTION. — MAMMIFÈRES.
Gi*nn<lo niéclaillo d'or de SOO fi-ancs (Hors classe).
.4 reffitjie d'Isidore Geolfroij Saint-HUaire.
M. William Jamrach, de Londres, se rend chaque année
aux Indes pour y réunir des animaux précieux destinés aux
divers jardins zoologiques de l'Europe.
De son trente-quatrième voyage accompli, cette année môme,
M. William Jamrach a rapporté un petit Sanglier nain, le
Porcula Salviani, gros comme un lièvre, pesant 6 kilo-
grammes. Huit de ces animaux ont été acquis par le Jardin
zoologique d'Acclimatation.
Ce petit Sanglier nain est une introduction des plus inté-
ressantes. Si cette espèce pouvait devenir domestique, nos
basses-cours se trouveraient dotées d'un Cochon-lapin qui
fournirait à notre alimentation des ressources importantes,
des produits bien supérieurs à ceux que nous obtenons du
rongeur qui peuple aujourd'hui nos clapiers.
L'importation du Porcula Salviani n'est pas la seule que
nous devions à M. William Jamrach. Deux espèces de Trago-
pans, le Tragopan de Blyth et celui de Cabot, ont été intro-
duites par notre lauréat. Ces belles espèces indiennes vien-
dront prendre leur place dans nos volières à côté des Satyres,
des Temminck et des Hasting que nous possédons déjà.
En décernant à M. AVilliam Jamrach une grande médaille
d'or à l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-IIilaire, la Société est
heureuse de témoigner sa gratitude à l'infatigable importa-
teur qui, depuis tant d'années, consacre ses ressources et
toutes ses forces à la tâche qu'il s'est imposée.
3' SÉRIE, T. X. — Séance publique annuelle.
LXXXII SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
,» ,
Prime de 200 francs.
Dans une monographie intéressante et exécutée avec un
soin scrupuleux, M. Fernand Lâtaste a fait connaître à la
Société d'Acclimatation un petit rongeur africain, le Dipodil-
lus Simoni, qu'il est aisé de faire produire en captivité.
Le travail de M. Lataste, par la façon dont il a été conçu,
par la précision des détails, par l'esprit d'ordre qu'on y sent,
a attiré l'attention de la Société qui lui décerne une des primes
proposées pour les travaux de zoologie pure.
Mctlaïllcs de première ciatisc.
En faisant connaître dans la presse les travaux de la Société
nationale d'Acclimatation, M. Ernest Menault, rédacteur au
Journal Officiel, est devenu un de nos plus utiles collabora-
teurs. La Société est heureuse de remercier M. Ernest Me-
nault de son gracieux concours en lui offrant une médaille de
première classe.
Une médaille de première classe est décernée à MM. Babet
frères qui ont fait à l'île de la Réunion de nombreuses intro-
ductions de Moutons mérinos.
Grâce à l'initiative de MM. Babet frères, des troupeaux de
ces bêtes à laine ont été formés.
M. Blainville et M. Ciioppy ont réuni leurs efforts pour
introduire à l'île de la Réunion des Chevaux, des Anes et des
Moutons des meilleures espèces.
Ces tentatives ont donné des résultats importants pour
lesquels la Société décerne à MM. Blainville et Ghoppy des
médailles de première classe.
L'introduction des Bœufs de charroi et de labour cà l'île de
la Réunion a été le but des efforts de M. Dolab.\ratz. Le
succès de cette tentative mérite à M. Dolabaratz une médaille
(le première classe.
RAPPORT DE LA COMMISSION DES RECOMPENSES. LXXXIII
MM. de Kervéguen et de Trévise se sont préoccupés d'en-
richir la colonie de l'île de la Réunion des bêtes bovines des
races Charolaise, Garonnaise et Limousine.
Ces importations ont bien réussi. MM. de Kervegiien et de
Trévise reçoivent des médailles de première classe.
médaille «le seconde classe.
M. Boisjoly-Potier, cultivateur à la plaine des Cafres, à
l'île de la Réunion, a obtenu sur les hauts plateaux de l'île
de nombreuses reproductions de bêtes bovines de charroi et
de Moutons pour la boucherie.
M. Boisjoly-Potier reçoit une médaille de seconde classe.
deuxième section. — OISEAUX.
Médaille d''oi' offerte par le ministère de l'Agriculture.
M. La Perre de Roo, déjà plusieurs fois lauréat de la So-
ciété pour ses travaux, reçoit aujourd'hui la médaille d'or ot-
ferte à la Société nationale d'Acclimatation par le Ministre de
l'agriculture.
Le livre que nous récompensons est un traité sur les Pigeons
domestiques. 11 fait suite en quelque sorte au traité du même
auteur sur les Coqs et Poules domestiques.
Cette publication, comme sa devancière, est conçue dans le
meilleur esprit. On y trouve résumées toutes les connais-
sances que nous avons sur ces intéressantes questions, et l'au-
teur a ajouté à ce qu'on savait avant lui les développements
que sa grande expérience et sa parfaite connaissance du sujet
ont pu lui inspirer.
Le livre de La Perre de Roo est un bon livre; il sera
bientôt dans les mains de tous ceux qui s'occupent des oiseaux
de basse-cour.
Grandes médailles d'argent (Hors classe).
A l'effifjie d'Isidore Geoffroy Sainl-Hilaire.
M. de Bataciieff de Toula (Russie) se livre depuis long-
temps déjà à l'élevage des oiseaux de basse-cour. Ce lauréat,
LXXXIV SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
recommandé à notre attention par la Société impériale russe
d'Acclimatation, reçoit une grande médaille d'argent hors
classe. Ses efforts méritent les plus grands éloges, car ils ont
en vue le perfectionnement des oiseaux de basse-cour, dans
un pays où ils laissent trop à désirer.
Pendant son séjour au Japon, M. Tony Conte a fait au jar-
din zoologique d'Acclimatation plusieurs envois importants.
On peut citer entre autres choses les Faisans de Sœmmering,
les magnifiques Grues blanches de Montigny et les Coqs et
Poules de la race Phœnix à queue démesurément longue.
La Société est heureuse de témoigner sa gratitude à
M. Tony Conte en lui décernant une grande médaille d'argent
hors classe.
Plusieurs fois déjà M. Delaurier aîné a reçu les récom-
penses de la Société pour les succès qu'il a obtenus dans l'éle-
vage des animaux exotiques.
Nous offrons aujourd'hui à M. Delaurier une grande mé-
daille d'argent hors classe pour les intéressants résultats ob-
tenus en 188^2 dans l'élevage du Lophophore, de la Pintade
vulturine, etc. M. Delaurier est un éleveur de premier ordre.
Il joint au savoir, à l'expérience, la première des qualités, la
persévérance.
médailles do première classe.
M. BoucHEREAUx a tenté dans la couveuse dont il est l'in-
venteur, l'incubation de plusieurs œufs d'Emeu ou Casoar de
la Nouvelle-Hollande.
Dans cette circonstance, comme de coutume, M. Bouche-
reauK s'est montré expérimentateur soigneux et observateur
ingénieux; il reçoit une médaille de première classe.
M. le docteur Clos, directeur du Jardin des Plantes de Tou-
louse, a fait connaître àla Société que les Nandous (Autruches
d'Amérique) entretenus dans l'établissement, avaient réussi
à élever leur couvée. Les observations recueillies par M. le
PiAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LXXXV
docteur Clos ont vivement intéressé la Société ; elle oflVe à
leur auteur une médaille de première classe.
M. Joseph CoRNÉLY a fait connaître le succès obtenu à la
Faisanderie de Beaujardin dans la reproduction du Pucrasia
macrolopha de Flnde. Ce beau Faisan s'est montré rustique,
facile à élever et mérite d'être multiplié, car sa chair est de
première qualité. M. Joseph Cornély reçoit une médaille de
première classe.
C'est dans une couveuse artificielle que M. Mercier a ob-
tenu l'éclosion des œufs de ses Nandous. Cette éducation a
donné de bons résultats el les notes fournies par M. Mercier
ont un réel intérêt. La Société offre à leur auteur une mé-
daille de première classe.
M. le D' MoREÂU, aux Herbiers (Vendée), a envoyé à la So-
ciété un travail important sur l'hygiène des basses-cours et
des volières. L'auteur a de l'expérience et du savoir; ses
observations, poursuivies depuis de longues années, sont
présentées avec autorité, aussi le travail de M. le D' Moreau
mérite-t-il d'être lu par tous ceux qui s'occupent d'élevage.
La Société lui décerne une médaille de première classe.
Médailles de seconde classe.
Les succès obtenus par M. le marquis de Brisay dans la
reproduction des Perruches d'espèces rares méritent l'atten-
tion. La Perruche érythroptère [Aspromictus erylliropterus) a
niché avec succès dans les volières de M. le marquis de Bri-
say ; cet amateur distingué reçoit une médaille de seconde
classe.
Dans une note très étudiée M. le comte de Montlezun a
fait connaître les faits observés pendant la ponte et l'inciiba-
lion des Canards Casarka qui ont reproduit chez lui. Ce tra-
vail très soigné a attiré l'attention de la Société, qui oifie à
M. le comte de Montlezun une médaille de seconde classe.
LXXXVI SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
M. Gabriel Rogeron reçoit une médaille de seconde classe
pour son étude sur le Cygne de Bewick. Ce travail bien fait
présente un réel intérêt et nous remercions son auteur de
nous l'avoir adressé.
TROISIÈME SECTION. — POISSONS, CRUSTACÉS, ETC.
Prix do 500 francs
Proposé par la Sociclé pour les travaux de zoologie pure.
M. le D' P. P. C. HoEK, de Leyde, est l'auteur d'un savant
et remarquable travail sur les organes génitaux de l'Huître.
Le mémoire de M. Hœk se trouve peut-être en contradic-
tion avec celui d'autres savants d'un grand mérite, mais c'est
à des recherches de ce genre, demandant une grande précision
et une patience rare, que la science doit ses plus belles décou-
vertes. La Société, désireuse d'encourager ces études, est heu-
reuse d'offrir à M. le D' Hoek le prix de 500 francs fondé pour
les travaux de zoologie pure.
Grandet^ médailles d'argent (llors classe).
A Veffigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire.
M. W. Oldham Ciiambers a fait connaître à la Société les
travaux de la Société constituée pour l'acclimatation du
Poisson dans les comtés de Suffolk et de Norfolk (Angle-
terre).
Les résultats obtenus sont d'une grande importance, car
les cours d'eau de la région, autrefois dépeuplés, sont aujour-
d'hui abondamment pourvus de poissons. L'introduction dans
les eaux anglaises de la région indiquée, de plusieurs poissons
étrangers est aujourd'hui un fait accompli. La Société récom-
pense ces efforts, ces succès, en décernant à M. Oldham Ciiam-
bers une grande médaille d'argent hors classe.
M. Lugrin fait à Gremat (Ain) de la pisciculture industrielle
avec grand succès. Ses produits sont livrés à la consommation
RAPPORT DE LA COMMISSION DES RECOMPENSES. LXXXVII
par quantités importantes. De plus M. Lugrin est l'inventeur
d'un procédé pour multiplier pour ainsi dire à volonté les
proies vivantes (Daphnies), si utiles à l'éducation des jeunes
salmonidés. La Société décerne à M. Lugrin une grande mé-
daille d'argent hors classe.
M. Noordhoek-Hegt a créé à Apeldoorn (Pays-Bas) un éta-
blissement important en vue de contribuer au repeuplement
des cours d'eau de la Hollande. Plusieurs hectares ont été
consacrés à l'installation des canaux dans lesquels M. Noord-
hoèk-IIegt élève les milliers de poissons qu'il livre chaque
année au gouvernement néerlandais pour être lâchés dans
les eaux libres. Cette création fait honneur à l'intelligence du
lauréat quia montré autant de savoir que d'ingéniosité. Son
initiative mérite les plus grands éloges. La Société est heu-
reuse d'offrir à M. Noordhoek-Hegt une grande médaille
d'argent hors classe.
Mctiaillcs de prcniièro classe.
M. Brlvnd, officier abord des paquebots transatlantiques, a
été plusieurs fois déjà lauréat de la Société. Cette année il
reçoit une médaille de première classe pour avoir donné son
concours à l'importation de divers poissons de l'Amérique du
Nord et en particulier du Poisson-Soleil. Le zèle et la bonne
volonté de M. Briand sont d'un précieux secours pour aider
aux échanges d'animaux vivants qui se font entre les deux
continents.
L'étude comparative des sels constitutifs de l'eau de mer,
envisagée au point de vue de leur action sur les êtres vivant
dans l'eau salée, a été faite avec soin par M. Coutance. Son
travail contient de précieux renseignements dont la pi-alicjuo
fera son proht. Une médaille de première classe est offerte à
M. A, Coutance.
M. Piichard Cail, ingénieur civil à Newcastle-sur-la-Tyne
LXXXVIII SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
(Angleterre), est l'inventeur d'un modèle ingénieux d'échelle
à Saumons qui peut être adopté, quelle que soit la hauteur du
barrage. Ce système, qui fonctionne d'une façon très satisfai-
sante à Dinsdale, mérite l'attention et la Société décerne
M. Richard Cail une médaille de première classe.
M. le colonel Mac-Donald, inspecteur des pêcheries des
états de Virginie (États-Unis', a créé des échelles à Saumons
d'un système tout à fait nouveau qui se recommande par son
prix modique et son excellent fonctionnement. L'emploi de
ce type d'échelle est obligatoire dans plusieurs États de l'Union.
Une médaille de première classe est offerte à M. Mac-Donald.
Un élablissement a été créé par M. Alphonse Lefèvre dans
le département de la Somme en vue de faire l'élevage et la
propagation des espèces de poissons d'eau douce indigènes et
étrangers.
Les résultats obtenus ont déjà de l'intérêt et nous devons
penser que dans l'avenir M. Alphonse Lefèvre contribuera
activement au repeuplement des eaux libres aussi bien que
des eaux closes de la région.
Une médaille de première classe récompense ses efforts.
M. Ratiielot fait au Grand-Montrouge de la pisciculture
pratique.
Les procédés mis en usage, les résultats obtenus, méritent
l'attenlion. De plus, M. Rathelot s'occupe de repeuplement
sur une grande échelle des eaux closes dont il dispose dans le
département de la Gôte-d'Or.
Une médaille de première classe est offerte à M. Rathelot.
Alcduillo de seconde clU!ii»4C.
M. Byram Littlewood, d'Hudderfield (Angleterre), s'oc-
cupe avec succès de pisciculture. Dans l'établissement qu'il a
ci-éé, il fabrique industriellement du poisson pour le marché
et de l'alevin pour le repeuplement des eaux.
RAPPORT DE LA COMMISSION DES RECOMPENSES. LXXXIX
• M. Byram Litllewood est l'inventeur d'appareils ingénieux
permettant d'aérer les œufs pendant l'incubation et d'en re-
tarder l'éclosion en prolongeant la durée de l'évolution em-
bryonnaire.
M. Byram Littlewood reçoit une médaille de deuxième
classe.
QUATRIÈME SECTION. — INSECTES.
Grande luédaillo d'argent (Hors classe).
A l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire.
Plusieurs fois lauréat de la Société, M. Fallou reçoit au-
jourd'hui une grande médaille d'argent hors classe pour l'é-
ducation d'Anthœrea Frithii provenant des envois faits de
Cochinchine par notre collègue M. 0. Moquin-Tandon.
De plus, dans le courant de l'année 1882, M. Fallou a fait
vivre et reproduire VAttacus Pernyi delà Chine en plein bois
dans la forêt de Sénarl; le succès de ces éducations mérite
d'autant plus l'attention que pour la première fois, cette es-
pèce bivoltine s'est montrée disposée à devenir univoltine.
C'est-à-dire que les chrysalides, au lieu de se transformer en
papillons peu de temps après la terminaison du cocon, n'ac-
complissent leurs dernières transformations qu'au printemps
suivant. Créer une race de Vers à soie du Chêne (Pernyi) uni-
voltine, c'est rendre à peu près certaine la naturalisation en
France de cette très intéressante espèce.
médaille de première classe.
Proléger les cultures contre l'invasion des animaux des-
tructeurs, c'est rendre un service important. Aussi sommes-
nous heureux de pouvoir décerner une médaille de première
classe à M. Félix Durand, ancien vétérinaire principal de
l'armée, qui a inventé et propagé en Algérie un procédé
simple et pratique pour défendre les cultures contre l'invasion
des terribles criquets. Le procédé de M. Durand permet en
outre de détruire de grandes quantités de ces sauterelles qui
XC SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCHMATATION.
trop souvent portent la dévastation dans notre belle colonie
africaine.
IMédaillo do seconde classe.
M. HuiN a réussi à Paris, en 1882, l'éducation des Métis de
VAttacusPernyi avec l'A itocus Roylei, et aussi l'éducation de
VActias Sehne. Au cours de ces expériences, le lauréat a fait
d'intéressantes observations sur la polyphagie de ces espèces
qui ont accepté de se nourrir sur le Charme aussi bien que
sur le Chêne.
La Société est heureuse de récompenser le zèle de M. Iluin
en lui accordant une médaille de seconde classe.
Mentions honorables.
Une mention honorable récompense les efforts de M. Dou-
CHY, instituteur àBrumetz (Aisne), qui a élevé en 1882 un
certain nombre de Vers à soie se nourrissant de la feuille du
Chêne (Pernyi).
Nous voulons espérer que le zèle de cet instituteur pourra
lui mériter dans l'avenir de nouvelles récompenses.
' M. Nemetz, instituteur à Wiener-Neustadt (Autriche), a
réussi une éducation ù'Attams Pernyi et fait connaître dans
un rapport bien étudié les observations faites pendant la vie
des vers. La Société espère que M. Nemetz continuera ces édu-
cations et les fera dans l'avenir sur une plus grande échelle.
Elle lui décerne une mention honorable.
CINQUIÈME SECTION. — VÉGÉTAUX.
Grande médaille d'argent (Hors classe).
A l'effigie d'Isidore Geolfroij Saint-Hilaire.
Le livre sur les plantes potagères publié par notre collègue,
M. Henry de Vilmorin, est un ouvrage excellent qui rendra
les plus grands services. Quoique la part faite, dans cette
RAPPORT DK LA COMMISSION DES RECOMPENSES. XGI
importante publication, aux végétaux nouvellement introduits
ne soit pas aussi considérable que nous aurions pu le souhai-
ter, la Société est heureuse de décerner à M. Henry de Vil-
morin une grande médaille d'argent hors classe. Notre col-
lègue est de ceux qui par leurs publications, par leurs eiïorts
de toute nature, servent le plus utilement notre cause.
Prix Uc 500 rnincs
Fondé par la Sociclé pour j'inlroduclioii en France d'une espèce végétale propre à être
employée pour l'alinicnlalion de l'iiomme.
M. Paillieux reçoit aujourd'hui le prix que la Société avait
proposé en 1881 pour récompenser l'introduction en France
d'une plante alimentaire nouvelle.
Depuis quatre années le Capacho {Canna edul i s) est cullïvé
par M. Paillieux; cette plante a été examinée, dégustée parles
juges les plus compétents et mérite de prendre rang parmi
les végétaux alimentaires cultivés dans nos jardins.
La Société est heureuse de décerner ce prix à M. Paillieux
dont le zèle et la persévérance sont un exemple pour tous.
Illcclnillc»4 de prciuicro classe.
M. AuDiBERT, le créateur de l'important établissement hor-
ticole de La-Crau-d'lIyéres (Var), reçoit une médaille de pre-
mière classe pour la collection de Kakis (Diospi/ros) qu'il
cultive et qu'il répand aujourd'hui dans le public. Les fruits
de ces Kakis ont été appréciés et dès maintenant la Provence
se trouve en possession d'un fruit nouveau et méritant.
Les travaux publiés par M. Bastide sur diverses questions
agricoles algériennes, ont attiré l'attention de la Société.
En faisant bien connaître la géographie de la province qu'il
habite, M. Bastide sert utilement l'acclimalation. La Société
lui décerne une médaille de première classe.
M. le D' E. L. Bertiieuand (d'Alger), déjà lauréat de la
XCII SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
Société, a publié divers travaux se rapportant à des applica-
tions thérapeutiques ; de plus il a fait paraître une brochure
ayant pour but de signaler les végétaux dangereux de l'Algérie.
L'ensemble de ces travaux intéressants mérite à M. le D' E. L.
Bertherand une médaille de première classe.
M. le D' Bretschneider, médecin de la légation russe à
Pékin, auteur de savants travaux sur la flore de Chine, dési-
reux de seconder nos efforts, nous a fait un envoi important
de graines de divers végétaux utiles de ce pays.
La Société est heureuse de témoigner sa gratiludc à ce gé-
néreux collaborateur en lui attribuant une médaille de pre-
mière classe.
M. Le Myre de Vilers, l'un des membres honoraires de la
Société, gouverneur de la Gochinchine, et notre collègue
M. 0. Moquin-Tandon, directeur du Jardin botanique de
Saigon, ont signalé à l'attention de la Société les titres de
M. Colombier à nos récompenses.
« M. Colombier, dit le gouverneur dans sa dépêche, est un
des hommes qui ont le plus contribué à l'amélioration de la
santé des Européens en Cochinchine par l'introduction des
plantes maraîchères presque indispensables à notre alimenta-
tion. Grâce à lui, Saigon est devenu un port de production et
nous envoyons maintenant des légumes à Singapoore et même
en Chine. »
La Société nationale d'Acclimatation est heureuse d'offrir
à M. Colombier une médaille de première classe.
L'élude de la flore de l'île de la Béunion, des publications
sur les essences propres au reboisement des mornes, méritent
à M. le D' de Cordemoy, qui habite la colonie, une médaille
de première classe.
Votre Secrétaire général, Messieurs, est particulièrement
heureux d'avoir à proclamer ici le nom d'un ancien condis-
ciple, qui a laissé de ce côté des mers le souvenir de ses mé-
rites et de ses qualités.
RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. XCIII
L'introduction à l'île de la Réunion des meilleures variétés
de Cannes à sucre cultivées à l'île Maurice, mérite à M. E. Cornu
une médaille de première classe. Les publications faites par
le lauréat sur les meilleurs procédés de culture de la canne
permettent de profiter comme il convient des importations
accomplies
Le Commissaire général gouverneur de l'île de la Réunion,
M. CuiNiER, avait apprécié dans ses voyages la qualité des fruits
des Antilles. Devenu gouverneur delà Réunion, il a voulu en
doter la colonie qu'il était chargé de diriger. La Société est
heureuse d'offrir à M. le gouverneur Cuinier une médaille de
première classe, en souvenir de son intelligente initiative.
M. Romuald Dejernon s'est fait l'apôtre de la culture de la
Vigne dans le département de Constanline, en Algérie. Par
ses publications, par ses conférences pratiques faites dans les
villages, il a puissamment contribué à persuader les colons,
à les décider à planter la Vigne.
Ces efforts sont récompensés par la Société nationale d'Ac-
climatation d'une médaille de première classe.
Dans une brochure très complète et très étudiée, M. Favier
(d'Avignon) a résumé avec exactitude tout ce que nous
savons sur la Ramie, la précieuse plante textile promise à
notre industrie.
Cette publication utile mérite à son auteur une médaille de
première classe.
M. Paul Fontaine (de Blidah), un des horticulteurs les plus
anciens de l'Algérie, déjà lauréat de la Société, reçoit aujour-
d'hui une médaille de première classe pour ses diverses ten-
tatives de culture des arbres à fruits exotiques qui peuvent
réussir sous le climat de la colonie.
En offrant à M. Paul Fontaine cette médaille, la Société
est heureuse de lui témoigner l'estime toute particulière
qu'elle accorde à sa persévérance, aujourd'hui vieille de
trente-cinq années.
XCIV SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Une médaille de première classe est accordée à M. Emile
Héry, qui a fait à l'île de la Réunion des plantations considé-
rables des arbres à Quinquina, et spécialement du Cinchona
succirubra. Puissent les efforts de M. Héry et de ses imita-
teurs mettre enfin la colonie en possession des précieuses
écorces dont la thérapeutique fait aujourd'hui une si colossale
consommation.
M. HoNNORATY, de Toulon (Var), reçoit une médaille de
première classe pour ses cultures de Kakis {Diospi/ros).
Ayant reçu de M. Dupont, à son retour du Japon, une collec-
tion de ces arbres fruitiers, M. Ilonnoraly a su les multiplier,
et, grâce à lui, le midi de la France est aujourd'hui en posses-
sion de ces végétaux, qui viennent apporter un nouvel élément
de richesse aux vergers de la région de l'Oranger.
Diverses introductions de végétaux propres à la grande
culture en Algérie ; des plantations de Vignes très importantes,
une exploitation prospère, méritent à M. Lamur une médaille
de première classe. La Société félicite le lauréat de son esprit
d'initiative, et reconnaît qu'il a donné un précieux exemple.
M. J. DEMAzÉRiEUxajoint ses efforts à ceux de M. E. Cornu,
que nous avons nommé tout à l'heure, pour enrichir les cul-
tures de l'île de la Réunion des meilleures variétés de Cannes
à sucre cultivées à l'île Maurice.
La Société ne pouvait séparer dans sa reconnaissance ces
deux collaborateurs ; elle décerne à M. J. de Mazérieux, comme
à M. Cornu, une médaille de première classe.
Le mémoire très intéressant de M. Arthui* Noël sur les re-
peuplements artificiels des forêts et la restauration des clai-
rières intéresse par plus d'un point la Société d'Acclimatation.
Aussi nous lui décernons une médaille de première classe,
heureux que nous sommes de pouvoir récompenser cet excel-
lent travail, qui mérite d'être dans toutes les mains.
RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. XCV
Si la question du reboisement est intéressante en France,
en Algérie elle est d'une importance qui s'impose.
Pas de forêls, pas de sources, et dans les pays du soleil, on
peut ajouter pas d'eau, pas de cultures.
Les conférences faites par M. Ollive sur les causes du dé-
boisement en Algérie et sur la nécessité de reboiser, ont attiré
l'attention de la Société, qui décerne à leur auteur une mé-
daille de première classe.
M. Julien Potier a introduit à l'île de la Réunion un grand
nombre de plantes utiles. La Société est heureuse de re-
connaître ces elîorts en délivrant à M. Julien Potier une mé-
daille de première classe.
M. Reynard, sous-inspecteur des forêts en Algérie, a fait
des conférences et des publications sur le reboisement et
aussi sur la restauration des pâturages dans le sud de la pro-
vince d'Alger.
Ces utiles efforts méritent l'attention, et la Société décerne
à M. Reynard une médaille de première classe.
Le Rapport de M. Tassy, sur le service forestier en Algérie,
est un travail sérieux qui apporte à l'étude de cette impor-
tante question des documents importants. La Société décerne
à M. Tassy une médaille de première classe.
M. Humbert, instituteur à Raddon (Haute-Saône), déjà
lauréat de la Société, persévère dans ses cultures expérimen-
tales. Dans un rapport étudié, il fait connaître ses apprécia-
tions comparatives sur les avantages que présentent, pour sa
localité, les diverses variétés de céréales expérimentales.
M. Humbert reçoit une médaille de deuxième classe.
Médailles de seconde classe.
Depuis plusieurs années déjà, M. Malapert cultive \cThla-
dianlha dubia de l'Himalaya et de la Chine. Les fruits de cette
XCYI SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATiON.
cucurbilacée à la fois décoratifs et alimentaires sont suscep-
tibles d'applications diverses. La Société offre à M. Malapert
une médaille de deuxième classe.
L'an dernier, M. Romanet du Caillaud a reçu une médaille
pour avoir importé et cultivé les Vignes chinoises duChen-Si.
M. Romanet du Caillaud signale à l'attention de la Société les
droits de M^'' Pagnucci, évêque de Chen-Si , à nos récompen-
ses, car c'est à ce vénérable missionnaire que nous devons
l'importation des vignes du Céleste-Empire. Une médaille de
deuxième classe est offerte à M^"" Pagnucci.
Une brochure de M. Vérot sur l'arboriculture forestière
en Algérie mérite une médaille de deuxième classe. Cette pu-
blication peut servir de guide pratique pour la constitution de
pépinières forestières en Algérie.
montions honorables.
Une mention honorable est accordée à M. Jean Dybowski,
professeur répétiteur à l'école régionale agricole de Grignon,
dont le travail sur la Bardane comestible du Japon a attiré
l'attention de la Société.
La culture de la Vigne en Algérie prend chaque jour. plus
d'importance, et les résultats obtenus donnent à penser que
la production du vin deviendra pour la colonie la source d'une
sérieuse prospérité.
Les autorités compétentes de l'Algérie ont attiré l'attention
de la Société sur MM. Chatillon, Fontëneau, Plisson et
Sardou, qui, par leur initiative, par leur persévérance, ont
puissamment aidé à la vulgarisation de la culture de la Vigne
dans la province d'Oran.
Une mention honorable est accordée au nom de la Société
à chacun de ces viticulteurs.
RAPPORT DE LA COMMISSION DES RECOMPENSES. XCVII
RÉCOMPENSES PÉCUNIAIRES
Primes ofTerte»; ptiv la •Société.
Une prime de 100 francs est accordée à M. Florimond Ber-
THiER, faisandierchezM. Pays-Mcllier, à laPataudière (Indre-
et-Loire). Notre collègue M. Pays-Mellier a trouvé dans M. Ber-
thier un collaborateur intelligent et dévoué des plus méritants.
C'est par millions que rétablissement de M. Schuster (grand-
duché de Bade) produit chaque année des alevins d'œufs de
poissons qui sont ensuite jetés dans les cours d'eau de l'Alle-
magne. M. Schuster est secondé par M. Dietricii, qui lui
donne un concours précieux. La Société lui accorde une
prime de 100 francs.
M. J. B. Blaise, cultivateur vigneron, à Choloy (Meurthe-
et-Moselle), s'occupe depuis plusieurs années d'éducation de
Vers à soie se nourrissant de la feuille du Chêne. Ses essais se
font en pleine forêt; la Société est heureuse de pouvoir en-
courager M. Biaise en lui accordant une prime de 200 francs.
M. HuiN est un de nos collaborateurs les plus zélés; il
donne son concours à la Société de plus d'une manière. Nous
saisissons avec empressement l'occasion de lui témoigner l'in-
térêt que nous prenons à ses travaux de sériciculture en lui
allouant une prime de 100 francs.
Primes fondées par feu Agron do Cicrmigny
Pour récompenser les bons soins donnés anx animaux ou aux plantes.
M. Baptiste Langel, employé à la ménagerie du Muséum
d'histoire naturelle, reçoit la prime de 200 francs pour les
bons soins qu'il donne aux animaux qui lui sont confiés et en
particulier pour avoir obtenu la reproduction de l'Antilope
Gnou. C'est la première fois que cetle intéressante espèce du
Cap de Bonnc-P^spérance naît en Europe.
ii" sÉiiiE, T. X. — bcaucc publifjuc amiuclle. g
XCVIII SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
La prime de 100 francs est accordée à M. Roy, employé au
Jardin zoologique d'Acclimatation. Le zèle de ce serviteur soi-
gneux, déjà plusieurs fois récompensé, est toujours digne
d'éloges.
Primes offertes par l'administration du Jardin zoologique
d'Acclimatation ai ses employés.
M. Hyacinthe Blondel est attaché au Jardin zoologique
d'Acclimatation depuis la fondation de l'établissement; c'est
aujourd'hui le plus ancien de nos agents, c'est aussi un des
plus dévoués; il reçoit une prime de 200 francs.
Une prime de 200 francs est accordée à M. Dudale, gardien
chef au chenil, qui, dans ses difficiles fonctions, nous donne
une entière satisfacti-on.
M. Achille Fauuue, faisandier chef, reçoit une prime de
100 francs. C'est pour nous un collaborateur soigneux et expé-
rimenté.
Une prime de 100 francs est accordée à. M. Moutard, em-
ployé à la volière, qui se montre exact et fidèle.
Le jeune Alix est déjà un vieil employé de l'établissement;
il n'a jamais cessé de mériter nos éloges par sa bonne tenue et
son zèle. Nous lui donnons une prime de 50 francs.
L'apprenti faisandier Pierre est un bon sujet, déjà connais-
seur, qui mérite, par son travail régulier et par son intelli-
gence, la prime de 50 francs que nous lui remettons.
Hallié, groom au manège, reçoit une prime de 25 francs.
AMorançais, du service du chenil, il est accordé une prime
de 25 francs.
Le Gérant: Jules Grisaud.
Imprimeries rtunlcs, A. rue Mignon, 2. Parla
BULLETIN MENSUEL
DE LA
SOCIÉTÉ NATIONALE
D'ACCLIMATATION
FONDÉE LE 10 FÉVRIER 1854
RECONNUE ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE
PAR DÉCRET DU 26 FÉVRIER 1855
I. TRAVAUX DES WIEWBRES DE LA SOCIÉTÉ (1)
ACCLIMATATION DU Nx\NDOU EN FRANCE
Extraits de diverses lettres adressées à M. le Secrétaire général
Par nn. BÉREIVCiER , D'^ CLO$i, PATS-MELLIER et MERCIER
Monts-sur-Guesnes (Vienne), 16 juin 1882.
Je m'empresse de vous faire connaître le résultat de l'incu-
bation de mes Nandous. Ce résultat ne pouvait être que peu
satislaisanl, puisque, ainsi que je vous le disais dans une
précédente lettre, le Nandou avait commencé à couver," n'ayani,
que six œufs dans son nid. Il est viai, comme je l'avais sup-
posé avec raison, que la ponte de la femelle n'était pas ter-
minée, mais les œufs qu'elle a continué à pondre ne pouvaient
(1) La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par
es auteurs dos articles insérés dans son JJullelin.
3° SÉRIE, T. X.. —Janvier 1883. 1
*^
2 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
plus, en les supposant bons, parvenir à l'éclosion en même
temps que les premiers.
Je n'ai eu que quatre fois pendant l'incubation l'occasion
d'observer moi-même le nombre des œufs qui se trouvaient
dans le nid, et voici le résultat de ces observations : Le 3 mai,
l'incubation commençait avec six œufs ; le 6 mai au soir, il y
en avait huit; le 15 mai, dix; le 26 mai, onze, et le 6 juin,
treize.
Je comptais que l'éclosion aurait lieu le quarante-et-unième
ou le quarante-deuxième jour comme l'année dernière. Elle
a eu lieu le dimanche soir 11 juin et le lundi 12 juin, trente-
neuvième et quarantième jours d'incubation, eLn'a donné que
quatre petits, dont un, mal venu, est mort presque immédia-
tement. Le Nandou n'a quitté le nid que le mercredi 14 juin.
11 y laissait trois œufs clairs, ou dans lesquels l'embryon était
mort à une époque peu avancée de l'incubation, et six autres
œufs qui, paraissant bons, ont été placés sous une dinde que
je tenais en réserve à cet effet. Mais je n'attends pas grand
résultat de cette mesure, à cause de l'intervalle entre la ponte
de chacun de ces œufs, d'où résulterait nécessairement un
intervalle proportionnel entre leur éclosion.
La ponte de la femelle n'était pas encore terminée, car,
immédiatement séparée du mâle et des jeunes après l'éclo-
sion, comme l'année dernière, elle a encore pondu un œuf
mercredi dernier.
Une des difficultés qu'oftre l'éducation du Nandou me
semble donc résulter de l'habitude qu'aie mâle de commenn^r
l'incubation avant que la ponte de la femelle soit complcLc.
Mais cet inconvénient peut être diminué en donnant plusieurs
femelles à un mâle et en ayant recours à l'incubation artili-
cielle pour les œufs en retard au moment de l'éclosion.
Je désire que ces détails puissent être utiles à ceux de nos
collègues qui s'occupent de l'éducation du Nandou, en les
mettant en garde contre les inconvénients que je viens de
signaler.
Veuillez, etc.
0. Camille Dérenger.
LE NANDOU EN FRANCE.
Toulouse, le 27 août 1882.
A la date du 24 novembre dernier, j'avais l'honneur de vous
informer de l'insuccès des nombreux moyens employés pour
élever déjeunes Nandous, nés vers la fin d'octobre au Jardin
des plantes de Toulouse (voy. le Bulletin de 1881, p. 76^).
Je crois devoir vous annoncer qu'une seconde couvée a- par-
faitement réussi, en l'absence de tous soins spéciaux. La
ponte a été de dix œufs, couvés cette fois, comme la précé-
dente, par le mâle seul pendant quarante-cinq jours environ.
Le 5 juin dernier, on voyait éclore six petits, et les quatre
autres œufs étaient abandonnés par le mâle. Ces animaux
n'ont pas touché à la pâtée qu'on leur avait préparée, se bor-
nant à manger de la mie de pain, de l'herbe coupée menu,
et adoptant bientôt la nourriture des deux adultes, consistant
principalement en débris de jardinage; comme ceux-ci, ils
n'entrent jamais dans la cabane ; ils grossissent et se portent
à merveille.
Si une nouvelle éclosion a lieu en automne, je n'hésiterai
pas à laisser les petits avec leurs parents, dans le parc que
ceux-ci occupent.
Veuillez, etc.
D' Clos, directeur.
La Pataudière (Indre-et-Loire), 21 juillet 1882.
Je vous écrivais que je possédais ici trois belles femelles
et un superbe mâle de Nandous.
Le samedi G mai, ce mâle Nandou s'est mis sur son nid et a
commencé à couver; il y avait alors douze œufs.
Depuis ce jour, plusieurs autres œufs ont été pondus, et
les femelles les déposaient toujours auprès du mâle, qui, sans
se lever, rapprochait les œufs avec son bec et les faisait couler
doucement sous lui.
Dans la nuit du 29 au 30 mai (^il éfait onze heures et demie),
un orage épouvantable, accompagné d'une pluie torreuliellc,
a éclaté tout à coup sur la Pataudière.
4 SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
Au lever du jour, la pluie tombait encore, et nous trouvions
le Nandou ayant quitté son nid submergé ; vite nous assé-
chons ce nid avec du sable bien sec; il était trois heures
et demie du matin et les œufs étaient refroidis, mais l'oiseau
se remit à couver.
Le 9 juin, une forte pluie recommence le soir et continue,
sans relâcher un seul instant, jusqu'au lendemain matin huit
heures.
Cette lois, il n'y avait plus rien à espérer, tous les parcs de
mes animaux étaient remplis d'eau, et le Nandou avait dû
fuir encore cette inondation ; ses œufs étaient absolument
noyés.
Malgré notre peu d'espoir, nous refîmes cependant le nid
et nous remîmes les œufs sur un fond de sable sec ; mais l'oi-
seau, découragé sans doute, n'y voulut plus revenir.
Nous avions bien essayé de faire un abri sur son nid après
le premier orage du 30 mai ; le Nandou avait alors quitté ses
œufs aussitôt et paraissait inquiet; nous dûmes donc enlever
l'abri et laisser le nid à son malheureux sort et à sa mauvaise
étoile. C'était d'ailleurs l'avis de M. Cornély, de Beaujardin,
que j'avais consulté.
Le 11 juin, ne conservant donc plus aucune espérance,
puisque le Nandou ne retournait plus sur son nid, je voulus
en avoir le cœur net, et n'ayant pas de couveuse artificielle,
je fis vider les œufs.
Jugez de mon immense contrariété, sur 15 œufs que je
trouvai dans le nid (j'eus la connaissance de 3 cassés au plus),
il y en avait 12 bons; les petits étaient complètement formés
et encore tous vermeils.
Le refroidissement des œufs dans la nuit du 30 mai n'avait
donc pas été assez long pour les perdre, et je ne devais ce
désastre qu'à la pluie diluvienne et continue du 9 juin !
Depuis cette époque, le mâle Nandou est redevenu en rui,
et dès le 17 juin je voyais un œuf déposé dans un nouveau
trou fait dans le sable. Le 23, j'avais 4 œufs.
Puis la ponte s'est arrêtée, et le mille ne se décidait point
à couver; le 30 juin, if avait cassé 3 anifs.
LE NANDOU EN FRANCE. 5
Le S juillet, une seconde femelle pond de nouveau, et le 8
celte ponte est encore terminée avec 4 œufs.
Celte fois, j'avais enlevé le premier œuf du 3 juillet, et le
1-2, ne voyant point de nouveaux œufs, je mis les quatre der-
niers, que j'avais conservés, avec le cinquième qui me restait
de la ponte du 17 juin.
Je vis le Nandou les rouler sans cesse avec son bec dans
plusieurs trous qu'il s'amusait à faire, sans vouloir s'attacher
à aucun, et il a fini par casser encore ^2 œufs sans jamais
essayer de couver.
Aujourd'hui, il est toujours en rut et fait entendre son fort
rugissement en poursuivant sans relâche ses femelles; mais
la saison est trop avancée, je n'ai plus aucune chance pour
cette année.
Agréez, etc. G. Pays-Mellier.
27 juillet 1882.
Dans une lettre précédente, je vous adressais quelques notes
sur mes Nandous.... Si ces notes ont pu vous intéresser, je
m'empresse de vous dire que ces oiseaux pondent encore une
fois en ce moment.
Aujourd'hui, j'ai trois nouveaux œufs, dont deux pondus
hier, ce qui indique le travail de deux femelles.
Le maie, toujours en rut et très ardent, ne semble pas dis-
posé à couver; il serait bon, je pense, de lui enlever ses trois
femelles.
J'ai envie d'essayer.
Agréez, etc. Pays-Mellier.
Beaurouve, par Illiors (Eure-ot-Loir), 22 juin 1882.
Je crois devoir vous informer que je viens d'obtenir des
jeunes Nandous dans les conditions suivantes :
Mon Nandou, qui était l'année dernière très agressif, s'est
beaucoup calmé lorsqu'il a été mis en présence de la femelle
que vous m'avez procurée au mois de mars dernier.
Nous avons donné au couple de .Nandous une entière liberté ;
6 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
ils vivaient dans un enclos, partie bois et partie prairie, d'une
étendue de 40 hectares. Pendant le mois d'avril, M'" Rous-
seau, qui est chargée chez' moi du soin des oiseaux grands et
petits, a vu le mâle à plusieurs reprise."'' s'approcher de la
femelle.
Le couple ne -s'éloignait guère des ouvrier." qui travaillent
au jardin, quand dans les premiers jours de mai on a cessé
de voir d'une manière assidue le mâle Nandou, qui faisait de
fréquentes absences.
Le 9 mai, ne l'ayant pas vu de la journée, tout le monde
s'est mis à sa recherche, et le 10, M'"' Rousseau l'a trouvé sous
bois, dans un endroit très touffu, où il avait nettoyé une sur-
face de 5 à 0 mètres carrés, au milieu de laquelle il avait
amoncelé des brindilles de bois et des herbes pour se faire un
nid sur lequel il s'était établi.
M"" Rousseau, sans tenir compte du bec qu'il ouvrait tout
grand, ayant tout l'air de vouloir la mordre, l'a contraint de
se lever; il s'est alors, si l'on peut s'exprimer ainsi, assis sur
ses genoux, et lui a laissé voir six œufs qu'il était en train
de couver.
A partir de ce moment, on ne l'a plus dérangé, et elle ve-
nait chaque jour lui apporter sa nourriture au bas de son nid.
Le 9 juin, le Nandou était absent de son nid lorsqu'elle est
venue lui apporter à manger ; elle a compté neuf œufs parfai-
tement rangés dans le nid.
Le 20, on a trouvé un dernier œuf de la femelle Nandou,
qu'elle avait été pondre dans le verger; ce dernier était beau-
coup plus petit que les autres ; on l'a mis sous une dinde.
Le 19 juin, M"" Rousseau s'est aperçue qu'il y avait sous le
Nandou des jeunes qui soulevaient ses plumes. Je crois que
c'est ce jour-là que les petits sont sortis de l'œuf.
Le lendemain 20, mardi dernier, nous sommes allés voirie
Nandou, qui s'est alors levé et est immédiatement parti, en-
traînant à sa suite cinq enfants qui paraissaient très vigoureux,
laissant dans le nid abandonné un petit mort, deux œufs clairs
et deux a3Uts fécondés, que nous avons mis dans la couveuse
artificielle qui se trouvait en état.
LE NANDOU EN FRANCE. /
Le Nandou, suivi de ses petits, a parcouru tout le parc, et
nous avons pu, une heure après, le faire entrer dans le verger,
où nous avons immédiatement établi un barrage, lui aban-
donnant un terrain planté d'arbres fruitiers et en luzerne
d'une contenance d'environ 5000 mètres, où nous le laissons
conduire et élever sa famille.
La femelle est entièrement séparée, et, du reste, n'a pas
l'air d'en avoir le moindre souci.
On a installé une mue sous laquelle les petits peuvent aller
manger, et fixée pour que le Nandou ne puisse aller manger
la pâtée préparée.
Les enfants n'ont pas l'air de s'occuper de cette nourriture
préparée, mais mangent beaucoup d'herbes qu'ils trouvent
sous la conduite du père, lequel les appelle en faisant un bruit
tout i»articulier avec son bec. Jusqu'à ce moment, tout ce
monde parait en parfaite santé.
J'aurai l'honneur de vous informer plus tard des événe-
ments qui se seront produits, soit en bien, soit en mal, ainsi
que du résultat obtenu sur les deux œufs délaissés qui ont été
mis dans la couveuse.
Veuillez, etc.
L. Mercier.
Beaurouve, le 1 1 oclobre 1882.
.... Je veux aussi vous faire savoir qu'il me reste deux jeunes
Nandous de la couvée que j'ai obtenue. Par suite du mauvais
temps qu'il a fait après leur naissance, il ne m'en était resté
qu'un, mais j'en ai obtenu un autre d'un œuf que la femelle
avait pondu dans le nid vers la fin de l'incubation. J'ai mis
cet œuf dans ma couveuse artificielle, et il est né un petit
quatre semaines après son aîné. Après quelques jours de soins
particuliers et avec une dinde couveuse pour le tenir chau-
dement, je l'ai donné au père, qui l'a parfaitement accueilli.
Ils sont tous deux très bien constitués.
L. Mercier.
LA VIANDE D'AUTRUCHE
AU POINT DE VUE ALIMENTAIRE
CHALEUR DÉVELOPPÉE PAR L'EMBRYON PENDANT L'INCUBATION
Par m. Lucien ÎHERLjITO
Sous-directeur de la Société anonyme pour l'élevage de l'Autruche en Egypte.
J'avais déjà eu roccasion de man,uer et faire manger de la
viande d'Autruche, et elle avait, été trouvée comparable à celle
de Bœuf, supérieure à celle de Cheval, Buffle et Chameau,
par plus de quinze personnes qui en goûtèrent. Deux de ces
personnes étaient tout à fait ignorantes de ce qu'elles man-
geaient, et ne se firent pas prier pour en demander plusieurs
fois.
Toutefois, cette expérience n'ayant pas été conduite avec le
soin nécessaire, je saisis avec empressement une occasion qui
se présenta dernièrement pour faire un nouvel essai, que je
regarde comme définitif. Je m'abstiens de citer des dates, car
elles ne sont d'aucune utilité et pourraient éveiller la suscep-
tibilité des personnes qui, à leur insu, ont concouru à juger
le produit.
La bête a été abattue à la suite d'une fracture à la jambe
gauche. C'était un jeune mâle Somali, né à Matarieh et âgé de
treize mois; les bonnes plumes comm.encaient à paraître. On
en retira 50 kilogrammes de viande de boucherie, os compris.
M. P. Gauthier, notre voisin, propriétaire du restaurant de
l'Arbre de la Vierge, voulut bien se charger de la préparation
des mets et dressa un menu ainsi composé :
1° Bouillon; 2" bouilli; 3° rôti; 4" viande en daube.
Le tout accommodé de la manière la plus simple, comme
en ménage, en évitant avec soin, sauf dans la daube, toute es-
pèce d'aromates, drogues, herbes, etc., capables de déna-
turer le goût naturel de la viande. Les mets devaient être
jugés tant par nous-même et d'autres personnes prévenues
LA VIANDE d'autruche, 9
que par des personnes complètemenl ignorantes de ce qu'on
leur servait.
J'aurais voulu joindre à cet essai le cœur et le foie ; mal-
heureusement mon gros chien de garde me prévint, et do
quelques coups de dents épargna à M. Gauthier la peine de
s'en occuper.
La viande crue présente toute l'apparence du jeune Bœuf,
avec cet avantage qu'elle est excessivement facile à découper
dans tous les sens, ce qui la rend très propre à la préparation
de plats de fantaisie.
La veille du jour de l'expérience, je dînais (comme d'ordi-
naire) chez M. Gauthier. On nous servit un consommé au
vermicelle tellement bon que j'en repris, ce qui ne m'arrive
presque jamais. Je venais à mon insu de constater délinilive-
ment la parfaite comestibilité de la viande d'Autruche. M. Gau-
thier avait anticipé l'expérience pour la rendre plus décisive.
C'était un consommé d'Autruche. 11 avait été préparé avec un
morceau de viande de l'arrière-corps et un petit morceau de
jarret. La complète cuisson avait exigé moins de cinq heures.
Le bouillon a un goût déjeune Bœ,uf; le morceau de jarret
l'avait rendu très légèrement gélatineux, comme on l'obtient
par l'addition d'un pied de veau ; il n'est ni trop gras ni trop
maigre, couleur et odeur irréprochables. Froid, il conserve
les mêmes bonnes qualités.
Le bouilli ne diffère en rien de celui de bonne viande de
Bœuf, couleur, odeur et saveur, ayant l'avantage d'être ex-
cessivement tendre. La viande est d'une cuisson très facile.
Elle a été mangée simplement au sel, sans autre apprêt. La
peau, quoique épaisse, devient très tendre et n'est pas plus
dure que celle d'une bonne Dinde,
Le filet rôti et très peu cuit a donné les mêmes bons résul-
tats.
La viande est très juteuse, tendre, couleur de Bœuf légè-
rement foncé et supérieure au filet de Cheval.
Il est presque inutile de dire que la viande préparée en
daube est exactement ce qu'est la bonne viande de boucherie.
Impossible d'y trouver une différence.
10 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
Enfin, toutes les personnes prévenues qui en ont mangé
l'ont trouvée en tout pareille, sinon supérieure, au bon Bœuf
jeune.
Quant aux personnes qui n'étaient pas prévenues, elles en
ont fait des éloges au restaurateur, et j'ajouterai même qu'une
d'entre elles s'en est nourrie exclusivement pendant deux
jours (quatre repas) sans se douter le moins du monde de ce
qu'elle mangeait.
Quant aux œufs de cet oiseau, je ne saurais me prononcer
d'une manière aussi décisive, n'ayant jamais eu l'occasion
d'en manger de très frais. Les seuls que j'aie goûtés étaient
des œufs clairs qui sortaient des incubateurs, où ils avaient
passé de cinq à six jours.
En omelette, je les ai trouvés mangeables, mais pas excel-
lents. Cuits à l'eau, le blanc (albumine) est mauvais. Il se re-
commande déjà fort peu par sa couleur de gélatine foncée,
presque couleur de la colle à bouche ; il a en outre une odeur
très prononcée, que je ne saurais pas bien définir, mais qui
n'est pas du tout engageante. Pourtant, je le répète, cela peut
être un effet de la température d'incubation. Le jaune seul,
au contraire, est exquis et d'une saveur plus délicate que le
jaune d'œuf de Poule. Je crois que ce n'est que cette supério-
rité de goût du jaune qui rend l'omelefte mangeable. Le jour
où la production permettra la vente en gros d'œufs frais d'Au-
truche, je pense qu'on emploiera avec avantage le jaune pour
la pâtisserie, etc. ; mais le blanc devra être livré aux fabricants
d'albumine. Il ne faut pas oublier qu'un œuf d'Autruche de
bonne dimension renferme 350 grammes de jaune et 1000 à
1100 grammes d'albumine liquide.
Je crois qu'il serait utile de répéter partout où cela est
possible les essais sur la viande d'Autruche comme produit
alimentaire. La réussite de l'incubation tant naturelle qu'ar-
tificielle, l'excessive facilité d'élever les poussins ainsi éclos,
et leur extrême rusticité, qui les lait pour ainsi dire vivre et
grandir malgré tout, mettront tôt ou tard les parcs à Autruches
dans la nécessité de consacrer une partie de leurs produits à
la boucherie. L'oiseau abattu à l'âge de douze et dix-huit mois
LA VIANDE d'autruche. 11
donnerait de la viande très acceptable par le consommateur
sous le rapport du prix, et assez rémunératrice pour l'éle-
veur. Mais, comme pour le Cheval, il faut détruire le préjugé,
et ce n'est qu'en multipliant les expériences qu'on obtiendra
ce résultat.
SUR LA CHALEUR DÉVELOPPÉE PAR L'EMDIUON I>ENDANT
L'INCUBATION
/ Caire, Parc de Matarieh, lo 0 mars 188'2.
Monsieur le Secrétaire général ,
Voici le résultat de quelques observations laites aux mois
d'avril et de mai dernier, pour me rendre compte, du moins
approximativemenl, de la chaleur que chaque embryon déve-
loppe pendant l'incubation.
Faute de pouvoir suivre une méthode d'expérimentation
scientifique, voici la marche suivie pour arriver au résidlat :
Deux incubateurs (hydro-couveuses) parfaitement pareils
furent installés dans des conditions tout à fait identiques.
Je fis marcher les deux concurremment à vide pendant quinze
jours, pour m'assurer que leur déperdition de chaleur était
la même. Ceci constaté, l'un continua à marcher à vide,
l'autre fut chargé de dix œufs. A partir de la mise en incuba-
tion des œufs et jusqu'au quarantième jour (veille de l'éclo-
sion),je tenais compte, à chaque renouvellement d'eau, et
pour les deux appareils, du produit de la quantité de litres
d'eau soutirée par leur température, ainsi que du produit des
litres remis par la température qu'ils avaient en entrant dans
la citerne. La différence entre ces deux quantités représentait
en calories la chaleur qu'il fallait ajouter chaque douze heures
aux appareils pour maintenir les deux à la même température.
Pendant les quarante jours, cette quantité a été :
Pour l'incubateur n" -4 marchant à vide 58723 calories
— 5 avec 10 œufs fécondés 297ÎU »
d'où une dilTérence de 28!)29 calories
i'I
SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
qu'avait demandées en moins l'appareil ïf 5, calories qui né-
cessairement avaient été fournies parla vie des dix embryons
pendant les quarante jours d'incubation.
Il faut remarquer que ce chiffre, ainsi que ceux qui sui-
vent, ne représente qu'un minimum inférieur à la vérité,
car la chaleur émise par les œufs pendant l'ouverture des
tiroirs, le mirage, etc., était perdue et n'était pas recueillie
par la machine.
Toutefois, et faute de mieux, en divisant les observations en
quatre périodes de dix jours chaque, j'ai dressé les tableaux
suivants :
Appareil n" -4 marchant à vide.
[lillei'ciice on Citlories :ijoutées|
PKIÎlDDE
Litres d'oau
Ciilories
C.'ilories
— -
-— — ■ -
du
d(l jours.
soutirés
ot remis.
de
l'caii soiiliri'e.
de
l'caii ri'nii-o.
pour
une période
do 10 jours.
par
"2i' heures.
1
320
16 824
31 080
1 5 356
1536
2
295
15 822
29 205
13 383
1338
3
314
16 130
31 086
1 4 956
1 495
A
318
16 454
41 453
15 028
1503
Totaux.
1 247
64 730
123 453
58 723
Apjmreil n" 5 avec 10 œufs fécondés
l'KRlODES
Litres d'eau
Calories
Calories
DilTéreiice ou t
aiories ajouté-es
de
soutirés
de
de
pour
10 jour-;.
et remis.
l'eau soutirée.
l'eau remise.
une période
de 10 jours.
•2i heures.
1
225
1 1 936
22 275
10339
1034
2
107.5
8 591
16 582
7 991
799
o
1 30
0 859
13 461
6 605
660
4
91.5
4199
9058
4859
48(;
Totaux.
620
31585
61379
29 791
LA VIANDE d'autruche. 13
Comparaison entre les deux tableaux qui précèdent.
Calories ajoutées toutes les 24 heui'es
Ep'iqiic.
^-^ — — .^-
- ^,i^— —
au 11" i.
au 11" 5.
1
1536
1034
2
1338
799
-3
1495
660
■ï
1503
486
DilTcrcnce ou calories fournies
cliaque 2i lieures
parlOeiiibryoïis. |iar clia(|uc embryon.
502
539
835
1017
50
54
83
102
Ur, sans dire que la respiration soit une combustion, cause
unique de la chaleur animale, je crois pouvoir admettre une
certaine relation entre la chaleur produite par l'œuf et l'air
qu'il nécessite pour sa respiration, dans ce sens que si d'un
côté la chaleur produite aua;mente en raison du développe-
ment de l'embryon, ce dernier demande plus d'air au fur et
à mesure qu'il grandit. En représentant donc par ic un volume
d'air déterminé, un œuf d'Autruche nécessitera :
50 X par jour du J ■■ au 10^ jour d'incubalioii ;
54 a; » . 1 i' 20' » »
83 X î 21» 30*^ » »
40" » »
102 X
21»
31*
J'espère un jour me renseigner complètement sur la valeur
exacte de x.
Pour le moment, l'analyse de l'air puisé dans un incuba-
teur (qui en contenait 100 litres) deux heures après sa ferme-
ture, m'a donné
Oxygène. . . . 13.60
AuU'es gaz. . . 86.40
100
Soit, en chilfres ronds, la moitié de Toxygène avait été ab-
sorbée. Ui' cet incubateur contenait 12 œufs au vingtième
jour, qui, en conséquence, ont nécessité 20 litres d'air en deux
14 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
heures, soit 600 litres en vingt-quatre heures, ou bien 50
litres par œuf et par vingt-quatre heures.
En divisant cette dernière quantité par 54- (coefficient de la
deuxième période d'incubation), on obtient 0*925 comme
valeur de x.
Il faudra donc pour chaque œuf et par vingt-quatre heures :
Pendant la !■■'= période 50 X 0,925 = il litres d'air par jour
— 2^ — 54 X 0,925 = 50 —
— 3= — 83 X 0,925 = 77 —
_ 4e _ 102 X 0,925 = 94 —
J'aurais bien voulu terminer ici ma lettre; mais un argu-
ment en amène un autre, et je me sens bien tenté de risquer
quelques mots sur ma manière de considérer la respiration
des œufs des oiseaux. Je dis risquer, car je pouri^ais parfois
heurter des idées reçues et des théories acceptées sans pou-
voir, faute de moyens, appuyer mes opinions par la preuve
indiscutable de l'expérience directe. Je vais donc me contenter
devons exposer mes idées, qui sont ma conviction jusqu'à
preuve contraire.
J'ai à discuter deux points : le rôle de la chambre à air et
la manière dont s'accomplit l'échange de gaz à travers les
membranes coquillières.
Sur le premier, l'idée généralement admise est que la
chambre à air est un réservoir destiné à fournir les premières
quantités d'oxygène au poussin avant son éclosion.
Pénétré moi aussi de cette idée, quelle ne fut pas ma sur-
prise en voyant, pendant l'hiver 1878-79, les Autruchons
bêcher leurs œufs et naître sans toucher à la chambre à air,
laissant celle-ci intacte et bêchant vers le milieu de l'œuf,
quelquefois au bout opposé. Je crus d'abord à une anomalie
dépendant d'une mauvaise incubation artificielle ; mais les
soins minutieux, les véritables volumes de notes et observa-
tions recueiUies pendant les hivers suivants, 1879-80 et
1880-81, ne me laissèrent plus aucun doute. Gela se répétait
toujours, et s'il y avait anomalie, c'était lorsque le bêchage
s'accomplissait en brisant d'abord la membrane interne tendue
LA VIANDE d'autruche. 15
qui limite la chambre à air. Plus que jamais intrigué, je mis
en incubation 60 œufs de Poule, dont 50 et quelques vinrent
a éclosion. Ce ne fut qu'une confirmation. Le poussin pro-
cède autrement que l'Aulruchon, mais la chambre à air de-
meure intacte.
L'Aulruchon frappe du bec sur un seul point (n'importe
lequel, excepté sur la chambre k air) jusqu'à ce que la coquille
se fende, et dès lors, par des mouvements convulsifs, et par-
ticulièrement en détendant ses pattes par secousses, mais sans
changer de place, il arrive à élargir les fentes et à faire sauter
la coquille par gros morceaux. Le Poulet, au contraire, tourne
dans l'œuf pendant le bêchage et suit de la pointe du bec le
cercle qui limite la chambre à air, mais en dedans de l'œuf et
non dans l'espace occupé par celte dernière. Il arrive ainsi à
percer, par des coups répétés, une série de trous très rap-
prochés, dont le résultat est de détacher d'une pièce toute la
calotte du gros bout de l'œuf. La calotte amène avec elle la
membrane tendue qui limitait la chambre à air et l'ensemble
rappelle assez bien une timbale. 11 arrive quelquefois qu'un
ou plusieurs coups de bec mal dirigés déchirent celte mem-
brane, ou bien qu'elle se déchire lorsque le Poussin n'a pas
bêché assez régulièrement; mais c'est rare. Cinquante Pou-
lets sont nés sans avoir touché à la chambre à air, plus un
même nombre d'Autruchons également. Toutes ces éclosions
étaient-elles des anomalies ou des exceptions? Je ne le pense
pas. Ce n'est pas le poussin qui perce la membrane intérieure
pour atteindre l'air. Du reste, rien ne prouve que cet espace
renferme de l'air respirable. Tout est là plutôt pour prouver
que le poussin ne respire par les poumons qu'après le bê-
chage.
Gela ne veut pas dire qu'il n'inspire et n'expire pas. En
effet, quelque temps avant l'éclosion, le sang est envoyé tou-
jouis avec plus de force et en plus grande quantité aux pou-
mons. Ceux-ci sont forcés de s'étendre et de se coniracter, et
comme dans les espaces de l'œuf qui ne sont pas remplis par
le corps du poussin il y a nécessairement des gaz, le bruit
d'une respiration se fait entendre. Ce bruit est tellement pro-
16 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
nonce, que par l'application du microphone à l'auscullalion
des u.'ufs, il m'a été permis de déterminer assez exactement
le moment du bêchage. Mais si on surprend un poussin à ce
moment-là, il sera facile de s'apercevoir que les poumons
n'ont fonctionné que mécaniquement, non physiologique-
ment. Le sang recourt encore à l'allanloïs pour s'oxyder. En
pratique, on recommande beaucoup de ne pas aider le Poulet
à sortir de l'oBuf; sans quoi, il mourrait d'hémorragie. Or
cette hémorragie provient toujours de la déchirure d'un des
nombreux vaisseaux sanguins de l'allanloïs; ce qui prouve
qu'après le bêchage le sang continue encore pour quelque
temps à s'oxyder à l'extérieur de l'être.
Chez l'Autruche, cet état entre la vie ovarique et la vie in-
dividuelle dure de trois à six heures. Au premier bêchage, à
la première inspiration de l'air ambiant, le cordon ombilical
et tous les vaisseaux allantoïdiens sont encore en pleine fonc-
tion, et ce n'est que plus tard que le sang qu'ils contiennent
reflue en grande partie à l'intérieur du corps, que le cordon
ombilical se vide, se dessèche et se déchire à l'ombilic. Je
crois pouvoir dire que la véritable respiration pulmonaire ne
peut être que celle qui anéantit la respiration allantoïdienne.
Et cette dernière n'est supprimée qu'assez longtemps après le
bêchage.
La chambre à air ne serait donc qu'un simple tampon élas-
tique destiné à maintenir les couches des différentes albu-
mines, ainsi que du vitellus, dans le même ordre et position
relatives qu'elles occupaient avant la formation de la cham-
bre. En effet, l'évaporation de l'œuf détermine une diminu-
tion dans le volume de son contenu, et si la chambre à air ne
venait pas remplacer ce vide, la cicatricule ne se trouverait
plus tenue contre sa coquille, les différentes couches d'albu-
mine, devenant de plus en plus planes au lieu de rester con-
vexes, se déplaceraient relativement au vitellus; la position
des chalazes en souffrirait aussi. Il y aurait enfin un désordre
complet et une dislance telle entre la coque et la cicatricule
que la transmission de la chaleur, pendant l'incubation,
serait rendue très problématique. Si j'ai appuyé sur l'impor-
LA VIANDE d'autruche. 17
tance qu'il y a à ce que les différentes couches d'albumine
conservent (relativement au vitellus) la place qu'elles avaient
. au moment de la ponte, c'est parce que j'ai lieu de croire que
chacune joue, pendant l'incubation, un rôle spécial. J'ai re-
marqué, sans toutefois avoir pu le constater définitivement,
que certaines parties de l'œuf, dès le début de l'incubation,
deviennent incoagulables.
La nécessité d'un certain équilibre dans la disposition des
différentes couches d'albumine pourrait bien ne pas être étran-
gère à la remarque faite par M. G. Dareste, c'est-à-dire que les
œufs qui ont subi des secousses de transport ne doivent pas
être mis en incubation immédiatement après, mais seulement
lorsqu'ils ont dem.euré en repos quelque temps. Je considère
ce repos comme indispensable pour rétablir un équilibre qui
a été dérangé par le transport.
Une autre idée généralement admise est que la respiration
allantoïdienne s'accomplit par simple filtration de l'air cà tra-
vers la coque et ses membranes, ces dernières ne jouant dans
ce cas qu'un rôle bien passif. Je me permets de penser diffé-
remment, et voici pourquoi :
Les membranes coquillières, par leurnature, laissent d'au-
tant mieux passerles gaz qu'elles sont plus sèches. Une preuve
grossière, mais concluante, est fournie par les œufs pourris,
qui incommodent d'autant plus l'odorat qu'ils se trouvent
dans un milieu plus sec. Les gaz intérieurs s'échappent alors
plus facilement, et à tel point que dans une atmosphère sèche
la pression intérieure de ces œufs n'arrive jamais à les faire
éclater, tandis qu'ils éclatent souvent dans les climats humi-
des. C'est que dans ces derniers les membranes s'opposent
tellement à la sortie des produits de la décomposition, que
ceux-ci acquièrent bientôt une tension énorme. Du reste, on
ne saurait se rendre compte de la pression intérieure qui
existe toujours dans les œufs pourris sans admettre la presque
imperméabilité des membranes.
Mais, d'un autre côté, il est prouvé qu'une condition indis-
pensable à la bonne incubation est que les œufs plongent dans
une atmosphère humide.
3* SÉRIE, T. X. — Janvier 1883. 2
18
SOCIKTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATIOJN.
Quelques praticiens prétendent que cette humidité est né-
cessaire pour faciliter l'éclosion, car les membranes sèches
sont difficilement déchirées par les poussins, s'y collent et le
gênent dans ses mouvements. Or rien de plus facile que de
constater que la membrane coquillière sèche est beaucoup
plus cassante, beaucoup plus facile à déchirer que l'humide,
qui est tenace et élastique. Quant à se coller au poussin, c'est
toujours l'effet du dessèchement de l'allantoïs et des matières
albuminoïdes qui y adhèrent, mais jamais l'elTel de la mem-
brane coquillière.
L'humidité est donc une des conditions de l'incubation.
L'œuf toutefois n'en a pas besoin, car, au contraire, il en re-
jette toujours par évaporation. Voici quelques chiffres pris au
hasard dans mes notes :
A LA NAISSANCP;.
Poids
à la mise
on
10 jours
aprijs.
20 jours
après.
30 jours
après.
te 5
« c
1 ^
3 .a
Poussin.
Coque.
^
wT
Perle
iiiciih.ilion
S
Sr-
gr.
gr.
gr-
gr.
ei-.
yr-
gr.
1630
1589
1557
1521
1470
1097
292
4(i
35
IfiiS
1504.
1611
1468
1570
1430
1533
1387
1470
1330
1112
1012
295
262
39
30
24
26
L'humidité ambiante n'est donc destinée qu'à maintenir les
membranes coquillières à un certain degré d'humidité en
empêchant une évaporation trop rapide par la coquille, éva-
poration qui ne manquerait pas de se produire trop rapide-
ment dans une atmosphère sèche.
Mais si la vie embryonnaire n'est possible qu'en tenant les
membranes coquillières dans un état qui empêche or. du
moins ralentisse beaucoup le passage libre des gaz, c'est que
ces gaz sont très probablement conduits à travers les mem-
branes en solution dan.s ic liquide qui les humecte. Le rôle
LA VIANDE d'AUTUUCHE. 19
des membranes serait donc plus compliqué qu'il ne paraît au
premier abord.
On s'imagine souvent que l'œuf des oiseaux (et d'autres
organismes aussi) nécessite une certaine quantité de chaleur
pour son développement, quantité qu'on a définie sous le nom
de somme de chaleur. Je ne comprends pas, ou du moins
j'ignore quelles sont et comment ont été conduites les expé-
riences par lesquelles on a pu constater cette assimilation de
chaleur de la part des organismes, principe qui conduit à
considérer l'être vivant comme une machine à vapeur trans-
formant la chaleur en vie plutôt qu'en force.
Ce qui .est sûr, c'est que l'animal adulte est producteur et
non consommateur de chaleur. Je ne connais pas d'oiseaux
(puisque je cause Autruches) qui fassent baisser la tempéra-
ture du local dans lequel ils sont enfermés. C'est le contraire
qui a lieu. L'analogie déjà ferait admettre le même principe
pour l'œuf en incubation, qui devrait rationnellement suivre
les mêmes lois que l'organisme plus complet dont il provient
et qu'il deviendra lui même. Mais il y a plus que l'analogie,
il y a l'expérience. Dans un incubateur industriel, c'est-cà-dire
grossièrement façonné et peu sensible, mis en pratique dans
des conditions excellentes, mais contraires à des recherches
exactes, la production de chaleur par les œufs, lorsqu'il y en
a vingt-quatre d'Autruche dans l'appareil, est sensible du
cinquième au sixième jour d'incubation. Or, si avec de tels
appareils et dans de telles conditions la chaleur produite par
les œufs se révèle au cinquième jour, peut-on croire autre
chose, sinon que l'œuf produit de la chaleur dès le commen-
cement de son développement? Des instruments scientifiques
le constateraient sans doute.
L'œuf ne consomme pas une seule calorie pendant toute
l'incubation ; au contraire, la formation de l'être futur ne se
fait qu'avec production de chaleur. Il y a, il est vrai, aux pre-
miers instants d'incubation une certaine quantité de cha-
leur qui disparaît temporairement : mais cette chaleur n'est
autre que celle nécessaire à porter la masse de l'œuf à la
température d'incubation ; en d'autres termes, c'est la resti-
20 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
tution delà chaleur que l'œuf a perdue au moment de la ponte
par le refroidissement qu'il a subi, chaleur dont l'origine est
dans les fonctions vitales de la Poule. Pas un atome de cha-
leur étranger à la vie animale ne serait absorbé si l'œuf était
mis en incubation aussitôt pondu.
L'organisme (l'œuf compris) n'est pas un consommateur,
mais un producteur de chaleur; seulement cette production,
qui est une des manifestations de la vie, n'est possible que
dans un milieu dont la température ne varie pas au delà de
certaines limites. Ces températures extrêmes, au delà des-
quelles les organismes cessent de vivre, sont d'autant plus
éloignées, elles embrassent d'autant plus de degrés de nos
échelles thermomélriques, que l'animal est plus développé,
que ses organes sont plus parfaits ; 40 degrés d'écart ne sus-
pendent pas la vitalité de l'adulte, mais 5 à G degrés suffisent
à suspendre celle de l'œuf. Si pour l'incubation on est obligé
de recourir à une source de chaleur, ce n'est pas certaine-
ment pour fournir du calorique à l'œuf, qui n'en a pas be-
soin ; c'est simplement pour le tenir dans un milieu d'une
température telle qu'elle est nécessaire pour que ses parties
constituantes, mues par une vie propre, puissent l'exercer.
Je me permettrai de dire, en concluant, que l'œuf des
oiseaux porte en lui tous les éléments nécessaires à le changer
en animal parfait, sauf l'oxygène qu'il est obligé de prendre
à l'air, et qui est la seule chose qu'il consomme, qu'il s'assi-
mile. Seulement, cette assimilation n'est possible qu'à une
température donnée et dans une atmosphère humide. Chaleur
et humidité sont des éléments qui ne contribuent que d'une
manière tout à fait passive au développement de l'œuf; ce ne
sont que des conditions de vie de l'embryon, et non des élé-
ments qui prennent part à sa formation.
CULTURE KXPÉPJMt:NTALE DE PLANTES
CHLNOISES
Par n. PAILLIEL'X
Messieurs,
Dans notre Bulletin d'octobre vous avez pu lire une lettre
très intéressante de M. le D' E. Bretsrhneider, botaniste dis-
tiniïué et médecin de la légation russe à Pékin.
Cette lettre était suivie d'une liste des graines et des tuber-
cules de cent douze plantes dont elle avisait Tenvoi.
M. A. Geoffroy Saint-Hilaire ayant bien voulu me confier la
culture expérimentale d'un certain nombre de ces plantes, je
vais avoir l'honneur de vous en rendre compte; mais je vous
demande la permission de vous présenter quelques observa-
tions en réponse à celles que contient la lettre du docteur.
Dans l'appendice au dictionnaire français-latin-chinois de
M. l'abbé Perny, je lis : AraliK edulis, en chinois Tou hô, et
l'auteur du dictionnaire a bien voulu m'écrire le nom de la
plante en caractères chinois que je mets sous vos yeux.
Le Japon et la Chine ont une flore alimentaire commune, à
peu près en tous points, et, lorsque j'ai dressé la liste de nos
desiderata, j'ai dû croire que l'Aralia comestible mentionnée
par M. l'abbé Perny n'était pas seulement cultivée en Chine
comme plante médicinale, mais aussi comme plante pota-
gère.
Siebold ne fait pas de distinction entre VAralia edulis de
Chine et celui du Japon. Selon lui, on cultive cette plante en
Chine comme sudoritique, tandis qu'au Japon on la cultive
essentiellement pour sa racine, qui est d'un goût agréable, et
pour ses jeunes tiges, qui sont uh délicieux légume. Le compte
rendu japonais de l'Exposition de 1878 s'exprime ainsi: « Udo,
Aralia cordata{\)es\. une plante dont on recouvre les racines
(1) Synonyme de A. edulis.
22 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACGLIMATATION.
en hiver d'une couche de détritus de végétaux et dont on
mange les pousses à mesure qu'elles apparaissent. Les bour-
geons de ces pousses sont employés comme épices. » Mon excel-
lent correspondant, M. le D' Hénon, m'écrivait, le 20 avril
1879 : « La seule plante potagère que je regrette de n'avoir
pas apportée, à présent que vous m'avez envoyé le Gingembre,
est une Araliacée appelée au Japon Udo. Je crois que c'est
VAralia cordata de Thunberg. On en récolte les jeunes pous-
ses au printemps à l'étal sauvage et on les mange cuites,
comme nous mangeons les céleris et les cardons. C'est très
tort et très mauvais, comme l'est du reste le céleri non blanchi ;
mais VUdo, cultivé et blanchi sous des feuilles ou delà litière,
est très bon et il s'en fait au printemps une assez grande con-
sommation. »
Je regrette infiniment que M. E. Bretschneiderne nous ait
pas envoyé la plante médicinale chinoise, disposé que je suis
à croire qu'elle n'est autre que l'f/do japonais, rendu comes-
tible par l'étiolement. Vous savez, en effet, que les plantes
acres, amères ou aromatiques à l'excès peuvent souvent être
admises sur nos tables lorsqu'on les a t'ait végéter dans l'ob-
scurité.
M. Bretschneider nous a envoyé des tubercules d'Eleo-
charis tuberosa, avec cette note : « Je vous envoie quelques
échantillons de ces tubercules qu'on cultive beaucoup dans
les marais et aux environs de Pékin. La plante ici ne fleurit
jamais; on plante toujours les tubercules. Je doute fort que
mes échantillons arrivent en bon état à Paris. »
Ils sont arrivés, en effet, dans un état de complète décom-
position. La plante se cultive dans l'eau comme le riz et n'au-
rait peut-être prospéré chez nous que dans les terrains des-
salés de la Camargue.
J'aborde maintenant le compte rendu que je vous ai an-
noncé de mes cultures expérimentales. J'ai cultivé les Cucur-
bitacées qui portent sur la liste les n''' 49, 50, 51, 52, 53, 54,
55,50,59,60,01, 02 et 03.
PLANTES CHINOISES. 2S
COURGES.
N" 49. Courge meloniforme, de moyenne grosseur et d'assez
Donne qualité.
N" 50. Bénincasa cérifère. Excellent fruit que nous possé-
dons déjà depuis longlemps.
N° 51. Courge blanche, de moyenne grosseur, farineuse et,
selon moi, de qualité tout à fait supérieure.
N" 52. Courge, petite pomme rouge, non dégustée.
N" 53. Courge toupie rouge; me semble purement orne-
mentale.
N" 54. Courge rouge, moyenne, d'excellente qualité.
N" 55. Courge demi-longue, à rubans noirs sur fond jaune ;
non dégustée.
N° 56. Courge demi-longue à rubans blancs sur fond rou-
geatre ; non dégustée.
MELONS.
Sous les n°' 61, 62, 63 j'ai trouvé trois Melons extrême-
ment intéressants, auxquels j'ai donné des noms en rapport
avec leurs caractères extérieurs.
N" 61. Melon Chayote. Fruit petit, pyi-iforme, à écorce
lisse, couleur vert-pomme; divisé en 1(1 côtes à peine indi-
quées par des lignes d'un vert plus foncé que l'écorce. Lon-
gueur, 16 centimètres; circonférence du côté du pédon-
cule, 20 centimètres; circonférence du côté de l'ombilic,
27 centimètres; poids, 370 grammes.
Ecorce très mince, chair épaisse, blanche, parfumée, très
juteuse et très fondante. Sa forme rappelle un peu celle du
Sechium edule et justifie le nom que je lui donne.
Ce Melon est l'un des meilleurs que j'aie reçus de l'extrême
Orient. Cultivé sous châssis, il m'a donné successivement une
dizaine de fruits que je vais apprécier.
Les Melons de la Chine et du Japon ont une saveur spéciale
qui ne peut en aucune façon être assimilée à celle des Melons
24 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
cultivés en Europe. On ne les accepterait pas en France après
le potage, comme les Cantaloups, les Sucrins, etc. On ne peut,
selon moi, les manger qu'au dessert.
Il faut cueillir le Melon Chayote très mûr et ne le manger
que lorsqu'il est un peu amolli par la maturité et cède sous la
pression du doigt. C'est alors qu'au dessert, après l'avoir pelé
comme une poire et coupé en deux ou en quatre parties, on
le mange, abondamment saupoudré de sucre.
Ainsi présenté, il paraît bon à beaucoup de personnes,
mais on doit le considérer comme un fruit à part, oublier
qu'il se nomme Melon et ne pas vouloir, à tout prix, comme
on le fait communément, qu'il ressemble à ce que nous pos-
sédons déjà.
N° 62. Melon Belle- Angevine. Fruit pyriforme, de cou-
.eur verte, pointillée de jaune ; marqué de raies longitudi-
nales d'un vert plus foncé que l'écorce.
Longueur, 15 centimètres.
Circonférence au point le plus développé, 29 centimètres.
Ce Melon a la forme et la couleur d'une grosse poire et
ressemble un peu au fruit dont je lui donne le nom. Son
écorce est très mince; sa chair est verte, épaisse, juteuse, fon-
dante et parfumée, mais il a le défaut de tous ses congénères;
il n'est pas sucré. 11 faut donc le cueillir bien mûr, le servir
au dessert et ne le manger qu'avec beaucoup de sucre.
Le Melon Belle- Angevine est une plante d'amateur, cu-
rieuse, estimable, mais inférieure aux variétés que nous cul-
tivons.
N" 63. Melon Zèbre. Fruit de la forme et du volume d'une
grosse orange ; écorce lisse, zébrée de dix raies d'un vert foncé
tranchant sur un fond jaune orange et descendant du pédon-
cule à l'ombilic.
Hauteur du fruit, environ 8 centimètres; circonférence,
28 centimètres ; largeur des raies variant de 1 et 1/2 à 2 cen-
timètres; poids, 310 grammes.
Le petit volume du fruit le ferait ranger parmi ces Melons
portatifs, auxquels on a donné le nom de Melons de poche ou
Melons-chasseur, s'il pouvait avoir le même emploi, mais il
PLANTES CHINOISES. 25
manque de sucre comme les précédents et ne peut être mangé
qu'au dessert.
Le Melon Zèbre est d'un aspect séduisant ; sa chair est
épaisse et blanclie, juteuse, fondante, très parfumée lorsqu'il
est bien mûr. Je propose d'en faire l'usage que voici :
Pour une table de vingt personnes on étagera en pyramide
ou l'on disposera dans une corbeille douze ou quinze fruits
qui formeront un très beau plat de milieu et charmeront les
regards des invités.
Au dessert, le maître d'hôtel enlèvera le plat, coupera les
fruits en deux, remplacera rapidement les graines par du
sucre en poudre et servira à chaque convive un demi-fruit, en
forme de coupe, qui sera mangé à la cuillère comme une
glace. Ce dessert sera très élégant et très bon. Je m'en suis
assuré.
Le Melon Zèbre ne produit que douze à quinze fruits par
panneau. Le prix en sera donc assez élevé jusqu'au jour où
les horticulteurs du Midi consentiront à le cultiver.
La chair épaisse et relativement ferme des Melons d'Oiient
se prête à la confiserie mieux que celle des nôtres, qui est trop
aqueuse et ne résiste à aucun degré de cuisson. Je n'ai pas
fait confire les variétés dont je viens de vous parler, mais
j'aurais, je crois, réussi avec elles comme j'ai réussi avec
d'autres de même origine.
Permettez-moi, Messieurs, une digression.
Je vous ai distribué l'an dernier des graines du Melon blanc
japonais {Shiro uri) dont j'ai fait faire de bons beignets et une
agréable confiserie. Autorisé par ces premiers résultats, j'ai
conseillé au célèbre confiseur, Piobineau-Boissier, d'employer
le Shiro uri et je lui ai présenté un horticulteur distingué,
M. Millet, de Bourg-la-Reine, qui a accepté, pour essai, une
commande de deux cents fruits qui ont été exactement livrés.
Vous dégusterez tout à l'heui'e les échantillons, que M. Ro-
bineau m'a gracieusement offerts, de ces fruits confits dans ■
sa maison.
Les Melons de l'extrême Orient, et le Shiro uri mieux que
tout autre, pourront être avantageusement cultivés dans le
20 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Miili et vendus aux confiseurs; mais, pour la région de Paris,
ce sont des plantes d'amateur qui exigent autant de soins que
les plus beaux Cantaloups et qui ne seront pas généralement
cultivés. Ils provoqueront toutefois des essais d'hybridation
dont on peut attendre d'heureux résultats.
CONCOMBRES.
N° 59. Gros Concombre.
N" 60. Long Concombre.
Leurs fruits sont de bonne qualité et j'en ai fait usage,
comme hors-d'œuvre, pendant l'été dernier, mais ils ne se
distinguent en rien des variétés que nous possédons déjà.
SOYA.
N"' 73, 74-, 75, 76. Ces variétés n'ont pas fleuri ou n'ont
jias formé de gousses. Elles prospéreraient à coup sûr dans le
midi de la France.
Haricot radié {Phaseolus radiatus L.).
Les graines du Haricot radié étaient accompagnées de cette
note : « Beaucoup cultivé. Aliment très important. Avec la
farine des graines on fabrique des vermicelles dont j'envoie
quelques échantillons. » Ces échantillons n'ont pas été trouvés
dans la caisse.
J'appelle toute l'attention de la section des végétaux sur
celte plante qui n'est pas moins cultivée au Japon qu'en Chine.
L'espèce comprend un grand nombre de variétés. Mes essais
ont échoué avec toutes, à la seule exception de celle qui se
nomme au Japon Natsu azuki, c'est-à-dire Azuki d'été, que
je cultive depuis 1878.
J'en ai mangé les graines à l'état sec ; c'est un bon légume
dont la saveur tient à la fois du Haricot et de la Lentille.
M. E. Bretschneider nous apprend qu'on en fait en Chine
du vermicelle. Le compte rendu japonais de l'Exposition de
PLANTES CHINOISES. 27
1878 nous dit que \eAn, matière sucrée, se fait avec VAznki
et du sucre ; que le gâteau Yo-kan, ainsi que plusieurs
autres, se fait avec VAzuki. On se sert aussi de la farine de
l'Azuki pour dégraisser les étoffes.
Grâce à l'inépuisable obligeance de M. le D^ Hénon, j'ai pu
déguster la préparation nommée Yo-kan, pâte ou confiture,
faite avec des Azuki, du sucre et une sorte de gélatine extraite
d'Algues marines. Cette gélatine, absolument sans goût, est
connue au Japon sous le nom de Kan-ten. Les Japonais en
font un grand emploi culinaire et en exportent une grande
quantité pour l'Europe (4).
J'ai eu un instant la pensée de fabriquer avec l'Azuki un
article de confiserie populaire, à très bas prix; mais le sucre
est trop cher en France et j'ai renoncé, non sans regret, à mon
projet.
Toutes les variétés du Haricot radié pourront certainement
être cultivées dans le Midi. Il est très productif. On doit le
semer très espacé, au moins à 50 ou 60 centimètres et ne
mettre que deux graines à la touffe, qui devient très forte.
En 1862, M^' Guillemin, évêque de Canton, envoyait à la
Société, parmi un grand nombre d'autres semences, des grai-
nes d'une légumineuse nommée Lou téou, dont les Chinois,
disait le donateur, font un verniicelle fin ou Lou-téou-szé et
un vin très estimé, Lou-téou-tsiéou ; puis les graines d'une
autre légumineuse servant à la confection des pâtes, vermi-
celles, etc., connus sous le nom de Pe-teou-szé.
Ces semences étaient probablement celles de deux variétés
de Phaseolus radlatus. Il est vraiment bien regrettable que
la magnifique collection de graines, reçue en 1862, ait laissé
si peu de traces, si tant est qu'elle en ait laissé aucune.
Les usages du Ph. radlatus que j'ai déjà indiqués ne sont
pas les seuls pratiqués en Chine et au Japon. M. Eugène Si-
mon, M. l'abbé David, M. le docteur Hénon m'ont signalé
celui-ci qui n'est assurément pas sans intérêt: on fait tremper
dans l'eau les graines de l'Azuki, puis on les fait germer au
(1) Colle (Ui Jupon, du commorce.
28 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
chaud et dans l'obscurité dans des vases de terre; puis, on
les lave à grande eau pour enlever les peaux et on mange les
planlules sous le nom (japonais) de Moyaschi (œil et jambes).
Il va sans dire qu'on les fait cuire d'abord dans l'eau salée,
puis dans le Shoyu. C'est assez bon et c'est un moyen iacile de
se procurer un légume frais en hiver. Si ma mémoire est
fidèle, c'est en salade que M. l'abbé David mangeait en Chine,
avec grand plaisir, les jeunes pousses étiolées du Phaseolus
radia tus.
La section des végélaux sera peut-être d'avis qu'il y*a lieu
de demander qu'un prix soit accordé à la personne qui aura
cultivé avec succès le Haricot radié dans un champ d'un derni-
heclare.
S'il se présentait plusieurs concurrents, la préférence serait
assurée à celui qui produirait les plus beaux spécimens de
préparations alimentaires, obtenues avec les graines du Pha-
seolus radialns.
La Société se mettrait en mesure de fournir ces gi'aines,
variété Natsa azuki, aux personnes qui promettraient de con-
courir pour le prix proposé.
Je me placerais personnellement hors concours et je m'ef-
forcerais de mettre à la disposition de la Société la plus grande
quantité possible de semences;
Kuzu {Pueraria Thunbergiana).
Sous le n" 39 de la liste, M. Bretschneider nous a envoyé
des graines du Pueraria Thunbergiana , sans observation
aucune. Je n'ai pas reçu ma part de ces graines, parce que
je possédais la plante depuis plusieurs années. M. Naudin en
a reçu tout ou partie, et je dirai plus loin ce qu'il en pense.
La plante se nommait autrefois Dolichos bulbosus, plus
iixvdPachyrhisus Thunbergianus. Klle se nomme aujourd'hui
Pueraria Thunbergiana. M. le D' Jlénon m'écrivait le 20 dé-
cembre 1878 : « Le Kuzu sert à faire une fécule très fine,
K'uzu-no-ko, farine de Kuzu, qui s'emploie comme matière
alimentaire et fait un empois excellent, bien préférable à celui
PLANTES CHINOISES. 29
du riz, La plante n'est pas cultivée ; on en recueille les racines
dans les bois, où elle existe partout très abondamment... »
M. le comte de Castillon {Eev. hort., 1875, p. 181) s'ex-
prime ainsi : « Cette plante est celle que Von Siebold men-
tionne, page 20 de sa brochure sur l'état de l'horticulture au
Japon, comme produisant une fécule qui se recommande par
une qualité supérieure et un bouquet agréable. Les Japonais
nomment cette fécule Kuzu-ko. Le Dotichos bulbosus, qui
tire son nom de la grosseur de ses racines, est une plante
grimpante fort commune au Japon, et qu'on pourrait, je crois,
acclimater en France. »
M. E.-A. Carrière fait suivre la note qui précède des obser-
vations que voici : « En même temps qu'il nous donnait ces
détails, M. le comte de Castillon poussait la complaisance
jusqu'à nous adresser un petit sachet de fécule, et nous faisait
connaître différents procédés [tar lesquels il convient de la
préparer et de la transformer en aliment aussi sain qu'a-
gréable y>
On lit dans le livre intitulé : Le Japon à V Exposition uni-
verselle de 1878 : « Le Kuzu {Pueraria Thunbergiana) est
une plante sauvage dont les racines donnent de l'amidon. Ses
feuilles servent à nourrir les bestiaux et ses fibres à faire des
étoffes. »
En 1879, j'ai semé contre un mur exposé au midi les graines
que j'avais reçues. Elles m'ont donné des tiges vigoureuses,
qui atteignaient bientôt le chaperon du mur. Elles n'ont pas
fleuri, et, l'hiver venu, elles ont été gelées. La souche n'a pas
souffert.
En 1880, les tiges ont été plus fortes que celles que le semis
avait produites, et 30 degrés de froid n'ont gelé que les par-
ties qui excédaient en hauteur 1™,50. Les parties inférieures,
devenues ligneuses, ont donc résisté au grand hiver. Elles
n'avaient pas fleuri.
En 1881, les tiges, dans toute leur hauteur, ont bien passé
l'hiver. La plante n'a pas fleuri. J'ai donc constaté chez les
Kuzu une rusticité relative, une végétation luxuriante; mais
en même temps, sous le climat de Paris, une complète stéri-
30 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
lité. Celte stérilité cause un double dommage; d'une pari,
on ne récolte pas de graines à employer comme aliment ;
d'autre part, on ne peut pas multiplier la plante par des
semis.
Au Muséum, où il existe quelques pieds de Kuzu, les plantes
ont, comme les miennes, résisté aux hivers, mais n^ont pas
fleuri. On a essayé de faire des boutures, on a échoué. Le
couchage des tiges a donné un meilleur résultat ; on a ob-
tenu par ce procédé un ou deux pieds nouveaux.
De mon côté, j'ai obtenu d'abord un pied par le même
moyen ; mais la plante ayant acquis une vigueur et un déve-
loppement extraordinaires, j'ai pu cette année coucher une
vingtaine de tiges, qui me donneront autant de plantes nou-
velles.
Les tiges de Kuzu émettent des jets si nombreux, si longs,
si fibreux, qu'on ne peut douter du profit que l'on tirerait de
cette plante, considérée comme textile, si l'on pouvait la na-
turaliser dans nos bois ou en obtenir par la culture d'abon-
dantes récoltes.
On n'oubliera pas non plus que, si la souche fournit une
précieuse fécule, ses feuilles sont recherchées par le bétail,
et que ses graines sont alimentaires comme le haricot. Ces
produits sont d'ailleurs secondaires, et c'est, avant tout,
comme plante textile qu'il faut considérer le Kuzu.
M. Gh. Naudin a reçu de notre Société les graines arrivées
de Chine. 11 possédait déjà la plante. On lira dans notre Bul-
letin, avec l'attention qui lui est due, le jugement que porte
sur elle le savant dn-ecteur de la Villa Thuret.
« Si le Kuzu, dit-il, peut fournir des fibres textiles, il est
très inférieur sous ce rapport au chanvre et au lin, dont la
culture est relativement très facile, et qui donneront toujours
un produit beaucoup plus élevé et à bien moindres frais.
» Pour que le Kuzu fût accepté par l'agriculture en France,
il faudrait qu'on lui découvrît quelque propriété que ne pos-
sèdent pas nos plantes d'introduction plus ancienne; or jus-
qu'ici je ne lui en reconnais aucune. Ce n'est pas cependant
une raison pour l'abandonner. Il se peut que de nouvelles
PLANTES CHINOISES. 31
reciierches nous le montrent sous un aspect plus favorable.
Jusque-là attendons. »
Je dis à mon tour : attendons, mais expérimentons. N'at-
tendons pas les bras croisés. J'ai confiance dans les renseigne-
ments que j'ai recueillis, et qui présentent comme remarqua-
blement belle la toile de Kuzu.
Cette toile ne ressemble peut-être pas plus à celle de
chanvre ou de lin que ne lui ressemble celle de la ramie. Si
la plante possède des propriétés particulières, n'attendons pas
paresseusement qu'on nous les fasse connaître ; nous atten-
drions en vain.
Faisons venir les graines pour semence, et, comme échan-
tillons, les fibres, le filé et la toile de Kuzu. Instituons un
prix pour la culture d'un demi-hectare, et la lumière sera
faite.
MOUTARDES.
Sous lesn"' 85, 86, 87, j'ai reçu trois variétés de Sinapis.
Le n°85 est désigné sur la liste comme étant cultivé pour
ses racines globuleuses, napiformes ; le n° 80, comme étant
cultivé pour ses graines (Moutarde chinoise).
Le n" 87 est inscrit sans indication de ses usages.
Ces trois Moutardes, semées au printemps, ont monté si
vite à graine, que je n'ai pu saisir, durant cette première
culture, le moment où il m'aurait été possible de les déguster ;
mais, le 1" août, j'ai semé de nouveau le n" 85, auquel j'at-
tachais une importance particulière, et j'ai obtenu en quel-
ques semaines de belles plantes, munies de ces racines globu-
leuses qui m'étaient promises, et dont je place des spécimens
sous vos yeux.
La Moutarde tubéreuse était jusqu'ici absolument inconnue
en France. C'est une acquisition intéressante, dont je ne puis
aujourd'hui apprécier le mérite, mais que nous ne devons
pas laisser tomber dans l'oubli. La plante est-elle destinée à
l'alimentation de l'homme ou à la nourriture des animaux, je
ne sais; ce que j'ai constaté dans un premier essai, c'est que.
32 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
dans l'espace de deux mois et demi, elle donne une récolte
abondante de feuilles et de racines. Il semble donc qu'elle
puisse être immédialemeni classée parmi les cultures déro-
bées les plus faciles et les plus productives. J'appelle sur elle
toute l'attention de la 5' section.
staciiys affinis.
Sous le n" 46, j'ai reçu ce Stachys, désigné sur la liste
comme étant beaucoup cultivé pour ses tubercules que man-
gent les Chinois.
Les tubercules sont arrivés en bon état pour la plupart, et
ont végété passablement en plein air. Les plantes n'ont pas
fleuri. Elles ont formé des touffes basses, pourvues d'une
multitude de racines tuberculeuses, de petit volume et de
toutes formes, extrêmement fragiles, d'un lavage difficile à
cause de leur difformité et de leur fragilité. Je vous présente
un flacon de ces tubercules conservés dans le vinaigre. La
plante était jusqu'ici tout à fait inconnue en France. On ne
nous dit pas comment les Cliinois la préparent pour la table ;
mais le Stachys affinis, comme son nom paraît l'indiquer, a
beaucoup de rapports avec le Stachys Sieboldii, que l'on
rencontre au Japon sous le nom de Choro-fji. Ses racines tu-
berculeuses, dit le compte rendu japonais déjà cité, ressem-
blent à des chenilles. Pour les manger, on les conserve dans
du vinaigre de prunes.
J'ai donc mis dans le vinaigre quelques-uns des tubercules
récoltés cette année. Je les ferai peut-être entrer dans des
PicA;^es de composition nouvelle, que j'ai l'intention de vous
présenter prochainement.
J'espère que le Stachys affinis, couvert d'un peu de litière,
n'aura pas souffert de l'hiver si clément que nous traversons.
Par précaution, j'ai conservé dans des pots mis en serre un
certain nombre de tubercules.
Le temps m'a manqué pour préparer des sachets de se-
mences d'une partie des plantes dont je viens de vous parler.
J'en ferai une distribution le 6 mars prochain aux membres
PLANTES CHINOISES. 83
présents à la réunion de la 5' section. Chaque sachet ne con-
tiendra qu'un très petit nombre de graines, ce qu'on me par-
donnera, j'espère.
Je ne terminerai pas ce compte rendu sans adresser à M. le
docteur Bretschneider l'expression de notre vive gratitude
pour la précieuse collection qu'il a bien voulu adresser à
notre Société.
PÉ-TSAÏ DE MONGOLIE.
Il y a quelque dix ans, le Muséum reçut une caisse d'ar-
bustes de Mongolie, et la terre qu'elle contenait fut jetée au
hasard dans un coin de l'École des Poiriers.
A quelque temps de là, cependant, on s'aperçut que dans
cette terre poussaient de jeunes plantes, lesquelles prospé-
rèrent, fleurirent, furent présentées à M. Decaisne, et déter-
minées par lui sous le nom de Pé-tsaï de Mongolie.
Un peu plus tard, j'en reçus des graines, et, depuis sept à
huit ans, je n'ai pas cessé de cultiver la plante. Je la consi-
dérais alors comme potagère, et je la présentais comme
telle, le 27 février 1879, à la Société d'horticulture. J'ai re-
connu mon erreur, et c'est comme plante fourragère que je
vous l'apporte aujourd'hui.
Le Pé-tsaï de Mongolie est extrêmement hâtif. Semé au
commencement d'août, il fournit dès le mois d'octobre une
abondante récolte de feuilles que le bétail mange avec avi-
dité.
Les spécimens que je vous présente sont le produit d'un
semis fait à la volée, en plein champ, le il août dernier.
L'hiver est tellement doux que les plantes montent déjà à
graine ; mais on peut compter sur une récolte de feuilles
fraîches pendant tout l'hiver.
Le Pé-tsaï ne semble pas souiïrir de la gelée. Il a supporté
sans dommage les 30 degrés de froid de 1880, et ne s'est ja-
mais montré plus vert ni mieux portant que le jour où a dis-
paru le manteau de neige qui le protégeait.
Voici en quels termes un concours a été ouvert par la
3» SÉIUK, T. X. — Janvier 188J. 3
34 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
Société, en1866, pour l'introduction d'une plante fourragère :
Introduction en France et mise en grande culture d'une
plante nouvelle pouvant être utilisée pour la nourriture des
bestiaux. Concours ouvert jusqu'au l"" décembre 1885.
J'ai longtemps hésité à vous parler du Pé-tsaï de Mongolie,
Si je le mets aujourd'hui sous vos yeux, ce n'est pas que je
prétende au prix qui est ofïert. Je me borne, pour le moment,
à demander acte de la présentation d'une plante fourragère
nouvelle. Je crains bien, d'ailleurs, qu'une des conditions du
concours ne m'en interdise l'accès. En effet, je ne suis pas
agriculteur et je ne puis mettre, comme on l'exigerait, le
Pé-tsaï en grande culture.
TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ.
LE PHYLLOXÉRA EN AUSTRALIE
MOYENS EMPLOYÉS POUR LE COMBATTRE
Par n. Louis BOUTAI\I
On s'est beaucoup occupé, dans ces derniers temps, de
rechercher les moyens les plus efficaces pour préserver notre
colonie algérienne de l'invasion du Phylloxéra,
Je crois qu'il est bon de donner, à ce sujet, quelques indi-
cations sur la manière dont les Australiens ont combattu la
propagation de l'insecte dans les vignobles de la province de
Victoria.
Je me trouvais à Melbourne en 1881, délégué par le minis-
tère de l'Instruction publique, à l'occasion de l'Exposition
internationale qui avait lieu dans cette ville, lorsque la ques-
tion du Phylloxéra fut agitée, pour la première fois, en Aus-
tralie.
Le parlement de Victoria reçut une adresse alarmée des
viticulteurs de la province qui se plaignaient du dépérisse-
ment de leurs vignes et demandaient l'intervention du gouver-
nement pour rechercher et combattre la cause du mal. Une
commission fut nommée à cet effet et les renseignements qu'elle
recueillit lui firent soupçonner qu'elle se trouvait en présence
de l'ennemi qui ravageait les vignobles d'Europe, du Phyl-
loxéra.
Aucun des députés qui composaient cette commission n'a-
vait été à même d'étudier cet insecte, dont on n'avait pas
jusque-là, constaté la présence en Australie.
Le gouverneur s'adressa à M. de Montmahou, inspectcui
général, délégué du gouvernement français, sous les ordres
duquel je me trouvais et le pria de désigner un naturaliste
36 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
qui voulut bien s'occuper de la question. Je fus choisi et
adjoint à la commission dont j'ai parlé.
Les renseignements les plus contradictoires nous parve-
naient.
Certains propriétaires prétendaient que leurs vignes dépé-
rissaient sans cause apparente et niaient la présence d'aucun
insecte sur les racines. D'autres affirmaient que la maladie
était causée par un puceron qui dévorait les tiges.
D'autres enfin attribuaient le mal au Phylloxéra, mais le
définissaient de la manière la plus fantaisiste. L'un d'eux, à
qui l'on demandait quelle était la forme extérieure de l'in-
secte, répondit :
« Ceux que j'ai vus ressemblaient à un petit ver blanc, avec
une tête noire comme une mouche et de longues pattes comme
une araignée. »
Dans ces conditions, je ne pouvais évidemment me pro-
noncer avant d'avoir vu de mes propres yeux.
La commission tout entière se transporta à Geelong, ville
située sur la baie de Porl-Philip à une soixantaine de kilo-
mètres de Melbourne. Tout autour de ce point se trouvaient en
eliet d'importants vignobles dans lesquels on signalait l'exis-
tence de plusieurs centres d'infection.
Dans tout ce district, la vigne est devenue une source im-
portante de revenus et couvre une grande étendue de terres.
Elle est cultivée avec beaucoup de soin par des vignerons
suisses. Ceux-ci ont introduit de toutes pièces les pratiques
de culture en usage dans les cantons.
Malgré le bon marché des terrains, les ceps sont plantés
très près les uns des autres; et la terre est remuée à la main
à l'aide de bêches ou d'instruments analogues.
Des voitures mises gracieusement à notre disposition par la
municipalité de Geelong nous emportèrent rapidement à tra-
vers les vignobles qui bordent les deux côtés de la route. En
plusieurs endroits on apercevait les taches caractéristiques
que l'on a comparées avec raison à des taches d'huile, ce qui
me portait déjà à penser que c'était bien au Phylloxéra que
nous avions affaire .
LE PHYLLOXÉRA EN AUSTRALIE. 37
On s'arrêta bientôt; l'endroit clioisi était situé au fond d'un
vallon, et la vigne qui s'y trouvait offrait des traces manifestes
de faiblesse et d'appauvrissement. On arracha un certain
nombre de souches et, à mon grand étonnement, il ne fut
pas possible d'y découvrir un seul Phylloxéra.
Cet insuccès nous fut expliqué un peu plus tard par les vi-
ticulteurs de la contrée qui nous apprirent que, lors de la
saison des pluies, le vignoble en question avait été submergé.
J'avais ainsi sous les yeux, et sans l'avoir cherché, les bons
effets incontestables du traitement par submersion.
La commission se transporta alors sur les coteaux voisins
et là mes derniers doutes furent dissipés.
Les recherches furent, en effet, aussi concluantes que pos-
sible : les radicelles offraient çà et là les boursouflures carac-
téristiques en forme de chapelets. En plusieurs points, on
apercevait une poussière jaunâtre qui, examinée à la loupe,
permettait de reconnaître de jeunes Phylloxéras parfaitement
vivants.
Je m'étais muni de mon microscope, et, grâce à lui, je pus
montrer facilement et sous un faible grossissement aux mem-
bres de la commission les petits insectes que l'on voyait re-
muer sur le porte-objet.
Il restait cependant une question à résoudre.
Se trouvait-on bien en face du Phylloxéra vastatrix ou
avait-on aftaire à une espèce différente, indigène?
Cette question ne pouvait guère être résolue sur place. Je la
réservai pour une étude ultérieure et je rentrai à Melbourne
après m'être muni d'un assez grand nombre de spécimens qui
allaient me permettre d'étudier ce sujet à loisir.
Après les avoir dessinés soigneusement sous divers grossis-
sements, je comparai les figures obtenues à celles qu'adonnées
M. Maurice Girard dans son intéressante brochure que j'avais
précisément entre les mains. Je constatai une identité parfaite.
Aucun doute n'était plus possible. C'était bien le Phylloxéra
vastatrix qui ravageait les vignobles de Geelong. J'appris en
outre que ce ne sont pas des vignes américaines, mais des
vignes françaises déjà phylloxérées, notamment des aramons
6q SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION.
de l'Hérault qui ont introduit le Phylloxéra dans le district de
Geelong,
A la suite de cette excursion, le gouvernement de Victoria
me demanda de rédiger une note sur les divers modes de
traitements employés en France pour combattre l'insecte des-
tructeur et me pria d'y joindre mon opinion personnelle, pour
le cas présent. ,
Après avoir indiqué les traitements par arrachage, par sub-
mersion, par les sulfocarbonates, par le sulfate de carbone,
je préconisai la formation de syndicats, essayant d'établir que,
si l'on n'agissait pas avec ensemble, le résultat serait néces-
sairement nul ou incomplet. Je signalai, en outre, la façon
dont le gouvernement français subventionnait, dans certaines
occasions, les syndicats constitués, en ajoutant une somme
égale à la somme versée par chacun d'eux. Je terminai, en
faisant ressortir l'utilité d'une intervention administrative
pour vaincre les résistances que l'ignorance ne manque jamais
de susciter dans des circonstances analogues.
Les Australiens sont des gens fort pratiques et l'idée des
syndicats et de l'action directe du gouvernement les séduisit
beaucoup.
Un rapport rédigé dans ce sens par le président, L. Smith
esq., fut adopté par la commission; le parlement en fut saisi
et une loi fut bien vite édictée.
Les trois provinces de Victoria, de Nouvelle-Galles du Sud,
d'Adélaïde, constituées en association, devaient fournir cha-
cune 4000 livres (100 000 francs) pour subvenir aux frais
qu'allait nécessiter la destruction du Phylloxéra.
Tous les viticulteurs des districts envahis étaient tenus de
fournir 5 schellings (6 fr. 25) par acre de terre plantée en
vignes.
Ceux qui refuseraient d'enlrer dans les syndicats et dont
les vignes deviendraient des foyers d'infection seraient con-
traints d'arracher à leurs frais et ne recevraient aucune in-
demnité. Ceux qui feraient partie des syndicats recevraient le
prix de deux années de récolte et les frais de l'arrachage
seraient supportés par la caisse du syndicat.
LE PHYLLOXÉRA EN AUSTRALIE. 39
L'arrachnge, dans tous les cas, serait étendu à un mille de
distance autour de la tache et toute replantation était inter-
dite, pendant une année au moins, après l'arrachage.
Ces moyens ont-ils réussi? Je n'ai, à ce sujet, aucun ren-
seignement précis.
Tout énergiques et tout draconiens qu'ils paraissent, peut-
être n'étaient-ils pas encore assez radicaux.
Peut-être la zone protectrice d'un mille n'était-elle pas suf-
fisante, et, pour être sûr de réussir, il eût fallu l'étendre
encore davantage.
Enfin la limite de temps fixée pour une replantalion pos-
sible n'était pas assez éloignée, car j'ai pu constater, de mes
propres yeux, que le Phylloxéra vivait encore sur des racines
laissées dans le sol, après un arrachage qui remontait à deux
ans.
Ce fait a été établi dans une seconde excursion que j'ai
effectuée à Geelong en partie dans ce but.
Quoi qu'il en soit, cet essai de destruction par arrachage et
cette action coercitive d'un gouvernement plus démocratique
que le nôtre méritaient d'être signalés aux viticulteurs fran-
çais.
III. EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ.
SÉANCE GÉNÉRALE DU 5 JANVIER 1883.
Présidence de M. Henri BOULEY, Président.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
— M. le Président proclame les noms des membres nouvellement
admis par le Conseil, savoir :
MM.
Rertoni (Moïse), rédacteur de la Revue scien-
tifique suisse, docteur es sciences, à Lotti-
gna, canton du Tessin (Suisse).
Rravard (Philippe-Jean-Alfred), maire et pro-
priétaire, à Grandrif, canton de Saint-An-
thème (Puy-de-Dôme).
BuHLER (A. J.), 30, rue Vignon, à Paris.
COURTEILLE (François-Auguste), rue Charles-
Laffitte, 37, à Neuilly (Seine).
Delaquys (E,), rue Favart, A, à Paris.
Rault (Jules), rentier, 14, rue Demours, à
Paris.
RiHOUET (Amédée), conseiller référendaire à (
la cour des Comptes, 55, rue Jouffroy, à |
Paris. (
PRESENTATEURS.
H. Bouley.
A. Geoffroy Saint-Hilaire.
Saint-Yves Ménard.
H. Bouley.
J. Grisard.
Saint-Yves Ménard.
A. Barbey.
H. Bouley.
E. Roger,
A. Geoffroy Saint-Hilaire.
Morin.
Saint-Yves Ménard.
H. Bouley.
Saint-Yves Ménard.
J. Grisard.
H. Bouley.
Chesnel.
J. Grisard.
H. Bouley.
Saint- Yves Ménard.
E. Roger.
Romain (le commandant Léon-Paul), commis- , A. Geoffroy Saint-Hilaire.
saire du gouvernement, avenue de Madrid, ] Saint-Yves Ménard.
11, à Neuilly (Seine). ( A. Porte.
La Ligue du reboisement d'Algérie, rue Babazoun, à Alger (Al-
gérie) a en outre été admise au nombre des Sociétés agrégées.
— M. le Secrétaire procède au dépouillement de la correspondance.
— La Société d'horticulture d'acclimatation et des sciences du Cantal
adresse des remerciements pour sa récente affiliation à la Société natio-
nale d'Acclimatation.
PROCÈS-VERUAUX. M
— M. F. Zeiik, Directeur de l'Association de Pisciculture de la Basse-
Franconie, adresse ses remerciements au sujet de sa récente admission.
— M. le Gouverneur de la Cochinchine écrit à M. le Président : « En
réponse à votre dépèche, en date du 10 août, par laquelle vous me de-
mandez des renseignements sur les personnes qui ont rendu en Cochin-
chine des services à l'acclimatation, je ne puis mieux faire que de vous
transmettre le rapport qui m'a été adressé à ce sujet par M. Moquin-
Tandon, Directeur du Jardin Botanique.
» Colombier, qui vous est signalé, est certainement un des hommes
qui ont le plus contribué à l'amélioration de la santé des Européens par
l'introduction des plantes maraîchères presque indispensables à notre
alimentation. Grâce à lui, Saigon est devenu un pays de production, et
nous envoyons maintenant des légumes à Singapore et même en Chine.
» Mais Colombier est un travailleur modeste, vivant de peu, ne s'oc-
cupant que de son jardin, sa véritable passion, ne demandant jamais rien,
et il n'est pas surprenant que ses services aient été vite oubliés dans un
pays oîi la population blanche se renouvelle tous les trois ou quatre ans.
» Bien peu d'Européens aujourd'hui savent que s'ils mangent des
haricots verts, des petits pois, des asperges, etc., c'est exclusivement à
Colombier qu'ils le doivent.
» La Société d'Acclimatation ne peut accorder à cet homme une ré-
compense d'un ordre trop élevé, et je considère comme un honneur et
un devoir pour moi de contribuer à la lui faire obtenir. »
— M. le Président de la Ligue de reboisement de l'Algérie adresse à
i\l. le Secrétaire général la lettre suivante :
« Je viens de prendre connaissance des statuts et règlements de la
Société nationale d'Acclimatation que vous avez eu l'obligeance de m'a-
dresser.
> Je vois figurer, au n° 2 des prix extraordinaires à décerner, le para-
graphe suivant :
« § 1 La Société voudrait voir étudier particulièrement les causes
» qui peuvent s'opposer à l'acclimatation et les moyens qui peuvent servir
» à combattre ou prévenir leurs effets. »
» Je pense que les travaux de la Ligue répondent au but indiqué,
puisque nous avons étudié particulièrement les causes qui s'opposent en
Algérie à l'acclimatation, non seulement des animaux et des végétaux,
mais encore de l'homme.
» Notre climat, jadis magnifique, et qui pouvait admettre toutes les
cultures, est transformé aujourd'hui au point que l'on doit craindre
inèine pour l'existence de la vigne, notre dernière ressource. Les races
d'animaux dégénèrent, les cultures se limitent de jour en jour, et il ne
faut plus songer à l'introduction d'aucune espèce exotique.
î La cause de tous nos malheurs a été nettement spécifiée par nous :
a'est la dévastation insensée de nos forêts !
42 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
» Tous nos efforts tendent à obtenir de l'État et des particuliers que
ces ravages soient arrêtés et que l'on repeuple les sommets dénudés de
nos montagnes.
î J'espère donc que nous aurons l'honneur de voir admis au bienveil-
lant examen de notre Société les travaux de la Ligue, qui n'ont, en défi-
nitive, pour but que de rendre possibles en Algérie l'habitabilité de
l'homme et l'acclimatation des animaux et des végétaux. »
— M. le Président du Comité central d'Exposition de l'île de la Réu-
nion écrit à M. le Président :
« M. le Gouverneur m'a transmis, pour y être répondu par le Comité
central d'Exposition, la lettre en date du 10 août dernier par laquelle
vous avez bien voulu lui demander de vous faire connaître quelles sont,
en ce moment, les questions se rattachant à vos travaux, qui intéressent
la Colonie, et les services rendus à l'acclimatation, dans le pays, pen-
dant ces dernières années.
j Le Comité, réuni à cet effet, s'est empressé, dans sa séance du
J8 courant, de préparer les notes que j'ai l'honneur de vous adresser
sous ce pli.
» En vous les transmettant, permettez-moi de me faire l'interprète
des sentiments de gratitude qu'éprouve le Comité pour l'attention dont
l'île de la Réunion a été l'objet, de la part de la Société d'Acclimatation
de Paris.
» La démarche toute bienveillante dont elle vient de prendre l'initia-
tive a produit une excellente impression dans, la Colonie qui en a été
informée par la voie des journaux ; elle ne peut manquer d'y avoir aussi
de très bons résultats, .le me joins à mes collègues pour vous prier d'en
recevoir nos bien sincères remerciements et d'en témoigner toute notre
reconnaissance à la savante Société que vous présidez. »
— M. le marquis de Pruns, Secrétaire général de la Société d'horti-
culture d'Acclimatation et des sciences du Cantal, écrit du château de
Brassac :
« Mon éloignement de Paris ne me permettant pas d'assister aux inté-
ressantes réunions de la Société d'Acclimatation , permettez-moi d'en-
voyer à nouveau un vœu, que j'avais déjà émis, et que je regarde comme
extrêmement utile pour l'avenir.
» Il faut que les animaux élevés par l'homme pour l'agriculture se con-
forment comme taille, à un moment donné, avec l'émiettement et la dispa-
rition de la grande propriété. Dans nos départements du Centre, les ani-
maux de petite taille, et d'une nourriture facile et peu coûteuse, doivent
être propagés.
» J'ai donc l'honneur de demander à la Société d'Acclimatation de
Paris, dont les avis ont une si grande autorité : 1° que, par l'intermé-
diaire de son Bureau, elle demande au ministère de l'Agriculture que
dorénavant la Chèvre soit admise, soit comme laitière, soit comme lai-
PROCÈS-VERBAUX. 43
nage, aux Concours régionaux, parce qu'elle répond à un besoin de
l'époque, qu'elle est, par excellence, la vache du pauvre, parce que les
belles espèces à soie de l'Orient peuvent enrichir l'industrie de laines
fines et donnent des pelleteries d'une grande solidité; 2" que l'État, afin
d'encourager l'élevage, leur accorde des primes. 11 en donne à des ani-
maux infiniment moins utiles.
» Je demande que mon vœu soit transmis à qui de droit et formulé
dans une des prochaines réunions. Je demanderai également que la So-
ciété encourage, dans nos provinces du Midi, les variétés très naines de
Chèvres comme chasse. »
— M. Naudin adresse la note qui lui a été demandée en vue de fournir
à M. Le Châtelier, officier aux affaires indigènes, en mission à Ouargla,
les instructions qu'il désire pour les cultures à entreprendre dans cette
oasis :
« Je serai enchanté, écrit notre savant confrère, d'entrer dans les
vues de M. Le Châtelier, autant que mes faibles moyens me le per-
mettront. Ouargla, à la latitude de 32 degrés, presque celle de la basse
Egypte, serait un magnifique endroit pour faire de l'acclimatation de
plantes et d'animaux, si l'on peut y avoir de l'eau (condition première)
et si l'accès en est facilité par une bonne route, et mieux encore par un
mauvais chemin de fer, à une seule voie, en attendant qu'on puisse faire
mieux.
» Je ne connais pas personnellement la localité; mais, dès qu'il y a
des habitants, on peut augurer qu'elle peut devenir importante, comme
point d'appel, pour les caravanes qui vont trafiquer avec le Soudan.
» Ce qu'il faut, avant tout, c'est de l'eau, qu'elle vienne de puits arté-
siens ou d'étangs et de lacs créés artificiellement par des barrages, peu
importe. Avec l'eau, on fera tout ce qu'on voudra. Si on veut y établir
des cultures, et il faudra qu'on en vienne là, la première chose à faire,
selon moi, serait de faire d'épaisses plantations d'arbres autour des
centres de culture, pour arrêter, au moins dans une certaine mesure, le
vent du désert et l'envahissement du sable apporté par ce vent ; fixer les
dunes par des plantations de plantes à racines traçantes et d'arbustes
rustiques appropriés au sol et au climat. On les ti:ouverait probable-
ment dans le pays même.
» Pour qui ne connaît l'endroit que par ouï-dire, il n'est pas facile
d'indiquer le choix à faire. On peut cependant l'essayer, sauf à corriger
les erreurs au fur et à mesure que l'expérience les ferait reconnaître.
A première vue, les arbres, arbrisseaux et plantes drageonnantcs des
parties les plus arides de l'Australie (qui peuvent, sous plus d'un rapport,
rivaliser de sécheresse et de chaleur torridc avec le Sahara algérien),
semblent devoir être recommandés en première ligne. Ce sont, par
exemple, les Eucalyptus buissonnants, les Mélaleucas, les Calothammis,
les Acacias phyllodaires, en un mot toute cette broussaille dure qui
M SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
constitue, en Australie, ce qu'on appelle les Mallee scriibs. C'est avec
cette végétation exercée à endurer la plus extrême sécheresse qu'on for-
merait la ligne de défense contre le sable et le vent du désert.
» En dedans de ce rempart, s'établiraient les cultures productives
(toujours à condition qu'il y aurait de l'eau), Dattiers, céréales appro-
priées au sol et au climat, arbres fruitiers (Pruniers, Abricotiers, Vignes,
Kakis de la Chine et du Japon, Orangers, Mandariniers, Citronniers),
aux(]uels on pourrait essayer d'ajouter le Manguier {Mangifera indica),
qui fructifie très bien à Madère et aux Canaries, l'Avocatier, le Maniméa
ou Abricotier d'Amérique, etc. Les plantes fourragères ne devraient
pas être oubliées, et ou pourrait essayer d'abord celles qui sont indi-
quées dans le pays, sauf à les améliorer par la culture, puis les fourra
gères exotiques, dont le nombre est grand. Comme arbres à produire
rapidement du bois, je n'en vois pas qui conviennent mieux que les
Eucalyptus, mais il faudrait choisir, dans le grand nombre des espèces
du genre, celles qui i)Ourraient s'accommoder du terrain. Si le terrain
est humide ou marécageux, ce sont les Swamp gums qu'il faudrait
choisir; si le terrain est sec pendant la plus grande partie de l'année, il
faudrait y mettre les espèces qui craignent l'humidité stagnante dans le
sol. Tout ceci, bien entendu, est purement théorique; il faudrait avoir
séjourné quelque temps sur les lieux pour savoir à peu près à quoi s'en
tenir sur les succès à attendre de ces diverses plantations.
» Si elles réussissaient, Ouargla serait le lieu oîi la Struthioculture
aurait toute chance de prospérer. On serait là dans le climat de l'Au-
truche. Toutes les bêtes curieuses de la Nouvelle-Hollande, mammifères,
oiseaux, reptiles, mollusques terrestres (comestibles), animaux à domes-
tiquei' [)Our la table ou le plaisir des yeux, seraient là comme dans leur
paradis terrestre. Mais je répète qu'il faut de l'eau, encore de l'eau, et
toujours de l'eau, et si M. Le Chàtelier est assez heureux pour perforer
le sol aux bons endroits, il aura rendu un service immense au pays, à la
science et à l'industrie. »
— Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Laniol et G. Lar-
rieu. — Renvoi à la Conunission spéciale.
— M. Garnot communique deux lettres par lesquelles MM. Géré et
Maurice de Muizon lui rendent compte de l'élevage des Canards du
Labrador qu'ils ont reçus. M. Géré a obtenu trois couvées du couple qu'il
tenait directement de M. Garnot; une couvée de 8 Canetons, et deux de
7 chacune.
M. Maurice de Muizon a reçu de M. Jacquemart (de Reims) un Canard
et une Cane. « Le mâle, écrit M. de Muizon, était beau; mais la Cane
était petite et tachée de blanc. En fort peu de temps, les Canetons sont
devenus plus gros que leur mère, leur plumage est magnifique; trois ou
quatre d'entre eux avaient quelques petites plumes blanches; ceux-là ont
tous été mangés et trouvés fort bons.
PROCÈS-VERBAUX. 45
) Goniine j'avais beaucoup de femelles, j'ai pu donner un mâle et
deux femelles au père Prieur de la Trappe d'Egiiey (membre de la
Société d'Acclimatation) qui m'avait été indiqué pour recevoir le lot
que je devais, selon vos instructions, donner à un membre de notre
Société.
> En résumé, la race du Labrador a fort bien réussi chez moi et j'es-
père, l'année prochaine, en avoir encore de meilleurs résultats. >
— M. Nelson-Pautier écrit de Lisie (Uordogue) : « J'ai l'honneur de
vous envoyer la relation d'une remar(iue fortuite que j'ai eu l'occasion de
faire sur la somme extraordinaire de résistance vitale présentée par le
Lapin.
» Quelle que soit l'invraisemblance apparente de mon récit, je l'assure
exact, et vous pouvez y ajouter foi. Je tiens d'ailleurs à la disposition des
incrédules, les témoignages affirnialifs des personnes, parfaitement hono-
rables, qui ont, en même temps que moi, constaté le fait:
» Le mardi 31 octobre dernier, je prêtais un superbe Lapin étalon,
de race commune mais pesant néanmoins, alors, 4*"' ,500, à un de mes
amis chez lequel je devais le reprendre le mercredi 8 novembre. Ce
jour-là, en ell'et, au moment de mon départ (neuf heures du matin), le
Lapin a été placé dans le colfre de ma voiture, et ramené chez moi. Ce
coffre, très étroit et élevé de G'" ,25 seulement, ne contenait absolument
rien, et ne permettait à l'animal presque aucun mouvement.
î En rentrant, j'ai trouvé chez moi une lettre qui exigeait, de ma
part, un voyage immédiat, et je suis parti par le premier train, oubliant
de faire délivrer la malheureuse bête. Mon absence a duré jusqu'au
13 novembre.
» A mon retour, j'avais quelques affaires à mettre au courant, et je n'ai
point songé au Lapin. Le samedi 18 novembre seulement, à deux heures
du soir, c'est-à-dire un peu plus de dix jours après son incarcération, je
me suis souvenu de la pauvre bête, et, la supposant morte depuis plu-
sieurs jours, j'ai donné l'ordre, à mon domestique, de l'extraire du
coffre, et de l'enfouir.
» Je supposais mal. Le Lapin n'était point mort, mais d'une maigreur
telle qu'il ne pesait plus que l'"',380. 11 a dû se nourrir de sa fiente,
puisqu'il ne s'en est pas trouvé un atome dans le coffre.
» J'ai placé aussitôt ce Lapin dans une boite, et je lui ai présenté une
tige de carotte qu'il a mangée très lentement. Le soir, je lui ai donné
deux ou trois grammes de son. Le lendemain et les jours suivants, il a
reçu, progressivement, une nourriture plus abondante, et, cinq jours
après sa délivrance, il se portait à merveille.
» Aujourd'hui, il a reconquis sa vigueur habituelle, il pèse 3'''',900, et
a repris, depuis huit jours, son service d'étalon, ne paraissant conserver
aucune trace de son jeune prolongé. »
— A l'occasion de cette lettre, M. le Président rappelle les expériences
46 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
faites par M. Morot, aujourd'hui vétérinaire inspecteur de la Bou-
cherie de Paris. On doit à M. Morot, qui exerçait précédemment à
Semur, de curieuses observations sur l'habitude singulière qu'a le Lapin,
placé dans certaines conditions, de faire disparaître ses excréments,
qu'on retrouve dans son estomac à l'état de pelottes stercoraires. L'exis-
tence de ces pelottes avait déjà été signalée par Aristote; mais on en
ignorait l'origine. Le fait a été soumis au contrôle d'un vétérinaire de
l'École d'Aï fort, qui en a reconnu la parfaite exactitude. Il a été constaté
en outre que l'animal ne reprend ses déjections qu'au moment même de
leur expulsion, et avant qu'elles ne soient tombées à terre.
M. le Président ajoute que les Lapines mères nettoient de la même
façon leur nid; on a observé qu'une femelle peut ainsi contracter la
tuberculose en prenant les excréments de ses petits auxquels on avait
inoculé la maladie.
— M. le Président de la Société Linnéenne du nord de la France trans-
met le rapport suivant, présenté à cette société par M. Léon Carpentier
sur l'établissement de pisciculture de M. Alphonse Lefebvre à Amiens :
« Les expériences de M. Lefebvre peuvent se diviser en deux catégories :
1" l'élevage des poissons comestibles indigènes et des espèces étrangères
susceptibles d'être acclimatées dans notre région et dont la reproduction
en liberté serait un véritable bienfait pour l'alimentation publique;
2° l'élevage des poissons d'ornement, qui n'offre qu'un intérêt de curio-
sité.
» Toute cette ménagerie aquatique consomme de la chair de bœuf ou
de cheval finement hachée; mais les alevins sont nourris de proies vi-
vantes, consistant en larves de tipules, nais, cntomostracés d'eau douce
et autres petits animaux aquatiques.
)) Les appareils d'éclosion sont disposés dans un local spécial oîi se
trouvent aussi plusieurs grands aquariums dans lesquels l'eau se renou-
velle incessamment, et où les jeunes poissons acquièrent, sous l'œil de
l'observateur, une taille suffisante pour pouvoir être lâchés dans la ri-
vière qui arrose la propriété.
» Ombles-Chevaliers. — Ce beau poisson croît assez rapidement; mais
il est assez difficile à élever jusqu'à la résorption de la vésicule ombi-
licale. Beaucoup d'alevins périssent par suite d'un gonflement anormal
de cette vésicule qui se trouve alors entourée d'une seconde enveloppe
renfermant une quantité relativement considérable d'eau albuminée.
j) M. Lefebvre a réussi à sauver d'une mort certaine une cinquantaine
d'alevins malades, en crevant avec précaution l'enveloppe extérieure de
la vésicule, d'où s'échappait un liquide séreux.
» Cette petite opération chirurgicale mérite d'être portée à la connais-
sance des pisciculteurs qui ont dû observer cette maladie dans leurs
élevages d'Ombles-Chevaliers.
j» Vn certain nombre de ces poissons, nés du 10 au 20 février 1881,
PROCÈS-VERBAUX. 47
J'œufs reçus d'Huningue, mesurent aujourd'hui de 12 à 22 centimètres
de longueur.
» Truites. — M. Lefebvre a obtenu de nombreuses éclosions de cet
excellent poisson. Dans un compartiment de la rivière, on voit 18 Truites
de 25 à 30 centimètres de longueur. Elles proviennent d'œufs fécondés
artificiellement le 15 novembre 1879, éclos en février 1880. Le reste de
cette édosion a été lâché dans le bassin de la Hotoie.
» D'autres individus, hybrides de la Truite commune et de la Truite
des lacs, longs de 15 à 20 centimètres, proviennent d'œufs fécondés le
15 novembre et éclos au commencement de janvier 1881.
» Plusieurs sujets ont atteint, dans la petite rivière, une taille de 35 à
45 centimètres de longueur, et un poids de 600 grammes à 1 kilo-
gramme.
» Sahno fontinalis. — Environ 200 individus de cette espèce pro-
viennent d'œufs envoyés par la Société d'Acclimatation. Tous ces pois-
sons, malgré leur différence de taille (5 à 16 centimètres de longueur),
sont de la même éclosion (février 1882). L'envoi se composait de 1611 œufs
dont 6 ne sont pas éclos, 17 jeunes sont morts avant la résorption de la
vésicule ombilicale, et 1588 sont arrivés à l'état d'alevins, et ont été
placés dans un grand aquarium, le 17 mars, puis dans la rivière, le
20 juillet. 11 en restait alors 1185.
» Éperlaus. — M. Lefebvre a aussi tenté d'élever l'Éperlan de Seine;
mais cette espèce, localisée dans les larges estuaires, ne pouvait trouver
en captivité les conditions nécessaires à son existence. 7 individus reçus
le 7 novembre 1881, ont vécu 5 mois dans un bassin. Au commencement
d'avril, la laitance des mâles s'échappait facilement; c'est alors qu'ils
furent attaqués par le byssus qui les fit périr avant que les œufs de la
femelle fussent tout à fait mûrs; celle-ci ne tarda pas à éprouver le
même sort. 11 est douteux que ce petit salmonide puisse s'acclimater
dans nos eaux.
» Macropodes. — Un grand nombre de ces jolis poissons provenant de
plusieurs générations, sont logés dans un large aquarium. La fécondité
de cette curieuse espèce est remarquable, et sa croissance est très rapide.
Un couple de Macropodes nés le 14 mars 1876, et mis à part le 14 août
suivant, avait des .jeunes cinq jours après. Malheureusement la tempéra-
ture assez élevée qu'exige ce poisson, nuira à sa propagation dans les
aquariums. Les amateurs lui préfèrent les espèces rustiques pouvant se
passer de bassins chauffés...
)) Un des aquariums offre un spectacle des plus intéressants : c'est la
réunion des métis de Cyprins dorés de la Chine avec sa variété mons-
trueuse, connue sous le nom de Télescope. Les individus obtenus par ce
croisement, au nombre d'environ trois cents, présentent une infinie va-
riété de formes, rappelant un ou plusieurs des caractères du type téles-
cope : ventre ballonné, yeux saillants, queue double.
48 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
» M. Lefebvre a compris le haut intérêt du repeuplement de nos rivières,
et si les effets n'ont pu s'en faire sentir jusqu'à présent qu'en de rares en-
droits, il faut en attribuer la cause à la mauvaise qualité d'une grande
partie de nos eaux courantes, empoisonnées par les égouts d'usines dans
les environs d'Amiens.
» Nous avons cependant la conviction que M. Lefebvre trouvera un
champ d'expériences assez vaste pour acclimater dans noire pays les
belles espèces de Salmonidés et en repeupler nos cours d'eau.
ï La Société d'Acclimatation, qui a déjà fait participer notre collègue
aux distributions d'œufs de poissons qu'elle envoie généreusement aux
pisciculteurs, au moment du frai, continuera, nous l'espérons, à lui
mettre en mains de nouveaux sujets d'étude, qu'il saura utiliser avec
intelligence. »
— M. Von Behr, président de la Société allemande de pisciculture,
écrit, à M. le Secrétaire des séances : « Le lac de Garde possède deux
espèces délicieuses de Truite : d'abord la vraie Trutta lacustris, qui fraye
très tard, et puis le Carpione {Farlo Carpio), curieuse espèce qui fraye
soit en juillet, soit en décembre.
î J'en ai commandé des œufs, et je vous enverrai, probablement en
janvier, 2000 Trutta lacustris et 3000 Carpioni.
» Vous recevrez aussi des œufs de petite 3Iaraene [Coregonus al-
bula). î
— M. Zenk, directeur de l'Association de pisciculture de la Basse-
Franconie, annonce l'envoi qu'il a l'intention de faire à la Société d'ale-
vins de Sandre [Lucioperea aandra).
— M. Raveret-Wattel fait ressortir l'intérêt qui s'attacherait à l'intro-
duction du Sandre dans certaines eaux closes, oîi cette belle et bonne
espèce de Percoïde, du centre et du nord de l'Europe, réussirait proba-
blement fort bien, pourvu qu'elle y trouve une eau pure, autant que
possible un fond de sable, et surtout une nourriture abondante, car elle est
extrêmement vorace. « Le Sandre ou Brochet-Perche, ajoute M. Raveret-
Wattel, rappelle, comme son nom l'indique, d'un côté le Brochet par
ses formes élancées, par sa tête allongée et par ses grandes dents ; de
l'autre, la Perche par ses écailles rugueuses, par la forme et la disposition
de ses nageoires dorsales et par les taches de ses flancs. Puissamment
armé, atteignant rapidement une forte taille, et toujours poussé par un
appétit insatiable, le Sandre exerce continuellement autour de lui de
terribles ravages. 11 est aisé de comprendre quelle énoi'me destruction
de poissons doit faire un Carnivore qui atteint, en peu de temps, une lon-
gueur de 3 à 4- pieds, avec un poids de i25 à 30 livres. Évidemment on ne
saurait songer, à cause de sa voracité, à introduire une pareille espèce
dans nos rivières déjà si dépeuplées; mais elle aurait sa place indiquée
dans des eaux closes, riches en poisson blanc. »
— A cette occasion, M. Raveret-Wattel signale un nouveau règlement
PROCÈS-VERBAUX. 49
sur la pêche, récemment mis en vigueur en Italie (i), règlement qui in-
terdit d'introduire toute nouvelle espèce de poisson dans un cours d'eau
sans avoir obtenu la permission du Préfet, lequel doit, avant de l'accor-
der, prendre l'avis du Conseil provincial et de la Chambre de commerce.
— M. Sanford, de Washington, met à la disposition de la Société des
noix de Pacanier provenant de ses propriétés. «Le Pacanier, écrit
M. Sanford, est très répandu dans les forêts du Texas et on en exporte
beaucoup de noix vers le Nord, où elles sont très goûtées comme fruits
de dessert. Mais les meilleures sont celles qui viennent des arbres cul-
tivés; elles sont plus grosses, les arbres sont aussi plus grands. J'en ai
une douzaine; ils sont superbes. .)e serai très heureux d'avoir été utile
à l'introduction de cet arbre en France.
» J'avais d'abord supposé qu'il était impossible de le faire végéter
dans un pays aussi froid que la Belgique. Mais les amis auxquels, il y a
une douzaine d'années, j'ai donné de ces noix ont obtenu des arbres
très beaux.
» Chez nous ils croissent très vite, et en Flandre il y en a qui ont pro-
duit des fruits dès l'âge de huit ans. Je suis persuadé qu'au sud de la
France, le Pacanier deviendra un grand et bel arbre.
» Je vous adresserai prochainement des noix pour semis. »
— M. Charles iNicolas, professeur d'agriculture à Oran, demande à
prendre part aux concours de la Société, et transmet un catalogue des
végétaux cultivés au champ d'études de la Lunette de la Gampana.
— M. Humbert, instituteur à Baddou (Haute-Saône), adresse un rap-
port détaillé sur les essais de culture en 1881-1882.
— M. Raoul de Cazenove écrit de Bal mont (Rhône) : « J'ai l'honneur de
vous adresser le tiers de ma récolte de Soja, provenant du cheptel de
graines qui m'avait été confié, il y a deux ans, par la Société. J'espère
étendre davantage cette culture l'an prochain. Le second semis a été
fait fin mars, à l'exposition du sud-sud-ouest, sur une terre de 7 pour 100
de déclivité, sous-sol granitique, terre argilo-calcaire, anciennement
fumée et contenant assez d'humus. La récolte de chaque pied a été
de 15 à 25 gousses, le plus ordinairement contenant deux pois, très
rarement quatre.
» Une terre plus légère que celle dont je dispose, par exemple le
terrain sablouneux, dit siz, dans les Cévennes, provenant de la désagré-
gation du granit, convient beaucoup mieux au Soja, ainsi que je m'en
suis assuré par un essai.
» En règle générale, la terre bonne pour l'asperge est bonne pour le
Soja. Mes graines de Rhubarbe du Thibet n'ont pas réussi; quant aux
(l) Ri'glcment du 13 juin 1880 concernant la pêche maritime et nuriale
(voy. Annuaire de législalion étramjàre, 1881, p. 311, 312, et bulletin des Ira-
vaux publics, août 1882, p. 148).
3" SÉltiE, T. X. — Janvier 1883. 4
50 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
fèves Agua-Dulce, elles ont réussi partiellement, mais les plantes ont été
attaquées par les limaces et nia récolte a été infime ; mon terrain est
peut-être trop sec pour cette légumitieuse des plaines marécageuses de
la Lombard ie. d
— M. Charlfes Baltet écrit de Troyes : «Je tiens à la disposition de la
Société un lot de graines (baies) de Lo-za {Rkamnus utilis), arbrisseau
rustique qui produit le vert de Chine. »
— M. le Président donne lecture d'une lettre dans laquelle M. Vavin
signale un remède contre la rage, dont l'indication aurait été donnée à
l'Académie des sciences il y a déjà plusieurs années. M. le Président veut
bien se charger de faire recherther cette communication dans les
archives de l'Académie.
— M. Raveret-Watlel appelle l'attention de la Société sur les diffi-
cultés que présente le repeuplement des cours d'eau dans l'état actuel
des choses, et il fait ressortir la nécessité, pour la pisciculture, d'entrer
dans une voie franchement industrielle par l'exploitation des eaux closes.
Il entre, à ce sujet, dans quelques détails descriptifs sur plusieurs éta-
blissements de pisciculture, qui, de création relativement récente, à
l'étranger, donnent des produits très rémunérateurs. Il mentionne éga-
lement l'établissement créé dans le département de l'Ain, par ftl. Lu-
grin, de Genève, établissement où se trouve mis en usage un procédé
très ingénieux pour fournir au poisson une nourriture animale à bon
marché. (Voy. au Bulletin.)
— M. Saint-Yves Ménard signale un fait curieux de lactation prolongée
observée au Jardin d'Acclimatation, chez une Vache de race Schwitz,
castrée d'après le procédé de M. Charlier. Cette Vache a donné en quatre
ans 12 594 litres d'un lait beaucoup plus riche que celui de certaines
Vaches normandes considérées comme très bonnes laitières.
M. Saint-Yves Ménard ajoute que la castration facilite en outre l'en-
'gfaissement. Un embonpoint considérable se manifeste dès que s'arrête
la lactation, et il est probable que la viande gagne aussi en qualité.
SÉANCE GÉNÉRALE DU 19 JANVIER 1883.
Présidence de À. Henri BoULEY, Président.
Le \)rocès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
— M. le Président proclame les noms des membres nouvellement ad-
mis par le Conseil, savoir :
M. PRÉSENTATEURS.
, , . iwA / L. Binder.
Benoit (Constant^, avoue, 4, avenue de W- \ ^ ^^^^^^^^ Saint-Hila.re.
pera, à Pans. ( Saint- Yves Ménard.
PROCÈS-VERBAUX. 51
MM. PRÉSKNTATEUKS.
Blancherais (Henry de la), propriétaire, / A. Berthoule.
membre du Conseil municipal, à Cannes } J. Cornély.
(Alpes-Maritimes). ' Raveret-Wattel.
,., . , . ,, . , „ . l A. Geoffroy Saint-Hilaire.
Cantrelle (Alexis), propriétaire, a beauvais ) . n f
\ A. t orte.
^ ^' ( Saint- Yves Ménard.
Desmatte (Alexandre-Auguste), professeur ( , ^ „ c • . n-i •
. ^ ,, ® , , ,-,, , l A. Geoffroy Saint-Hilaire.
des sciences naturelles au lycée tnarle- i ^, , ,.
.0,1 1 .. • r. • ' ( Cn. Leno-lier.
magne, 13, boulevard Saint-Germain, a/ q • . v m' .1
^^ , , f oaiut~\ves Menarcl.
Pans. V
,, /,^ . V ■■, ■ A" I ( A. Geoffroy Saint-Hilaire.
DUBUISSON (Eugène), propriétaire, 1/, rue de \ •'
•w^ 1 < r\ • S J 0 U îl II 11 0 .
Presbourg, a Pans. / a r> ■
^' [ A. Porte.
■^ • .V ./.Il 110, / L. Binder.
Lamy (David), avoue, 6, boulevard de blras- (| . ^ ^ ,. - , ,,., .
, ^ . < A. Geoffroy Saint-Hilaire.
bourg, a Pans. I c ■ , v m ■ a
^' \ baint-Yves Menard.
,r , s • . • t K. . {H. Bouley.
Leudet (Léon), propriétaire, 4, rue Menars, \ . ^ <«- c „ tii ■
.^ /> r r > » ' ) A. Geoffroy Saint-Hilaire.
( Saint- Yves Ménard.
, ^ ,„^ r. • T . A. Geoffroy Saint-Hilaire.
Maisonneuve (Charles), 13"2, rue Saint-Lu- •» » p .•
zare, à Paris, et à Nantes (Loire-Inférieure). ) ^ • . v ai- j
' ' ^ \ Saint-Yves Menard.
Mahieux (E. j. a.), caissier de la Société des ^ A. Dieu.
ï)épôts et Comptes-courants, 63, avenue j Gaudinot.
de Neuilly, à Neuilly. " ( Jouenne.
»r .,.• . •. ■ .or> 1 Lesesne.
Mallassagne (Pierre), propriétaire, 139, ave- ^ .
nue de Neuilly, à Neuilly (Seine). f o • * a- a« - j
■" J V / ^ Saint-\ves Menard.
,.,,,, , . r- , , J / A. Berthoule.
Maquaire (Amedee), négociant, o, boulevard \ ,. • n- 1
," , • L ■ l Maurice Girard,
de Strasbourg, a Pans. / c • » v m - j
°' V Saint- Yves Menard.
,„ , ... ,a^-, i A. Geoffroy Saint-Hilaire.
MoussET (Pierre), propriétaire, 127, avenue \ . p '
de Neuilly, à Neuilly (Seine). ^ Saint-Yves Ménard.
RotViÈRE (Jacques-Albert), ingénieur civil, / A. Geoffroy Saint-Hilaire.
lauréat de la prime d'honneur du Tarn, à . Maurice Girard.
Mazamet (Tarn). ' A. Porte.
SnARLAND (Hubert-Henry), propriétaire, à la / A.Geoffroy Saint-Hilaire.
Fontaine-SaintrCyr, près Tours (Indre-el- | A. Porte.
Loire). ( Saint-Yves Ménard.
r. ,^. . « »T f A. Berthoule.
SOLLER (Charles), explorateur, 7, rue Nou- \ ^^^^^ Grisard
^^"^' ^ P^"^- Ravcret-Waltel.
M. PRÉSENTATEURS
A. Blot.
Gleize.
52 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
M.
VioT (Antoine-Eugène), ancien notaire, 62,
rue Charles-Lalitte, à Neuillv (Seine). i "'T"""' ,, , ,
■> ^ ^ \ Saint- Yves Menard.
— M. le docteur Bertoni adresse des remerciements au sujet de sa
récente admission.
— M. le Ministre de la Marine annonce qu'il vient d'attribuer à la
Société un exemplaire de la Flore de la Cochinchine, par M. Pierre. —
Remerciements.
— Des demandes de cheptels sont adressées par MM. le vicomte de
Bruce, Dodemont-Delloye, Fabre, Desroches, Le Pelletier, Léon Menant,
Nelsou-Pautier et le marquis de Pruns.
— M. Jourdan écrit de Voiron (Isère): « Le 17 juillet dernier, dans
une éclosion de poussins de la race pure de Langshan, j'ai obtenu un
jeune Coq revêtu de soies au lieu de plumes.
» Si j'avais eu chez moi la race nègre, j'aurais pu croire à un rappro-
chement entre les deux espèces; mais, depuis cinq ans, je n'ai plus de
volailles nègres. Les parquets où sont les Langshan leur sont spéciale-
ment affectés; d'ailleurs, c'est à ce jour la seule espèce à laquelle j'ai
accordé toute ma préférence.
» Sans que j'aie l'espoir que le Coq dont je parle obtienne la taille et
le poids de son père (5''"300 au 18 mars), il est d'une jolie force, très
fier: il porte bien la tête, qui est ornée d'une jolie crête et d'oreillons
qui sont d'un rouge des plus intenses ; tout le corps est bien fourni de
soies, qui sont d'un noir de charbon; les tarses et les pieds sont bien
garnis de ces mêmes soies,
•» Je crois qu'avec ce Coq, qui est très ardent, il serait facile de créer
et au besoin de fixer une race par des sélections bien comprises. Reste à
savoir s'il n'y a pas là simplement une bizarrerie. »
— M. Croq écrit de la Grande-Métairie (Vienne) : « Depuis deux ans,
je m'occupe de l'élevage de Perdrix rouges, surtout de la Perdrix rouge
Bartavelle. Deux couples de deux ans ont pondu cette année ; la fe-
melle de l'un a pondu vingt-sept œufs et l'autre neuf. C'est assez rare
à l'état domestique, tous les œufs étaient bons; j'en ai élevé vingt et
un, qui sont tous bien portants, et que je lâcherai après la clôture de
la chasse. »
— M. de Behr, Président de la Société allemande de pisciculture,
annonce les envois qu'il compte faire faire prochainement à la Société
d'œufs embryonnés d'Omblc-Chevalier {Salmo salveliniis) et de deux
espèces de Truite : Salmo lacustris et Salmo carpio, provenant du lac
de Garde.
— M. le Secrétaire des séances fait connaître que les œufs annoncés
par M. de Behr sont déjà arrivés; ils étaient en parfait état, et ont été
FROCÈS-VERBAUX. 53
distribués sans retard. M. Raveret-Wattel donne à cette occasion les
renseignements ci-après :
« La Truite, connue eu Italie sous le nom de Carpione, est une belle
et bonne espèce, dont la réputation était déjà établie du temps de Linné
et de Block, qui la désignent sous les noms de Salmo carpio et de
Fario carpo. Heckel est également d'avis que c'est bien une espèce
distincte (et non une simple variété locale), très voisine, d'ailleurs, delà
Truite des lacs [Salmo lacustrls). On la trouve presque dans tous les lacs
du Tyrol et de la Haute-Italie, avec une autre espèce spéciale, elle aussi,
à la même région : la Truite à joues rayées {Salmo genivittatus). Les
Carpioni du lac de Garde sont particulièrement estimés; la chair en ^
est très saumonée. Cette espèce, qui n'atteint pas une très forte taille,
a les écailles assez grandes et le corps maculé de petites taches noirâ-
tres. Elle se plait surtout dans les eaux très profondes.
» D'après M. Ganevari, Président de la Société de pisciculture du lac de
Garde, elle fraye dans le lac même, au lieu de remonter dans les cours
d'eau, comme le fait la Truite des lacs, au moment de la reproduction.
Des essais d'acclimatation de ce poisson vont être faits dans les lacs de
l'Allemagne du Nord où le Salmo lacustris n'a pas donné jusqu'à présent
des résultats très satisfaisants, malgré la nature des fonds, composés de
sable et de gravier.
» L'Omble-Chevalier {Salmo umbla, S. salvelinus), souvent désigné
en Allemagne sous le nom de Truite rouge {Rothforolle), est un poisson
moins actif, moins carnassier que la Truite. Gomme il varie beaucoup sui-
vant l'âge, le sexe et les localités, on a cru souvent devoir en distinguer
plusieurs espèces. On le trouve dans beaucoup de lacs aux eaux claires
de la Haute.-Autriche et du Tyrol, en Bavière et en Suisse. 11 se montre
aussi dans les lacs des monts Carpathes, jusqu'à une hauteur de "2000
mètres au-dessus du niveau de la mer. Sa croissance est assez rapide,
bien qu'elle n'égale pas toutefois celle de la Truite des lacs. La chair
est plus ou moins saumonée, parfois tout à fait blanche, selon la saison,
la région, et surtout la nature de l'eau; mais elle est toujours d'excel-
lente qualité. Les Salvelais du lac Fuschler, aussi bien que ceux du lac
Hinter, près de Berchtesgaden, se distinguent par leur rapide développe-
ment; parfois on en pêche qui atteignent jusqu'à 10 ou 12 kilogrammes.
La pêche se fait avec de grandes seines, manœuvrées par deux bateaux.
Beaucoup d'établissements de pisciculture de l'Allemagne élèvent des
métis d'Omble-Chevalier et de Truite, qui donnent des résultats très
satisfaisants sous le rapport de la rapidité de croissance.
» Dans la Haute-Aulriche, on ne féconde guère artificiellement les
œufs d'Omble-Ghevalier qu'avec de la laitance de Truite de ruisseau
{Salmo fario). »
— M. Louis, maire de Saint-Germain-sous-Cailly, régisseur du domaine
de Gouville (Seine-Inférieure), adresse le rapport suivant : « L'établis-
54. SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
sèment de pisciculture de Gouviile, toujours eu voie de développement,
est arrivé cette année à faire reproduire des alevins de vingt mois, ap-
partenant à diverses espèces.
)) Des Salmo fontinalis, reçus d'Amérique il y a deux ans, ont repro-
duit cette année ; six femelles ont donné oOUO œufs, dont 2750 sont par-
faitement éclos et ont donné des alevins très vigoureux.
» Il y a aussi à l'établissement des Truites de différentes espèces, dont
on recueille les œufs en ce moment.
» Nous avons obtenu, en poissons de vingt mois, plusieurs spécimens
mesurant, de l'œil à la naissance delà queue, de 33 à 38 centimètres
de longueur, et d'un poids variant de 300 à 500 grammes.
» Les espèces qui ont le mieux réussi sont : la Truite ordinaire, laTruite
dite d'Ecosse et le S. fontinalis. Ces derniers sont les plus forts sujets.
» Quant aux Saumons, Truites des lacs, métis de Saumons et de
Truites, les sujets qui nous restent sont beaux, mais plus petits que les
précédents, et ils ont éprouvé une mortalité de 80 pour iOO depuis l'é-
closion jusqu'à l'âge d'un an. L'Omble-Chevalier est à peu près impos-
sible à élever; au bout d'un an, sur cent sujets, quatre ou cinq à peine
subsistent encore.
î Nous avons remarqué que la grande quantité de nourriture, dès le
premier âge, peut, en viciant l'eau, faire un grand tort aux jeunes pois-
sons ; la nourriture doit donc être très limitée dans les trois premiers
mois.
» Nous commencerons l'année prochaine la vente des poissons éclos
en 1880 et en janvier et février 1881. »
— M. des Vallières accuse réception et remercie de l'envoi d'œufs de
Truites des lacs qui lui a été fait.
— M. Ch. Bureau, d'Arras, sollicite un lot de graines de Ver à soie du
miirier, de la variété Verdolina Casati.
— M. Hignet écrit de Varsovie : « Je viens rendre compte à la Société
d'une expérience intéressante que j'ai faite cette année à Sieltze, dans
ma magnanerie d'essai. Vous savez que depuis quelques années je me
livre à l'éducation de Vers à soie sauvages, notamment du Cynthia, du
Yama-mài et du Permji. Le Cynthia est complètement acclimaté en
Pologne par sa transformation debivoltin en univoltin. Je viens d'obtenir
le mime résultat avec le Peniyi, qui jusqu'à présent avait résisté aux
essais tentés pour empêcher la sortie du papillon à la fin de l'été. Celte
année, une partie de ma récolte a été soustraite à la loi du bivoltisme
et attend à la cave le retour de la belle saison. Les cocons que j'ai ou-
verts avaient leur chrysalide vivante et bien vivante, si bien que je puis
espérer d'avoir au printemps mes propres reproducteurs. Je ne vous en
serais pas moins très reconnaissant de vouloir bien, s'il est possible,
disposer de quelques œufs en ma faveur. 11 faut prévoir les mécomptes,
car le printemps est encore loin. Si vous pouviez m' envoyer aussi quel-
PROCÈS-VERDAUX. 55
ques œufs d'aulrcs espèces sauvages, je vous en serais fort obligé. J'ai
disposé quelques haies do pruniers, de noyers, etc. ; j'ai donc tous les
éléments nécessaires pour tenter d'aulrcs acclimatations. La graine du
Cijntliia s'est perdue chez moi, car j'en ai abandonné l'éducation; mais
on m'en demande, et je voudrais pouvoir répondre à ces demandes en
reprenant mes éducations de ce Ver.
)) Vous ai-je déjà parlé de la manière dont je conduis mes éducations
en plein air? Je place mes Vers sur des haies qui n'ont pas plus de six
pieds de hauteur, et je les protège avec des cadres mobiles munis de
filets. Cinq cadres font une maisonnette à claire-voie : quatre pour les
parois et un pour le toit. A ce premier abri s'en ajoute un second,
lorsque la feuille est à peu près mangée; on enlève la paroi du milieu
pour ne pas gêner la communication. Vingt cadres peuvent suffire à une
étendue considérable de haies, car ils se transportent au fur et à mesure
qu'ils se trouvent ne plus rien avoir à protéger. Les haies peuvent se
disposer en labyrinthe, pour en établir le plus grand nombre possible
sur un terrain donné et faciliter la surveillance. C'est un mode d'exploi-
tation facile et peu coûteux, et je me demande si la culture des Vers à soie
sauvages n'est pas la sériciculture de l'avenir. Les Vers à soie du chêne,
qui sont les plus intéressants de celle famille de séricigènes, donnent une
soie plus abondante que le Ver à soie du mûrier et sont exposés à moins
de chances contraires. La soie en est brillante, nerveuse, et, soumise à
une bonne préparation, lutterait avantageusement avec celle du mûrier.
Quant à moi, je renoncerai sans doute au Ver du mûrier (qui ne prend
pas en Pologne à cause des soins minutieux qu'il exige), pour pousser à
la culture du Yama-maï et du Permfi, — du Pernjji surtout, car le
Yama-mni éclôt trop tôt pour notre climat et ne pourrait s'élever qu'à
la condition de commencer l'éducation dans une espèce de serre froide
où l'on jtlanterait des taillis de chênes pour en hâter la végétation. Du
reste, cette condition est facile à remplir; il en coûterait moins pour éta-
blir une serre de ce geiu'e que pour construire une magnanerie avec tous
ses accessoires.
» J'appelle l'attention de la Société sur un travail très intéressant d'un
sériciculteur du midi de la France, M- Victor UoHat, de Collioure f Py-
rénées-Orientales), qui, lui aussi, se préoccupe de la guérison des ma-
ladies (lu Ver à soie, et la trouve dans le traitement qu'il fait subir à la
graine immédiatement à partir du moment delà ponte. Les théories de
^. Piollat sont exposées dans d^tix brochures qui ont paru à Perpignan
e^ 1875 et 1881, sous le litre : Mdtkode pratique contre les maladies
lies V(^i'S à soie — et Embryologie. La méthode de M. Ilollat consiste à
donnera l'œuf la |»lns gi'ande somme de chaleur atmosp|iéri([iie possibb;
pendant les mois de juin, juillet, et août; à abaisser cette température
jusqu'4 15 degrés centigrades (température de l'œuf) jusqu'au mois de
décembre, puis arriver à la température de 5 à 6 degrés, qui réveille
56 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
l'activité embryonnaire dans l'œuf. Je ne puis vous indiquer que très
succinctement le procédé: il faut lire la brochure. M. Rollat m'a envoyé
de sa graine, qui a bonne apparence et me paraît être supérieure à la
mienne. Pour M. Rollat, le corpuscule de M. Pasteur a peu d'impor-
tance. Une graine traitée d'après sa méthode donnera des Vers sains et
robustes et bons fdeurs. »
— MM. le comte de la Villebrune, P. Mathey, E. Vavin, Guillin, Guil-
laume et R. de Cazenove demandent à prendre part à la distribution des
graines annoncées dans la Chronique.
— M. Latour Marliac écrit du Temple : « Le rapport que je compte
vous adresser sur mes cultures de Rambous traitera de nombreuses es-
pèces ou variétés nouvelles et inédites, dont le tempérament n'est pas
assez dessiné et les caractères suflisamment révélés pour les classer sans
équivoque parmi les Rambous vrais cespiteux, les Phyllostachys ou les
Arundinarias.
» Afin de vous donner un petit aperçu du cadre que j'aurai à remplir,
je vous transmets la liste de ma collection actuelle de Rambusacées :
> 1. Arundinacea. — 2. aurea. — 3. Cago-zasa (inédit). — 4. fal-
cata. — 5- flexuosa. — 6. Fortunei foins argentés variegatis. —
7. gracilis. — 8. Ha-tsikou (inédit). — 9. Hobi-tsikou (inédit). —
10. Himalayensis. — H. Japonùa. — 12. metake. — 13. mitis. —
14, Mà-sà. — 15. nana. — 16. nigra. — 17. quadrangularls. — 18. Qui-
IIqI, — 19. Ragamowlskii. — 20. Rô-tsikou (inédit). — 21. scriptoria.
22. Simoni. — 23. spinosa. — 24. sulphurea. — 25. Thamnocalamus
spathiflorus. — 26. Thouarsi. — 27. violacea. — 28. violasccns. —
29. verticMata. — 30. viridi-glaucescens. — 31. viridi-striata. —
32. vittata argentea.
» Enfin, outre un assortiment d'autres nouveautés que j'attends direc-
tement du Japon au mois de mars, j'ajouterai très prochainement à ma
collection les B. macrosperma — Murasaki dake (inédit) — et Thamno-
calamus Falconeri.
» Vous voyez, d'après cette énumération sommaire, que j'ai déjà groupé
un assez grand nombre de Rambusacées, dont plusieurs sont appelées,
par leur mérite ornemental, ligneux ou comestible, à prendre une place
importante dans l'horticulture et l'agriculture, et que je contribue avec
zèle à la propagation de leur culture, que favorise et préconise à si juste
titre la Société d'Acclimatation. »
— M. le Directeur du Jardin zoologique de Marseille rend compte du
résultat obtenu des semences de Soya hispida et de Riz sec qui lui ont
été adressées. « J'ai reçu le 11 mai environ un litre de chaque graine.
Ayant fait préparer deux planches de terrain (bonne terre de jardin) de
la superficie d'environ 17 mètres carrés, l'une, consacrée au Soya, fut
tracée comme pour du Pois, c'est-à-dire à quatre rangs. J'y fis semer le
25 mai environ un demi-litre de ces graines, qui levèrent le l'^'" juin,
PROCES-VERBAUX. 57
après avoir subi une première irrigation le 28 mai. Reconnaissant que
le semis était trop épais, mais voulant voir le résultat, je ne le fis pas
éclaircir. j\laturité complète fin septembre; hauteur, 0"',60 à 0'",70;
:i litres i/2 environ. Quant au Riz, semé le 17 mai, il a levé le 26 mai.
J'ai été obligé de l'arracher le 23 septembre, sans qu'il ait donné d'épis. »
— M. le Secrétaire général dépose sur le bureau :
1° Un mémoire adressé à la Société par M. le baron de Sélys-Long-
cbamps, président du Sénat belge et membre de l'Académie royale de
Relgique, sur l'état actuel de la pisciculture en Relgiciue ;
2° Un exemplaire des nouvelles instructions publiées par M. Odile
Martin sur la conduite des couveuses artificielles ;
3" Une lettre par laquelle M. Tischomiroff, Président de la section d'or-
nithologie de la Société impériale russe d'acclimatation, transmet un
rapport sur les travaux de M. Ratacheff, de Toula, qui s'occupe avec le
plus grand succès d'élevages d'oiseaux exoti(jues et autres.
— M. Raveret-Wattel dépose sur le bureau :
1° De la part de M. Lonquéty aîné. Président de la Chambre de com-
merce de Roulogne-sur-Mer, un exemplaire du procès-verbal de la
séance tenue pour la distribution solennelle des primes instituées avec
le concours du Ministre de la Marine, en vue d'encourager la bonne
préparation en mer du hareng de la première pèche au Dogger-Rank ;
2" De la part de M. le baron Von Mueller, botaniste du gouvernement
à Melbourne, un sachet de graines à' Eucalyptus Berkianœ ;
3° De la part de M. le comte Louis Torelli, sénateur du royaume d'Italie,
un exemplaire de l'ouvrage que notre honorable confrère vient de publier
sous le titre : la Malaria d'Italia, et dans lequel il étudie les causes
du fléau et les moyens de le combattre. Comme moyen d'assainissement,
M. le comte Torelli recommande particulièrement les plantations d'ar-
bres, et surtout les plantations d'Eucalyptus. Ce très intéressant travail
est accompagné d'une carte faisant connaître la distribution géographique
de la malaria et indiquant par des teintes plus ou moins foncées le degré
d'intensilé du fléau.
M. Raveret-Waltel appelle ensuite l'attention de la Société sur une
note récemment publiée dans le Bulletin de la Société d'insectologie,
concernant VEucali/ptus rostrata, qui y est signalé comme portant des
fleurs nuisibles aux Abeilles. L'empoisonnement d'un grand nombre de
ces insectes aurait été constaté. Il paraîtrait utile de charger la cinquième
section de recueillir des renseignements sur ce fait, qui est en contra-
diction avec l'opinion généralement admise, que les fleurs des Eucalyptus
sont très favorables aux insectes mellifères. Tout récenunenl encore,
M. Ch. Naudin (1) citait précisément VEucalijptiis rustrala comme pa-
raissant appelé, eu raison de son abondante floraison, à rendre des ser-
(I) Voy. UullelinSoe. Acd. 1882., p. Cie.
58 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
vices aux éleveurs d'abeilles. Peut-être, ajoute M. Raveret-Wattel, Jes
observations n'auront-elles pas porté sur des sujets de même espèce, et
aura-t-on confondu entre eux des arbres différents. Il y a lieu de remar-
quer, en effet, qu'on est assez peu d'accord sur les noms des Eucalyptus
déjà introduits en Europe, et il importerait grandement que la cinquième
section s'occupât de mettre de l'ordre dans la détermination de ces
espèces.
Tout en reconnaissant l'utilité d'un semblable travail, et en faisant
des vœux pour qu'il soit mené à bonne lin, M. Geoffroy Saint-IIilaire ex-
prime la crainte qu'on ne rencontre dans l'exécution de cette tâche des
difficultés fort sérieuses, par suite du nombre considérable des espèces
d'Eucalyptus, des ressemblances très grandes qui existent entre beaucoup
de ces espèces, enfin des nombreux croisements qui se sont produits et
qui ont donné naissance à des types métis, lesquels viennent encore
compliquer la question.
— M. Raveret-Wattel signale à l'assemblée l'intérêt qui s'attacherait
îi l'introduction de la culture des Quinquinas dans plusieurs de nos colo-
nies. On a longtemps cru, dit-il, qu'en dehors de la question du climat,
certaines conditions d'altitude étaient absolument nécessaires à la végé-
tation des Cinchonas. Or les heureux essais de culture entrepris à l'île
de la Réunion par M. Morin, lauréat de la Société, et plus récemment
les importantes plantations créées à Java par les Hollandais et dans l'In-
doustan par les Anglais, ont prouvé que les Quinquinas peuvent être
cultivés dans une zone assez étendue. Des milliers de balles d'écorce
sont importés chaque année en Europe des Indes anglaises et néerlan-
daises. D'un autre côté, on sait que dans l'Amérique du Sud, dans les
Andes, les Quinquinas tendent à disparaître rapidement, par suite de
l'exploitation abusive faite par les casmr///ero,s ou chercheurs d'écorce,
qui détruisent tout, les arbres jeunes comme les arbres vieux. Il inipor-
terait donc de rechercher , dans nos possessions hors d'Europe , les
stations oîi des plantations de Quinquinas pourraient être faites à l'instar
de celles des Anglais et des Hollandais.
— M. Camille Dareste donne lecture d'qne note faisant connaîtra le
résultat de ses études expérimentales surl'incubation (voy. an Bulletin).
— 4 l'occasion de cette note, dans laquelle se trouvent mentionnées
des observations faisant ressortir quelques-unes des causes qui peuvent
contribuer à la fornîation des monstruosités chez les oiseaux, ftl. Millet
rappelle que des observations analogues ont été faites en ce qui concerne
les poissons. Depuis (ju'on s'occupe de l'incubation artificielle çjes œufs
de poissons, dit-i|,on a remarqué que, dans les élevages, le nombre des
monstres est parfois assez considérable, et l'on a généralement attribué
ce fait à la fécondation artificielle. En réalité, il tient surtout aux se-
cousses que les œufs ont eu à subir, soit pour leur transport, soit pour
leur manipulation. D'oii l'utilité d'un emballage très soigné pour les
PROCÈS-VERBAUX. 59
expéditions à'de'grandes distances, et la nécessité de ne faire voyager les
œufs que quand ils sont déjà embryonnés, parce qu'à celte époque de leur
développement ils supportent mieux les secousses inévitables du trans-
port.
— M. Fornet fait remarquer que quand un œuf reste plusieurs jours
ou plusieurs semaines sans être remué, il perd assez rapidement sa vi-
talité ; mais que si cet œuf est remué soit tous les jours, soit tous les
deux ou trois jours, il peut être conservé pendant deux et trois mois, et
être mis ensuite en incubation. Les Poules ont bien soin de remuer leurs
œufs de temps en temps, et c'est ainsi qu'elles- amènent à éclosion la
presque totalité des œufs qu'elles couvent. Lorsque l'on conserve des
œufs dans de l'eau de chaux, si les œufs restent sans être remués, un
certain nombre d'entre eux deviennent impropres à l'alimentation, parce
que le jaune se colle à la paroi interne de la coquille. Aussi les mar-
chands ont-ils souvent l'ecours à l'emploi de cuves où, presque journel-
lement, un appareil à aubes remue les œufs dans l'eau de chaux.
— Au sujet des monstruosités observées chez les Poissons et attribuées
à la fécondation artificielle, M. Dareste rappelle que le terme monstruo-
sité comprend deux genres bien différents : la monstruosité simple et la
monstruosité double. Les monstres simples sont ceux chez lesquels il n'y
a qu'un seul corps embryonnaire. Les monstres doubles, beaucoup plus
rares, sont dus probablement à un état particulier du germe. Les mons-
truosités simples peuvent être produites par des causes inhérentes à
l'incubation; les monstruosités doubles sont vraisemblablement déter-
minées antérieurement à l'incubation, et pourraient bien tenir, comme
tendent à je faire admettre les observations récentes de M. Hermann
Faure, à un mode particulier de fécondation. Contrairement à ce qui a
été longtemps admis par les physiologistes, pour que le germe soit
fécondé, il suffit qu'un seul spermatozoïde pénètre dans l'œuf; dans les
conditions ordinaires, dès qu'il a pénétré, le chemin est barré aux autres.
Toutefois, il peut arriver que la modification de l'ovule qui ferme ainsi
l'entrée, ne se produisant pas assez rapidement, deux ou trois sperma-
tozoïdes s'introduisent dans l'ovule, et il se pourrait qu'il y eût là une
cause modifiant la constitution du germe et le rendant apte à produire
des monstres doubles. Peu|-être les monstruosités doubles constatées en
grand nombre chez les poissons produits artificiellement ne tiennent-elles
qu'à un procédé de fécondation artificielle qui ne réalise pas ce qui se
produit dans la fécondation naturelle.
— M. Fornet estime que les monstruosités par arrêt de développeirient
proviennent surtout des variations de la température, et surtout des va-
riations en plus. Dans l'incubation naturelle, la température varie extrê-
mement comme température en moins, mais jamais en plus. Dans les
appareils d'incubation, elle varie sensiblement en plus, et ces variations
ont été une grande cause d'insuccès pendant de longues années. Les
60 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
courants d'aii" chaud qui se produisent dans des incubateurs mal établi
ou mal dirigés amènent parfois la production de monstres par atrophie ou
par développement exagéré de certaines parties.
— M. Dareste dit qu'il n'attache aucune importance à savoir si ces
phénomènes sont des monstruosités ou des arrêts de développement.
L'emploi d'une chaleur trop forte lui a servi à produire un grand nombre
de monstruosités; mais il en a obtenu par beaucoup d'autres procédés,
'foules les fois, du reste, que les conditions de la production sont modi-
fiées, on arrive à produire des monstres.
— M. Latasle donne lecture d'une note sur le Dipodillus Simoni et
sur l'élevage de ce rongeur (voy. au Bulletin).
— M. le Président fait remarquer que l'acdiniation de cette espèce
en dehors de la captivité pourrait avoir des inconvénients, mais qu'en
captivité elle sera avantageuse pour un grand nombre d'expériences.
-- Il est offert à la bibliothèque de la Société :
1" Observations aur le règne végétal au Maroc, par P. K. A. Sehous-
boe, édition française-latine avec planches, par le docteur Bertherand.
Paris, imp. liaillière et fils, 1 vol. (L'Auteur.)
2" Dus ressources que la matière médicale arabe peut offrir aux
pharni'icopées françaises en Algérie, \)av\e docteur Bertherand (Extrait
de la Gazette médicale de l'Algérie) Alger, 1879, imp. A. Bourget, 1
broch. (L'Auteur.)
3° L'Eucalyptus au point de vue de l'Hygiène en Algérie, par le
docteur Bertherand. Alger, 1876, typ. V. Aillaud et C'«, 1 broch.
(L'Auteur.)
i" Le noyau de Dattes au point de vue des propriétés alimentaires,
thérapeutiques et industrielles, de la falsification du café. Alger, 1882,
imp. Fontana et C'*", 1 broch. avec planche. (L'Auteur.)
5° Le musc de Gazelle au point de vue des applications thérapeuti-
ques, par le docteur Bertherand. Alger, 1878, imp. V. Aillaud et C'%
1 broch. (L'Auteur.)
6» L'Arenaria rubra dans la gravelle et le catarrhe vésical, par le
docteur Berlherand. Alger, 1878, imp. Victor Aillaud et G'", 1 broch.
(L'Auteur.)
1" Conseils aux Arabes sur les végétaux dangereux de l'Algérie,
parle docteur Bertherand. Alger, 1879, imp. Victor .\illaudet C'% 1 broch.)
(L'Auteur.)
8° L'Aceras Anthropophora, par le docteur Bertherand. Alger, 1806,
imp. Paysan et C'% 1 broch. (L'Auteur.)
9" Le Bambou au point de vue des dessèchements, par le docteur
Bertherand. Alger, imp. Lavagne, 1 broch. (L'Auteur.)
Le secrétaire des séances
C. Baver ET- Wattel.
IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE
Le Colin de Virginie.
Le Colin Ho-oui ou de Virginie (Ortyx Virginianus) est originaire
de l'Amérique méridionale; son aire de dispersion est comprise entre
le Canada, les montagnes Rocheuses et le Mexique, mais on le rencontre
surtout dans le centre et le sud des États-Unis.
Cette espèce tire son nom du cri que le mâle fait entendre au moment
des amours, cri que les Nalchez ont traduit par Ho-oui, et les habitants
du Massachussett par Bob-AVhite.
Sédentaire dans le sud, le Colin Ho-oui est voyageur dans le nord,
d'oïl il émigré à l'automne.
Florent Prévost, ((ui, le premier en France, a tenté son acclimatation,
dit que le (]oliii Ho-oui est d'un tiers environ plus petit que la Perdrix;
il est, sous ce rapport, intermédiaire entre elle et la Caille.
La femelle, toujours un peu plus petite que le mâle, en diffère en ce
que toutes les parties noires chez celui-ci sont rousses chez elle ; la gorge
est aussi de cette couleur, mais beaucoup plus paie.
Le Colin Ho-oui vit ordinairement dans les champs entourés de buis-
sons, de haies épaisses, oîi il peut facilement se cacher lorsqu'il est
inquiété, et ne fréquente guère les terres cultivées, si ce n'est après la
récolte.
D'un naturel peu farouche, il se prête facilement à toules les tentatives
de domestication et d'acclimatation; il ne craint pas les grandes chaleurs
ni les froids même rigoureux.
n s'éloigne peu du lieu où il s'est fixé, à moins qu'il n'y soit contraint
par la faim; il arrive alors jusque dans les cours des fermes, se mêle aux
poules et partage leurs repas. « Si alors l'homme le reçoit avec hospi-
talité, dit Brehm, il passe toute la saison au voisinage de sa demeure;
il prend plus de confiance et arrive même parfois à devenir un animal
à moitié domestique. »
Le Colin Ho-oui est monogame. L'accouplement a lieu en avril, et
au commencement de mai, la femelle construit son nid sous un épais
buisson. Après avoir creusé en terre une dépression hémisphérique,
elle garnit ce trou de feuilles et d'herbes sèches, puis le recouvre en
ramenant en dôme les plantes qui croissent naturellement autour et en
ne laissant qu'une seule ouverture de côté.
Elle y pond de 15 à !2i œufs d'un blanc pur, qui éclosent au bout do
vingt-trois jours.
Les petits quittent le nid presque aussitôt après l'éclosion.
Une nouvelle ponte a lieu en juillet; la seconde couvée ^e réunit alors
à la première, et la famille ne se disperse (|u'au printemps suivant.
0:2 SOCIÉTÉ NATIONALK D'AGCLIMATATION.
•Le màle est très attaché à sa femelle et veille sur ses jeunes avec la
plus vive sollicitude.
Le Colin Ho-oui se nourrit de toutes sortes de graines, de baies et
de jeunes pousses de végétaux herbacés ; pendant la belle saison, il re-
cherche avec avidité les insectes, surtout les coléoptères.
En septembre et octobre, il se répand en grand nombre dans le voisi-
nage des plantations pour y chercher des semences.
En captivité, on lui donne du blé, du millet, de l'avoine ; il est très
friand de chènevis et mange beaucoup de verdure.
C'est un des gibiers les plus recherchés et les plus répandus aux États-
Unis. Cet oiseau se prend au filet et le plus souvent est apporté vivant
sur les marchés.
La chasse de ces Colins exige un tireur adroit, car ils ont le vol plsn
vif et plus inégal que celui de nos Perdrix grises ; la compagnie surprise '
s'élève perpendiculairement à quinze ou vingt pieds de haut, puis se dis-
perse de tous côtés; les oiseaux qui réussissent à gagner les arbres s'y
rasent et échappent ainsi aux regards, car ils ne font aucun mouvement
et on pourrait les tuer les uns après les autres sans que ceux qui restent
abandonnent la place.
Un couple de ces oiseaux remis par M. Florent-Prévost à M. Lory de
Fontenelle (Seine-et-Marne) s'est reproduit en 1816, Chez cet amateur,
ils avaient construit leur nid dans une luzerne sur la lisière d'un bois; une
compagnie de quatorze petits en naquit, mais ils disparurent et au prin-
temps suivant on n'en retrouva plus.
En 1828, deux couples lâchés par M. Florent-Prévost dans l'ancien
clos de Chalais (haras de Meudon) ne donnèrent aucun résultat.
Mais en 1837, deux couples remis par lui à M. deCossette, multiplièrent
tellement en Bretagne que pendant plusieurs années on put chasser le
Colin sur quelques terres de cette province.
Après les résultats si concluants acquis par M. Florent-Prévost nous
ne devons pas nous étonner des succès obtenus en 1853 et années sui-
vantes chez M. Coeffier à Versailles ; le rapport qu'il a présenté à la So-
ciété d'Acclimatation à ce sujet est plein d'intérêt (1).
C'est, du reste, une acclimatation accomplie depuis longtemps en An-
gleterre, surtout dans les comtés de Norfolk et Suffolk.
Au moment où on se plaint de la disparition de la Perdrix, il serait à
désirer que les essais de repeuplement se portassent sur cette espèce
qui se reproduit facilement, ne quitte guère ses cantonnements et assu-
rerait au propriétaire une chasse productive.
Jules Grisaud.
(i) Voy. Bull, mensuel delà Soc. imp. d'Acclimat.,ï8ho, p. 143.
FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESt^bisbÀNCE. Go
La Balsamiue géante couinie plante niellifèi*e.
Lettre adressée par M. de Behr, Président de l'Association allemande
de pisciculture, à M. Raveret-Wattel, secrétaire des séances.
« Berlin, "Il novembre 1882.
» Cher Monsieur,
» La Société d'Acclimalation s'intéressant à la propagation des végétaux
utiles, peut-être croira-t-elle devoir s'occuper d'une plante qui nie paraît
appelée à rendre des services aux apiculteurs par sa belle et abondante
floraison. Cette plante, c'est la Balsamine géante {Impatiens glandidi-
gera lioyle), concernant laquelle vous trouverez ci-joint une petite note,
et dont je vous expédierai prochainement de la graine.
» Sincèrement à vous,
» De Behr. »
Note. — « La Balsamine géante (Impatiens glanduligera, Royle, s. Imp .
Botjcli VValp.), bien que connue déjà dans les jardins botaniques, ne fut
signalée pour la première fois, comme plante utile pour les Abeilles,
qu'à l'Exposition apicole de Potsdam, en septembre 1881.
« D'aspect assez grêle, l'échantillon présenté laissait quelque doute sur
l'authenticité de l'espèce qu'on savait être de taille géante, d'après les
indications données à l'Académie royale par Walper. Les renseignements
très favorables fournis sur le compte de cette plante engagèrent M. de
Behr à en essayer la culture. 11 en remit de la graine à son jardinier,
M. Donau, qui sema en septembre dans des sillons de 4 à 5 centimètres
de profondeur, et distants d'environ 9 centimètres. Bien que peu abritée,
la graine résista bien à l'hiver et germa vigoureusement au printemps.
Quand le semis eut 3 ou 4 centimètres de hauteur et que les gelées de
la nuit ne furent plus à craindre, quelques pieds furent repiqués à peu
de distance d'un rucher. Vers le milieu de juillet, les Balsamines avaient
■i",50 de hauteur; c'étaient de belles plantes, vigoureuses, bien dévelop-
pées, couvertes de jolies fleurs rouges. De nouvelles branches se déve-
loppaient constamment, et, dès le commencement de septembre, les tiges
atteignaient de 2 mètres à 2"',50 de hauteur; les rameaux étaient longs
et forts à l'avenant. Pendant le jour, ces plantes étaient littéralement
couvertes d'Abeilles. Les fleurs se comptaient par milliers, et, néanmoins,
à certaines heures, il n'y avait pas une de ces fleurs qui n'eût un insecte.
Très ornementale, d'un superbe effet décoratif, la Balsamine géante peut
aussi devenir une ressource précieuse pour les Abeilles, à une époque
de l'année où ces insectes n'ont guèfe à leur disposition que le Chanvre,
car, en septembre, le Trèfle blanc n'a que peu de miel. »
04 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Vignes de Perse.
Extrait d'une lettre adressée à M. le Directeur du J:irdin zoologiquc d'Acclimatation.
Tauris, le 19 décembre 1882.
... J'ai confié au courrier de notre légalion, parti de Tauris le 12 de
ce mois, une quarantaine de plants et un certain noiubre de boutures de
Vignes de Perse, le tout en un paquet bien conditionné, qui a dii être
remis à Poti, à l'agence des bateaux-paquets de Marseille. Mon envoi est
composé de cinq espèces de Vignes : 1" Le « Cliabany » (royal), qui pro-
duit un raisin à gros grains dont on fait spécialeinent le vin rouge dans
cette province;
2" Le « Piiclie-Baba » (barbe de papa) blanc, dont le grain est long et
gros comme le pouce ;
3" Le « Askéry » (des troupes), raisin blanc sans pépins (invisibles à
l'œil nu); la peau en est si mince qu'il est difficile de l'égrener sans
l'écraser;
4." Le Kicbmicb, raisin blanc à petit grain sucré et très alcoolique ;
5» Le Sâhéby (du iriaître), raisin rouge foncé, plus délicat que le
Cbabany pour la table. D'après ces indications, il sera aisé de recon-
naître ces différentes espèces de raisins dès que les plants produiront.
J'ai joint à mon envoi un certificat établissant que la Perse est indemne
du l'iiylloxéra. Je serai très heureux. Monsieur le Directeur, si je par-
viens à introduire en France la Vigne de Perse, car elle produit Les
meilleurs raisins connus.
Je n'ai pu vous envoyer cette fois des Pêchers, notre courrier était
trop chargé; dès que les froids auront cessé, je vous en expédierai.
Quant aux animaux que vous désirez, ils ne sont pas difficiles à trouver,
excepté la Perdrix royale (Tétraogalle). qui est plus rare ici qu'à Téhéran ;
mais je cherche en vain le moyen de vous les envoyer; nos courriers
vont trop vite, ils les tueraient : il s'agirait de découvrir un voyageur
complaisant qui voulût bien prendre une pareille peine.
Veuillez, etc.
Bernay.
Consul de France.
Le gérant : Jui.es Grisard.
MoTTEr.oz, Adm.-Dirccl. des Imprimeries rcunies, A, rue Mignon, 2. Paris
I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
NOTES SUR LE CANARD GASARKA
(ANAS CASARKA, DE Linné; TADORNA GASARKA, de Macgillivray;
GASARKA RUTILA, de Ch. Bonaparte)
Par M. le comte De MOIVTLEZUIVI
D'après Brehm le Canard Gasarka est originaire de l'Asie
centrale, qui doit être regardée comme le foyer de l'aire de
dispersion de ce palmipède. On le rencontre en Grèce et dans
le sud de l'Italie. On le remarque encore sur les lacs de
l'Egypte, dans la Tunisie, en Algérie et au Maroc. Gertaines
années il paraît qu'il est commun dans les Indes.
Le Ganard Gasarka a le bec, les pieds et les tarses noirs ;
la tête et le cou roux jaunâtre ; la base du cou, le dessus et le
dessous du corps roux rougeâtre avec couleur plus accentuée
et plus foncée sur la poitrine. Ses ailes sont blancbes et noi-
res, presque entièrement recouvertes par les plumes du
manteau et des flancs qui ne laissent paraître que les grandes
l'émiges qui sont d'un beau noir et partie des rémiges secon-
daires qui sont aussi noires, mais à reflet vert foncé ; ces
dernières forment ce que l'on appelle le miroir de l'aile. Le
croupion et la queue sont noirs.
La femelle est presque semblable au mâle, mais son plu-
mage est moins coloré, le dessus de sa tête est légèrement
gris et elle a la face blanche.
J'ai depuis l'an dernier un couple de Canards Gasarka qui
vivent dans une prairie bordée d'une pièce d'eau; la pièce
d'eau et la prairie sont entourées d'une clôture de la mon-
tagne noire.
Dès leur arrivée, ces oiseaux se trouvèrent en compagnie
d'un couple d'Oies du Canada et d'un couple de Canards de
la Caroline avec lesquels ils ne purent jamais sympathiser.
Lan dernier la femelle ne pondit pas ; je crus comprendre
3' SÉuiE, T. X. — Février 1883. 5
66 SOCIÉTÉ NATIONALE d'AGCLIMATATION.
que le déplacement et les fatigues d'un long voyage étaient
la cause de mon insuccès.
Mes Gasarka passèrent l'hiver en bonne santé, ils ne paru-
rent pas plus contrariés par les jours froids que par les cha-
leurs de l'été.
En 1882, dès le mois de janvier, j'avais remarqué quelques
accouplements; toutefois, je ne comptais guère sur des
résultats plus heureux que ceux de l'an dernier. Le mâle était
tellement rageur que je doutais de sa fécondité. Sa jalousie
était si grande qu'il ne pouvait supporter ni ses compagnons
de captivité ni les poules qui se hasardaient à franchir la
clôture de son parc.
Les Oies du Canada, à cause de leur grande taille, étaient
les seules respectées. Cependant on les voyait se hérisser
à leur approche et il ne leur manquait que la force pour oser
les attaquer.
J'ai dû, pour éviter une guerre continuelle et calmer la
mauvaise humeur du mâle, établir une division dans le parc,
pour les séparer entièrement de ses congénères.
Dès les premiers jours de mars, ayant remarqué que le foin
dont j'avais garni la niche était remué, je surveillai de près
mes oiseaux et ne tardai pas à m'apercevoir que la femelle
Gasarka y était entrée.
Le 26 mars, je trouvai dans la niche un œuf à peu
près semblable à celui d'un Canard ordinaire, peut-être un
peu plus gros. 11 était blanc, à coquille lisse, très légèrement
teintée de couleur paille. La ponte avait commencé; elle
continua à jour passé et dura jusqu'au 11 avril. Dès le pre-
mier jour de la ponte la femelle arracha son duvet pour
recouvrir ses œufs. 11 me fut facile de constater que la quan-
tité de duvet augmentait en raison directe du nombre d'œufs
pondus.
Le 41 avril, tous les œufs étaient entièrement recouverts
de duvet ou de plumes. A partir de ce moment, la couveuse
ne quitta plus son nid que pour aller manger. Elle se levait
deux et trois fois par jour et restait hors du nid une heure
environ, quelquefois plus. Un jour elle ne renira dans sa
LE CANARD CASAHKA. 67
niche que deux heures après en être sortie, ce qui me faisait
craindre qu'elle ne menât pas à bien sa couvée. Cependant je
pus reconnaître que le duvet empêchait le refroidissement des
œufs.
L'incubation a duré trente jours. Le vingt-neuvième jour
tous les œufs étaient piqués et le trentième jour les neuf
petits étaient sortis de la coquille. La couveuse les tenait soi-
gneusement recouverts de ses ailes, elle les a gardés dans la
niche pendant vingt-quatre heures, après quoi elle les a con-
duits à l'eau.
C'était plaisir de voir ces petits Canards recouverts de
duvet brun et blanc plonger et s'ébattre sur l'eau à la suite
de leur mère; on n'aurait jamais cru les voyant si alertes
qu'ils étaient nés de la veille. Pendant les quatre ou cinq
premiers jours les nouveau-nés se sont contentés de picoter
quelques petits insectes qui se trouvaient parmi les lentilles
d'eau : depuis ils se sont insensiblement accoutumés à manger
quelques mies de pain, quelques grains de petit millet ou de
panis. Je les ai nourris pendant quatre semaines avec de la
mie de pain, du petit millet, du panis et des lentilles d'eau.
Je ne leur ai donné ni œufs de fourmis, ni pâtées, ni produits
alimentaires; cependant le développement s'est effectué dans
les meilleures conditions et un mois après leur naissance les
plumes ont commencé à remplacer le duvet.
A l'âge de quarante jours, mes Casarka étaient entièrement
recouverts de plumes rougeâtres et teintées de gris dans la
région des ailes et du dos.
A partir de ce moment, je leur ai donné de l'avoine, du
blé, des graines de sorgho à balai.
Les ailes des Casarka se développent rapidement. Ils peu-
vent parfaitement voler à l'âge de soixante jours ; dix jours
plus tard ils ont leurs ailes entièrement développées.
On ne peut bien distinguer le sexe de ces oiseaux que
lorsqu'ils ont leur plumage d'adulte, c'est-à-dire avant la fin
de l'automne qui suit leur naissance.
DES PRODUCTIONS VEGETALES DU JAPON
Par le docteur Edouard îflÈIVE
{Suite)
En dehors de ces Lis qui étaient au jardin du Trocadéro,
les autres Lis japonais sont :
Le Lillum concolor de Salisbury (1), que les Japonais nom-
ment Hime-yuri comme le L. callosum, indiqué par Mi-
quel (2), par Franchet et Savatier (3). On le trouve cultivé
dans les jardins japonais de l'île de Nippon, principalement
dans les villes de Tokio et de Yokosi^a.
Le L. concolor est haut de 0"',cJ5àO"\50 ; sa tige est ronde,
grêle, glabre; ses feuilles alternes, lancéolées, sont plus larges
dans la partie supérieure de la plante; ses fleurs sont réunies
par 2-5 en ombelle terminale. Suivant M. Duchartrc (4), il
existe une variété à une seule tleur, que Link regardait comme
le type de l'espèce. Les fleurs dressées sont petites, campa-
nulées, largement ouvertes, nonrévolutées, de couleur rouge
minium, ou rouge clair uniforme, suivant M. Duchartre.
D'après MM. Franchet et Savatier (5), ces fleurs sont de cou-
leur jaune rougeâtre, marquées de points bruns à la base.
Le L. concolor a été apporté de Chine en Angleterre, en
1806, par Gréville. M. Leichtlin dans sa collection l'indique
comme une espèce distincte.
Le Lilium pulchellum de Fischer (6), joli petit Lis à fleur
solitaire dans la plante spontanée. Les folioles du périanthe
sont rapprochées en cloche et non roulées en dehors ; elles
sont de couleur rouge-tomate, parsemées intérieurement de
petits points foncés. Ces fleurs sont remarquables par la briè-
veté du style (7).
(1) Salisbury, Par«d., tabl. il.
(2) Miquel (F. A. W.), Proliisio florœ Japonicœ, p. 320.
(3) Franchet et Savatier, Enum., vol. II, pars 1, p. 65, n° 1895.
(4.) Duchartre, Jour, de la Soc. centrale d'hortic. de France, t. IV, p. 342-343.
(5) Franchet et Savatier, vol. 11, pars 1, p. 65, n° 1895.
(6) Hort. berol., 1834 et Animadv. botan,, tiécembrc 1839, p. 14.
(7) Duchartre, Jour, de la Soc. centrale d'hortic. de France, l. IV, p. 282, 4870.
" PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 69
MM. Franchct et Savatier, sur l'autorité de M. Maximowicz,
font du L. pulchellum une variété du L. concolor Salisb. (i).
MM. Koch (2) et Baker (3) le désignent comme une espèce
distincte.
Le L. pulchellum, qu'on trouve aussi dans la Chine sep-
tentrionale et en Sibérie, a été introduit en Russie, en 1834-,
par Raddi et y est cultivé depuis cette époque.
Le Lilium coridion de Siebold (4), mentionné par Franchet
et Savatier (5), noté dans le Phonzo-Zoufou (G) sous le nom
Kihime yuri.
Le Kihime yuri croît dans le Japon septentrional, d'où il a
été rapporté en Europe par Siebold en 1856. C'est une plante
haute de 0'",33, sa tige grêle, unie, glabre est garnie de nom-
breuses feuilles linéaires, de couleur verl-émeraude en des-
sus, blanchâtres en dessous ; une seule tleur terminale, petite,
deO'",04. au plus, dressée, campanulée, sans odeur, decouleur
jaune-citron en dedans, jaune plus clair en dehors. Etamines
courtes.
Avec une yoxiîiiQ parthenion Sieb. et de Vr., qui a été
introduite par Siebold en 1870 ; désignée dans le Phonzo-Zou-
fou il) sous le nom de Akal hime yuri (Lis des vierges).
Suivant le D' Savatier, la fleur de VAkai hime-yuri est rose
extérieurement et intérieurement à la base, et rouge vif su-
périeurement, sans macules.
D'après M. Duchartre (8) la fleur du L. parthenion est ter-
minale, solitaire; les folioles du périanthe longues de 0"',03,
larges de O^jOl, sont rouges avec la nervure médiane verte en
dehors, maculées çà et là de rouge sombre à l'intérieur.
(1) Franchet et Savatier, vol. II, pars I, p. 65, n" 1895.
(2) Karl Koch, Das Geschieht der LiLien {Wochenschrift fur Gœrtnerei und
Pflan^.enkunde, V, 1862, p. 301).
(3) Baker (J. G.), A neiv synopsis of ail ihe knoivn Lilies {GardenefsChronide,
12 août 1871, p. 1034).
(4) Siebold et de Vriese, Tuinbouw Flora, 2* partie, p. 341, avec pi. color.,
1855.
(5) Franchet et Savatier, vol. H, pars 1, p. 64, n" 1892.
(G) Phonzo-Zoufou, vol. 51 , fol. 23 recto.
(7) Ihid., vol. 51, fol. 23 verso.
(8) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV,
p. 472-473.
70 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
M. Duchartre, de même que Siebold, que MM. Leichllin,
Franchet et Savatier, considère le L. coridion comme une
espèce distincte et indique le L. parthenion comme une va- '
riété du L. coridion.
M. Baker (1) regarde le L. coridion Qi]e L. parthenion
comme deux variétés du L. concolor Salisb.
Le Lilium avenaceuni de Fischer, espèce décrite par
M. Maximowicz (2), marqué par M. Leichtlin dans sa collec-
tion comme espèce distincte et remarquable, qu'on rencontre
au Japon de même que dans les îles Kuriles et Sachalin, dans
la Mandchourie et le Kamtschatka.
Le L. avenaceum a des feuilles assez larges, lancéolées,
disposées en verticilles. Suivant M. Duchartre (3), la fleur, de
grandeur moyenne, a les folioles du périanthe peu révolutées
et plutôt réfléchies dans leur partie supérieure, elle est de
couleur rouge-ponceau, quelquefois orangée, elle est parse-
mée de macules foncées.
Le Lilium medeoloides d'Asa Gray (4), de Miquel (5), de
Franchet et Savatier (0) ; Kuruma-yuri, suivant le Somoku-
Dusets il) elle Phonzo-Z ou fou (8),
Le Kuruma-yuri croît dans les champs des régions mon-
tagneuses du Japon, et il tleurit en août. On le trouve dans
les parties centrale et septentrionale de l'île de Nippon et dans
l'île de Yeso où il a été observé, près de la ville d'Hakodate,
par Ch. Wright.
Avec une variété obovata, qui, suivant le D' Savatier (9),
fleurit de juillet à août et est cultivée dans les jardins ja-
ponais-
(1) Baker {i.G.], A new synopsis ofaLl the Knoivn Lilies {Gardener's Chronicle,
i2 août 1871, p. 1034).
(2) Garlenflora, p. 290-292, pi. 485, 1865.
(3; Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV,
p. 282.
(4) Gray (Asa), On the Botany of Japan {Mémoires de l'Académie améri-
caine des arts et sciences, nouvelle série, t. VI, p. 415, 1857).
(5) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p." 320.
(6) Franchet et Savatier, vol. Il, pars 1, p. C3, n" 1891.
(7) Somoku-Diisets, vol. V, p. 51, n" 77.
(8) Phonzo-Zoufou, vol 51, fol. 18.
(9) Franchet et Savatier, vol. II, pars 1, p. 63, n" 1891.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 71
La tige du Kuriima-yuri est glabre, nue inférieurement,
garnie supérieurement de feuilles réunies en faux verlicille,
lancéolées, étroites; la fleur est souvent solitaire; quelque-
fois, il y en a 2 ou "3; elles sont petites, d'un rouge-brique
ou rouge-orange, avec des macules foncées.
Dans la variété obovata, les feuilles sont obovales et les
fleurs identiques.
M. le D' Savatiei- dit que le L. medeoloides d'Asa Gray, qui
croît dans l'île de Yeso, est semblable au L.ai'ewaceitm Fischer,
recueilli par lui et par M. Maximowicz dans les Alpes de
Niko.
D'après M. Duchartre (1), le L. medeoloides est considéré
par M. Kocli comme identique au L. maculalum.
Le Lilium alternans, importé du Japon par Siebold, en
1869, que M. Max Liechtlin indique dans sa collection comme
espèce distincte,
M. Duchartre (2) ne considère pas les caractères indiqués
par Siebold comme suffisants pour donner une certitude d'es-
pèce ou de variété. 11 décrit ce lis comme ayant des feuilles
nombreuses, linéaires, lancéolées. Les fleurs qui se montrent
dans le courant de juillet, sont nombreuses (une quinzaine
environ), dressées, non révolutées, de couleur orange foncé,
avec des taches jaunes et des stries brunes vers la base des
folioles du périanlhe (3).
Le Lilium testaceum de Lindiey (A), de Franchet et Sava-
tier (5), ou L. habellinum de Kunze (6).
Pour M. le D' Savatier, son origine est douteuse et il n'est
peut-être qu'une des nombreuses formes horticoles du L.
speciosum.
M. le D' Regel (7), directeur du Jardin botanique de Saint-
Pétersbourg, le regarde comme originaire du Japon. 11 en est
(1) Duchartre, Journal de la Société centrale lïhorticuUure de France, t. V,
p. 273.
{■!) Ibid., t. IV, p. 474.
(3) Ibid., t. IV, p. 473.
(4) Lindiey, IM. reg., 1842, n» 7 ; Mise, n" 51, 1843, tabl. II.
(5) Franchet et Savatier, voL II, p. 08, ii" VMO.
(6j Kuiizo (('•■), Botanische Zeitunij, 1843, l, p. GUO.
(7) Gartenflora, XI, 18G2, p. 2-3.
72 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
de même de M. Ducharlre(1)et deM. Leichtlin, qui l'indiquent
comme Lis japonais et comme espèce bien distincte.
Il est difficile d'affirmer s'il vient spontanément au Japon,
mais il y est certainement cultivé dans les jardins.
Le Lilium testaceum a une hauteur de 1 à "S mètres, sa tige
est arrondie, glabre, nuancée de rouge et de vert ; ses feuilles
nombreuses, alternes, sessiles, petites, sont bordées de poils
blanchâtres; plusieurs fleurs (3 à 6), grandes, pendantes à
l'extrémité d'un long pédoncule, non revolutées, de couleur
nankin, plus foncées en dedans, plus claires en dehors, ponc-
tuées; pollen rouge orangé.
Le Lilium Fortunei de Lindley (2), mentionné par Mi-
quel (3), par Franchet et Savatier (4), nommé au .lapon Ské-
yuri d'après le Phonzo-Zoufoui^).
Suivant M. Duchartre (6), ce lis est haut de 0'",50; ses
feuilles sont alternes, linéaires, étroites ; la fleur solitaire est
de couleur rouge orangé jaune, elle est maculée de brun
foncé.
D'après M. Koch (7), cette espèce est voisine du L. pul-
chellum Fischer, sinon identique avec lui.
Le Lilium Thimbergianum de Rœmer et Schultes (8), de
Miquel (9), de Franchet et Savatier (10), nommé d'abord par
Thunberg L. Philadeljjhicim{H), puis L. bulbiferum (12),
(I) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV,
p. 478, 1870.
(-2) Lindley, Gardener's Chronicle, 1862, p. 212.
(3) Miquel. (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 321.
(4) Franchet et Savatier, vol. II, pars 1, p. 65, n" 1894.
(5) Phonzo-Zoufou, vol. Ll, fol. 2, verso.
(fi) ])ucharlTc, Journal delà Société centrale d'Jiorticulturede Fra7ïceM\ ,ïi.i80.
(7) C. Koch, Wochenschrifl fàr Gœrtnerei und Pflanzenkimde {Bulletin
hebdomadaire d'horticulture et de hotayiique), V, 1862, p. 301.
(8) Rœmer et Schultes, Syst. Vil, p. 415.
(9) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 319.
(10) Franchet et Savatier, vol. 11, pars 1, p. 69, n° 1902.
(II) Thunberg, Flor. Jap., p. 133.
(12) Thunberg, Transactions of Linnean Society, II, p. 33.
M. Baker, dans son ouvrage sur les Lis {A neiv Synopsis of ail the known
Lilies), publié dans le Gardener's Chronicle, 12 août 1871, p. 1034, fait du L.
Thunberg ianum, une sous-espèce du L. bulbiferum, sous le nom de L. bulbi-
ferum Thunbergianum, avec les nombreux synonymes et les formes indiquées,
par M. Duchartre {Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV,
p. 353).
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 73
ensuite L. eleqans{\) désigné dans le Sàmoku-Dusets {^) sous
les noms de Natsu-sukashi-yuri, de Haru-sukashi-yuri et de
Hiratori-ynri, marqué dans le Phonzo-Zoufon (3) sous les
noms de Skachi (forme des jardins, variant de couleur) et de
Hogaku (à fleurs semi-doubles).
Le L. Thunhergianum a une tige simple, de 0"',30 de haut,
de nombreuses i'euilles alternes, lancéolées, sessiles, n'ayant
pas de bulbilles à leur aisselle ; il donne en juillet une seule
fleur, dressée, campanulée, jaune rougeâlre orangé, sans ma-
cules ou à macules peu apparentes. On le rencontre dans les
champs, principalement dans l'île Parry. 11 existe aussi dans
l'île de Nippon et est commun aux environs de la ville de Yoko-
hama, où ses bulbes comestibles sont employés dans la nour-
riture japonaise.
M. Maximowicz a décrit une forme plus robuste : leL. Thun-
hergianum venustum ou L. venustum de Kunth, qui porte au
sommet de la tige S-A fleurs en ombelle. Ces fleurs sont de
couleur abricot avec des macules noires.
Cette forme fleurit en juillet sur les collines de l'île Parry,
où elle spontanée, ainsi que dans la partie septentrionale de
Tîle de Nippon et dans l'île de Yeso.
M. Duchartre (4), à l'exemple de Siebold qui a introduit le
L. venustum de Kunth au Jardin botanique de Gand, regarde
le L. venustum comme une variété du L. Thunhergianum .
Le Lilium Thunhergianum est fréquemment cultivé dans
les jardins d'Europe, et on en a fait un certain nombre de va-
riétés, de couleur rouge, pourpre, rouge vif, jaune, jaune
d'or. Parmi ces variétés sont :
Le L. fulgens (5) de Gh. Morren, formé par plusieurs va-
riétés que Siebold avait désignées sous les noms deL. Thunh.
atro-sanguineum et L. Thunh. atro-sanguineum-macula-
(1) Thunberg, Mémoires de V Académie des sciences de Saint-Pétersbourg,
1811, p. -202, iig. 2.
(2j Sàmokii-Dusets, vol. V, p. 49, n" 66, 67, 68.
(3) l'honzo-Zoïifoti, vol. LI, fol. 14 verso et fol. 16 recto.
(4) Duchnrtrn, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV,
p. 351-352, 1870.
(5) Ch. Morren, Note sur les Lis du Japon.
74 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
tum, noms sous lesquels ils sont désignés dans les catalogues
de M. Van-Houtte.
LeL. aurantiaciim (1).
Le L. forniosiim (2).
Le L. sanguineum (S).
Le L. fulgens var. staminosum (4-) à fleurs de couleur
orangé rouge, à points brun noir et plus ou moins semi-
doubles. M.Max Leiclitlin a obtenu une variété à fleurs doubles
{L. Th. flore pleno) qui est plus belle et plus double que le
L. fulgens var. staminosum.
M. Duchartre (5), à l'exemple de Siebold et de M. Koch (6),
considère qu'il n'y a pas lieu de les regarder comme des es-
pèces distinctes, mais seulement comme des variétés du L.
Thunbergianum. Siebold, dans ses catalogues, indiquait
46 variétés du L. Thunbergianum. Suivant M. Duchartre,
M. Max Leichtlin en a ajouté A.
On doit aussi, d'après M. Duchartre (7), considérer comme
des variétés du L. Thunbergiamim, les lis répandus dans le
commerce par M. Grœnewegen, d'Amsterdam, et par M. Kre-
lage, de Harlem, sous les noms de Kikak, de Kimi-gaya, de
la-Ethal, de Sy-yets, de Fiu-kwama et de Fekinata.
Le Lilium Wilsoni Ilort., belle plante japonaise, connue
sous le nom de L. Thunbergianum par dinum^ qui, d'après
M. Koch (8), a été trouvé chez un amateur anglais, M. Wilson.
M. Leichtlin, dans sa collection, l'indique comme espèce
distincte et remarquable. D'après cet amateur distingué et
d'après M. Duchartre (9), IcL. Wi^.som atteint 1 mètre à 1™, 33
(1) Paxt, Magaz. of bot.. VI, 1839, p. l27-l!28.
(2) Versch, Illust. Iiort., 1865, pi. 459.
(3) Lindley, Bot. reg., 1846, pi. 56.
(4) Ch. Lemaire, lllustr. hort., 1864, pi. 422.
(5) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV,
p. 350.
(6) Karl Kocli, Woclienschrift fur Gœrtnerei und Pflanzenkunde {Bulletin
hebdomadaire d'horticulture et de botanique), 1865, p. 99.
(7) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV,
p. 353.
(8) Koch, Wochenschrift fïtr Gœrtnerei und Pflamenkunde, n" 18, 1870,
p. 144.
(9) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV,
p. 486.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 75
de liant; ses feuilles sont elliptiques ; ses fleurs nombreuses,
qui peuvent aller jusqu'à 20, forment une ombelle; elles sont
grandes et larges de O'^^ à 0™,14, dressées, campanulées,
de couleur rouge orangé, ou rouge brique, avec des points
brun noirâtre, très nombreux ; chaque foliole du périanthe
offre sur sa partie médiane une bande jaune.
Le Lilium tigriîium Gawler (1), qu'on trouve désigné par
Kaempfer (2), par Miquel (3), par Franchet et Savatier (4),
classé dans le Sdnioku-Dusets{5) et dans le Phonzo-Zoufou (6)
sous le nom de Oni-ijuri; très commun dans les îles de Nip-
pon et de Yeso. Il est difficile de préciser s'il y est spontané.
D'après \eSàmoku-Dusets, on le rencontre dans les montagnes.
M. le D"^ Savatier ne l'a trouvé que cultivé dans les jardins
japonais, où il a des variétés horticoles assez nombreuses ; le
Phonzo-Zotifou n'en donne qu'une, à fleurs doubles, qu'il
donne sous le nom de Yaï e tenko (7).
Le Oni-yuri est très rustique ; il a 1 à 2 mètres de haut ;
sa tige est arrondie, brunâtre, poilue ; les feuilles sont garnies
de bulbillcs noirâtres à leur aisselle vers le haut de la tige. Ces
feuilles sont alternes, sessiles, assez larges, lancéolées, elles
ont 5-7 nervures médianes. M. Duchartre (8) décrit les fleurs de
ce beau lis ; elles sont nombreuses, jusqu'à 15, en grappe ter-
minale, larges, révolutées, pendantes, sans odeur, de couleur
jaune ou d'un rouge orangé, maculées de brun rouge noirâtre.
Les bulbes comestibles du Lis tigré sont mangés par les
Japonais, cuits, bouillis et confits.
Le Oni-yuri est recherché pour l'ornement des jardins et
des habitations. 11 est fréquemment représenté sur les pein-
tures, les porcelaines, les émaux cloisonnés, les laques et les
broderies en soie.
(1) Gawler, Botanical Magazine, tabl. 1237.
(2) Kaempfer, Amœnilales exoticœ, 5e fasc, p. 871, 1712.
(3j Miquel (F. A. W.), Proludo florœ Japonicœ, p. 320.
(4) Franchet et Savatier, vol. II, pars 1, p. 60, n° 1898.
(5j Sàmohi-Dusels, vol. V, p. 49, n°» 03 et 64.
(6) Pliomo-Zoufou, vol. Ll, fol. 10 recto.
(7) Ibid., vol. Ll, 11 recto.
(8) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de france, i. IV,
p. 476.
76 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
Le Lilium tigrinum Gawl. a été introduit en Europe,
en 1804, par le capitaine anglais Kirckpatrick.
Depuis cette époque, on en a obtenu un certain nombre de
variétés. M. Leichtlin, en 1870, possédait dans sa collection:
Le L. tigrinum Gawler et ses variétés suivantes :
LU. tigr. Fortunei.
LU. tigr. erectum.
LU. tigr. foliis variegatis.
LU. tigr. flore pleno, dont les fleurs doubles sont remar-
quables.
Lit. tigr. splendens Leichtlin, plus robuste, plus florifère
que le type, à fleurs plus amples et à nuances plus vives (1).
A l'exposition de Nancy (2), M. Galle avait exposé plusieurs
sujets de L. tigrinum Gawl., ayant passé l'hiver à l'air libre.
Le Jardin d'Acclimatation du Bois de Boulogne possède le LiL
tigriîium Gawl. et le LU. tigr. flore -pleno.
Le Japon produit aussi une espèce voisine, le Lilium pseu-
do-tigrinum de Carrière (3), qui a été envoyé de Chine au
Muséum d'histoire naturelle de Paris.
D'après M. Max Leichtlin, ce lis est originaire des îles Liu-
Kiu. Il a 1 mètre de haut, ressemble au L. tigrinum Gawl. ;
sa tige est verte, légèrement tigrée, garnie de poils blancs. Il
ne produit pas de bulbillesà l'aissefle des feuilles. Ces feuilles
sont alternes, nombreuses, rapprochées. Les fleurs sont hori-
zontales à l'extrémité d'un pédoncule garni d'une longue
bractée; elles sont bien ouvertes, révolutées, d'un rouge mat
avec des points et des macules de couleur foncée à l'intérieur.
C'est une plante très rustique.
Le lis désigné dans le Sàmoku-Dusets (4) sous le nom de
Ko oni yuri est le L. Maximowiczii de Regel (5), espèce voi-
sine de L. tigrinum. Suivant MM. Franchet et Savatier (G), il
(1) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, t. IV,
p. 4-76.
(2) Catalogue de l'exposition de Nancy, p. 61, n" 1658, 1880.
(3) Revue horticole, I, novembre, p. 411-412, 1867.
(4) Sàmoku-Dusets, vol. V, p. 49, n» 64.
(5) Supplem. ad ind. sem. hort. Petrop., 1866-1867, p. 26. Gartenflora, 1868,
p. 322, pi. 596.
(6) Franchet et Savatier, vol. Il, pars 1, p. 65-66, n° 1896,
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 77
s'en distingue par ses feuilles plus étroites, dépourvues de
bulbilles à leur aisselle. D'après M. Duchartre (1), ses fleurs
sont grandes, révolutées, ondulées, colorées en beau rouge
écarlate ou orangé, marquées dans leur partie inférieure de
points ovales de couleur pourpre noir.
Le Ko ont yuri, à l'état spontané, est uniflore ; la forme
cultivée dans les jardins est plus robuste et pluriflore. Il fleurit
en août dans les parties herbagées des montagnes. M. Maxi-
mowicz l'a trouvé dans l'ile de Kiusiu, aux environs de la ville
de Nagasaki. M. le D' Savatier l'a rencontré dans l'île de Nip-
pon, sur les montagnes d'Hakone et dans la province de Sa-
gami. Le Ko oni yuri a été introduit en Europe par M. Maxi-
mowicz au Jardin botanique de Saint-Pétersbourg.
Quant au Lilium Leichtlini de Hooker (2), mentionné par
MM. P'ranchet et Savatier (3) comme une espèce très voisine
des LU. tigrinum et Maximowiczii, il est indiqué dans le
Phonzo-Zoufou (4) sous le nom de Hirato-yuri.
On le trouve sur les collines herbagées de l'île de Nippon,
principalement au pied du volcan Fudzi-yama.
Le Hirato-yuri^ qui a été dédié par DallonHookeràM. Lei-
chtlin, a 1 mètre de haut ; sa tige est glabre, ses feuilles
alternes, sessiles, linéaires, lancéolées, un peu velues à la
base (5). La fleur est solitaire, il y en a quelquefois cependant
2 ou 3, pendantes, révolutées, de couleur jaune-citron, par-
semées à l'intérieur de nombreuses mouchetures pourpres ou
noirâtres.
Le Lilium tenuifolium de Fischer (6), qui croît au Japon,
de même que dans la Sibérie méridionale.
Ses feuilles sont linéaires, ses fleurs sont réfléchies, révo-
lutées, de couleur rouge, non ponctuées.
(1) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, l. IV,
p. 4S4-485.
(2) Bolanical Magazine, novembre 1867, pi. 5673.
(3) Fr.incliet et Savatier, vol. U, pars. 1, p. 65, n" 1807.
(4) Phonzo-Zoufou, vol. LI, fig. 10 verso.
^5) Durliartre, Journal de la Société centrale dlio ticuUure de France, t. IV,
p. 484-485.
(6) Fischer, Ind. pi. hort. Gorenk, p. 8, 1812.
78 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
M. Leichllin le marque dans sa collection comme une es-
pèce très nette. îH
M. Duchartre (1), de même que M. Leichllin, regarde comme
une variété de cette espèce le Lis introduit du Japon par
Siebold, en 1856, sous le nom de L. punicetim, cédé par lui
à M. Krelage (2) à Harmle. Ce lis est plus fort et ses fleurs, qui
se montrent en mai, sont plus nombreuses et peuvent aller
jusqu'à 15. ! ■'■.■n 'siii.i) i,
Le Lilium callosum : Hime-yuri (S) de Siebold' et Zucca-
rini (4), mentionné par Miquel (5), par Franchet et Savatier (6),
ou L. pomponium de Thunberg (7).
D'après Kaempfer(8) et Siebold, \e H ime-yuri est fréquent,
à l'état sauvage, dans les régions montagneuses, peu boisées
du Japon, à une altitude de 165 à 650 mètres. M. Maximo-
wicz dit qu'il est communément cultivé dans l'île de Kiusiu,
aux environs de la ville de Nagasaki.
Les Japonais utilisent dans leur nourriture les bulbes co-
mestibles du L. callosmn et les mangent cuits, bouillis et
confits. Ils retirent de ces bulbes une fécule blanche qui était
représentée dans l'Exposition par des bocaux remplis de cette
fécule en morceaux (classe 69, céréales, produits farineux et
leurs dérivés) du département d'Iwaté, province de Rikuchiu.
Le Hime-yuri (Lis mignon) que les Japonais nomment
souvent Yama-yuri (Lis de montagne) vient aussi en Chine,
où il est connu sous le nom de Santan. Il est fréquemment
cultivé dans les jardins japonais et il est alors plus vigoureux
qu'à l'état sauvage.
Sa tige simple, arrondie, s'élève jusqu'à 1 mètre; sesfeuilles
sont alternes, étroites, aiguës, de couleur vert clair.
(1) Duchartre, Journal de la Société centrale d'horticulture de France, 1. 1\',
p. 282.
(2) Annales d'horticulture et de botanique ou Flore des Pays-Bas, p. 23,
1861.
(3) Sômoku-Dusets, vol. V, p. 49, n" 65.
(4) Siebold et Zuccarini, Flora /a/^onica, p.. 86, tabl. 41, 1835.
(5) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 320.
(6) Franchet et Savatier, vol. II, pars. 1, p. 65, n° 1893.
(7) Thunberg, Flora Japonica, p. 134.
(8) Kaempfer, Amœnitates exoticœ, fasc, 5, p. 871, 1712.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 79
Ses fleurs, au nombre de six à dix, sont disposées en grappe
terminale; elles sont légèrement pendantes, leur pédoncule
sort de l'aisselle de deux bractées inégales s'épaississantàleur
sommet en une callosité qui a fait donner à ce lis le nom de
Callosum (1). Elles sont d'un rouge vif, parsemées de
points d'un rouge foncé.
M. Geoffroy Saint-Hilaire a reçu directement du Japon pour
le Jardin d'Acclimatation du Bois de Boulogne, dans le cou-
rant de l'année 1882, un album représentant les fleurs admi-
rablement peintes de vingt-quatre lis japonais, en même
temps qu'une collection des bulbes de ces lis, se rapportant
comme numéros, aux numéros identiques de l'album.
M. Geoffroy Saint-Hilaire les a fait planter par M. Palry, jar-
dinier en chef du Jardin. D'après les renseignements qui
m'ont été donnés par M. Patry, très peu de ces lis ont réussi
en 1882.
Len"2a fleuri régulièrement et a donné, en juillet, une
belle fleur, terminale, de 10 centimètres de large, dressée,
campanulée, à divisions du périanthe plutôt pliées que révo-
lutées, d'un beau rouge pourpre uniforme, sans macules en
dedans, d'un rouge clair à l'extérieur.
Le n" 4 a donné une petite fleur campanulée, à extrémités
des folioles du périanthe pliées, d'un beau jaune à l'inté-
rieur, avec des points rouges disséminés, de couleur jaune
clair en dehors.
Le n" 9 a produit, en juillet, un grand lis blanc, lavé de
vert clair à l'extérieur dans la partie s'attachant au pédon-
cule, tubulé, médiocrement ouvert, non ré volute.
Le n" 15 a fourni une belle fleur de 10 cenlimètres de large,
campanulée, largement épanouie, révolutée, jaune, avec des
macules rouge foncé en dedans, de couleur jaune clair sur
la face externe.
Len°24 a avorté.
Les autres lis n'ont pas réussi.
Les vingt-quatre lis figurés dans l'album japonais envoyé
(1) Duchartre, Journal de la Société centrale d'Iiorticullure de France, t. IV,
p. 349.
80 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION,
au Jardin d'Acclimatalion du Bois de Boulogne, peints, dans
leur grandeur normale et avec leurs véritables nuances, sont
les suivants (1):
N" 1. Lis à tige ronde, glabre, de couleur verte, à feuilles
sessiles, alternes, allongées, d'un vert clair en dessus, d'un
vert jaunâtre en dessous. Pleur de 18 centimètres de large,
portée sur un pédoncule assez long, horizontal, largement
ouverte, ondulée, révolutée, d'un blanc légèrement rosé,
parsemée en dedans de gros et nombreux points pourpres,
avec une large bande médiane d'un jaune uniforme; étamines
à grosses anthères de couleur rouge brique , large pistil
vert clair. Le bouton de la fleur, gros, long, renflé à sa partie
moyenne, d'un blanc rosé dans le milieu et vers la pointe,
blanc lavé de vert près du pédoncule.
N° 2. Lis à tige ronde, glabre, vert jaunâtre; à feuilles
sessiles, disposées supérieurement en verticille, linéaires,
d'un beau vert en dessus, vert jaunâtre en dessous; fleur
terminale, dressée sur un pédoncule assez gros et assez court,
de 13 centimètres de large, campanulée, à divisions du
périanthe plutôt pliées que révolutées dans leur tiers supé-
rieur, d'un beau rouge pourpre foncé, en dedans avec une
nervure médiane d'un rouge plus clair, d'un rouge moins
foncé à l'extérieur. Étamines rougeâtres ; gros pistil dépas-
sant peu les étamines.
N" 3. Lis à tige ronde, glabre ; à feuilles sessiles, alternes,
étroites, linéaires, vert clair en dessus, vert jaunâtre en des-
sous; deux fleurs à l'extrémité supérieure de ia tige, dressées,
portées par un pédoncule de grosseur moyenne, campanu-
lées, révolutées, de 12 centimètres de large, de couleur rouge
orange ou rouge tomate, uniforme en dedans et en dehors,
un peu plus foncé au centre, sans macules. Anthères de cou-
leur rouge pourpre ; pistil rougeâtre.
Le bouton de la fleur, ovale, de couleur rouge clair.
N° 4. Petit lis à tige ronde, glabre ; feuilles sessiles, verti-
cillées supérieurement, linéaires, étroites, peu longues; fleur
(1) J'ai suivi dansTénumération l'ordre des numéros indiqué dans l'album.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 81
terminale de 6 centimètres de large, dressée, campanulée,
légèrement pliée à l'extrémité de chaque foliole du périantlie,
d'un jaune clair uniforme à l'extérieur, d'un jaune plus foncé
en dedans, avec des points nombreux, disséminés, de cou-
leur rouge brique ; étamincs à anthères rougeâtres assez
longues.
N° 5. Beau lis à tige jaune verdâtre, ronde, glabre, à feuilles
sessiles, alternes, linéaires, peu nombreuses; fleur de 13 cen-
timètres de long sur 15 centimètres de large, horizontale, sur
un pédoncule de 9 centimètres de long, campanulée, pliée à
l'extrémité des folioles du périanthe, d'une belle couleur rose
carmin, uniforme, sans macules, plus foncée en dedans qu'en
dehors; étamines courtes, rapprochées, à anthères de couleur
rouge brique.
N" 6. Magnifique lis, à tige ronde, glabre, ta feuilles ses-
siles, alternes, nombreuses, assez larges, obovales, réguliè-
rement espacées dans la hauteur de la tige, d'un beau vert
foncé en dessus, jaunâtres en dessous; à fleurs de il centi-
mètres de large, obliques sur im pédoncule de 6 centimètres
de long, largement ouvertes, révolutées, ondulées, d'un blanc
rose extérieurement, blanc en dedans, carminé vers le
milieu, parsemées de gros points nombreux de couleur car-
min foncé; longues étamines à anthères de couleur rouge
brique; long style verdâtre. Le bouton de la fleur, de couleur
blanc verdâtre, lavé de rose vers la partie médiane.
N" 7. Joli lis cà tige assez grosse, ronde, glabre; à feuilles
sessiles, alternes, obovales; fleurs terminales de 12 centimè-
tres de large, obliques sur un pédoncule grêle de 7 à 8 cen-
timètres de long, largement ouvertes, ondulées, révolutées,
d'un blanc pur, parsemé en dedans de gros points blancs
plus foncés ; longues étamines à anthères, de couleur rouge
brique; style dépassant de beaucoup les étamines.
Le bouton de la fleur est blanc lavé de vert clair.
'N" 8. Lis à lige ronde, glabre, à feuilles alternes, sessiles,
linéaires, allongées, les inférieures plus larges que les supé-
rieures ; à fleurs terminales, dressées, de 12 centimètres de
large, doubles, très largement épanouies, révolutées, de cou-
3' SÉRIE, T. X. — Février 1883. 0
82 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
leur jaune orangé, ou rouge tomate, parsemées en dedans
de nombreux et gros points rouge brun.
Le bouton de la fleur, presque rond, de couleur rouge
abricot, maculé de rouge brun.
N" 9. Lis à ti^e ronde glabre, feuilles peu nombreuses,
alternes, pétiolées (les pétioles plus courts dans les feuilles
supérieures que dans les inférieures), en forme de cœur, de
couleur vert clair en dessus, vert jaunâtre en dessous ; deux
fleurs terminales, allant en sens opposé, horizontales, tubu-
lées, les extrémités des folioles du périanthe légèrement
repliées sans être révolutées, médiocrement ouvertes, de
couleur blanche, légèrement lavée de vert extérieurement
dans le quart de la longueur, près du pédoncule.
N° 40. Petit lis, à feuilles sessiles étroites, linéaires, nom-
breuses, rapprochées, d'un beau vert en dessus, vert jaunâtre
en dessous, fleur terminale, dressée, de 8 centimètres de
large, campanulée, non révolutée, simplement pliée à chaque
extrémité des folioles du périanthe, assez largement ouverte,
de couleur rouge clair en dehors, de couleur rouge lie de vin
à l'intérieur, parsemée de points noirâtres.
NMl. Beau lis à tige ronde, glabre; à feuilles sessiles,
nombreuses, verticillées, assez longues, vert clair en dessus,
vert jaunâtre en dessous ; fleurs terminales semi-doubles, de
14 centimètres de large, dressées, campanulées, non révolu-
tées, pliées aux extrémités des folioles du périanthe, de cou-
leur rouge clair à l'extérieur, d'un beau rouge pourpre
uniforme en dedans, sans macules, ayant au milieu seize à
dix-huit prolongements rougeâtres bordés de blanc, et treize
filaments blancs grêles ; long style verdâtre.
N° 15. Large et beau lis à grosse tige ronde, glabre ; à
feuilles sessiles, assez nombreuses, verticillées dans la partie
supérieure de la tige ; fleur terminale de 14 centimètres de
large, dressée, campanulée, non révolutée, ayant les extré-
mités des folioles du périanthe repliées, d'une belle couleur
pourpre velouté, uniforme en dedans, sans macules, rouge
clair à l'extérieur ; étamines à grosses anthères de couleur
chocolat ; fort style rougeâtre.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 83
N" 13. Beau lis à tige arrondie, glabre; à feuilles nom-
breuses, sessiles, petites, linéaires, de couleur vert clair en
dessus, vert jaunâtre en dessous; fleurs de 10 à 12 centimè-
tres de large, obliques sur de longs pédoncules grêles, large-
ment ouvertes, révolutées, ondulées, d'une jolie couleur
abricot foncé ou jaune orangé, avec une nervure médiane
orangée, parsemées de gros points rouge pourpre, très nom-
breux, de couleur rouge orangé clair à l'extérieur; étamines
à grosses anthères de couleur rouge brique ; long style dépas-
sant de beaucoup les étamines.
Le bouton de la fleur ovale allongé, de couleur rouge
orangé, lavé de vert.
N" 14. Lis cà grosse tige ronde, glabre, vert jaunâtre, à
nombreuses feuilles alternes, sessiles, assez larges, obovales ;
fleurs de 14- à 15 centimètres de large, bien ouvertes, peu
révolutées, plutôt pliées, de couleur blanche avec une bande
jaune clair de 1 centimètre de large sur le milieu de la face
interne de chaque foliole du périanthe qui est parsemée de
gros et nombreux points jaunes de la môme nuance que la
bande ; étamines courtes, à grosses anthères de couleur
rouge brique; large style verdâtre.
Le bouton de la fleur blanc lavé de jaune dans la moitié dé
sa longueur près du pédoncule.
NMô. Lis à tige assez grosse, à feuilles alternes, sessiles,
nombreuses, étroites, allongées; à fleurs de 0,10 à 0,1 !2 de
large, obliques sur le pédoncule, campanulées, légèrement
ouvertes, d'un jaune clair à l'extérieur, d'un jaune plus foncé
sur la face interne des folioles du périanthe, qui sont parse-
mées de nombreux et gros points, de couleur rouge brique ;
longues étamines avec anthères rougeâlres ; style jaunâtre. Le
bouton de la fleur, ovale allongé, jaunâtre, est légèrement
lavé de vert près de son attache au pédoncule.
NMô. Lis à grosse tige vert jaunâtre, ronde, glabre, à
jolies feuilles alternes, sessiles, nombreuses, assez étroites,
allongées, d'un beau vert en dessus, bordées de blanc, veri
jaunâtre en dessous ; grandes fleurs terminales, horizontales,
campanulées, légèrement révolutées, un peu ondulées, blan-
8-4 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
che?, lavées de vert clair près du pédoncule et à la partie
movenne de la face inlerne des folioles du périanlhe : étamine*
cour'ips, à larges anlhères; style assez gros.
L^'. bouton de la ileur ovale allongé, blanc lavé de vert.
N° 17. Lis à tige grêle, jaunâtre, à feuilles sessiles, verti-
cillées, linéaires, allongées; trois tleurs terminales, obliques,
petites, de G centimètres, bien ouvertes, étalées, révolutées,,
d'tin jaune clair à l'extérieur, d'un jaune plus foncé en de-
dans, parsemées de nombreux points de couleur rouge bri-^
«jue ; étamines assez longues, à anthères rougeâtres ; long-
style j.'iunâtre.
Le bouton de la fleur ovale arrondi, jaunâtre, lavé de verh
vers le pédoncule.
, N" 18. Lis à grosse tige verdàtre, ronde, glabre, à feuilles-
sessiles, nombreuses, étroites, allongées, verl clair en dessus,,
bordées de jaune rosé, de couleur vert jaune en dessous;;
fleur terminale, presque horizontale, tubulée de0™,15 de long.
surO%li de large, légèrement révolutée, bien ouverte, d'un
beau blanc lavé de verl clair dans le tiers de sa longueur près^
du pédoncule, sans macules; étamines courtes, dépassant
peu le tube du périanthe, à grosses anthères, droites, jaunâ-
tres ; style assez fort.
N" 10. Lis à grosse tige verte, arrondie, glabre ; à feuilles-
alternes, sessiles, nombreuses, allongées, de couleur vert
foncé en dessus, vert clair en dessous ; magnifique fleur ter-
minale, oblique sur le pédoncule, de 0'",15 de large, campa-
nulée, largement ouverte, révolutée, ondulée, d'un blanc lavé
de vert à l'extérieur, d'un beau blanc en dedans, parsemée-
de gros et nombreux points de couleur rouge cramoisi, avec
une large bande d'un rouge cramoisi sur le milieu de la lace
interne de chaque foliole du périanlhe; longues élamiues ver-
dâtres à grosses anlhères obliques, de couleur rouge brique;,
long el gros style verdàtre.
N° 20. Charmant lis à lige mince, d'un vert jaunâtre, à.
fe\ii.les verticillées, étroites, linéaires, d'un beau vert; petite
fleur tcrmhiale, horizontale, de0™,06 de large, campnnulée,
largement ouverte, non révolulée, pliée à l'extrémité des.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 85
folioles du périanlhe, d'un beau violet foncé uniforme, sans
macules, intérieurement et extérieurement ; six minces et lon-
gues étamines à petites anthères, rondes, jaunâtres ; long et
mince style.
N" 41 . Lis à grosse tige arrondie, glabre ; à feuilles sessilos,
alternes; deux fleurs terminales, tubulées, médiocrement
ouvertes, horizontales sur un petit pédoncule, l'extrémité des
folioles du périanthe plutôt pliée que révolutée, d'un blanc
uniforme en dedans, sans macules, d'un blanc légèrement
lavé de vert à l'extérieur; grosses étamines à anthères, droites,
d'un beau jaune ; long et gros style.
Bouton de la fleur renflé dans son milieu, de couleur
blanche lavée de vert v(!rs le pédoncule.
N" 2:2, Magnifique lis à grosse tige arrondie, glabre, à
feuilles sessiles, alternes, linéaires, allongées, d'un beau vert
en dessus, d'un vert jaunâtre en dessous; fleurs de 0'",17 de
large, largement ouvertes, ondulées, révolutées, d'un blanc
uniforme, sans macules, avec une large bande médiane d'un
beau jaune sur le milieu de la face interne de chaque foliole
du périanthe; grosses étamines de couleur chocolat; pistil
gros et long de couleur vert clair.
N°23. Beau lis à tige de grosseur moyenne, ronde, vcrdàtre ;
feuilles nombreuses, sessiles, allongées, d'un beau vert en
dessus, de couleur vert jaunati'e en dessous; fleur terminale,
grande, horizontale, tubulée, médiocrement ouverte, non
révolutée, de couleur blanc jaunâtre, maculée extérieurement
de rouge et de brun, en plaques et en bandes allongées, d'un
blanc jaunâtre uniforme en dedans, sans macules; grosses
étamines droites, de couleur rouge brique ; gros et long style
verdàtre.
iV 24. Petit lis à tige mince, jaune clair, à feuilles verti-
cillées, sessiles, linéaires, d'un beau vert en dessus, vert jau-
nâtre en dessous, les feuilles inférieures plus longues que les
•feuilles supérieures; fleuis horizontales sur un long |)édon-
cule, largement ouvertes, de 5 centimètres 1/2, ondulées,
révolutées, de couleur abricot, parsemées de nombreux points
pourpres ; longues étamines à petites anthères obliques, de
86 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
couleur rouge brique; long style rose. Le bouton de la fleur
ovale, presque rond, de couleur abricot.
Erythronium grandiflorum. Katakuri. — Parmi les
autres plantes utiles de la famille des Liliacées, le Sàmoku-
Dusets (1) et le Phonzo-Zoufou (2) indiquent VErythro-
nixim grandiflorum sous les noms de Katakuri et de Ka-
tako-yuri.
V Erythronium grandiflorum, qu'on trouve marqué dans
Miquel (3), dans Francliet et Savalier (4), fleurit en mai.
D'après le Phonzo-Zoufou, les fleurs sont de couleur pourpre
violet clair ; la tige porte deux feuilles en général dissembla-
bles, l'une plus grande, plus large, plus arrondie cà la base,
presque toujours contractée en pétiole; l'autre lancéolée,
plus petite, atténuée inférieurement; la capsule est obovale,
arrondie au sommet (5). Suivant MM. Franchet et Savatier, la
plante du Japon pourrait bien n'être qu'une forme k grande
ileur de VEryt. dens canis. Le docteur Vidal (6) a commu-
niqué au docteur Savatier ununlve Erythronium, qui rappelle
VEryt. albidum Nutt. Il l'a recueilli aux environs de Niigata,
dans la partie occidentale de l'île de Nippon.
Le Katakuri se rencontre sur les coflines boisées des
provinces septentrionales de l'île de Nippon, d'après le doc-
teur Kramer et le docteur Savalier. Le botaniste japonais
Keiske l'a marqué comme existant dans l'île de Yeso.
C'est une plante qu'on rencontre à l'état sauvage, et dont
les bulbes contiennent une fécule qui est employée dans l'ali-
mentation japonaise. On remarquait dans la classe 09 (céréales,
produits farineux avec leurs dérivés) des flacons de fécule
iDlanche en poudre et en morceaux à'Erythronium grandi-
florum sous le nom de Katakuri-ko du département d'Iwaté
(province de Rikuchiu).
(1) Sàmoku-Dusetz, vol. V, p. 51, n" 84. 1856.
(-2) Phonzo-Zoufou, vol. VU, fol. 3-2. Yedo, 1828.
(3) Miquel (F. A. W.), Proliisio florœ Japonicœ, p. 322. Amsterdam, 1866-
1867.
(4) Franchet et Savatier, Enumeratio,\o\. Il, pars 1, p. ô'J, n" 1883.
(5) Ibid., vol. Il, pars 1, p. 60.
(6) Ibid., vol. 11, pars 2, p. 525, n" 2725.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 87
VOrithya ediilis de Miquel (1), de Franchet et Savatier (2),
Amana et Mugi-giitvai, d'après le Sàmoku-Dasets (3), le
Phonzo-Zoufou (A) et le Kwa-wi (5), qui est commun dans les
champs, le long des routes, près des endroits boisés, dans les
parties humides des montagnes, et qui donne, de mars à
avril, des fleurs rosées à veines violettes. Il y a des variétés à
fleurs blanches et rougeàtres.
LOrithya edulis se rencontre, d'après Oldham, dans
l'île de Kiusiu; suivant Siebold, il est fréquent dans
toutes les parties de l'île de Nippon, et d'après le doc-
teur Savatier, principalement aux environs de la ville de
Yokoska ;
Ainsi qu'une autre espèce, l'Or, oxypetala de Kunth (6) et
d'Asa Gray (7). Hiroha Amana et Hiroha-miigi-guwaï, d'a-
près le Sdmoku-Dusels (8), dont les feuilles sont plus larges
et dont les fleurs sont blanches cà l'intérieur et lavées de rose
en dehors (9).
La famille des Liliacées fournit aussi plusieurs espèces
d'HemerocalHs.
VHemerocallis fulva, Lin., indiqué par Miquel (10), Fran-
chet et Savatier (ii), marqué dans le Sômoku-Dusets (1^)
sous les noms de Yahu-Kuiuanzo et de Oni-Kuwanzo et sous-
celui de Wasuregusa (1o) (forme des jardins à fleurs doubles) ^
avec une \ariéié angustifolia de Baker(14-), désignée par Miquel
sous le nom d'Hemer longituha et classée dans le Sàmoku-
Dusets{[b) sous le nom de Zentel Kuiva, remarquable suivant
(1) Miquel (F. A. W.), Prolusio florce Japonicœ, p. 322.
(2) Franchet et Savatier, vol. 11, pars 1, p. 60, n" 1884.
(3) Somoku-Dusets, vol. V, p. 51, n» 82,
(i) Pliouw-Zoufou, vol. VII, foi. 30, verso, fig. dexlr.
(5) Kwa-wL Herb. I, p. 19, n° 22.
(6) Kunth, Enmnerat., 4, p. 227.
(7) Asa-Gray, Plant. Jap., p. 322.
(8) Sômoku-Dusets, vol V, p. 51, n» 83.
(9) Phonzo-Zoufou, vol. VII, fol. 30 verso, fig. sinist.
(10) Miquel (F. A. \V.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 316.
(11) Franchet et Savatier, vol. H, pars 1, p. 80, n° 1930.
(12) Sômoku-Dusets, vol. VI, p. 55, n" 14.
(13) Ibid.,\o\. VI, p. 55, n° 13.
(14) Baker, On Liliac in the Journ. of Ihe Linnean Society, XI, p. 358.
. (15) Sômoku-Dusets, vol. VI, p. 55, n. 17.
88 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
MM. Franche! et Savatier par la longueur de son tube péri-
gonal qui atteint jusqu'à 4 centimètres.
Cette variété qui est peut-être spontanée au Japon, y est
cultivée comme plante ornementale.
VHemerocallis Dumortieri (1) ou Hemer. graminea, var.
humilior de Maximowicz (2), et de Miquel (;:]), Yu-usuge et
Yosinho-Kisuge, d'après le Sdmoku-Dusets (4). Celle espèce
qui est cultivée dans les jardins de l'ile de Yeso, aux envi-
rons de la ville d'Hakodate, sans qu'on puisse préciser si elle
y est spontanée, est remarquable d'après le docteur Savatier (5)
par ses fleurs presque sessiles et la brièveté de son tube péri-
gonal qui n'atteint pas un centimètre.
Le Sômoku-Dusets (6) et le Phonzo-Zoufou (7) indiquent
de plus :
L'Hime-Kuwanzo, Hemer . Middenfordii qui esi cultivé dans
les jardins et dont le tube périgonal est de 10 à 15 milli-
mètres.
On trouve aussi au Japon VHemerocallis flava,Kwandzoo,
qui y est cultivé dans les jardins et qui y est peut-être spon-
tané, ainsi que VHemerocallis minor ou Hemer. graminea (8)
qui sont synonymes suivant Baker (9) et que le Sàmoku-
Dusels relate sous la dénomination do Deni-Kuwandzo (10).
Les fleurs de VHemerocallis graminea séchées sont usi-
tées quelquefois dans l'alimentation japonaise, mais c'est prin-
cipalement en Chine qu'elles sont employées dans la nourri-
ture et elles consliluent un plat favori des Chinois. On en
remarquait des échantillons dans l'exposition chinoise n" 8098
provenant des douanes chinoises de Chinkiang et au n" 2608,
des tiges (ÏHemerocallis recommandées dans la médecine
(1) Moir, Hort. Behj., II, p. 195. tabl. 43.
(2) Maximowicz, Primiliœ florœ Amurensis ( Mémoires présentés à l'Aca-
démie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, t. IX, p. 28"), 185U).
(3) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 31(5.
(4) Sànwku-Dmets, vol. VI, p. 55, n" 18.
(5; Fraiicliot et Savatier, vol. U, p. 79, n" 1929.
(6j Sômoliu-Dusels, vol. Vi, p. 55, n° 15.
(7) Phomo-Zoufou, vol. XVll, fol. U verso.
(8) Miquel, Prolusio florœ Japonicœ, p. 316.
(9) Baker, On Liliac. in the Jour», ofllie Linnean Socieltj, XI, p. 358.
(10) Sômoliu-Dusels, vol. VI, p. 55, n" 16.
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 89
chinoise comme médicament stimulant et venant des douanes
chinoises de Canton.
La province du Shantung exporte une quantité considé-
rable de fleurs séchées de VHeniewcallls graminea.
On trouve au Japon plusieurs espèces de Funkia: le Fiin-
kiacordata, de Spreng (l), de Miquel (-2), de Franchet et
Savatier (3) : Funkia grandi flora, de Siebold (4), que le
Sànwku-Dusels désigne sous le nom do Tô-giboski (5) et sous
celui de Tamano-Kandsaki (G), qui est celui qu'on trouve
marqué dans le Phonzo-Zoufou (7).
Le Funkia cordata a une tige de 0'",30 à 0'",35 de haut, des
feuilles radicales en forme de cœur; des fleurs nombreuses,
odorantes, blanches, rayées légèrement de rouge, en grappes
«lunies de deux bractées dont Tune caduque et l'autre persis-
lanle, ovale et blanchâtre.
C'est une espèce élégante cultivée par les Japonais pour
l'ornement de leurs jardins ainsi qu'une autre espèce :
Le Funkia Sicboldiana, de Ilooker (8), relaté dans Mi-
quel (9), dans Franchet et Savatier (10), Hemerocallis cordata
de Thunberg (11).
Kuro-giho>ihi, suivant le Sdmoku-Dusets (12), qu'on ren-
contre aussi à l'état sauvage diins les bois des montagnes de
i'île de Nippon où il fleurit en août. Ses fleurs nombreuses
sont quelquefois réunies en verticilles; quant à ses feuilles,
elles sont ovales et plus petites de moitié, de même que les
fleurs, que dans le Funkia subcordata.
Le Funkia Sieboldiana était représenté à l'Exposition de
Nancy (13), exposé par M. Gerbeaux.
(1) Spren?y Sust. 2, p. 41.
(2) MiqiiPl 'F. A. W.), Prnlusin florœ Japonicœ. Amsterdam, 1865-1867
(3) Franchet et Savalier, Enuineralin, voi. II, pars 1, p. 80, a° i931.
(4) Siel>olil, FI. des Serr. labl. 158-159 (foiine des jardins).
(5) Sàmnkii-Dmits, vol. VI, p. 56, n" 21.
(6) Ibll., vol. VI, p. 56, n»25.
(7) Phonzo-Znufnu,\o\.\\\\\Ji\\. 13 recto.
(8) Ilooker, Hnlanical magminc, tiilil. 3 i63. 1867.
(9) Mi((iiel (F. A. W.), Proluxin flonr. Jaiionicœ, p. 317.
(10) Fran.het et Savati-r. Rnuineratio, vol. II, parsl, p. 81. n" 1932.
(11) Thnnliert?, Flora Jiipnmca, j». 143.
(12) Sônvilm-'lJusel^, vol. VI, p. 57, n° 27.
(13y Catalogue de r Exposition de Nancy, p. 61, n" 1650. 1880.
00 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
Les. Japonais ciiltivenl aussi dans les jardins comme plantes
d'ornement ; le Funkia ovata de Spreng (i), relaté dans
Franchet et Savatier(2) ou Hemerocallis cœrulea de An-
drews (3), dénommé dans le Sàmoku-Dusets ('4), Gibo et
Giboshi, c'est VHemerocalle bleue, à tige de 0™,50 de haut,
à feuilles ovales, à fleurs d'un bleu violacé, qui fleurit au
Japon de juillet à août.
Le Phonzo-Zoufou (5) en indique une forme dont les
feuilles sont bordées de blanc; cette forme est notée dans le
Sànioku-Diisels ((5) sous le nom de Oba-Giboshi. C'est le
Funkia cœruJca albo-marginata.
Le Sômokii-Diisels en marque une autre forme sous le nom
deKobaGiboshi{l),qm est le Funkia ovata forma lancifolia.
Le Funkia cœrulea et le Funkia cœrulea albo-marginata
étaient exposés à Nancy par M. Gerbeaux en 1880 (8).
Le Funkia lancifolia de Spreng (9), de Franchetet Sava-
tier (10), Hemerocallis lancifolia de Thunberg (H), Midzu
(jibosld et Sagi gibosJti d'après le Sàmoku-Dusets (12) qui
fleurit en juillet et août et qui vient à l'état sauvage dans les
montagnes boisées de toute l'étendue du Japon.
Le Phonzo-Zoufou (13), suivant MM. Franchet et Sava-
tier (14), en relate plusieurs formes.
Fol. 15. Sous le nom de Gibosi : Funkia à feuilles large-
ment lancéolées et bordées de blanc, à fleurs violettes.
Fol. 16 recto. Sous le nom de Kinran: Funkia à feuilles
lancéolées, glauques en dessous, à fleurs d'un violet foncé à
l'intérieur, et d'un violet clair en dehors.
(1) Spreng, S>ist. \\, p. 210.
(2) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. II, pars 1, p. 80. n° 1933.
(3) Andrews, Dot. rep., t. VI.
(4) Sàmoku-Dusets, vol. VI, p. 56, n" 19.
(5) Phonzo-Zoufou. yo\. XXUI, fol. 15 recto.
(6) Sômoku-Dusels, vol. VI, p. 56, n" 20.
(7) md., vol. VI, p. 56, n» 21.
(8) Catalogue de l'exposition de Nanoj, p. 61, n° 1656, 1880.
(9) Spreng. Sijst. 2, p. 241.
(10) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. H, pars 1, p. 80, n" 1934.
(11) Thunberg, Transactions of the Linnean Society... 11, p. 335.
(12) Sàmoku-Dusets, vol. VI, p. 51, n" 23.
(13) Plwn:-o-Zoiifou, vol. XXIll, fol. 16 et 17.
(14) Franchet et Savatier, Enumeratio, vol. Il, pars 1, p. 82, n" 1934-
PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 91
Fol. 16 verso, avec la dénomination de Guimrau : Funkia
à feuilles lancéolées, d'un vert foncé, à fleurs blanches lisérées
de vert.
Fol. 17 recto. Kahim-Ooshi: Funkia à feuilles lancéolées,
à teinte jaunâtre avec les bords du limbe verts, à fleurs vio-
lettes.
Fol. 17 verso. Miclzu-gibosi à feuilles lancéolées, li-
néaires, à fleurs violacées et blanches lavées de vert en
dehors.
MM. Franchet et Savatier (1) indiquent, en outre, le Funkia
longipe.'i, espèce nouvelle marquée dans le Somoku-Dusetsi^l),
sous le nom à'Iwa Giboshi, qui fleurit en juillet dans les par-
ties boisées des montagnes de l'île de Nippon, principalement
sur les montagnes d'ilakone.
On rencontre au Japon : VAnthericum Yedoensis, Keibi-
ran (8), relaté par Maximowicz et qui, d'après le docteur
Savatier (4), est cultivé, mais rarement, dans les jardins de
la ville de Tokio.
Les Japonais cultivent aussi comme plante d'ornement,
VOphiopogon spicatus de Gawlcr (5), de Franchet et Sava-
tier (6), Convallaria spicata de Thunberg (7), marqué dans
le Somoku-Dusels (8) sous le nom de Yaburan, qui, d'après
M. Maximowicz, a trois variétés : var. communis (9) ; var.
gracilis (10) et var. minor (11). Cette dernière porte le nom
de Hamani-ran.
Le Yaburan est cultivé dans les jardins; il croît aussi à
l'état sauvage dans les lieux incultes, arides, le long des che-
mins dans presque toutes les provinces du Japon, principale-
(1) Franchet et Savatier. Enumeralio, vol. II, pars 1, p. 82, n" 1935.
(2) Somoku-Dusels, vol. Vi, p. 56, n" 22.
(3) Ihid., vol. VI, p. 59, n" 46.
(4) Franchet et Savatier, vol. H, pars I.p. 83, n" 1937.
(5) Gawlcr, Botanical magazine, \.nh\. \063.
(fi) iM-aiicliet cl Savatier, vol. II, pars 1, p. 83, n° 1938.
(7) Thunberg, Flora Japonica, p. lit.
(8) Sômoliu-Dusets, vol. VI, p. 50, n° 44. ....
(9) Maximowicz, Mélanges biologiques tirés du Bulletin de l'Académie impé-
riale des Sciences de Saint-Pétersbourg, t. VU, p. 303
(10) IbUL, t. VII, p. 323.
(H) Ibid., t. Vil, p. 324.
92 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
meut dans l'île de Kiusiu et dans la partie septentrionale de
l'île de Nippon. Il est commun en Chine.
LOphiopogon spncatus était représenté à l'Exposition de
Nancy, en 1880, exposé par M. Lemoine (1).
Quant au Muguet de mai, Convallaria maïalis, il se ren-
contre au Japon, dans les bois humides des îles de Nippon et
de Yeso et se nomme Kimi-Kakeso et Sudzuran, d'après le
Sàmoku-Dusets (2).
On rencontre au Japon plusieurs espèces de Fritillana.
Le FritiUaria Thunbergii décrit par Miquel (3), par Fran-
chet et Savatier (4), Uvularia cirrhosa de Thunberg (5),
désigné dans le Sàmoku-Dusets (6), sous le nom de Baimo et
dans le Kwa-wi (7), sous celui de Hawakuri ; à tige ronde,
bleuâtre, qui donne en juin des fleurs d'un jaune clair, quel-
quefois blanchâtres.
Le FritiUaria Thunbergii est fréquemment cultivé dans
les jardins, mais, d'après le botaniste japonais Keiske et
d'après Siebold, il croît à l'état sauvage, dans plusieurs îles du
Japon, notamment dans l'île de Nippon.
ML Franchet et Savatier (8) pensent que le FritiUaria
verticillata de Wildenow, cité par Miquel (9), est identique
avec le FritiUaria Thunbergii.
Quixnl a.\i FritiUaria riUhenica, cité par Miquel, dont les
fleurs sont plus petites et plus nettement campanulées que
celles du FritUlaria Thunbergii, c'est, suivant le D'" Savatier,
une espèce peu connue et sur laquelle il est difficile de se pro-
noncer.
Le Sàmoku-Dusets mentionne aussi : le FritiUaria Kamts-
chalcensis (10) de Gawler, sous le nom de Kure Ywî'o, qui
(1) Catalogue de V Exposition de Nancy, p. 89, n" 1828, 1880.
(2) Sàmoku-Dusets, vol. VI, p. 53, n° 1.
(3) Miquel (F. A.W.), Prolusio (lorœ Japonicœ, p. 321. Amsterdam, 1865-1867.
(A) Franchet et Savatier, Enumeralio, vol. Il, pars 1, p. 61, n" 1888.
(5) Thiiiibern;, Flora Japonica, p. 136.
(6) Sàmoku-Dusets, vol. V, p. 51, n" 79.
(7) Kwa-iviJIerb., I, p. 10, n" 2.
(8) Franchet et Savatier, Enumeralio, vol. H, pars 1, p 62.
(9; Miquel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 360. Amsterdam, 1865-1867 .
(lOj SomokU-Dusets, vol. V, p. 51, n" 78.
PRODUCTIONS VEGETALES DU JAPON. yà
donne en juillet, des fleurs d'un rouge brun avec des ponc-
tuations ibncées ; on le trouve dans les montagnes de la partie
septentrionale de l'île de Nippon et dans l'île de Yeso.
Le Frilillaria japonica (1) de Miquel (^1), sous les dé-
nominations de Ko baimo et de Tengai Ywi, qui croît
dans la province d'Owari. D'après le D' Savalier (8), celte
espèce est indiquée dans l'ouvrage du botaniste japonais
Keiske (4).
De la famille des Liliacôes, on cultive aussi au Japon: La
Tubéreuse des jardins {Polyanthes iuberosa) : Gekkako,
d'après le Somoku-Dusets (5), à fleurs blanches, lavées de
rose) odorantes, avec variétés doubles ou semi-doubles.
La Sansevière carnée {Reinekia carnea) de Kunth : Kichi-
joso, 5m\i\nl\e Sàmokii-Diisets (6), le PJionzo-Zoufou (7) et le
Kwa-wi (8), qui pousse dans les herbages, dans les massifs
de bambous, dans les bois, que les Japonais et les Chinois
plantent dans les interstices des rochers artificiels de leurs
jardins.
Le Kichijoso à rhizome tubéreux a une tige pourpre violacé,
lisse ; il donne en septembre de nombreuses fleurs en épis,
d'un blanc violacé ou rosé en dehors, blanches en dedans,
odorantes.
Le Reineckia carnea Kunth était représenté à l'Exposition
de Nancy (9), en 1880, exposé par M. Galle.
Le Rhodea japonica de Rothler(10),que le Sômoku-DuseU
désigne sous le nom de Omoto (il), qui fleurit en septembre,
dans les lieux bas et humides des îles de Nippon, de Kiusiu
et Jokasima.
(I) Sùmoku-Dusets, vol. V, p. 5i, 80.
('2j Mniiiel (F. A. W.), Prolusio florœ Japonicœ, p. 3-22.
(3j Fraiicliet cl Savatier, vol. 11, pars 1, p. 61, n" 1889.
(4) Kf'iske, Nihon nan bouto shi (Ouvrage sur les produclioiis naturelles du
Japon), vol 11, fol. 17.
(5) Sùmohi-Diisets, vol. V, p. 47-4.8, n" 55.
(6) Ibid., vol. vil, p. 6-2, 11" 11.
(7j Plioiizo-Zoïifon, vol. 39, fol. 7 recto.
(8) Kiva-wi, vol. IV, p. 53, ii" 1.
(9; C'Ualogue df. rF.xposUion de Nanci/, p. 89, u" 1829, 1880.
(10) Rollilcr, Nov. sp., 197.
(II) Somuliu-Dusets, vol. Vil, p. 6:!, n" 16.
94- SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Le Sugerokia japonica de Miquel (1), Scilla japonica de
Thunberg (2), Shojo-Bakama, suivant le Sdmoku-Dusets (3),
qui fleurit en août dans les parties humides et boisées des
montagnes de l'île de Nippon et que le D' Savatier a rencon-
tré dans les environs de la ville de Yokoska (4).
(1) Miquel (F. A. W.), Prolusio florœJaponicœ,\).209. Amsterdam, 1865-1867.
(2) Thunberg, Flora Japonica, p. 137.
(3) Sàmoku-Dusets, vol. VI, p. 60, n" 48. -
(4) Franchet et Savatier, vol. H, pars 1, p. 88, n" 1947 {Melanthaceœ).
{A suivre.)
Il- TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ.
NOTE
SUR LES NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS
DE LA MÉNAGERIE DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE
Pendant les mois d'octobre, novembre et décembre 1882
Par m. HUET
Aide naturaliste chargé de la ménagerie.
Dans une précédente notice, j'avais annoncé la naissance
d'une femelle de Gnou, et j'avais ajouté que c'était la pre-
mière fois que cette antilope se reproduisait dans les jardins
aoologiques; je dois ajouter que peut-être un pareil fait a déjà
été observé à la ménagerie de lord Derby ; cardans l'ouvrage
descriptif qui a été publié sur les animaux du parc de Knows-
iey, se trouvent représentés les jeunes de Gnou et de Gor-
gone. Cependant il n'est pas dit dans le texte que ces anti-
lopes soient nées en Angleterre, et il est possible qu'elles aient
été figurées d'après des dépouilles rapportées d'Afrique; je
serais tenté de le croire, car les dessins ne donnent en aucune
façon une idée exacte du port et des allures de ces petits
animaux.
(juoi qu'il en soit, notre jeune femelle de Gnou née le
8 août et qui a maintenant cinq mois, s'est développée très
rapidement, elle est presque aussi grande que sa mère, toutes
deux vivent à l'air libre, au moins pendant le jour, car
depuis que la femelle a mis bas, nous avons pu la renfermer
dans la cabane, ce qui était impossible auparavant; il semble
que cette bête ait compris qu'il fallait un abri pour son jeune,
qu'il était trop faible pour supporter la température des
nuits ; chose remarquable, quand la ration du soir est servie
et que la mère hésite à rentrer, le jeune la pousse doucement
avec les cornes, la forçant à se faire renfermer, et il la suit*
alors on baisse la coulisse et chacune d'elles va trouver la
ration qui lui est destinée.
Cette jeune femelle de Gnou, en se développant, a com-
96 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
plèlement changé couleur de robe, qui, de grise qu'elle
était, est devenue marron foncé ; les cornes, au lieu d'être
contournées comme chez l'adulle, où elles se dirigent en
avant et forment un crochet vers le bas, ont chez le jeune une
direction verticale formant un angle presque droit avec la
Ijo-ne du nez. Ces prolongements frontaux se modifieront sans
doute plus tard et reproduiront ce caractère si singulier dans
cette espèce. Quant au pelage, il est exactement semblable
comme disposition à celui des parents, on trouve ces longs
poils sur le nez, sous le menton et la gorge, ainsi que ceux
de la crinière et de la queue, enfin maintenant c'est bien un
véritable Gnou, que nous considérons comme élevé, car il est
assez fort pour supporter les froids que nous pouvons avoir.
Nous avons pour terminer l'année, quelques naissances à
indiquer, ce sont :
2 mâles d'Antilope Isabelle {Eleolragus reduncm);
2 mâles et 4 femelle de Cerf cochon {Cervu^s porcinus);
4 Agouih {Dasyproda acutl);
i Guib femelle {Tra(jela}ihus scriptus) ;
1 Bison (Bos A mericamis) ;
i Muntjac hybride de Cervukis lacrymans et de C. Reevesii;
l Kob mâle {Kobus uncluosus) ;
4 Perdrix brunes {Perdix fusca).
Le jeune mâle de Kob est né le \" novembie; nous crai-
gnions pour lui les froids, mais jusqu'à ce jour il n'en paraît
pas souffrir, il grandit très rapidement ; nous prenons seule-
ment le soin de ne pas le laisser sortir trop tôt le matin, quand
il fait mauvais temps, et nous le renfermons de bonne heure
dans l'après-midi quand la température est basse.
C'est le troisième jeune de cette belle espèce que nous
avons obtenu en deux ans, du mâle et des deux femelles qui
ont été offerts au Muséum, par M. Brière de l'isle, lorsqu'il
était gouverneur du Sénégal.
Nous avons reçu en cadeau :
1 Macaque {Macaciis cynomolgus), don de M, Cochet;
2 Macaques bonnet chinois [Macaciis siniciis), don de M.
Morgan ;
NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DU MUSÉUM. 97
2 Callitriches {Cercopithecus griseo-viridis), don de M.
Livio ;
1 Sajou à gorge blanche {Cebus hypoleucus), don de M.
Birr ;
1 Mangouste grise {Herpestes griseus), don de M. le comte
deTurgot;
i Vison {Mus lela vison), don de M. Trouëssart;
1 Ocelot {Felis pardalis), don de M. Nantouson;
1 Gazelle {Gazella subgutlurosa), don de M. Grespin, capi-
taine de frégate;
1 Ghèvre de Madagascar, don de M. Grespin, capitaine de
frégate;
1 Aigle fauve (Aquila fulva), don de M. Lefevre;
1 Busard de marais (Circus œriiginosus) , don de M. Moi-
neau;
1 Aigle Jean le Blanc (Circaelus gallicus), don de
MM. Agard et Porthé ;
i Goéland bourgeimestre {Larus glaucus) , don de M.
Rabot ;
1 Goéland jeune {Larus argen talus), don de M. Morin ;
2 Gerbilles Simon {Gerhillus Simoni) ;
3 Papions {Cynocephalus sphinx) ;
3 Sajous {Cebus flavus) ;
\ Otarie {Otaria califurniana);
1 Lion {Felis leo);
1 Bles-Block femelle {Alcelaphus albifrons).
1 Biche Milou {Elaplmrus Davidiunus);
J'ajouterai que des expériences sur l'hybridation de divers
Ruminants et sur la formation des races chez les mammifères
et les oiseaux, se poursuivent depuis plusieurs années à la
ménagerie du Muséum, elles ont déjà fourni des résultats
intéressants, mais avant de pouvoir en rendre compte, il est
nécessaire de laisser les faits s'accumuler; il faudra encore
de nombreuses observations avant d'arriver à la solution des
problèmes biologiques dont nous poursuivons l'étude.
3e SÉHIE, T. X. — Février 1883.
ACTION BIOLOGIQUE
DES SELS DE L'EAU DE MER
AU POINT DE VUE DE L'ENTRETIEN DES ANIMAUX MARINS
Par H. A. COUTANCE
Professeur aux écoles de médecine navale
F'Iiarmacien en chef de la marine
Président de la Société académique de Brest.
Les animaux marins sont des organismes d'une excessive
sensibilité et qui subissent les influences variées du milieu
dans lequel ils vivent. La répartition des faunes de la mer a
pour facteurs la composition de l'eau salée, la nature et la
quantité des gaz dissous, la température, les pressions, et
l'action des courants. La succession des espèces de la mer
dans les couches géologiques peu différentes les unes des
autres au point de vue de la nature des sédiments, indique
bien que des influences qui nous semblent de peu d'impor-
tance, ont régi cette succession même.
J'ai voulu constater l'action que des modifications dans la
nature des sels dissous pourraient exercer sur les animaux
de la mer, et j'ai entrepris une série de recherches afin d'éta-
blir un parallèle biologique entre ces sels. Mes expériences
ont porté seulement sur les Mollusques de nos rivages, et sur
ceux qui sont une ressource alimentaire pour nos popula-
tions.
L'eau de mer contient en moyenne 35 pour 1000 de sels
divers en dissolution, parmi lesquels le chlorure de sodium
semble avoir sur la vie une action prépondérante. Sans doute
il est permis de penser que les autres substances ont un eftet
utile dans une certaine limite, ils n'ont pas au moins d'action
nuisible manifeste.
J'ai préparé huit solutions renfermant 35 grammes pour
1000 d'eau distillée des substances suivantes :
DES SELS DE L EAU DE MER.
99
Solution a"
1 :
2
3
Chlorure de sodium
Chlorure de magnésium.. .
Sulfate de magnésie
35/1000
»
—
k
Bromure de potassium
ï
5
lodure de potassium
»
—
6
7
8
Chlorure de potassium
Sulfate de soude
>
—
Sulfate de potasse
»
Voilà donc huit solutions l'éduites à un seul des éléments
naturels de l'eau de mer, dans la pi'oportion où elle contient
leur totalité. Le sulfate de soude seul n'appartient pas à pro-
prement parler à l'eau de mer, bien que ses éléments y ligu-
rent.
Trois autres solutions ont été préparées, dans lesquelles
tous les éléments se trouvent réunis, mais dans lesquelles la
prééminence quantitative, qui dans l'eau de mer appartient
au sel marin, se trouve donnée ri" au chlorure de magné-
sium, -2" au chlorure de potassium, 3" au sulfate de magnésie.
Voici la composition de ces solutions :
Solution n" 9
Solution n° 10:
Solution n" H
Chlorure de magnésium.. .
27,00
» de potassium., . .
0,75
» de sodium
3,70
Sulfate de magnésie
2,30
Sulfate de chaux
1,50
Bromure de potassium...
0,02
Eau distillée
. 1000,00
Chlorure de potassium. . . .
. 27,00
Chlorure de magnésium.. .
3,70
Chlorure de sodium
0,75
Sulfate de magnésie
2,30
Sulfate de chaux
1,50
0,02
Bromure de potassium....
Eau distillée
. 1000,00
Sulfate de magnésie
. 27,00
Chlorure de magnésium..
3,70
Chlorure de potassium....
0,75
Chlorure de sodium
2,30
Sulfate de chaux
1,50
Bromure de potassium....
0,02
Eau distillée
. 1000,00
100 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLLMâTATION.
Une dernière dissolu don fut enfin composée de la manière
suivante :
Solution n'^ 12 : Chlorure de sodium 8
» de potassium 8
» de magnésium 8
» de calcium 8
Outre ces solutions, ou milieux d'expérimentation, furent
encore employés :
Solution n° 13 : Eau de Vichy naturelle (Gélestins).
— U Eau commune (sources de Brest).
— 15 Eau de mer naturelle (rade de Brest).
— 10 Air atmosphérique.
L'eau de Vichy représentait un milieu aqueux différent de
l'eau de mer, mais riche en sels de soude. Il était en outre
nécessaire de comparer l'action des milieux artificiels avec
le milieu naturel, l'eau de [mer, et de voir si des Mollusques
bien renfermés dans leurs coquilles ne pouvaient pas vivre
quelque temps dans l'eau douce, ou même dans l'air.
MODE D EXPÉRIMENTATION
Les solutions précédentes furent versées dans des capsules
de porcelaine, placées en pleine lumière à une lempéi^ature
moyenne de 12 dêgi'és. Tous les deux jours l'eau évaporée
était remplacée par de l'eau distillée de façon à. maintenir les
solutions au même état de concentration. Chaque jour ces
solutions étaient fortement aérées et agitées, pour les main-
tenir dans des conditions analogues à celles de l'eau de mer.
Les Mollusques très récemment péchés furent placés sur le
fond des capsules à" une distance de 20 centimètres de la sur-
face du liquide. . .
DES SELS DE l'EAU DE MER. 101
SUJETS D EXPERIMENTATION.
Un très petit nombre d'espèces ont été soumises à ces expé-
riences physiologiques (1), ce sont :
■La Vénus réticulée {Venus reticulata);
La Moule commune {Mylilus edulis) ;
La Palourde commune (Venus decussata) ;
La Littorine commune (Littorina viilgaris) ;
Le Buccin de la Manche (Tritonium undalum).
Ces Mollusques ont donné en raison de leur organisation
des résultats fort diiïérents. Les bivalves, Moules et Vénus
qui peuvent se clore entre leurs valves, ont en général beau-
coup mieux résisté que les enroulés à opercules, Liltorines et
Buccins. Parmi ces derniers même, les Liltorines, dont l'oper-
cule peut clore complètement l'animal retiré prudemment
dans les derniers tours de spire, ont beaucoup mieux résisté
que les Buccins dont la porte ferme mal, et chez lesquels
l'eau peut s'introduire par le canaliculede la bouche de la
coquille.
Les bivalves qui peuvent si bien résister aux influences
extérieures entre leurs valves fermées, les bivalves ne se
comportent pas non plus de la môme façon. La Moule résiste
moins dans les milieux artificiels que les Vénus, et parmi
celles-ci la Vénus réticulée ou Clovisse, beaucoup moins que
!a Palourde (Venus decussata), qui présente une résistance
très remarquable. Dans la solution de sulfiitc de magnésie
par exemple, la Moule a succombé au bout de dix jours, la
Vénus réticulée au bout de quinze jours, tandis que la Pa-
lourde y vivait encore au bout de soixante jours. Ces propor-
tions se sont à peu près maintenues dans les autres solutions,
relativement à la durée de la vie dans ces milieux.
Voici en ce qui concerne les Palourdes (Venus decussata)
(1) Des Huîtres soumises au>: mêmes épreuves ont manifesté une variabilité
d'impressions très grande, et ont i,'éiiéralcment très rapidement succombé
dans les solutions diverses.
102 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
le résultat de ces expériences. Des lots de cinq individus de
cette espèce avaient été placés le 10 janvier 1882 dans des
conditions identiques, dans les solutions diverses indiquées
plus haut. Les mêmes soins, la même aération leur étaient
donnés chaque jour. En même temps un certain nombre de
ces Mollusques étaient placés comme témoins près des pre-
miers dans des vases contenant de l'eau de mer naturelle.
10 janvier L'expérimentalion commence pour les Palourdes.
25 — Elles ont succombé dans l'iodure de potassium.
10 février — le chlorure de potassium.
15 — — dans l'air.
18 — le sulfate de potasse.
18 — l'eau commune.
20 — — la solution n" 10.
20 — le bromure de potassium.
20 — le chlorure de magnésium.
20 — — l'eau de Vichy.
22 — le chlorure de sodium.
22 • — la solution n° 12.
24 — — la solution n" 9.
10 mars — le sulfate de magnésie.
10 — — la solution nMl.
15 — Des Palourdes vivent encore dans le sulfate de soude.
15 — Les Palourdes placées dans l'eau de mer sont vivantes.
REMARQUES SUR CES FAITS
Il résulte de ces expériences que malgi^é la possibilité de
se clore entre leurs valves, les Vénus subissent l'action des
milieux puisque leur résistance est inégale.
Les sels de potasse semblent bien moins favorables que les
sels de magnésie, et surtout que les sels de soucie. La vie a
cessé d'abord dans l'iodure, le bromure, le chlorure, le sul-
fate de potassium, et dans la solution n° 10, dont le chlorure
de potassium est l'élément dominant.
Les sels de soude et de magnésie entretiennent encore la
vie alors que les animaux ont succombé dans les sels de po-
tasse. La solution n" 9 par exemple, dont le chlorure de ma-
DES SELS DE l'EÂU DE MER. 103
gnésium est l'élément essentiel, a gardé plus longtemps ses
habitants, il en est ainsi du sulfate de magnésie seul, et dans
la solution nMI.
La résistance des Palourdes dans l'eau de Vichy accuse
l'action favorable des sels de soude sur l'entretien de la vie
des animaux marins. Pendant quarante jours les Palourdes
ont vécu dans cette eau minérale !
C'est dans le sulfate de magnésie et le sulfate de soude que
la vie s'est éteinte en dernier lieu, et le sulfate de soude l'a
emporté sur le sulfate de magnésie. Le 12 mars, j'ai dégusté
des Palourdes gardées dans le sulfate de soude pendant
soixante jours ; elles étaient excellentes et sans amertume.
Cette observation pourra trouver son utilité dans l'économie
alimentaire, les Palourdes étant un coquillage recherché, et
le sulfate de soude une substance d'un bas prix.
Un fait bien digne de remarque c'est que dans les solutions
de sulfate de soude et de sulfate de magnésie, seules, des
algues vertes avaient commencé à se montrer au bout de ces
soixante jours. Les conditions qui favorisaient la vie animale
marine se sont donc trouvées aptes à développer aussi la vie
végétale. Ce parallélisme n'a rien de surprenant, mais il
trouve dans la circonstance une confirmation originale.
Une singularité : la solution de chlorure de sodium (sel
marin impur) a moins longtemps entretenu la vie que les
solutions de sels de magnésie et de sulfate de soude, et ce-
pendant le sel est l'élément essentiel de l'eau de mer. Cela
prouve que les Mollusques sont adaptés non pas au sel pur,
mais à ce mélange particulier qui constitue l'eau de mer na-
turelle ; et que les éléments secondaires, au point de vue de
la quantité, y jouent un rôle important. Nous voyons encore
là l'occasion de penser que les modifications accidentelles des
eaux de la mer aux différentes époques géologiques, ont dû
avoir une action marquée sur les extinctions d'espèces.
Les Vénus sont demeurées fermées dans la plupart de ces
solutions dont elles avaient sans doute apprécié la nature en
entrebâillant très petitement leur coquille. Cependant elles
ont envoyé quelquefois leurs siphons au dehors, dans le sul-
404 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
fate de magnésie et dans le sulfate de soude par exemple.
Dans la solution de chlorure de sodium et dans l'eau de mer,
elles gardaient presque constamment cette situation.
Les Palourdes peuvent vivre plus d'un mois dans l'air dans
un endroit frais. Pendant vingt jours environ elles demeurent
fermées, plus tard elles entrebâillent leurs valves et font
sortir leurs siphons. Au moindre toucher elles les rentrent
et se ferment. Puis vient le moment où les muscles striés qui
ramènent les valves n'en ont plus la force, mais les muscles
lisses qui les retiennent le font encore quand on amène les
valves à fermeture. Dans toutes les solutions où ces Mollus-
ques ont vécu il en a été de même.
L'affaiblissement musculaire s'est montré d'abord sur la
partie striée des muscles adducteurs qui ramène les valves,
puis enfin sur la partie lisse de ces mêmes muscles, qui re-
tenait de moins en moins longtemps les valves artificielle-
ment rapprochées (1).
Les Venus reticulata ou Clovisses ont présenté des faits
analogues; l'ordre d'extinction de la vitalité dans les solu-
tions a été le même, mais ces Mollusques ont bien moins
longtemps vécu que les précédents. Un mois après leur mise
en expérience ils avaient succombé, dans les sels de potasse
d'abord, dans les sels de magnésie ensuite, puis dans les sels
de soude.
Les Littorines ont moins longtemps résisté que les bivalves,
et ont accusé aussi moins de répulsion pour le sulfate de
soude dans lequel elles ont vécu quarante jours.
Le gros Buccin {Trilonium undatum) succombe beaucoup
plus rapidement, ne pouvant se clore hermétiquement comme
les Littorines. Au bout de vingt-quatre heures il périt dans la
plupart des solutions employées, et surtout dans les sels de
potasse. Sa vie se prolonge au delà de quarante-huit heures
dans la solution n" 12, dans le sulfate de magnésie et le sul-
fate de soude, mais ne tarde pas à prendre fin.
Pendant toute la durée de ces expériences, du 10 janvier
(1) Voy, De l'Energie et de la structure musculaire cha les Mollusques
acéphales. J.-B. Baillière, Paris.
DES SELS DE l'eAU DE MER. 105
^u 15 mars, les Palourdes elles Litlorines ontvécu dans l'eau
de mer du laboratoire ; les Venus reticulata et les Moules
moins longtemps, les Buccins quelques jours seulement.
Il est un fait très important que nous signalons d'une façon
toute spéciale, c'est que les sels constituant l'eau de mer et
les diverses solutions que nous avons employées, communi-
quent à l'eau la propriété de dissoudre des quantités variables
d'air atmosphérique. Nous avons acquis la preuve par des
expériences directes, que les solutions des sels de soude re-
tiennent plus d'air quand elles sont agitées avec lui que les
solutions de sels de potasse. 11 en résulterait donc que la
toxicité des sels indiqués dans nos expériences, pourrait ré-
sulter, pour une part, de ce qu'ils ne permettent pas à leurs
solutions de s'aérer suffisamment : ils agiraient par asphyxie.
€eci nous permet de comprendre comment le sulfate de po-
tasse et le sulfate de soude, sels neutres auxquels les mollus-
ques ne sont nullement adaptés, agissent si différemment sur
eux, les sels de potasse les tuant rapidement, ceux de soude
les conservant quelque temps.
CONCLUSIONS
1° Les éléments salins de l'eau de mer agissent très diver-
sement chez les Mollusques,
2" Toute modification à la constitution de l'eau de mer finit
par devenir fatale à la vie de ces animaux.
3° Leur résistance plus ou moins grande tient à leur orga-
nisation. Les bivalves résistent mieux que les enroulés, et
dans ces deux groupes les résultats varient également suivant
les espèces.
4^" Les sels de potasse sont moins favorables à la vie des
Mollusques que les sels de magnésie, les sels de magnésie
que les sels de soude.
5° En dehors des sels dissous dans l'eau de mer, le sulfate
de soude semble jouir d'une neutralité conservatrice bien
accusée.
106 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
6" La mort des bivalves est due à un affaiblissement mus-
culaire général.
7° Les muscles ne pouvant plus ramener ni retenir les
valves, l'animal est livré à l'action défavorable ou toxique du
milieu (1).
(1) Ce mémoire a été lu à la dix-neuvième réunion des Sociétés savantes
de 1882, en séance générale
EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ.
SÉANCE GÉNÉRALE DU 2 FEVRIER 1883.
Présidence de M. Henri Bouley, Président.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
— M. le Président proclame les noms des membres nouvellement
admis par le Conseil, savoir :
MM. PRÉSENTATEURS.
, , ^ , , . ^^ j : Euî?. Aron.
Aron (.lu es-Lazare), négociant, 90, rue La- \ t^ . ^ •
^ . *' . Eugène Dupm.
fayette, a Pans. ( Ra.eret-Waltel.
Bailly (Louis-Joseph), chef de bataillon en /
retraite, commandant le 2* bataillon du ) . a r . i
9* territorial d'infanterie, U, rue Charles- ) ,' „' ,,' ,
. <> . ^T 11 /o • X I J--E. Caroiy.
Lafitte, à Neui y Seine). [ ■'
l 0. C. Béren^'er.
Beauchaine (Gustave), propriétaire, à Cha- \ r.' .' ^ ^ '
, ,,,. " f r Eugène Uupin.
tellerault (Vienne). ^, r- a
^ ' \ Maurice Girard.
^ .. 1 . 1 N 1 .1 i E. Dupin.
Bellecombe (André de), homme de lettres, ^ . . ^ . ,
43, rue Jacques-Dulud, à Neuilly (Seine). \ Raveret-Wattel.
,.._., . . . 1 0. C. Bérenger.
COLLIN (Antoine-Fritz), ancien notaire, juge \ . ç- \
de paix, à Lussac-les-Châteaux (Vienne). / .^ n i
^ ' ^ ' \ \ . Palyart.
_,,.,.._„ { Bourdel.
COLLINET (Edmond), négociant, 53, avenue \ . ., » „ • .u-i •
, ^, .,, , ., .,, ,o ■ ' \ A. GeoffroySamt-Hilaire.
de Neuilly, a Neuilly (Seine). j ^ p^^,^^
/ J. Cornély,
GÉRARD (Albert), rue Drouot, 8, à Paris. | A. Geoffroy Saint-Hilaire.
( Saint-Yves 3Iénard.
„ . . , „,, l k. Dubief.
Lelubez (Grégoire), constructeur, 59, rue \ „ . „ .
-, ^ f^ : \ Eugène Dupin.
Condorcet, a Pans. / i i" r • a
' V Jules Gnsard.
PiMONT (Georges-Pierre-Laurent), proprié- ( A. Geoffroy Saint-Hilaire.
taire, à Vilainville par Criquetot d'Esneval \ A. Porte.
(Seine-Inférieure). ' ( Saint-Yves Ménard.
^. , , , . ,„ ( A. Geoffroy Saint-Hilaire,
RoULiNAT (Charles), négociant, 49, rue ^
Charles-Lafitte, à Neuilly (Seine). ( Saint-Yves Ménard.
...... • r., ( Louis liesèble.
Vianelli (Albert), artiste peintre, 84, avenue ) » n .^
des Champs-Elysées, à Paris. / o • . ^ xi- i
V i ^ ( baint-Yves Ménard.
108 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
— Des remerciements pour leur récente admission sont adressés par
MM. A. de Bellecombe, Delaquys et Bravard.
— MM. A. Blanchon, Baril, Goil, Mérat, Bénardaky, vicomte de Mon-
dion et 0. Massias font parvenir des demandes de cheptels. — Renvoi à
Ja Commission spéciale.
— Des comptes rendus sur la situation de leurs cheptels sont adressés
par MM. Le Berre, comte d'Archiac, Sénéquier, Marlel-Houzet et Gorry-
Bouteau.
— M. le préfet de Constantine transmet deux rapports de MM. les
administrateurs des communes mixtes d'Oued-Marsaet de Takitount rela-
tifs aux encouragements à accorder à des cultivateurs de leurs com-
munes. — Renvoi à la Commission des récompenses.
— La Société impériale d'horticulture de Russie annonce qu'à
l'occasion du 25* anniversaire de sa fondation, elle organise, à Saint-
Pétersbourg, une Exposition internationale d'horticulture et un congrès
de botanistes et d'horticulteurs. L'ouverture en est fixée au 5/17 mai
prochain.
— M.Julien écrit de Chantenay : « Les Canards du Labrador sont
très répandus maintenant dans la Loire-Inférieure et dans les départe-
ments voisins grâce au couple que j'ai reçu de M. Garnol. J'ai distribué
à tous les demandeurs (et ils ont été nombreux), tous les œufs pondus
par ma Cane. N'en ayant élevé que cinq ou six que j'ai également don-
nés, il ne me reste plus que les deux premiers oiseaux qui m'ont été
envoyés. Je vais cette année essayer l'élevage d'une couvée pour rem-
placer les vieux dont j'ignore l'âge, d
— M. Delgrange écrit de Valenciennes : « Non seulement la femelle
de mes pigeons {Goura coronata) a pondu et couvé en juillet son œuf
(car elle n'en pond qu'un), mais elle a pondu de nouveau fin août et une
troisième fois fin septembre. Malheureusement ces œufs étaient clairs.
J'attribue le fait au mâle qui a eu le bout des pattes gelé et qui ne peut
pas bien cocher sa femelle. ^Je verrai cette année si je serai plus heureux».
— M. Ad. Jacquemart écrit de Reims : « Mes Saumons de Californie
sont beaux, mais d'une grosseur inégale. J'en ai de magnifiques et
d'autres d'une croissance lente. Je crois que la nourriture a dû être
insuffisante pour ces grands voraces, dont les plus petits sont quelquefois
la proie des gros, j'en ai été témoin. »
— M. le professeur Spencer F. Baird, commissaire des pêcheries des
États-Unis, prie la Société de vouloir' bien lui procurer les documents
publiés en France sur l'industrie ostréicole.
Par une autre lettre 31. S[)encer F. Baird fait connaître qu'il vient
de donner des ordres pour que le Bulletin de la Commission des Pêche-
ries soit, à l'avenir, adressé à la Société ; il annonce en même temps
l'envoi prochain d'œufs embryonnés de Whitefish {Coregonus albus)
et de Truite des lacs d'Amérique {Salmo namaycush).
PROCÈS-VERBAUX. 109
— M. de Behr, président de l'Associalioii allemande de pisciculture,
annonce qu'il compte faire prochainement à la Société l'envoi d'œufs
embryonnés de deux espèces de Corégones, la grande et la petite Marène
(Coregonus marœna et C. albiila).
— M. le Secrétaire des séances fait connaître que les œufs annoncés
par M. Behr sont déjà arrivés. Ces œufs, qui étaient dans un état de
parfaite conservation, malgré la longueur du voyage, ont été immé-
diatement distribués. M. Raveret-Wattel donne à celte occasion les ren-
seignements suivants :
» Le Coregonus marœna se pêche dans le lac Ladoga et le lac-
Peipus, eu Russie, et dans le lac Jladù, en Poméranie. Pendant la plus
grande partie de l'année, et surtout en été, ce poisson se tient à de
grandes profondeurs (iO ou 50 mètres), et ce n'est guère qu'à l'époque
de la reproduction que, recherchant les endroits moins profonds, il se
rapproche des bords pour venir frayer dans des eaux tranquilles. Le
frai a lieu en novembre et décembre. Une femelle peut donner de
20 à 50 000 œufs, lesquels ont 0"',0030 ou 0'",0035 de diamètre. Ces
œufs soiit libres, non adhérents, et un peu plus lourds que l'eau. Le
C. marœna vit surtout de Vers, d'Lisectes et de petits Mollusques; \\
atteint en moyenne une longueur de 0",60; mais des sujets de plus
forte taille ne sont pas rares. Ce poisson, qui paraît avoir existé autrefois
dans un assez grand nombre de lacs du nord de la Piusse , a été
propagé, depuis peu, dans différentes localités, grâce surtout à des
envois d'œufs et d'alevins faits de l'établissement de pisciculture de
Suwalki, en Pologne, oîi l'on s'occupe particulièrement de celte espèce.
La croissance paraît rapide, car les alevins d'un an, venus dans de bonnes
conditions, mesurent déjà 0"',20 de longueur. La chair blanche et ferme
de ce poisson est très recherchée, soit fraîche, soit fumée.
» Le C. albula se pêche dans presque tous les lacs des pays qui
avoisinent la Baltique. Ce poisson passe presque toute l'année dans les
eaux profondes, où il vit de iMollusques, de Vers et de petits Crustacés;
c'est seulement pour frayer qu'il gagne les endroits moins profonds, où
l'eau est calme. Le frai a lieu de novembre à décembre, à peu de dis-
tance du rivage ; il s'y effectue avec de grands ébats, au milieu d'évolu-
tions bruyantes qui attirent l'attention des pécheurs. Les œufs, plus
denses que l'eau, sont nombreux; chaque femelle en donne environ 10 000.
Le C. albula n'atteint généralement qu'une longueur de 12 à 15 centi-
mètres; mais, dans certains lacs, notamment le lac Dadey, prés de
Bischofsburg, la taille de ce poisson va jusqu'à 30 ou 35 centimètres.
C'est une excellente espèce alimentaire, dont la chair se consomme
aussi bien fumée que fraîche. On la pêche à l'aide d'immenses sennes.
» L'alevin de ces deux espèces, comme celui des autres Corégones,
ne peut guère être nourri artificiellement; en outre, ce n'est qu'avec
beaucoup de peine qu'on le tient captif dans les appareils d'incubatiou
110 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
traversés par un courant d'eau, car il s'échappe par les plus petites
ouvertures. Mieux vaut donc, très peu de jours après l'éclosion, lorsque
la vésicule vitelline est sur le point d'être résorbée, le mettre en liberté
dans les eaux qu'il est destiné à peupler. »
— Des remercîments pour les envois d'œufs embryonnés qui leur ont
été faits sont adressés par MM. des Vallières, Focet, Martial et Ber-
thoule, ainsi que par M. le Président de la Société Linnéenne du Nord de
la France, et par la direction de l'Aquarium du Trocadéro.
— M. Delgrange écrit de Valenciennes que les œufs de Salmo na-
maycush qui lui ont été adressés ont souffert de la gelée pendant le
transport, mais qu'il espère néanmoins obtenir des éclosions. Les œufs
out été mis en incubation sur une sorte de frayère artificielle au milieu
d'une large panier à claire-voie placé en eau de source. (.< Je fais faire
en ce moment, ajoute M. Delgrange, trois étangs qui auront chacun de
2 à3 hectares; ils seront finis prochainement. J'en ai déjà deux de plus
d'un demi-hectare, qui sont empoissonnés, et plusieurs réservoirs
alimentés par des sources, dans lesquels j'entretiens de la Truite. »
— En accusant réception de l'envoi d'œufs embryonnés qui lui a été
fait, le régisseur de l'établissement national de pisciculture de Bouzey
écrit : « Nous avons obtenu un beau résultat d'élevage de Saumons de
Californie; 600 alevins ont été répandus au printemps dernier dans la
Saône.»
— En remerciant des œufs de Coregonus albus qui lui ont été expé-
diés, M. Auguste Iledde fait connaître en ces termes la non réussite de
la presque totalité des œufs de Salmo fontinalis d'un précédent envoi :
c Sur un millier d'œufs, j'en ai choisi une soixantaine qui m'ont donné
cinq alevins. Ces poissons auront bientôt complété leur deuxième
année. Ils sont restés longtemps frêles et peu vigoureux, si bien que,
malgré mes soins, le choix de la nourriture et la qualité des eaux,
au bout d'un an ces poissons atteignaient à peine la taille d'un Véron.
Mais depuis six mois ces Salmo fontinalis prennent santé et vigueur
ainsi que du développement. J'espère l'année prochaine en obtenir des
œufs. Les Coregonus albus de ce même envoi étaient 'également si
endommagés, qu'à l'éclosion j'ai eu seulement deux sujets, qui ont pris
un bon développement.
» Dans le lac du Bouchet, qui appartient au département de la Haute-
Loire, et dont je me suis rendu fermier, j'ai péché il y a deux ans un
Corégoiie qui proportionnellement est le poisson le plus charnu que j'aie
jamais vu. La chair de ce poisson était légèrement parfumée comme celle
de l'Ombre commun, ferme et d'une délicatesse exquise. »
— M. Millet dépose sur le bureau plusieurs exemplaires du programme
de l'Exposition des Insectes qui doit avoir lieu au Palais de l'Industrie
du I"au 22 juillet 1S83, et qui est organisée par la Société centrale
d'apiculture et d'insectologie.
,■/'.)■ PROCÈS -VERyAUX. lil
Ms"" Perny, provicaire apostolique de Chine, écrit à M. le Secré-
taire général : « Au mois de mai de l'an dernier, la Société d'Acclimata-
tion a bien voulu me remettre environ deux cents œufs, des graines des
Vers à soie du chêne.
» J'en ai fait deux parts. L'une était destinée à M. le vicomte de
Melun, qui possède à Brumetz (Aisne) une magnifique forêt où le chêne
abonde. L'autre était réservée pour une famille aisée et intelligente de
Cerdon, dans le Loiret. J'avais donné des instructions détaillées à cha-
•cun des éducateurs.
» M. Douchy, instituteur de Brumetz, apportait les plus grands soins
à l'élevage des chenilles. Tout marchait à souhaits. Presque tous les
<Bufs avaient éclos. Les chenilles paraissaient se plaire beaucoup dans
cette forêt. Elles atteignaient déjà le maximum de leur grosseur, lors-
•qu'un jour il s'éleva dans le pays une tempête furieuse qui dévasta en
quelques instants toute la moisson du pays et hacha complètement le
feuillage des arbres. Toutes les chenilles furent broyées durant cet
ourao-an, sans qu'on en retrouvât une seule survivante. De mémoire
d'homme, on n'avait vu dans le pays un ouragan aussi terrible. Sans ce
malheur, tout faisait prévoir un succès complet dans l'éducation de ce
Ver à soie. Cette année, on fera un nouvel essai.
» Quant aux œufs confiés à mon ami de Cerdon, l'éclosion a été plus
tardive qu'à Brumetz. Elle a cependant réussi. On avait placé les œufs
dans une petite corbeille en osier, comme le font les Chinois. On a
nourri là, pendant une dizaine de jours, les jeunes chenilles, puis on les
a portées sur les chênes. Elles prospéraient admirablement. Aucune ne
paraissait malade. On les surveillait avec un soin maternel. On avait
oublié une de mes recommandations, celle de veiller au rapt par les
■oiseaux. En un jour ou deux, les mésanges s'abattirent avec ardeur sur
les chênes et firent un grand ravage. Mon ami était dans une désolation
d'autant plus vive que les chenilles étaient à la veille de faire leur pre-
mier cocon. On apporta les soins les plus minutieux à sauver la vie des
chenilles survivantes. ^Elles firent un premier cocon magnifique, dont
la soie est fort belle. Quinze jours après, environ, malgré la persistance
«xceptionnelle du mauvais temps, on obtint une nouvelle éclosion et une
nouvelle ponte d'œufs, mais, par suite du mauvais temps, cette deuxième
éclosion a mis une lenteur très grande à accomplir ses différentes phases
•de mues, et la chenille n'a pu faire qu'un deuxième cocon incomplet.
» Telle est sommairement l'histoire de cette double tentative d'élevage
de ce Ver à soie. L'insuccès tient à des causes exceptionnelles. Nous espé-
rons être plus heureux celte année, et nous sollicitons d'avance une
large portion des graines que la Société d'Acclimatation pourra prochai-
nement confier à ses membres. »
— M. Ilignet écrit de Varsovie : « J'ai reçu hier les 20 cocons de
Cynthia que vous avez eu la bonté de m'envoyer. Sont-ce des cocons
112 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
de la seconde ponte ou une race univoltine comme celle que j'étais par-
venu à produire ici. Je m'attends à être dans Ja nécessité de recom-
mencer le travail commencé au début de la création de mon établisse-
ment de Siellze. Je regrette bien que la négligence de mon sériciculteur,
pendant un de mes voyages à Paris, ait laissé se perdre cette race
précieuse pour notre pays.
» J'attends le printemps avec impatience pour voir si mes Pernyi du
printemps dernier auront supporté jusqu'au bout la prolongation-
d'existence à laquelle je les ai condamnés. Les nymphes sont toujours
vivantes ; que sera-ce d'ici au mois de juin? La période à parcourir est
encore longue. Quelques Vers de la seconde ponte ont été élevés par moi
en chambre. J'ai eu de la feuille fraîche jusqu'à la fm d'octobre et
même au commencement de novembre. Cependant, un moment est
venu où elle a manqué, et mes Vers se sont résignés à manger des-
feuilles sèches. C'est sous l'influence de cette nourriture qu'ils ont iilé.
Les cocons sont assez beaux, moins fournis de soie cependant que ceux
d'été.
» Je vous remercie encore une fois pour les Cynthia, et me recom-
mande à vous pour toutes espèces d'œufs dont vous pourriez disposer
en ma faveur. J'ai planté déjeunes pruniers, pommiers, noyers, etc.,
pour répondre à toutes les exigences des espèces séricigénes que je
pourrais tenir de votre obligeance.
» Le Mûrier de l'Etna, dont je vous ai dans le temps envoyé de la
graine, a levé chez moi ; mais je n'ai pas osé le soumettre à la rigueur
de nos hivers, et j'en ai fait une plante de serre, qui entre maintenant en-
végétation. — Si vous pouviez joindre à vos envois quelques graines de
Mûrier du Japon, je vous en serais très reconnaissant. »
— MM. Carbonnier, Guillaume, Laisné, de Montrol, Dumézil, comte-
de Saint-Innocent, comte de Montlezun, R. Germain et Gorry-Bouteau,
ainsi que la Société nantaise d'horticulture, demandent à prendre part à
la distribution de graines diverses annoncée dans la Chronique.
— Des remerciements pour les envois de graines qui leur ont été faits,
sont adressés par MM. de Gazenove et Mathey.
— M. A. Masson écrit du château de Villeblevin (Yonne) : « De retour
d'un voyage au Canada, je viens vous rendre compte de mes démarches
infructueuses pour trouver l'origine du Topinambour. Tous les savants
de là-bas s'accordent à dire que la plante n'est pas originaire du
Canada. Je profite de cette occasion pour vous adresser trois bien petits
paquets de graines de Melons du Canada. Ces trois espèces sont les
meilleures, et je puis garantir que le Melo'n brodé de Skillman est tout
simplement délicieux, supérieur à mon avis à tous les autres Melons.
Voilà quatre ans de suite que j'en cultive, et outre que c'est un Melou
prolifique, hâtif et facile àpousser, il est, de l'avis de tous ceux qui l'ont
goûté, excellent.
PROCÈS-VERBAUX. H3
» Pour les deux autres espèces, je ne puis rien garantir; mais au
Canada elles sont aussi appréciées que les Skillmaii. Ces derniers se
forcent très bien; on doit les laisser bien mûrir avant de les cueillir; la
chair en est verte; ils sont très juteux et d'un goût très fin.
3) Si les graines de Melons que je vous envoie réussissent et sont
appréciées, je me ferai un plaisir de vous en envoyer d'autres. »
— A l'occasion du procès-verbal, M. Raveret-Wattel revient sur la
question de la formation des monstres dans la classe des Poissons. 11
fait remarquer que les monstruosités, causées par les manipulations de
la fécondation artificielle ou par les secousses du transport, sont toujours
des monstruosités simples, unitaires. 3Iais quand les œufs ont été
fécondés par la méthode sèche, il n'est pas très rare d'obtenir des
monstruosités doubles, et cela peut-être parce que ce mode tout artifi-
ciel de fécondation permet, plus qu'un autre, la pénétration de plusieurs
spermatozoïdes dans l'ovule.
— M. Millet fait connaître que les œufs récoltés sur des frayères na-
turelles ne lui ont jamais donné de monstres, probablement parce que
la fécondation s'est opérée dans des conditions régulières, et que chaque
ovule n'a reçu qu'un seul spermatozoïde.
— M. Decroix fait une intéressante communication sur un procédé de
destruction en Algérie des Criquets voyageurs , procédé imaginé par
M. Durand, ex-directeur de la Bergerie nationale de Ben Cliicao. Ce
procédé consiste à barrer le passage aux larves des Criquets, par de
longues bandes de zinc et de toile qui, soutenues sur des piquets, for-
ment par leur surface lisse un obstacle insurmontable pour les insectes.
Ceux-ci vont tomber dans des fossettes oîi il est facile de les recueillir.
On peut ensuite les utiliser comme engrais.
— M. Millet fait remarquer que le procédé imaginé par M. Durand est
un perfectionnement de celui dû à l'invention de Mehmed Saïd-Pacha, o-ou-
verneur de l'île de Chypre, et décrit dans le Bulletin de la Société d'Ac-
climatation (année 1871). Il ajoute que ce procédé paraît appelé à rendre
d'immenses services en Algérie, où, dans certaines années, les Criquets
occasionnent des dégâts s'élevant à 50 ou 55 millions. Récoltés et des-
séchés avec les soins voulus, ces insectes pourraient être utilisés pour la
nourriture des Faisans et d'une foule d'oiseaux qui s'en montrent très
friands. On pourrait sans doute aussi en préparer un produit de nature
à être substitué économiquement à la rogue de Morue pour la pèche de
la Sardine.
— M. Raveret-Wattel fait connaître que M. le docteur Morvan, de
Douarnenez,a, depuis longtemps, fait, avec le concours de l'administra-
tion de la Marine, des essais tendant à utiliser les Criquets de l'Alo-érie
pour la préparation d'une rogue artificielle. Ces essais n'ont pas donné
de résultats très satisfaisants. Les préparations obtenut.'s, même au
moyen de mélanges avec divers corps gras ou une certaine proportion
3' SÈHIB, T. X. — Février 1883. g
114 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
de ro""ue naUirolle, n'avaient pas la densité ni surtout l'onctuosité, le
liant nécessaire. La difficulté de la préparation et les frais de transport
auo-mentaient considérablement le prix de revient qui cessait d'être
avantageux.
M. Geoffroy Saint-IIilaire estime que les Criquets ne pourraient
être employés que dans une certaine mesure pour la nourriture des
oiseaux. On a plusieurs fois recommandé l'emploi de farine de Han-
neton; or cette nourriture, qui est très stimulante, réussit bien à
l'époque de la ponte ; mais , si l'on n'en usait pas avec modération, elle
deviendrait trop excitante et pourrait occasionner des maladies sé-
rieuses. C'est plutôt un médicament qu'un aliment.
— M. Maurice Girard dit que l'abondance des Criquets est hors de
toute proportion avec la consommation que pourraient en faire les
oiseaux. Notre confrère pense qu'il importerait surtout de détruire
les insectes arrivés à leur complet développement, les insectes ailés,
qui voyagent en légions innombrables formant des nuages de plusieurs
kilomètres d'étendue, et qui causent des ravages bien autrement graves
que ne le font les larves, seules détruites par le procédé de M. Durand.
M. Maurice Girard ajoute que ces larves sont souvent, mais à tort, seules
désignées sous le nom de Criquets par certaines personnes qui donnent
l'appellation erronée de Sauterelles à l'insecte adulte. Or VAcridium
pcregrinnm, ou Criquet de l'Algérie, est très différent des Locustiens
ou véritables Sauterelles.
— M. Millet pense que par quelques recherches on arriverait à pré-
parer avec les Criquets desséchés une rogue artificielle très satisfai-
sante, et qu'il en serait de même sans doute pour les produits destinés
à la nourriture des oiseaux. Depuis trois ans, M. Millet emploie, pour
l'élevage des Becs-fins, une pâtée composée de fécule de pommes de
terre et de farine de chrysalides de vers à soie, le tout aggloméré avec
de l'huile d'olive, et il en obtient d'excellents résultats.
— M. le Président dit que plusieurs Comices agricoles ont constaté
l'efficacité du procédé imaginé par 31. Durand, auquel des remerciements
ont été volés par le Comité de l'Algérie. La destruction des larves ne
peut avoir qu'une très grande utilité, puisqu'elle prévient la transfor-
mation de ces larves en insectes adultes, ailés.
— M. Decroix dit que les insectes ailés sont moins nuisibles que les
larves, attendu qu'ils passent rapidement. Les larves, au contraire, ne
cheminent que lentement, ravageant tout sur leur passage, ne laissant
pas, dans les cultures, un mètre de terrain intact.
— M. Maurice Girard craint que les Criquets adultes ne fassent, eux
aussi, beaucoup de mal. Le danger lui paraît être dans les migrations
de ces individus ailés qui arrivent du désert, et qui viennent pondre
dans les régions cultivées. Il pense qu'on devrait surtout s'occuper de la
destruction des œufs.
PROCÈS-VERBAUX. 115
— Sur la demande de MM. Millet et Maurice Girard, la communication
de M. Uecroix est renvoyée aux 2« et 4' sections.
— M. Fornet présente à l'assemblée un modèle d'hydro-incubateur de
son invention, appareil dont il fait ressortir les avantages. (Voy. au Bul-
letin.)
SEANCE DU 16 FÉVRIER J883.
Présidence de H. Henri Bouley, Président.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté après une
observation de M. Millet.
— M. le Président proclame les noms des membres nouvellement
admis par le Conseil, savoir :
MM. PRÉSENTATEURS.
Brun (François-Eugène), médecin-vétéri- ( ^"J*^"^ J^^P'"*
n n • ■ n • ' n • \ ot-ives Menard.
naire, 9, rue Casunir-Perier, a Pans. ) ... .
V Vigier.
Massjas (Gabriel), négociant, passage Mas- A. Bouts.
séna, i, à Neuilly (Seine), et 13, rue Vi- ■ Eugène Dupin.
vienne, à Paris. ( St-Yves Ménard.
Métra (Claude), propriétaire, boulevard ( f ",°^"^ ^"P'"*
d'Inkermann, 22, à Neuilly (Seine). } l"^"^ Grisard.
\ Eugène vavin.
ViNCENDON-DuMOULiN, vice-président de la ( Vicomte Brenier de Mont-
Société d'agriculture de Saint-Marcellin { i^o'<^n •
à Chevrières (Isère). ^ ^'^«"^'"'^y Saint-Hilaire.
\ Raveret-Wattel.
— M. Beauchaine adresse des remerciements au sujet de sa récente
admission.
— M. Bravard demande qu'il lui soit envoyé un exemplaire du règle-
ment sur les cheptels, ainsi que la liste des animaux et des végétaux mis
en distribution.
— Des remerciements pour les cheptels qui viennent de leur être
accordés sont adressés par MM. Bénardaky, G. de Kervénoaël, Saury,
de Fontette, Delloye-Orban, Pitard, 0. Larrieu, Le Pelletier, Chambry
et le comte de Montiezun.
— M. Charles Baltet écrit de Troyes : « M. Paul Hariot, de Méry-
sur-Oise (Aube), va rejoindre la mission française au Cap Horn, à titre
de botaniste officiel.
» Mon jeune compatriote, préparateur au Muséum d'histoire naturelle.
.116 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
serait heureux, j'en suis certain, de rencontrer des correspondants de la
Société d'Acclimatation et d'avoir leur concours bienveillant. »
— M. N. Masson écrit à M. le Président : « Je viens de recevoir de
M. Jean Kiener fils, de la Forge, près Watback (Haute-Alsace), une
réponse à la lettre que je lui ai adressée, relativement au croisement du
Cochon d'Inde avec le Rat.
» Dans une de nos premières séances, M. le Secrétaire général a bien
voulu nous donner communication d'un renseignement qu'il avait reçu
de M. Kiener, au sujet de ce croisement. Notre Société n'a pas jugé,
tout d'abord, devoir apporter une créance absolue.
» J'ai voulu m'iiiformer directement auprès de ce collègue pour con-
naître les sujets qu'il avait obtenus, et voici sa réponse :
« Monsieur et cher confrère,
> Soyez convaincu et tenez pour certain, que, dans les faits observés
j ici sur le Cochon d'Inde, il est pertinent :
» Que des individus de celte espèce sont nés de mères de pure race,
» qui ont été vues en compagnie de Rais, avec des queues d'égale lon-
» gueur à celle des Rats.
» La certitude d'une alliance du Cochon d'Inde avec le Rat, révélée
» par une ressemblance de forme, de queue et de caractères généraux du
» Raf, m'avait dégoûté de ces animaux. Le croisement a eu lieu, il peut
* se reproduire.
» La coloration du poil, je ne la considère que comme accessoire.
> Tout à votre disposition, je reste votre dévoué collègue.
» Signé : Kiener fds. »
» Je crois qu'il ne serait peut-être pas superflu de tenir compte de ces
renseignements, et même d'en prendre note, et je vais m'occuper, de
mon côté, d'acquérir quelques sujets de ces reproductions, que j'aurai
l'honneur de soumettre à l'examen de notre honorable Société, pour la
curiosité du fait, dont il est bon de s'assurer. » — (Renvoi à la t" sec-
lion.)
— M. Rogeron écrit du château d'Arceau (Maine-et-Loire) : c Comme
je vous le disais dans ma dernière lettre, je possède , depuis près de
quatre ans, un Cygne de Rewik {Cygniis minor), superbe oiseau, dont
j'ai pu, par là même, apprécier à loisir tous les mérites, et parmi les-
quels le principal est, sans contredit, la petitesse de sa taille qui lui
assignerait une place dans bien des pièces d'eau et jardins plus ou moins
restreints, dont ses congénères sont exclus à cause de leurs grandes
dimensions. Il ne le cède d'ailleurs en rien à ceux de sa race par la
grâce et la sociabilité; et sa blancheur est encore d'un plus grand éclat
que celle du Cygne domestique et du Cygne sauvage... d
— M. Deschamps sollicite une récompense de la Société pour l'intro-
FROCÈS-VERDAUX. 117
duction du Colin de Californie. — Renvoi à la Commission des récom-
penses.
— Des remerciements pour les envois d'œufs embryonnés qui leur ont
été faits, sont adressés par MM. Banmeyer, Bertlioule, Carbonnier,
Louis, Lugrin, ainsi que par le régisseur de l'établissement national de
pisciculture de Bouzey, et par la direction de l'Aquarium du Trocadéro.
— En accusant réception des œufs de Corégone qui lui ont été adressés,
M. le vicomte de Causans ajoute : « Ces œufs sont arrivés tous en parfait
état; ils sont d'une transparence irréprochable. Je suis étonné que vous
arriviez à avoir si peu de perte pour des trajets aussi longs. Le jour
même, ils ont été transportés à Saint-Joan-de-Nay, à 17 kilomètres du
Puy, dans des appareils à éclosion construits avec beaucoup de soins,
alimentés par une source abondante d'une température de 9 à 10 de-
grés.
» Aussitôt après leur éclosion, ils seront déposés à des places choisies
et très favorables, à l'embouchure d'un ruisseau d'eau vive dans une
pièce d'eau d'un demi-hectare ayant jusqu'à 5 mètres de profondeur, et
recevant les égouts du village, et d'une vaste prairie qui fournissent une
abondante nourriture. Ils y sont attendus par les With-fish de l'année
dernière, dont on a pu constater le succès depuis leur éclosion, au
printemps dernier. Je vous aviserai du succès des éclosions dès qu'elles
auront lieu. »
— M. le professeur Spencer F. Baird, commissaire des pêcheries des
Etats-Unis , annonce l'envoi qu'il compte faire prochainement à la
Société de l5 000 œufs de Saumon des lacs {Land locked Salmon).
— M. le comte G. Casati adresse à la Société 40 grammes de graine
de Ver à soie du mûrier de la race milanaise dite Brianza Verdolina
Casati. Celte graine, obtenue par le système cellulaire, est très saine.
— M. de Villette adresse une demande d'œufs ou de cocons de diffé-
rentes espèces de Vers à soie.
— M. Antonio Blasco fait parvenir une demande de graines.
— M. Gorry-Bouteau accuse réception et remercie de l'envoi de
graines qui lui a été fait.
— M. Jules Leroux annonce l'envoi des noix de Jtiglans nigra qu'il a
bien voulu mettre à la disposition de la Société.
— M, Ch. Baltet adresse des fruits et des graines de Loza {Rhamnus
utilis) employé pour la fabrication du vert de Chine.
— M. Guillaume adresse un compte rendu de ses essais de culture de
Saggina.
— M. Eug. Vavin écrit de Neuilly (Seine) : « J'ai le plaisir de vous
annoncer que je viens de recevoir de notre savant collègue, M. Masson,
commandant le Catinat, et gouverneur du Gabon, un pied de Mais, qui
a i'",C)0 de haut.
» Ces jours-ci, j'ai reçu de Santiago de Cuba, un pied d'Arracac/ja
118 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
csculenta, en pleine végétation. J'espère en recevoir d'autres d'ici à
peu de temps. »
— M. Sanford, ancien ministre des États-Unis en Belgique, annonce
qu'il va faire expédier de la Louisiane à la Société, une barrique de
Noix de Pacanier. « Ce bel arbre, ajoute M. Sanford, a bien réussi en
Belgique; je suis sûr que, dans le sud de la France, il atteindra de
grandes dimensions et sera très ornemental. Il se fait chez nous un
grand commerce de noix, qui se vendent à un prix assez élevé. »
— M. Beauchaine écrit de Chàtellerault : « Je prends la liberté de
recommander à la bienveillante attention de la Société, une variété de
Poire obtenue par M. d'Iray, et par lui nommée Poire M"'' Solange
d'iray. Cette variété, issue de la Poire Citron-des-Carmes, est un peu
plus précoce et de qualité bien supérieure. C'est la meilleure Poire pré-
coce que je connaisse, et je serais heureux d'en offrir des greffons à ceux
des membres de la Société qui auraient désir d'en essayer la culture. »
— M. le Secrétaire général dépose sur le bureau :
1° Des fruits de Zapallilo de Tronco de variété pure, offerts par
M. Berson ;
2° Un sac de graines de Soja noir, provenant des cultures du Jardin
d'Acclimatation d'Hyères ;
3° Une note dans laquelle M. Delaurier aîné, d'Angoulême, rend
compte de ses élevages d'Oiseaux exotiques, et fait connaître la situation
satisfaisante des Tragopansde Blyth qui lui ont été confiés par le Jardin
d'.\cclimatation (voy. au Bulletin) ;
4° Un ouvrage récemment publié par M. La Perre de Boo, et intitulé:
Monographie des Pigeons domestiques. Ce volume est accompagné de la
note suivante : « Jusqu'ici, les auteurs qui ont écrit sur les Pigeons, se
sont contentés de faire des descriptions banales et absolument incom-
plètes des caractères généraux et distinctifs des types purs de nos
diverses races de Pigeons d'utilité et d'agrément. La raison en est facile
à expliquer : les types purs avaient en quelque sorte cessé d'exister,
par suite des nombreux croisements que nos diverses races de Pigeons
domestiques avaient subis dans nos fermes et dans nos basses-cours.
» Or les races pures, ayant disparu de la surface du globe, les
auteurs français qui ont écrit avant moi sur les Pigeons, ne possédaient
aucune base qui pût les guider dans leurs descriptions; car les pré-
tendus types purs n'avaient de constance qu'au gré de l'éleveur ou du
caprice d'un jury.
» Voulant mettre de l'ordre dans cette confusion des races qui, dans
les concours, exposait le jury à toute sorte de désagréments, nos voisins
d'outre-Manche, en gens pratiques, ont reconstitué les races d'après
des bases convenues entre les principaux éleveurs du pays.
» Ils ont donc adopté pour chaque race un type officiel, reconnu,
approuvé et couramment admis par le jury du Palais de Cristal et par
PROCÈS-VERBAUX. 119
les exposants ; et c'est d'après ces bases que j'ai fait la description des
diverses races de Pigeons domestiques qui sont mentionnées dans mon
ouvrage.
» La vérité est que cet ouvrage manquait en France; car les Pigeons
qu'on nous met tous les ans sous les yeux au Palais de l'Industrie ,
attestent l'ignorance des éleveurs, et démontrent jusqu'à l'évidence
qu'ils ne connaissent pas les caractères généraux des races qu'ils culti-
vent. A la dernière Exposition, j'ai vu le même éleveur exposer des
Pigeons Boulants anglais rouges, ayant la queue rouge, et un couple de
Pigeons de la même variété ayant la queue blanche ! Or aucun auteur
français ne dit dans son ouvrage si la queue du Boulant rouge doit être
blanche ou rouge : c'est ce qui explique l'ignorance de l'éleveur.
» Je crois donc avoir rendu un immense service aux amateurs de
Pigeons, en écrivant un livre dans lequel ils trouveront un inventaire
complet de tous ces petits détails que les auteurs qui ont écrit avant
moi, ont cru pouvoir négliger, au grand détriment du progrès et de la
science, et sans lesquels il est impossible d'étudier les races. »
— M. le Secrétaire général appelle ensuite l'attention de l'assemblée sur
de nouveaux faits de croisement observés, entre espèces fort différentes,
<lans la classe des Oiseaux. 11 mentionne d'abord le Faisan bleu, de
€ochinchine et de Siam, qui a été allié avec le Faisan argenté, par
M. Mathias, de Bourg-la-Reine. Ce croisement présente d'autant plus
d'intérêt que les deux espèces sont assez éloignées pour que certains
naturalistes aient proposé de les classer dans des genres distincts.
Un autre croisement fort curieux, récemment obtenu, c'est celui du
<]anard Casarka et de l'Oie d'Egypte, c'est-à-dire de deux oiseaux appar-
tenant d'une façon bien précise à deux genres différents.
A l'occasion de ces faits, M. le Secrétaire général exprime l'opinion
que, plus les observations se multiplient, plus la notion de l'espèce,
telle qu'elle a été comprise autrefois, se modifie et s'altère.
« L'espèce est pour nous, ajoute M. Geoffroy Saint-Hilaire, un moyen
de classement, mais elle n'existe pas dans la nature, attendu que nous
voyons, chaque jour, des faits nouveaux venir nous démontrer qu'il y a
des groupes naturels et qu'il n'y a pas d'espèces d'une façon absolument
certaine, absolument fixe, puisque l'on passe de l'une à l'autre par des
variétés insensibles. »
M. le Secrétaire général met ensuite sous les yeux de l'assemblée
deux aquarelles, représentant, l'une un Mouton d'une variété importée
pour la première fois de l'Inde, l'autre une Corneille qui a été capturée
prèsd'Étrépagny, et qui, au lieu d'être, soit entièrement noire comme la
Corneille ordinaire, soit complètement blanche, comme le sont les sujets
albinos, présentait, avec un plumage noir, une tache blanche en forme
de cravate.
—M. de Barrau de Muratel dépose sur le bureau une note de M. Vialan,
120 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
instituteur à Blan (Tarn), qui a fondé dans son école une Société pour la
proteclion des oiseaux et la destruction des animaux nuisibles.
L'année dernière, cette Société, qui compte 70 enfants, a découvert et
protéf^é 560 nids d'oiseaux divers; elle a, en outre, détruit environ
16000 insectes nuisibles. M. de Barrau de Muratel ajoute que déjà plu-
sieurs instituteurs ont suivi l'exemple de M. Vialan, et créé dans leurs
écoles des Sociétés pour la protection des oiseaux et la destruction des
insectes.
Sur la demande de M. de Barrau de Muratel, le travail de M. Vialan
est renvoyé à la 2" section.
Tout en reconnaissant les services que peuvent rendre de sembla-
bles Sociétés, M. Maurice Girard exprime la crainte qu'elles ne détrui-
sent souvent beaucoup d'insectes utiles.
— M. de Barrau de Muratel fait remarquer qu'il importerait que des
ouvrat^es élémentaires, donnant la liste des insectes à détruire et celle
des espèces à respecter, fussent mis à la disposition des instituteurs.
— M. Maurice Girard donne lecture d'une note de M. Fallou rendant
compte d'une éducation de Ver à soie du chêne de la Chine (Attacus
Pernyi) faite en plein air, dans la forêt de Sénart. — (Voy. au Bulletin.)
— M. de Barrau de Muratel fait connaître que, d'après les journaux,
les Hirondelles auraient déjà fait leur apparition à Nevers. « Le fait,
ajoute notre confrère, aurait besoin d'être vériûé, eu égard à l'époque
de l'année; s'il est exact, c'est que l'hiver touche à sa fin. »
— M. Paillieux fait connaître le résultat de ses cultures expérimen-
tales de Plantes chinoises, et donne lecture d'une note sur le Pet-saï de
Mongolie. — (Voy. au Bulletin.)
Le travail de M. Paillieux est renvoyé à la Commission des récompenses
avec invitation d'examiner s'il n'y aurait pas lieu de créer quelques prix
pour l'introduction de certains des Végétaux chinois mis en essais par
notre confrère.
M. Raveret-Watlel fait une communication sur les échelles à
Saumons, et présente un modèle d'échelle offert à la Société par M. le
colonel Mac-Donald, inspecteur des pêcheries de l'État de Virginie.
Le secrétaire des séances,
C. Baveret-Wattel.
IV EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS
PREMIÈRE SECTION
SÉANCE DU 9 JANVIER 1883.
Présidence de M. DECROix
Il est procédé au début de la séance à l'élection du bureau pour
l'année 1883. Sont élus :
Président: M. Decroix;
Vice- Président: M. Ménard;
Secrétaire: M. Gautier;
Vice-Secrétaire : M. X. Dybowski;
Délégué dans la Commission des récompenses : M. Ménard.
11 est donné connaissance à la section d'une lettre de M. Fauvel, ofti-
cier des douanes chinoises, se mettant à la disposition de la Société d'Ac-
climatation pour lui envoyer des animaux ou des plantes du pays, et
demandant de vouloir bien lui adresser une note indiquant les espèces
qui l'intéresseraient particulièrement. La Section adresse ses remercie-
ments à M. Fauvel; une note dans le sens demandé lui sera envoyée.
M. le Président lit ensuite une lettre de M. le marquis de Pruns
appelant à nouveau l'attention de la Société sur ce que les Chèvres ne
sont pas comprises au nombre des animaux admis dans les concours
régionaux.
M. le Président et après lui M. Dybowski proposent d'adresser à brei
délai une lettre à M. le Ministre du Commerce, mais sur l'observation
de M. Gautier et de plusieurs autres membres, qu'il n'y a pas urgence
puisqne la décision ministérielle ne pourrait produire effet pour le con-
cours des animaux gras s'ouvrant le 28 janvier, et qu'il y a intérêt a
discuter la question d'une façon plus approfondie, la Section remet la
discussion à sa prochaine séance.
M. le Président donne communication d'une lettre de M. Jean Kiener
informant la Société qu'ayant mis en liberté dans une cour un couple de
Cobayes, ces animaux se sont croisés avec des Rats.
Il donne également communication d'une lettre de M. Reynal, infor-
mant la Société que des Cobayes ayant été envoyés par lui au pic du
Midi, ont été lâchés dans la montagne, s'y sont fait des abris, et y ont
reproduit. Dans cette lettre, M. Reynal informe également la Société que
des Ouistitis viennent de reproduire en France à côté de chez lui, à Péri-
gueux, et que des deux petits nés, l'un est mort, mais l'autre est arrivé
presque à grosseur. Ces différentes communications devant être repro-
duites à l'Assemblée générale, la Section se borne à adresser ses remer-
ciements à leurs auteurs.
Le Secrétaire,
Jules Gautier.
122 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
DEUXIÈME SECTION
SÉANCE DU 9 JANVIER 1883.
Présidence de M. le baron d'AvÈNE, Vice-Président.
L'ordre du jour porte la nomination du bureau.
Le dépouillement du scrutin donne le résultat suivant:
Président: M. Millet;
Vice-Président : M. le baron d'Avène;
Secrétaire: M. Gustave Sturne ;
Vice-Secrétaire: M. le vicomte d'Esterno ;
Délégué dans la Commission des récompenses: M. Millet.
M. Grisard donne lecture d'une lettre de M. le Ministre de l'Agricul-
ture, répondant à une demande faite par la Société d'ouvrir un concours
pour les Couveuses artificielles au moment du concours dit des animaux
gras à Paris.
M. le Ministre ne peut accepter cette proposition, par la raison que,
les machines agricoles ne sont admises que pour être exposées et ne
sont l'objet d'aucune récompense.
M. Xavier Dybowski trouve que cette réponse était inévitable.
M. Sturne pense qu'il est r£grettable, que M. le Ministre n'ait pas
autorisé ce concours, qui se fait sentir de jour en jour plus nécessaire,
et il rappelle que dans une de nos dernières séances générales, M. le
vicomte d'Esterno écrivait une lettre dans le même sens. Non seulement
ce concours rendrait un grand service aux éleveurs et à l'agriculture, mais
cette question s'étend encore à l'élevage des Autruches, dont nos colonies
peuvent retirer de si grands bénélices ; et, comme M. Sturne avait été le
promoteur de cette démarche, il demande que la Section veuille bien
émettre le nouveau vœu d'une seconde démarche, pour faire l'expé-
rience des Couveuses artificielles, une fois seulement, au concours de
1884, afin de reconnaître celles qui sont les meilleures.
M. le Président met la motion aux voix, qui est adoptée.
L'ordre du jour appelle l'attention de la Section sur les instructions
que demande M. Fauvel, officier des douanes chinoises, à Han-Kéou, qui
se met à la disposition de la Société d'Acclimatation, pour des questions
d'histoire naturelle, sur la faune si fiche du Céleste-Empire.
M. Sturne demande si M. Fauvel a été l'objet d'une récompense pour
les savantes communications qu'il a faites à la Société, particulièrement
lors de son dernier passage à Paris. En tous cas, M. Slurne prie la
deuxième Section d'émettre le vœu que les travaux de .M. Fauvel soient
examinés par la Commission des récompenses.
Cette proposition est adoptée.
M. Millet présente deux têtes, pattes et ailes comparatives d'une espèce
de Perdrix grise nouvelle et d'une Perdrix grise ordinaire et dit :
PROCÈS-VERBAUX.
423
« On ne connaît généralement en France, qu'une espèce de Perdrix grise ;
mais depuis deux ans, vers la fin d'octobre, dans la région du nord de la
France, et particulièrement dans les départements de l'Aisne, de l'Oise et
du Nord, on voit des passages, pendant une huitaine de jours seulement,
de cette petite espèce, se dirigeant vers le midi; ces migrations s'o-
pèrent par bandes de 25 à 35 têtes, et toujours à la même époque.
» On ne trouve, dans les ouvrages, que des indications très incomplètes
qui sont indécises pour la désigner, soit en une race ou une espèce. 11
serait intéressant de savoir si d'autres personnes ont remarqué ces
migrations de Perdrix nouvelles, tant au point de vue de l'histoire natu-
relle, que de la chasse. »
M. Millet termine en promettant un rapport détaillé à la Société.
Le Secrétaire,
Gustave Sturne.
TROISIÈME SECTION
SÉANCE DU 16 JANVIER 1883.
Dès l'ouverture de la séance, il est procédé à l'élection du bureau de
la Section pour l'exercice 1883. Sont élus:
Président: M. Vaillant;
Vice-Président : M. de Barrau de Muratel ; -
Secrétaire : M. Banmeyer ;
Vice-Secrétaire : M. Léon Vidal ;
Délégué dans la Commission des récompenses : M. Berthoule.
M. Baveret-Wattel donne lecture de diverses lettres adressées à la
Société et de nature à intéresser la Section.
Parmi ces lettres, il en est une, émanant du Ministère de la Guerre,
demandant des renseignements sur les échelles à Saumons.
En réponse à cette lettre, l'administration de la Société a communiqué
au Ministère le modèle d'échelles à Saumons imaginé par M. Mac-Donald
et employé avec un très grand succès aux États-Unis d'Amérique.
Une intéressante discussion a lieu au sujet des échelles à Saumons et
de l'importance que présente cette question, au point de vue du repeu-
plement des cours d'eau.
Il est évident que partout où il existe des échelles mal construites, les
Saumons ne peuvent remonter facilement le cours d'eau; ils sont violents
dans leurs instincts, d'où résulte l'appauvrissement des fleuves et ri-
vières. On ne saurait donc insister trop sur la nécessité de recourir
pour la construction des échelles à des types consacrés, après une longue
expérience, par de bons résultats.
M. le Président annonce la satisfaction qu'il éprouve de voir le Minis-
124 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACGLIMATATION.
1ère de la Guerre faire appel en pareil cas aux lumières des membres
de la Société d'Acclimatation.
A propos de Saumons, M. Raveret-Wattel expose que les Saumons de
Californie se sont remarquablement reproduits dans les bacs du Troca-
déro. Il y a eu toutefois une très grande mortalité parmi les sujets repro-
ducteurs, par suite sans doute de blessures.
En Améri(}ue, on a constaté une très grande mortalité des sujets qui
ont frayé, ce qui prouverait que cette mortalité, qui a surtout atteint
les mâles, tient à une cause étrangère aux entraves apportées à la lil)re
circulation des poissons par suite de barrages , ou d'échelles défectueuses.
Cette mortalité n'a pas d'ailleurs été générale, car dans le Sacra-
menlo il y a de nombreux sujets qui ont frayé plusieurs fois.
Le fait de mortalité des Saumons au moment du froid, fait signalé à la
Société par une lettre de M. Le Faute, provoque un intéressant échange
d'idées au sujet des causes de maladie ou de mortalité des poissons élevés
en stabulation.
La nourriture animale qui est donnée aux Saumons est, ainsi que cela
s'est produit à Courance, dit M. Millet, une des causes d'infection des
eaux qui amènent des maladies mortelles. D'ailleurs, les Saumons tenus
enfermés sont privés de leur migration annuelle vers la mer, ce qui est
une anomalie dont ils doivent naturellement se ressentir.
Un membre fait remarquer qu'au Trocadéro la nourriture n'est com-
posée que de poissons, ce qui n'empêche pas qu'il y ait chaque année une
grande. mortalité. Les femelles sont très souvent maculées de mousses.
Les exemples de poissons recouverts de mousses abondent. Les Carpes
du Dois de Boulogne ont été souvent les victimes de ce parasite végétal.
Des Anguilles au repos en sont souvent recouvertes. M. Vaillant explique
que le mycélium du Saprolegna envahit le dessous des écailles.
Les animaux atteints peuvent être guéris si les conditions du milieu oîi
ils vivent se trouvent modifiées. En général, ce parasite végétal se pro-
page d'autant plus facilement, que l'animal est maintenu dans une eau
plus dormante.
M. Raveret-Wattel ajoute qu'en Amérique, on emploie de l'eau salée
assez saturée pour faire disparaître la maladie.
M. Millet donne quelques intéressants détails au sujet de la maladie
des Ecrevisses.
11 n'existe presque plus de ce crustacé dans le département de l'Aisne
où il y en avait beaucoup.
11 serait intéressant de dresser une carte des localités où la maladie a
sévi. La Société d'Acclimatation possède sur celte question un ensemble
de documents qu'il serait intéressant de grouper, de façon à étudier le
mal de plus près et à présenter à la Section un travail plus complet.
M. Millet veut bien se charger de préparer ce rapport.
On dit que celte maladie est causée par la présence d'un parasite.
PROCÈS-VERBAUX. 125
mais cane semble pas, suivant M. Millet, pouvoir donner une explication
des cas foudroyants.
M. Raveret-Waltel répond que le distome de l'Écrevisse se reproduit
avec une telle rapidité que l'on pourrait bien trouver là une cause des
mortalités soudaines constatées dans diverses localités.
Il ajoute que la maladie tend à disparaître en Allemagne.
M. Millet pense que le meilleur moyen pour étudier la maladie con-
sisterait dans l'examen immédiat des sujets contaminés, il y aurait donc
lieu de prier les personnes chez qui sévit la maladie, d'envoyer à la
Société des échantillons malades.
Il est décidé que l'Administration sera invitée à écrire dans ce sens.
M. le Président trouve dans le dossier de la Section, un projet de loi
relatif à la pêche fluviale, il propose de nommer une Commission qui
s'occuperait de l'examen de ce projet.
Cette proposition étant accueillie, une Commission est nommée com-
posée de : MM. Millet, de Glaligny, Banmeyer et Raveret-Wattel.
31. Vidal fait remarquer à ce propos que les travaux de la troisième
Section lui paraissent demeurer un peu à l'état de lettre morte. L'année
dernière, aucun procès-verbal émanant de cette section, n'a été publié,
il exprime le désir que ces réunions puissent avoir une sanction
effective. Il lui semble que la Section devrait être informée des suites
qui sont données à ses propositions.
M. J. Grisard répond que les procès-verbaux n'ayant pas été remis au
Secrétariat, il n'a pu être statué sur les vœux émis par la Section.
Le Vice-Secrétaire,
Léon Vidal.
QUATRIÈME SECTION
SÉANCE DU 23 JANVIER 1883
Présidence de M. Fallou, Vice-Président.
La Section procède à la constitution de son bureau.
Sont élus par scrutin de liste :
Président :M. Maurice Girard;
Vice-Président : M. Fallou;
Secrétaire : M. Clément ;
Vice- Secrétaire : M. X. Dybowski ;
Délégué à la Commission des récompenses : M. Fallou.
M. Grisard lit: X" une lettre de M. le comte Casali, de Milan qui offre des
graines de Vers à soi(î du mûrier provenant d'une variété saine et robuste;
t° Un mémoire de M. Fallou intitulé : Observations sur «n Lvpido-
126 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
phire hétérocère séricigène, provenant d'un envoi de M. Moquin-Tandon,
de la Cochinchine ;
3» Une lettre de M. P. Nemelz, à Wiener-Neustadt (Autriche), sur une
éducation de Pernyi ;
4" Deux lettres de M^e de Bompar, relatives à la destruction du
pliylloxera par une araignée : le Trombidion, laquelle vivrait sur le
Fraisier, D'après M""" de Bompar, on détruirait le phylloxéra, en plan-
tant des Fraisiers dans les Vignes.
A ce propos, M. M. Girard dit que c'est là une erreur absolue; le
Trombidion ne mange pas le phylloxéra : peut-être en détruit-il quand
il est à l'état de larve, car alors il a un régime parasitaire sur les insec-
tes, mais, adulte, il suce les plantes. Le phylloxéra ne prend que sur les
■ sarments, — il est nionophage et ne vit que de la Vigne.
M. Fallou ajoute qu'il est bien possible que le Fraisier attire le Trom-
bidion, comme il attire beaucoup d'autres insectes, et entre autres les
altises.
Il est donné lecture de la lettre suivante de M. de Confévron, relative
- à une observation qu'il a faite sur les mœurs des Cigales et des Sphex.
a Je cède au désir de raconter à ceux de nos confrères qui s'occupent
d'entomologie et que cela pourra intéresser, une observation que j'ai
faite par hasard sur les mœurs des Cigales et des Sphex.
» C'était en Vaucluse, pendant l'été de 1881, par une de ces journées
brûlantes pendant lesquelles, dans le Midi, le soleil dardant d'aplomb
ses rayons de feu, engourdit tout, durant quelques heures du milieu du
jour. Alors, tout se taisant dans la nature, on n'entend guère que le zi zi
strident des Cigales, qui semble rendre plus accablante encore cette
fournaise où elles sont dans leur élément et qui fait leurs délices.
» J'étais assis à l'ombre d'un arbre, regardant tout près de moi les
rapides cicindelles poursuivant leur proie sur le sable embrasé.
» Mes yeux vinrent à s'arrêter sur un platane où je remarquai une
Cigale. Avec la tarière qu'au repos elles portent repliée le long de leur
abdomen et qui, comm.e on sait, remplace chez les femelles l'appareil
du chant dont les mâles seuls sont pourvus, elle avait creusé dans
l'écorce de l'arbre, un puits artésien ou elle s'abreuvait de sève.
» Tout à coup, deux Sphex arrivent, et sans hésiter, se mettent à
pousser, tirailler, harceler ma Cigale, tant et si bien qu'ils lui font
quitter la place et se mettent à se délecter à la source dont elle était
l'inventeur.
» N'est-ce pas là un exemple de plus, du parasitisme naturel qu'on
retrouve à chaque pas.
» Ce fait n'étant pas à la connaissance de tous, j'ai voulu vous le
narrer dans toute sa simplicité, car tout se tient et s'enchaîne dans
l'étude de la nature et les moindres remarques peuvent être utilisées.
)> Veuillez, etc. « De Confévron. »
PROCÈS-VERBAUX. 127
M. Millet promet une note, pour la prochaine séance, sur le dévelop-
pement de la sériciculture en Autriche qui, depuis deux ans, a pris de très
grands développements.
M. Millet tient de M. Durand des documents sur les ravages et la
destruction des criquets voyageurs. MM. Durand et Millet doivent en
parler en séance générale, mais dès à présent M. Millet dit que
M. Durand a sans doute perfectionné le mode de destruction dont se
servait le Gouverneur de Chypre.
M. Grisard rappelle que M. Fauvel, officier des douanes en Chine,
offre ses services; la Section remercie 31. Fauvel et se propose de pro-
fiter de ses offres à l'occasion.
M. Fallou se propose de donner en séance générale un compte rendu
détaillé d'une éducation de Pernyi. Mais dès maintenant il donne quel-
ques renseignements : M. Huin lui a donné des œufs. 11 a placé des
jeunes Vers sur des cépées de chêne dans la forêt de Sénart. Au moyen
de quelques abris, malgré la grêle, les Vers ont abouti complètement.
Ce qu'il y a d'important dans celte éducation, c'est l'obtention de cocons
qui n'éclosent qu'au printemps suivant. Cette espèce paraît donc dis-
posée à devenir univoltine, seule condition qui permet de conserver
l'espèce chez nous et d'en propager la culture, car restant bivoltine, les
Vers de la deuxième éclosion, qui se fait en octobre, ne trouvent pas la
nourriture fraîche qui leur est indispensable. En outre, en automne,
les jeunes chenilles sont attaquées par les araignées, qui en détruisent
une grande quantité et diminuent encore les chances de la conservation
de l'espèce.
M. Hignet, à Varsovie, et le professeur Balbiani ont obtenu un résultat
analogue.
Le Vice -sécréta ire,
X. Dybowski.
CINQUIÈME SECTION
SÉANCE DU 30 JANVIER 1883
Présidence de M. Vavin, Président, puis de M. Paillieux.
M. le Président fait connaître qu'il va être procédé au renouvellement
du bureau et à la nomination d'un délégué près la Commission des
récompenses et, à cette occasion, exprime le désir de voir les suffrages
de ses collègues se reporter sur une autre personne, son intention n'étant
pas d'accepter les fonctions de Président, s'il était renommé.
Le dépouillement du scrutin donne le résultat suivant :
Président : M. Henri de Vilmorin ;
Vice-Président : M. Paillieux;
\^2S SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
Secrétaire : M. Jules Grisard ;
Vice-Secrétaire : M. X. Dybowski;
Délégué dans la Commission des récompenses : M., le D'" Ed. Mène.
M. Chappeliier, se faisant l'inlerprèle des sentiments de ses collègues,
exprime à M. Vavin les remerciements de la Section pour le zèle qu'il a
toujours montré pendant les longues années de sa présidence.
31. Paillieux prend la présidence.
M. Paillieux donne lecture d'un rapport détaillé et fort intéressant sur
ses cultures de diverses plantes chinoises.
Sur le bureau, figurent les produits dftnt parle le mémoire de notre
zélé collègue, et des fruits conlits de Shiro-uri, préparés par la maison
Robineau-Boissier. Ces derniers, dégustés par la Section, sont trouvés
exquis.
M. le D' Mène demande que, vu son importance, le travail de M. Pail-
lieux soit publié dans le corps du Bulletin et non dans le procès-verbal
de la séance ; la Section tout entière s'associe à ce vœu qui sera transmis
à la Commission de publication.
MM. Fallou et de Vroil font connaître les résultats qu'ils ont obtenus
de la culture des graines offertes par M. Paillieux à la Section, dans le
courant de l'année 1882.
M.Jules Grisard informe la section que la Société vient de recevoir
un baril de Noix fraîches de Pacanier {Carya olivœformis).
Celte intéressante espèce convient surtout au bassin méditerranéen ;
elle demande un terrain frais, même humide.
Le Pacanier supporte diflicilement la transplantation, il est donc bon
de le semer en place, trois on quatre noix par trou, en éliminant, lors
de la levée, les plants les moins vigoureux; c'est le procédé suivi aux
États-Unis.
M. Chappeliier, qui a reçu de la Société quelques tubercules de la
Pomme de terre Heymonet, dit que cette variété mérite d'être plus
répandue et qu'elle lui a donné des résultats très satisfaisants.
M. .Malhey confirme ces renseignements.
Le Secrétaire,
Jules Grisakd.
Le gérant : Jules Grisard.
Monenoz, AiJm.-Direcl <Jes Imprimeries réunies. A, rue Mignon, 2; Pari;
i. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
RAPPORT
PRÉSENTÉ A LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION
AU NOM
DE LA COMMISSION DE LA CHASSE
[Par J. GtiillTlER.
Messieurs,
Yotre Commission de la chasse a été chargée par vous d'éla-
borei' un projet de loi sur les animaux nuisibles, destiné à
compléter le projet de loi sur la chasse que vous avez ap-
prouvé dans votre assemblée générale du 2 juin dernier. C'est
ce projet de loi que j'ai l'honneur de vous présenter aujour-
d'hui.
Voire Commission, vous vous en souvenez. Messieurs, a
dans son précédent travail suivi pas à pas le projet de loi
déposé à la Chambre des députés par M. Labitte et s'est bornée
à demander à leur ordre les modifications qui lui ont semblé
désirables. Elle a estimé, en effet, que c'était là le mode le
plus pratique de présenter ses observations sur un projet qui,
tel qu'il était, réalisait à ses yeux un progrès réel sur la loi
de 1844. Elle eût désiré de même prendre pour base de son
travail actuel le projet de loi déposé à la Chambre des dé-
putés le 41 février 1878 par M. Petitbien, député, mais elle
a dû bientôt y renoncer, ce projet se résumant en réalité à
deux mesures qu'elle considère à l'unanimité comme funestes :
la suppression de la louveterie et l'attribution aux municipa-
lités du droit de déterminer les animaux nuisibles, d'en or-
donner et d'en opérer la destruction.
Sur le premier point, les motifs donnés par l'auteur du
projet pour supprimer la louveterie sont assez vagues et ne
s'appuient sur aucun fait ni aucun document. « En résumé,
dit-il, la louveterie est un privilège qui nous vient de l'ancien
régime. S'il pouvait alors se justifier par le petit nombre des
chasseurs qui existaient eu égard à l'état des chasses avant la
3* SÉRIE, T. X. — Mars 1883. 9
i.]0 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Révolution, aucune considération ne saurait le légitimer
aujourd'hui que le nombre des chasseurs est illimité ; que
les exercices militaires rendent tous les hommes valides en
état de tenir une arme et que chaque localité possède des
moyens de destruction des animaux nuisibles ou dangereux
qui peuvent se trouver sur son territoire.
» La destruction des animaux nuisibles est d'ailleurs essen-
tiellement une mesure de police municipale et rurale qui
appartient aux maires. »
Nous nous bornerons, Messieurs, à vous faire remarquer
combien l'assertion q^e la charge de louvelier est un privilège
est inexacte aujourd'hui, alors que les louvetiers sont nommés
chaque année par les préfets, c'est-à-dire les représentants .
mêmes du gouvernement, et nous vous exposerons brièvement
les raisons qui ont déterminé votre Commission à maintenir
au contraire dans son projet de loi l'institution de la louve-
lerie.
On a souvent répété que la louveterie était inutile, et que,
loin de détruire les loups, les louvetiers en favorisaient le
repeuplement. C'est là une assertion sans fondement qui
tombe d'elle-même en présence des services des louvetiers offi-
ciellement constatés dans le présent, et de l'expérience faite
dans le passé.
Si en effet on consulte les relevés officiels de ces dernières
années (Ministère de l'agriculture), on lit qu'il a été détruit
par les louvetiers, en 1877-1878 par exemple, 555 loups,
louves ou louveteaux et 5328 sangliers, chiffre déjà bien res-
pectable; et si l'on remonte de quelques années, on trouve
des tableaux qui accusent le chiffre énorme de 5000 loups
dans une seule année. Comment en conclure que la louve-
terie favorise le repeuplement des loups? comment se refuser
à reconnaître que la louveterie faitbeaucoup encore et qu'elle
a déjà beaucoup fait pour la destruction des loups ?
D'autre part, l'expérience déjà faite sous la première Répu-
blique de la suppression de la louveterie n'est pas moins con-
cluante en faveur de son maintien actuel. En effet, cette sup-
pression qui avait paru la conséquence nécessaire de l'inter-
RAPPORT SUR LA CHASSE. 131
diction de chasser sur le terrain d'aiitriii édictée par la loi
il'avril 1790, a produit des résultats désastreux qui ont néces-
sité son rétablissement à bref délai. Malgré l'élévation des
primes fixées à 300 livres pour une louve pleine, "âSO livres
pour une louve, "^OO livres pour un loup, sommes considé-
rables pour l'époque, les loups devenus à nouveau Ibrt nom-
breux, causaient de grands ravages, et l'on a vite compris que
l'intérêt public exigeait en cette matière de sacrifier l'intérêt
particulier.
C'est que nulle chasse n'est plus difficile que la chasse du
loup. Les battues sont le plus souvent inefficaces; de plus
elles ont l'inconvénient grave non seulement de nécessiter la
réquisition de traqueiirs enlevés ainsi à leurs travaux, mais
encore de porter un préjudice véritable au propriétaire ou
possesseur des bois dans lesquels elles ont lieu.
Seule lâchasse avec des chiens produit de bons résultats et
encore faut-il des chiens spéciaux, tous les chiens ne prenant
pas sur la voie du loup, et un véritable savoir étant nécessaire
pour conduire la chasse.
Si aux considérations qui précèdent on ajoute que la charge
de louvetier est gratuite et que l'Etat trouve même une source
de revenus dans les dépenses qu'elle entraîne pour celui qui
en est investi, on ne comprend plus la raison de supprimer
une institution dont la longue existence démontre clairement
l'utilité.
Sur le deuxième point voire Commission, Messieurs, s'est
trouvée également unanime. Pour elle l'attribution aux muni-
cipalités du droit de déterminer les animaux nuisibles à l'agri-
culture locale et d'en opérer la destruction au moyen de
battues qu'elles ordonneraient, aurait les résultats les plus
fâcheux. Nul doute, en effet, que de graves abus ne tarderaient
à se produire, et que l'on verrait ranger au nombre des ani-
maux nuisibles ceux qui sont le plus inoffensifs, ceux-là
mêmes qui sont sans conteste au nombre des animaux utiles;
nul doute que l'on verrait à bref délai le gibier objet de tant
de convoitises, pourchassé de tous côtés et bientôt exterminé.
Celte disposition donnerait, eu ellet, aux municipalités un
132 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
droit général et absolu, puisqu'elle ne distingue pas entre les
animaux qui menacent l'intérêt public et ceux qui ne sont
nuisibles que dans certaines circonstances et au regard de cer-
taines personnes seulement, le lapin par exemple.
Or les battues administratives sont chose grave puisqu'elles
constituent une véritable expropriation ; expropriation que
peut seul Justifier un intérêt supérieur, un intérêt public.
Cet intérêt existerait-il si- une municipalité déclarait le la-
pin nuisible à l'agriculture locale? évidemment non. Sans
doute, comme nous venons de le dire, le lapin peut être nui-
sible à tel ou tel propriétaire ou fermier, mais l'intérêt lésé
est en ce cas un intérêt purement privé, et les questions de
dommages et de responsabilité sont du ressort des tribunaux
qui ont seuls droit de connaître des contestations s'élevant
entre les particuliers; autoriser les municipalités à faire dé-
truire les animaux qu'il leur plairait sur telle propriété qu'elles
désigneraient, serait donc non seulement leur permettre d'ex-
proprier sans même qu'il y ait en jeu un intérêt public, ce qui
est contraire au système tout entier de notre législation, mais
encore substituer en quelque sorte l'autorité administra-
tive à l'autorité judiciaire dans des questions qui, nous le
répétons, sont purement des questions d'intérêt particulier.
Loin de vouloir étendre aux municipalités le droit d'établir
la nomenclature des animaux nuisibles, votre Commission
vous propose au contraire. Messieurs, de l'enlever aux préfets
en énuméranl dans la loi môme quels sont les animaux nui-
sibles et en déterminant les conditions de leur destruction.
De cette façon l'on ne verrait plus des arrêtés préfectoraux
déclarer animaux nuisibles les alouettes, comme celui du
préfet des Deux-Sèvres, les hirondelles comme celui du préfet
des Bouches-du-Rhône, les chevreuils comme celui du préfet
de l'Oise.
A part cette modification importante et quelques modifica-
tions de détail dont l'expérience a démontré la nécessité, le
projet qui vous est soumis n'est en quelque sorte, Messieurs,
que la réunion dans un seul texte des dispositions qui régis-
sent aujourd'lnii la matière et qui se trouvent éparses dans
RAPrORT SUR LA CHASSE. 133
les lois, décrets et ordonnances de messidor et pluviôse an V,
germinal an XIII, août 1814, septembre 1830, juillet 184-4,
etc.. Il a paru, en effet, à votre Commission que ce qu'il y
avait à faire, c'était non de chercher de nouvelles règles dp
droit, tnais de rendre celles qui existent plus claires, et d'um
application plus facile.
C'est ainsi qu'en tête du projet est inscrit le droit d
défense qui figure à l'article 9 de la loi de 184-4, emprunta
déjà par elle à la loi de 1700. Il est ainsi conçu dans 1?
loi de 1844: « Tout propriétaire, possesseur ou fermier a
îc droit de repousser ou de détruire sur ses terres, même
avec les armes à feu, les animaux malfaisants ou nuisibles qui
porteraient dommage à ses propriétés. 5 Votre Commission,
Messieurs, vous propose de supprimer les mots « malfaisants
et nuisibles » pour mettre le texte en harmonie complète avec
la jurisprudence. Dans la pratique, en effet, on entend ce droit
de défense dans le sens le plus large, admettant qu'il peut
.s'exercer en tout temps, même la nuit, même en temps de
neige, par tous moyens et contre tous animaux, qu'ils soient
ou non classés parmi les animaux nuisibles, qu'ils soient
îTîême classés parmi les animaux utiles; c'est que, nous le ré-
pétons, c'est là un droit de légitime défense.
Le projet divise ensuite les animaux nuisibles en trois ca-
tégories. Dans la première sont rangés l'ours, le loup et le
sanglier, animaux essentiellement nomades, qui constituent
.un danger public et dont la destruction pourra être ordonnée
par l'administration au cas où elle le jugerait nécessaire,
comme elle peut l'être aujourd'hui.
Dans la seconde catégorie sont rangés les petits carnassiers
elles oiseaux de proie dont la destruction intéresse seulement
les propriétaires ou fermiers, lesquels auront le droit de pro-
céder ou faire procéder à cette destruction sans qu'il soit
besoin d'arrêté préfectoral les y autorisant.
Enlin, dans la troisième catégorie sont rangés les animaux
inoffensifs par eux-mêmes, mais pouvant devenir nuisibles par
excès de nombre, les cerfs, biches, daims et lapins. Pour la
destruction de ces animaux une autorisation nominale et tem-
\o^ SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
poraire continuera à être nécessaire. C'est qu'en effet ces-
animaux ne sont nuisibles qu'au regard de certaines pro-
priétés riveraines et que leurs habitudes sédentaires per-
mettent de rendre responsables des dégâts qu'ils causent les
propriétaires des bois qu'ils habitent. C'est donc à eux seuls
qu'il peut appartenir de les détruire et l'autorisation ne doil
leur en être donnée que s'ils justifient d'un intérêt, cette auto-
risation étant le seul moyen d'empêcher, sous prétexte de des-
truction, une véritable chasse en temps prohibé.
En résumé, Messieurs, nous le répétons, le projet qui vous
est soumis n'est pour ainsi dire que la réunion des règles de
droit et de jurisprudence qui régissent aujourd'hui la ma-
tière.
PROJET DE LOI SUR LA DESTRUCTION DES ANIMAUX NUISIBLES
OU MALFAISANTS.
Art. l^"".
Tout propriétaire, possesseur ou fermier, a le droit de repousser ou
détruire sur ses terres, même avec les armes à feu, les animaux qui.
porteraient dommage à ses propriétés.
Section 1". — Règles relatives aux animaux compris dans la
première catéfjorie.
Art. 2.
La première catégorie comprend les loups, les sangliers et l'ours.
Art. 3.
Les lieutenants de louveterie sont nommés par le préfet, sur la pré-
sentation du conservateur des forêts. Leur nombre est fixé par le préfet,
également sur la proposition du conservateur des forêts.
Art. 4.
La commission des lieutenants de louveterie est valable pour une
année et renouvelable.
Art. 5.
Leur fonction est gratuite.
Art. 6.
Les lieutenants de louveterie sont tenus d'avoir un équipage suffisant
pour chasser le loup dans leur circonscription; le nombre de chiens
devant comuosf'.r cet éouipage est déterminé dans l'arrêté de nomination.
RAPPORT SUR LX CHASSE. 135
Art. 7.
Les lieutenants de louveterie ont le droit de chasser Tours et le louj.
en tout temps et en tous lieux dans leur circonscription, en vertu de leur
seule commission, mais sous l'obligation de prévenir le propriétaire ou
garde du bois dans lequel ils doivent attaquer.
Akt. 8.
Ils peuvent être chargés de faire des battues, soit à l'ours, soit au
loup, soit au sanglier, par ordre du préfet ou du sous-préfet de leur
arrondissement, motivé par la plainte du maire de la commune ayant
à souHrir de la présence de ces animaux.
Art. 9.
Dans ce cas, ils conduisent la battue et désignent les tireurs qui
doivent y prendre part.
Art. 10.
Les traqueurs sont désignés et fournis par le maire de la commune
oii la battue est faite.
Art. 11.
Sera puni d'une amende de 3 à 5 francs tout habitant requis qui aura
manqué à la réunion sans excuse valable. Sera puni de la même peine
tout individu qui dans la battue aura refusé d'obéir à celui qui la
dirige.
Art. 12.
La moitié soit de la bête, soit de la prime affectée à sa destruction,
.sera distribuée aux traqueurs. L'autre motié et la peau appartiendront
au louvetier directeur de la battue.
Art. 13.
Les lieutenants de louveterie enverront chaque année au préfel^'élat
des animaux détruits par eux.
L'état général des animaux détruits sera dressé par l'administration
supérieure et sera publié au Journal officiel.
Art. 14.
Les louvetiers, pour tenir leurs chiens en haleine, pourront chasser
It; sanglier deux fois par mois dans les bois appartenant à l'État et dr-
pendant de leur circonscription, du 1" octobre au 1'^' avril.
Art. 15.
L)9S primes seront allouées par l'État à ceux qui détruiront tie» luiips
conformément à la loi du l .''.oùt 18^2.
136 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Section 2V — Règles relatives aux animaux compris dans la seconde
catégorie.
Art. 16.
La deuxième catégorie comprend :
Parmi les Mammifères : le Renard, le Blaireau, le Lynx, la Loutre,
le Lynx, le Chat sauvage, la Genete, le Putois, la Fouine, la Martre,
l'Hermine, la Belette, le Roselet, l'Écureuil, le Chat errant.
Parmi les oiseaux : tous les oiseaux de proie diurnes, tels que les
Aigles, les Vautours, les Autours, les Faucons, la Crécerelle, l'Épervier,
les Buses, les Buzards, etc.; les Corbeaux, sauf le Choucas et le Freux,
la Pie, le Geai, les Pigeons ramiers. — Parmi les oiseaux nocturnes, le
Grand-Duc.
Art. 17.
Tout propriétaire, fermier de chasse ou garde les représentant, peut
détruire en tout temps et de toute façon les animaux compris dans celte
catégorie.
Section 3*. — Règles relatives aux animaux compris dans la troisième
catégorie.
Art. 18.
La troisième catégorie comprend les Cerfs, Biches, Daims et Lapins.
Art. 19.
Les propriétaires on possesseurs de bois, les fermiers de chasse pour-
ront, lorsque les animaux compris dans la troisième catégorie devien-
dront, par excès de nombre, un danger pour les propriétés riveraines
ouïes bois qu'ils habitent, obtenir du préfet une autorisation nominale
et temporaire de les détruire ou faire détruire, même au fusil, soit en
temps de neige, soit après la clôture de la chasse.
Art. 20.
Les lois et décrets antérieurs sur la matière sont abrogés.
Ce projet a été adopté par la Société nationale d'Acclima-
tation, dans sa séance générale du 16 mars 1883.
ETUDES EXPERIMENTALES SUR L'INCUBATION.
Par n. le D' ( ASIILLE UARESTE.
On rencontre fréquemment dans l'incubation, naturelle ou
artificielle, des œufs qui n'éclosent point. Les causes de ces
insuccès sont multiples. Leur connaissance intéresse à un
haut degré la pratique de l'incubation artificielle dont l'im-
portance s'accroît tous les jours : elle intéresse également la
physiologie générale, qui n'a pas de plus grande queslion
que celle de l'origine et du mode de formation des êtres
vivants. C'est en me plaçant à ce dernier point de vue que
J'ai entrepris les études dont je vais faire connaître les ré-
sultats.
Le germe de l'œuf est un organisme vivant, dont la vie
reste latente jusqu'au moment où elle se manifeste par la for-
mation d'un nouvel être; ce qui arrive sous l'influence de la
chaleur, soit de la chaleur de la poule, soit de la chaleur qui
lui est appliquée artificiellement. Or le germe peut être frappé
de mort et plus ou moins désorganisé avant la mise en incu-
bation. Tel est le cas des œufs non fécondés, soit que la poule
ait été privée de l'influence du coq, soit que, comme cela arrive
souvent, certains œufs aient échappé à l'influence de la
fécondation. D'autre part, le germe, même fécondé, meurt
un certain temps après la ponte, lorsqu'il n'a pas été mis
en incubation. Enfin, je l'ai constaté depuis longtemps, le
germe fécondé, mais non soumis à l'incubation, commence
à se développer sous l'influence d'une température un peu
élevée (25 à 30 degrés); mais son évolution s'arrête rapide-
ment, et alors il se désorganise et meurt.
Dans l'état actuel de la science, il est absolument impossible
de constater directement la mon et la désorganisation du
germe, lorsque la coquille de l'œuf est intacte. On peut cepen-
dant dimmuer de beaucoup le nombre des non-éclosions,
en choisissant les œufs dans des poulaillers pourvus d'un
nombre suffisant de coqs, en soumettant les œufs à l'incuba-
138 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
lion peu de temps après la ponte, en conservant les œufs qui
doivent être couvés dans des locaux à température peu élevée.
Mais l'absence d'éclosion peut aussi se produire pour des
œufs dont le germe était fécondé et vivant. Il arrive fréquem-
ment que le germe commence à se développer; qu'il pro-
duise le blastoderme ou la membrane qui enveloppe le jaune ;
qu'au centre de ce blastoderme l'embryon commence à se
développer. Mais tous ces faits d'évolution s'arrêtent de très
bonne heure. Au bout de peu de jours, l'embryon meurt, se
désorganise et disparaît plus ou moins complètement, telle-
ment qu'au bout des vingt et un jours de l'incubation il n'est
plus possible de reconnaître les traces de son existence. Quelle
est la cause de cette mort précoce de l'embryon? Mes recher-
ches expérimenlales m'ont permis de la constater ; c'est la
formation des monstruosités.
L'évolution de l'embryon, lorsqu'elle suit son cours nor-
mal, aboutit toujours à la formation d'un être bien conformé.
Mais, dans beaucoup de cas, l'évolution est modifiée ; l'em-
bryon se développe d'une manière anormale et devient un
être monstrueux, atteint à la fois dans son organisation et
dans sa viabilité. Aussi sa mort est-elle très précoce. Les em-
bryons monstrueux périssent presque tous dans les quatre ou
cinq premiers jours de leur évolution.
Comment l'évolution est-elle tantôt normale et tantôt anor-
male? Quelles sont les causes qui la modifient? C'est une
question que je me suis posée depuis longtemps. Guidé par
d'anciennes expériences d'E. Geoffroy Saint-Hilaire, j'avais
pensé qu'en modifiant légèrement les conditions physiques de
l'incubation artificielle, j'arriverais à produire des monstres
et à établir, par l'observation directe, les lois de leur forma-
tion. Mes prévisions ont été pleinement justifiées. J'ai pro-
duit plusieurs milliers de monstres artificiels, qui m'oni
fourni les éléments dont j'avais besoin pour mes études.
Mais, pendant longtemps, je n'ai pu me rendre scientifique-
ment compte des procédés que je mettais en œuvre. L'imper-
fection de mes appareils d'incubation et leur fonctionnement
irrégulier s'y opposaient absolument. Aussi mes recherches
ÉTUDES SUR l'incubation. 13f>
sur les causes qui produisent les monstruosités ne me don-
naient alors que de simples indications, très utiles, sans doute,
puisque je pouvais, à leur aide, me procurer facilement les
matériaux de mes études ; mais absolument insuffisantes pour
me permettre de déterminer scientifiquement, d'une part, les
conditions de l'évolution normale, de l'autre, les conditions
de l'évolution anormale.
Il y a six ans, la création d'un laboratoire spécial que j'ai
obtenue, non sanspeine, grâce au concours d'un grand nombre
de membres de l'Académie des sciences, et l'invention toute
récente des régulateurs de la température m'ont permis d'in-
staller des appareils destinés à établir, avec la précision
la plus grande, les conditions physiques de l'incubation
artificielle. J'ai donc repris mon travail; mais j'ai ren-
contré de suite un résultat tout à fait inattendu. Je cherchais
dans mes expériences à réaliser les conditions de l'évolution
normale en me rapprochant, autant que possible, des condi-
tions de l'incubation naturelle. Si, dans certains cas, les
embryons se développaient d'une manière normale, lorsque je
recommençais l'expérience dans des conditions physiques
absolument identiques, je rencontrais souvent, en plus ou
moins grand nombre, des embryons monstrueux. J'avais beau
varier mes expériences de toutes les manières possibles, je
retrouvais toujours le même fait, la présence simultanée
d'embryons normaux et d'embryons monstrueux.
Il n'y avait qu'un moyen d'expliquer ces résultats; c'est
que l'évolution normale ne dépend pas seulement de condi-
tions physiques, mais qu'elle dépend aussi de conditions phy-
siologiques inhérentes à l'œuf lui-même et, par conséquent,
antérieures à la mise en incubation. J'ai cherché à déterminer
ces conditions, et j'y suis en grande partie parvenu. Je dis en
grande partie^ car le problème dont je recherche la solution
contient un nombre indéterminé d'inconnues. Je n'ai pas
la prétention de les faire connaître toutes ; mais je puis
dès à présent en signaler quelques-unes d'une bien grande
importance.
Il y a d'abord l'âge des œufs. Le germe de l'œuf pondu, et
iiiO SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
qui n'est point soumis à l'incubation, périt un certain temps
après la ponte. Mais, avant de mourir, sa vitalité s'affaiblit
peu à peu. Il arrive une époque où le germe ne produit plus
qu'un embryon monstrueux ; une autre époque dans laquelle
il ne produit qu'un blastoderme sans embryon. Or cet affai-
blissement de la vitalité du germe est plus ou moins prompte,
suivant diverses circonstances. Dans certains œufs ce fait se
produit plus rapidement que dans d'autres. De plus, l'éléva-
tion de la température de l'air accélère cette altération du
germe. Dans une expérience que j'ai faite au mois de juillet
dernier, les œufs que j'avais mis en incubation, neuf jours
après la ponte, m'ont tous donné des monstres. Répétant mes
expériences au mois d'octobre et de novembre, j'ai obtenu
des poulets bien conformés d'œufs mis en incubation quinze
et vingt jours après la ponte.
Une autre cause de la production des monstres provient du
transport des œufs dans les charrettes ou les chemins de fer.
J'ai déjà entretenu la Société de ces faits, et j'ai montré que
eette cause n'a généralement qu'une action passagère ; car
son intluence disparaît quand on laisse reposer les œufs
quelques jours avant la mise en incubation. Toutefois cette
influence ne disparaît pas lorsque les secousses ont eu un cer-
tain degré d'intensité. J'ai eu, en effet, la pensée de soumettre
des caisses pleines d'œufs à l'action de cette machine que l'on
désigne sous le nom de tapoteuse, et qui sert, dans les fabriques
■de chocolat, à laire pénétrer la pâte dans les moules où elle
se forme en tablettes. L'appareil que j'ai employé dans mes
expériences et qui avait été mis à ma disposition par mon
parent. M, Devinck, donne 120 coups par minute. J'ai soumis
les œufs à l'action de cette machine pendant une heure, pen-
dant une demi-heure, pendant un quart d'heure. Les œufs
ainsi secoués m'ont presque tous donné des monstres; aussi
bien ceux que j'avais laissés reposer pendant plusieurs jours,
que ceux que j'avais mis en incubation immédiatement après
les secousses.
Enfin, une troisième cause de production des monstres
■consiste dans les végétations cryptogamiques qui peuvent se
ÉTUDES SUR l'INCUDATION. 14-1
développer dans rintéiieiir de l'œuf. J'ai fait connaître à la
Société, depuis deux ans, l'existence très fréquente de germes
de moisissures dans l'intérieur des œufs. S'il arrive que ces
germes se développent avant la mise en incubation, l'albu-
mine contient, en plus ou moins grande quantité, des touffes
de mycéliums, ainsi que j'ai eu plusieurs fois occasion de le
constater. L'embryon, qui se développe dans des œufs ainsi
infectés, se développe d'une manière anormale et ne tarde
pas à périr. Je n'ai rencontré ces faits que très rarement ;
mais ils doivent être plus fréquents lorsque les œufs sont con-
servés dans des locaux humides.
ie compte d'ailleurs revenir dans une prochaine communi-
cation sur l'histoire physiologique des œufs infectés par les
germes de moisissiu^es. Mais je dois dès à présent signaler
un fait très important qui résulte de toutes mes expériences
à ce sujet : c'est que, bien que les œufs en très grande ma-
jorité contiennent en eux-mêmes, dès l'époque de la ponte,
ces causes de destruction, ces germes ne se développent
point sous l'influence seule de l'incubation. Pour qu'ils entrent
en végétation, il faut que l'incubation se fasse dans de l'air
saturé d'humidité. C'est alors que les mycéhums se produisent
en abondance dans l'albumine, que les proliférations vertes
apparaissent dans la chambre à air. Ces végétations, qui ne
sont ordinairement bien manifestes qu'après la première
semaine de l'incubation, ne peuvent évidemment pas modi-
fier sensiblement l'évolution embryonnaire ; mais elles font
périr l'embryon par asphyxie en le privant d'air respirable.
Je n'ai pas rencontré ces végétations lorsque l'air des appa-^
reils à incubation n'était pas saturé d'humidité.
En résumé, l'évolution aura un nombre d'autant plus grand
de chances de réussite que les œufs seront mis en incubation
le plus tôt possible après la ponte ; qu'ils n'auront pas été
transportés, ou du moins que les effets des transports auront
été neutralisés par le repos ; qu'ils auront été conservés dans
des locaux parfaitement secs. 11 faut encore ajouter que la
coquille de l'œuf doit être nettoyée et lavée avec soin pour
être débarrassée de toutes les impuretés qui y sont adhérentes.
liiJ SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Ces impuretés, formant des couches plus ou moins imper-
méables à l'air, diminuent souvent les échanges de gaz entre
l'extérieur et l'intérieur et gênent notablement la respiration
embryonnaire.
En tenant compte de toutes ces conditions, j'ai pu conduire
mes embryons jusqu'à l'époque de l'éclosion. J'ajouterai,
pour que cet exposé soit complet, que mes incubations ont
été faites à une température de 37 à 38 degrés dans de l'air
moyennement humide et constamment renouvelé.
Je dois dire, en terminant, que si ces expériences m'ont
donné des résultats très satisfaisants à bien des égards, elles
sont cependant encore défectueuses h un point de vue très
important. Après avoir conduit mes embryons jusqu'à l'éclo-
sion, je n'en ai vu éclore qu'un petit nombre, un tiers à peu
près. Dans les deux autres tiers, le jaune ne rentrait point
dans la cavité abdominale, et le poulet ne bêchait pas la
coquille. Les poulets qui n'avaient pu éclore étaient d'ailleurs
parfaitement conformés. Cela résulte évidemment de quelque
condition, inhérente à mes appareils, qui rend l'éclosion,
sinon impossible, du moins assez difficile ; mais cette condi-
tion m'a échappé jusqu'à présent.
II me reste maintenant, pour terminer cette étude, à dé-
terminer d'une manière scientifique les conditions physiques
de l'évolution embryonnaire. Je pense qu'aujourd'hui les faits
que je viens de faire connaître me permettront de me mettre
à l'abri de presque toutes les causes d'erreur qui ont pendant
longtemps entravé mes recherches. Mais ces expériences sont
très longues et ne pourront être achevées que dans plusieurs
mois.
REPEUPLEMENT DES COURS D'EAU
EN BELGIQUE
Par M. le Baron DR SEI.TS I.01iCiCII.%MP«i
.Moiiiljic (le l'Académio royale île Belgique, Prc.sideiit du Sénat.
La Belgique se décide enfin à tenter le repeuplement de
ses cours d'eau.
La pêche fluviale autrefois si riche, notamment par ses Sal-
monidés et ses Ecrevisses, périclite chez nous plus que partout
ailleurs.
Les causes de destruction sont multiples, et nécessitent une
grande persistance d'efforts pour être en partie conjurées.
Nos deux fleuves, la Meuse et l'Escaul, sont d'une nature
différente, et produisent des poissons en rapport avec celte
diversité.
L'Escaut, à partir d'Anvers, devient un bras de mer d'eau
saumàtre et la marée se fait encore sentir en amont de cette
ville.
Dans cette partie du fleuve l'existence du poisson ne paraît
pas atteinte par la contamination des eaux. On y pêche, selon
les saisons, l'Alose finie (A losa finla), l'Éperlan {Osmerus eper-
lanus) et le Corégone oxyrhynque (Coregonus oxyrhynchus) ;
mais ce dernier ne doit pas être très commun, car au marché
de Bruxefles je ne l'ai jamais rencontré qu'isolément et con-
fondu avec les Éperlans. L'Anguille [Anguilla vulgaris) et la
petite Pleuronecte (Pleuronectes /lesus) y sont 1res communs
en tout temps. LEsturgeon {Acipenser sturio) y i'cmont(;.
L'Escaut, dans sa partie supérieure et ses affluenrs vers la
Flandre, le llainautet le Brabant, est horriblement contaminé
par les fabriques de Roubaix, ïurcoing, Gand, Bruxelles.
Auparavant il était fort poissonneux, bien que les poissons
souffrissent beaucoup de la corruption résultant du rouissage
144- SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
du lin dans les parties de lu Flandre où cette industrie
existe (I).
La Meuse était célèbre par ses Saumons (Salmosalar) qui la
remontaient pour aller frayer dans ses affluents d'eaux vives
qui proviennent de l'Ardenne et des autres parties monta-
gneuses de la rive droite du fleuve. L'Alose {Alosa communis)
la remontait au printemps en nombre immense, mais rare-
ment plus haut que Huy. La plupart des rivières qui s'y jet-
tent, la Yesdre, l'Ourlhe, le Hoyoux, le Bocq, la Lessc, la
Semoi, et leurs tributaires étaient largement peuplées de
Truites (Salmo fario) et d'Ombres {Thymallus vexiUifer)
sans parler des autres espèces de poissons comestibles qui se
rencontrent partout dans l'Europe tempérée occidentale.
Ce paradis des pécheurs est bien avarié !
Pour les besoins du batellage et ceux de la navigation vers
la France, on a exécuté de grands travaux sur tout le cours de
la Meuse. Les barrages empêchent la plus grande partie des
Saumons d'y remonter. Ceux qui parviennent à franchir ces
obstacles ne le font guère qu'à la faveur des grandes eaux et
des inondations accidentelles.
• Quant à l'Alose, qui naguère encore donnait lieu, dans la
ville de Liège, à des pêches véritablement miraculeuses (2),
elle est arrêtée tout court aux barrages qui se trouvent en aval
et je ne crois pas qu'elle soit apte à franchir les échelles à
Saumon que l'on va établir, nous l'espérons, dans de meil-
leures conditions que celles que l'on a essayées.
Nous ne pouvons pas nous flatter de voir les eaux de la
Yesdre rétablies dans une pureté suffisante pour nourrir
encore du poisson. Elles sont empoisonnées à trop haute dose
par les lavages de laines, les teintureries et les fabriques de
draps de Verviers.
(1) Sous le tilre de Suppression totale, du rouissage putride par l'application
du système de M. Lefebvre, a paru une brochure importante, lue à la séance
du 13 juin 1881 de la Société centrale d'agriculture de Belgique (Bruxelles,
E. Guyot, 1881). Les résultats pratiques y sont donnés en détail.
(2) A la lin d'avril et au cjmmencenient de mai, je me souviens avoir vu
prendre d'un coup de filet, à Liège, jusqu'à deux cent cinquante et même trois
cents grandes aloses.
REPEUPLEMENT DES COURS d'eAU. 145
Cependant il ne serait pas impossible qu'on arrivât à une
solution satisfaisante, en conduisant les eaux corrompues de
Verviers jusqu'à la Meuse, par de larges tuyaux longeant la
Vesdre. Ce genre d'ouvrage se construit maintenant à des frais
■ assez modérés pour la conduite des jus de betteraves depuis
les râperies locales jusqu'aux sucreries, à des distances de
plusieurs lieues. Sur une plus grande échelle on peut citer
i'égout collecteur de la Sonne à Bruxelles, enfin le travail fait
en Angleterre pour conduire les eaux d'égouts de Londres
jusqu'à la mer. Ce dernier ouvrage a si bien réussi, que der-
nièrement on a poché des Truites dans la Tamise, d'où elles
avaient disparu depuis longtemps. Dans les cours d'eau de la
rive droite, où l'eau est restée pure, la Truite existe, mais le
braconnage s'exerce sur une grande échelle.
Quant aux affluents de la rive gauche de la Meuse, les indus-
tries qui y tuent le poisson sont les fabriques de produits chi-
miques, les sucreries et à un moindre degré les distilleries.
On a voté de bonnes dispositions pour la réglementation de
la pêche et pour la répression des délits ; mais comme il ne
peut être question chez nous pour rétablir la salubrité des
eaux de prendre des mesures qui auraient pour effet de ren-
dre l'industrie impossible, c'est à la science que nous devons
faire appel, pour chercher les moyens d'assainir les eaux
empoisonnées.
Lors de la vulgarisation des procédés de pisciculture, il y a
bientôt quarante ans, on crut avoir résolu le problème du
repeuplement de nos rivières. La fondation de la Société
d'Acclimatation en France, et celle de l'établissement de pis-
ciculture de Huningue avaient donné l'essor. Antérieurement
le roi des Belges, Léopold I"", avait fait pratiquer la piscicul-
ture avec succès dans son domaine d'Ardennes, d'après les
anciens procédés des forestiers allemands.
En i85o, M. Ernest van den Peereboora avait recommandé
la pisciculture à la Chambre des représentants. Des essais
tentés alors, mais dans des eaux peu convenables et avec un
outillage insuffisant, ne réussirent pas.
Peu de temps après, une société de pisciculture plus impor-
3* SÉRIE, T. X. — Mars 1883. - ' 10
iâ6 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
tante s'organisa et des efforts sérieux furent tentés. Elle ne
subsista pas toutefois bien longtemps. On avait eu tort de vou-
loir embrasser trop de branches de cette science nouvelle, et
de tenter entre autres la culture des Huîtres et des poissons de
mer à Nieuport, qui ne possédait pas toutes les conditions
voulues. Enfin, l'on aimait à croire à cette idée, alors répan-
due, que les Truites et même les Saumons pouvaient vivre
dans toutes les eaux pures du pays, jusqu'à se prêter à pros-
pérer étant renfermés et à l'état de stabulation. De là les
mécomptes, et finalement la dissolution de la société, com-
posée en grande partie de personnes dont les propriétés ne se
trouvaient pas dans la région où peuvent vivre les Salmonidés.
Depuis une vingtaine d'années on peut dire que si la ques-
tion sommeille, au point de vue pratique, du moins elle n'a
pas été enterrée, car la prescription a été plus d'une fois inter-
rompue par des discussions publiques et par diverses publi-
cations. Il est nécessaire d'esquisser rapidement l'historique
des phases par lesquelles elle a passé avant d'arriver à son.
réveil actif.
En 1-865 et 1866 le conseil provincial du Brabant charge»
une commission de s'occuper de l'assainissement des cours
d'eau, et spécialement des moyens de repeupler les ruisseaux.
Feu M. de Gronckel en fut le rapporteur, et constata qu'en
cette matière se concentrent les intérêts les plus puissants
qu'il est du devoir de l'autorité de sauvegarder, coordonner,
concilier autant que possible, et avant tout ceux de la santé et
de la sécurité au point de vue des inondations. A cela vient
se joindre, dit-il, une question d'alimentation et de richesse
nationale, celle de la conservation et de la multiplication du
poisson d'eau douce.
I.a Société libre d'émulation de Liège, sur la proposition de
mon regretté ami, feu Théodore Lacordaire, professeur de
zoologie à l'Université, avait mis au concours cette question :
« Déterminer les causes qui, depuis une vlnglainc iV années,
ont amené la dégénérescence du poisson dans les rivières de
la province de Liège, et indiquer les moyens de remédier à cet
étal de choses. »
REPEUPLEMENT DES COUPxS d'ëAU. 147
Le mémoire adressé en réponse et qui fut primé, est de feu
Charles Lehardy de Beaulieu, ingénieur et économiste très
estimé. Il attribue surtout la diminution du poisson à l'excès
de la consommation sur la production. Il recommande parti-
culièrement la pisciculture et une réglementation de la pro-
priété des cours d'eau, dont il voudrait voir remettre l'usage
dans les mains de compagnies dont l'intérêt et l'insistance fini-
raient par avoir raison des diverses causes qui troublent la
pureté des eaux. Il pense que, pressé par la nécessité, on
chercherait à tirer parti comme engrais, ou d'une autre façon,
des substances nuisibles dont on trouve plus commode de se
débarrasser en les jetant à la rivière. Il cite l'exemple de
Reims, où l'on utilise pour la fabrication du gaz, les eaux de
savon qui ont servi au dégraissage de la laine (1).
La même année (186G) je fis partie d'une commission nom-
mée par le gouvernement pour étudier sur nos côtes les ques-
tions relatives à la pêche maritime, commission qui émit le
vœu que l'on lit une enquête analogue sur la pêche d'eau
douce ; et au mois de décembre, à la séance publique de la
classe des sciences de l'Académie royale de Belgique, je pro-
nonçai un discours : « Sur la pêche fluviale en Belgique y^
accompagné de notes et de documents (2). Il est inutile de
l'analyser ici, car ce serait répéterla constatation de faits qui
sont de notoriété publique relativement aux causes du dépeu-
plement et aux moyens d'en atténuer la gravité. La part du mal
que l'on doit attribuer à la corruption des eaux s'est du reste
accrue depuis cette époque.
Le projet de loi sur la pêche, dont j'annonçais dans un
post-scriptum le dépôt fait par le gouvernement, est resté
parmi les affaires arriérées dans les cartons de la Chambre
des représentants pendant quatorze ans, avant d'être discuté
et voté.
En 1879, M. Emile Gens, docteur en sciences naturelles et
(1) Le mémoire de M. Lehardy, de Beaulieu, précédé du rapport de M. Lacor-
il.tire, a été pu))lié en 18(51), dans le tome III (nouvelle série) des Mémoires de
la Société libre d'émulation de Liège.
(i) Bulletins de PAcadémie royale de Belgique, 2' série, tome XXII, 1806.
148 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
professeur au collège de Verviers, publia une petite brochure
très substantielle : « De la 'protection du poisson d'eau douce
en Belgique. » L'auteur, après avoir esquissé à grands traits
l'état déplorable dans lequel se trouvent nos rivières au point
de vue de la pêche, résume ainsi qu'il suit les mesures pro-
pres à y remédier : 1° interdiction de la pêche pendant les
mois d'avril et de mai dans toutes les rivières et canaux;
2" interdiction de la pêche du 15 septembre au \" janvier
dans les cours d'eau de la rive droite de la Meuse (ce sont
ceux où vivent les Salmonidés) en permettant cependant la
pêche du Saumon à partir du 15 novembre, la ponte ayant eu
lieu ; 3" établissement de peines sévères pour empêcher l'em-
ploi de la dynamite et du cocculus (coque du Levant) ; orga-
nisation d'une surveillance ; 4° défense de vendre le cocculus
dans les pharmacies ; 5" interdiction de toute pêche pendant
la nuit ; 6° défense de pêcher au moyen de barrages qui met-
tent momentanément à sec une partie d'un ruisseau ; 1° déter-
mination d'une largeur de mailles suffisante pour permettre
à tout poisson d'une taille inférieure à 15 centimètres d'échap-
per aux lilets; 8" établissement réglementaire d'échelles à
Saumon le long de tous les barrages de nature à empêcher
les migrations de poissons ; 9° interdiction de la pêche à la
main, etc. ; 10° mesures destinées à empêcher autant que pos-
sible la viciation des eaux par les industries établies le long
des rivières; 11° organisation sérieuse de la pisciculture ;
12° comités de surveillance munis de pouvoirs les autorisant
à interdire localement et momentanément la pêche dans
l'intérêt du repeuplement.
L'année suivante (1880), M. Gens fut chargé par le Gouver-
nement de visiter l'Exposition de pêche et d'assister au Con-
grès de pisciculture qui s'ouvrirent à Berlin en avril. Son
rapport a été publié dans le Moniteur belge du 19 sep-
tembre 1880.
Notre honorable collègue M. Raveret-Watlel a donné dans
les Bulletins de la Société d'Acclimatation un travail si excel-
lent et si complet, que je pense superflu d'analyser dans ce
même recueil celui de M. Gens relatif au même objet. Je me
REPEUPLEMENT DES COURS d'eAU. 149
borne à relever quelques points de détail que j'y trouve. L'au-
teur mentionne le fait que divers mémoires étaient exposés rela-
tivement au problème de rendre les eaux des fabriques inof-
fensives pour le poisson des rivières où elles sont déversées.
On sait qu'un prix d'honneur était institué par le roi de Saxe
pour la meilleure réponse à faire à cette question, d'un si
haut intérêt pour nous. M. Gens cite encore un moyen bien
simple indiqué au Congrès, pour rendre inoffensives de
petites chutes d'eau, telles que celles des moulins : Lorsque
le barrage est construit sur un plan incliné, il suffit
d'établir une poutre placée obliquement en travers de ce plan,
installation peu coûteuse, qui devrait exister partout. Au cha-
pitre IV, il reprend l'exposition des principes de sa brochure
de 4879, citée plus haut, et la complète en donnant une liste
de presque tous les poissons d'eau douce de Belgique, qu'il
répartit naturellement en trois catégories : ceux qui sont com-
muns à nos deux régions ; les espèces particulières à la région
des plaines; enfin celles de la région montagneuse.
Dans un chapitre spécial, M. Gens traite des établissements
de pisciculture.
La Belgique ne possédait aucune masse d'eau à la fois
pure, froide et profonde, où l'on pût espérer d'acclimater les
Salmonidés des lacs suisses. Aujourd'hui, il n'en est plus de
même. Afin de parera la fois aux inondations temporaires de
la Vesdre et au manque d'eau dont souffrait en certaines
saisons la ville de Verviers, on a construit d'une montagne à
l'autre, près de l'embouchure de la Gileppe, à l'altitude de
2-41 mètres au-dessus de la mer, un barrage gigantesque, haut
de 47 mètres, qui emmagasine en capacité, lorsqu'il est rempli,
12 millions de mètres cubes de l'eau de cette rivière subal-
pine, qui elle-même reçoit tout ce qui s'écoule d'environ
4000 hectares de la forêt appelée Hertogenwald et des bruyè-
res marécageuses nommées les Ilautes-Fagnes, dont l'altitude
approche de 700 mètres au point culminant. Le lac de la
Gileppe, ainsi formé, s'étend sur une supcrlicie de 800 000
mètres carrés, et l'eau au barrage a, selon les moments, de
25 à 45 mètres de profondeur.
150 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Là je suis d'avis d'essayer l'introduction de la grande
Truite des lacs {Salmo lacustris), de la Truite des Alpes
{S. salvelinus), du Coregone fera et de certains Salmonidés
américains qui ne vont pas à la mer, et qui trouveraient pour
Irayer tous les niveaux possibles, depuis le barrage jusqu'à
la rivière rapide et caillouteuse qui alimente le lac.
Notre Ministre des Travaux publics avait chargé M. de
Clercq, ingénieur en chef des ponts et chaussées, de lui
adresser des propositions pour V empoissonnement des eaux
navigables. Le travail remarquable de cet habile ingénieur a
été publié en 1881.
Les propositions qu'il fait pour remédier à l'appauvrisse-
ment des eaux se classent dans l'ordre suivant :
1" Empêcher la pollution des eaux ;
2" Interdire la destruction des poissons sédentaires en
temps de frai, et réglementer la pêche des poissons migra-
teurs ;
3° Établir dans la Meuse et ses affluents des échelles à
poissons aux barrages qui sont trop élevés pour être franchis
par les Saumons ;
4" Ménager des frayères dans lesquelles les poissons l'en-
oontrent des conditions favorables à leur reproduction ;
5° Pratiquer la pisciculture pour les Salmonidés.
Ces divers points sont traités avec soin par un homme tout
à fait compétent. Je résumerai en peu de mois ce qu'il dit de
la pollution des eaux, puisque c'est, à mon avis, l'obstacle
capital au repeuplement :
« Il ne peut être question, dit-il, d'interdire les industries
dont le sort est lié à l'intérêt général; mais il importe de
n'autoriser le déversement des matières dans les cours d'eau
qu'après qu'elles ont été traitées par les moyens les plus effi-
caces pour les débarrasser de leurs principes malfaisants
pour les poissons, et qui le sont dans une proportion au moins
aussi grande pour les autres animaux qui boivent ces eaux
corrompues. On ne peut donc considérer la pollution comme
suffisamment atténuée tant qu'on ne pourra pas y faire vivre
les poissons. »
REPEUPLEMENT DES COURS d'EAU. 151
On consultera encore avec fruit le chapitre où M. de Clercq
détaille la construction des bonnes échelles à Saumon, et
énumère les défauts existant chez celles qui ne valent rien.
C'est ici le lieu de signaler, dans une sphère beaucoup plus
modeste que le régime des grandes rivières et que les intérêts
de la pêche au Saumon, l'obslacle que beaucoup de moulins
•à eau apportent au repeuplement des petites rivières. Il s'agit
de ceux qui sont placés sur les petits cours d'eau des plaines
n'ayant qu'une faible pente. Lorsque 'le moulin n'est pas
établi sur un biez dérivé et qu'il barre entièrement la rivière,
il interromptla circulation du poisson. Le niveau de l'eau varie
alors sans cesse, tantôt très élevé lorsque l'usine est en repos,
tantôt très bas au point de mettre le cours d'eau presque à
sec lorsque toute l'eau a été utilisée. Dans ces conditions, la
reproduction et même l'existence du poisson sont impossibles.
Si l'on tient compte, à un autre point de vue, du tort énorme
que cause aux propriétés riveraines le niveau presque tou-
jours trop élevé de la retenue d'eau dans les cours d'eau de
^•ette espèce, en les rendant marécageuses, les inondations
•temporaires que les moulins aggravent singulièrement, les
dommages causés à la culture, enfin l'atteinte grave que porte
cet état de choses à la salubrité et à la santé publiques, on
doit désirer que les usines à eau dont je viens de parler soient,
autant que possible, remplacées par des moulins à vent, ou
mieux qu'elles se procurent la force motrice au moyen d'une
petite machine à vapeur (1).
D'après la Loi sur la pêche fluviale, votée par nos Cham-
bres à la fin de 1881, la police et la conservation sont attri-
buées à l'administration forestière. Le droit de pèche est
«3xercé au profit de l'État dans les rivières et canaux navigables
ou flottables; mais la pêche à la ligne flottante tenue à la main
est permise à tout citoyen. Dans les autres cours d'eau, les
riverains ont le droit de pêche. Le temps où la pêche est per-
(1) Ce dernier système est préconisé récemment dans une pétition des habi-
iants des bords du Geer, rivière de la rive gauche de la Meuse, qui réclament
du gouvernement belge la suppression des moulins à eau pour cause d'utilité
luiblique.
152 SOCIÉTÉ HMIONALE d'ACCLIMATATION.
mise et les engins à autoriser sont déterminés par le gouver-
nement, ainsi que ce qui concerne le colportage. La pêche
est libre en tous temps pour les propriétaires et usagers des
étangs et réservoirs dont les eaux cessent de communiquer
naturellement avec les rivières. Il est interdit aux bateliers
d'avoir à bord aucun engin de pêche, excepté la ligne flot-
tante. Pour ce qui concerne le déversement des substances
nuisibles qui ne serait pas fait dans le but de détruire le
poisson, cette question est réglée par la loi sur les cours d'eau
votée précédemment. Malheureusement, l'exécution en étant
principalement confiée aux autorités provinciales et commu-
nales, qui sont électives, elle laisse beaucoup à désirer. A
mon avis, c'est le gouvernement qui devrait être chargé de la
surveillance.
La loi sur la pêche fluviale étant adoptée, un membre de-
la classe des sciences de l'Académie royale de Belgique pensa
que le moment était opportun pour encourager des recherches
scientifiques et pratiques propres à rendre possible le repeu-
plement des cours d'eau contaminés. Il mit à la disposition
de FAcadémie une somme de 3000 francs, prix à décerner en
4884 à l'auteur du mémoire qui aurait répondu à la question
d'une manière satisfaisante.
Je reproduis à la fin de cet article l'exposé des motifs et les
conditions du concours, tels qu'ils figurent dans les actes de
FAcadémie, afin d'attirer l'attention des savants et des pra-
ticiens qui seraient à même de concourir.
Bien que ces conditions mentionnent certaines queslions
locales concernant spécialement la Belgique, je pense que
ceux qui seraient aptes à fournir la solution des questions
principales se mettraient facilement au courant des renseigne-
ments accessoires dont l'exposé est réclamé.
Je suis persuadé, d'ailleurs, que beaucoup de contrées en
France sont dans la même position que nous sous le rapport
des rivières dont le dépeuplement est causé par la corruption
des eaux.
C'était le 1" avril 1882 (jour approprié k une discussion
sur le poisson!) que l'Académie adopta à une grande majorité
REPEUPLEMEIST i)ES COURS d'EAU. j 5o
la mise au concours de la question proposée. Ce n'était pas
une séance publique. Je ne crois pas cependant être indiscret
en indiquant d'une manière générale les principales objec-
tions que firent valoir les opposants, hommes du reste savants
et consciencieux.
L'un d'eux croit que ce serait immiscer l'Académie dans
une sphère administrative qui n'est pas son domaine, et qu'elle
aurait l'air de supposer que l'on n'exécute pas les lois, no-
tamment celle du 7 mai 1877, sur les cotirs d'eau non navi-
gables ni flottables, qui a comminé des peines contre ceux
qui y jetteront ou déposeront des matières pouvant les cor-
rompre ou les altérer. Il ajoute que les particuliers lésés peu-
vent s'adresser aux tribunaux.
Un autre fait valoir qu'il a fait beaucoup de recherches pour
arriver aune purification exécutable des eaux des fabriques,
et qu'il n'a pas abouti. Il cite l'évaporation de l'eau conta-
minée, prescrite à certaine usine, dont il résulta une fumée
d'une odeur intolérable pour les voisins. Que d'ailleurs, avec
notre système électif, peu de personnes oseraient exécuter les
mesures nécessaires. Enfin, il assure que la question est
pleine de périls, à cause des exigences qui se produiront
lorsque l'on aura étalé au grand jour l'état actuel des eaux et
que les remèdes auront été insuffisants.
Un troisième membre demande que l'on établisse la sta-
tistique des capitaux engagés dans les industries en question,
et que l'on mette en parallèle la valeur des poissons détruits
par les eaux que les usines corrompent.
L'auteur de la proposition a répondu en substance que les
solutions scientifiques réclamées sont parfaitement de la com-
pétence de l'Académie; qu'il ne s'agit nullement d'infliger un
iDlâme à l'administration, attendu que l'on veut au contraire
appeler la science à son aide pour lui fournir les moyens pra-
tiques de satisfaire au vœu de la loi, ajoutant que le pro-
gramme sollicite la recheiche de moyens de purification qui
rendent possible la vie du poisson, avec la réserve formelle
que ces remèdes ne compromettent pas Vexistence des indus-
tries. Selon lui, la valeur des usines et celle du poisson qu'elles
154 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
tuent, en même temps qu'elles rendent les eaux insalubres,
ne sont pas d'ailleurs des termes rigoureusement comparables,
parce que l'usine est une entreprise toute particulière, tandis
que le cours d'eau et les poissons sont à l'usage des liabitanls
en général sur tout le parcours de la rivière.
Peu de temps après la décision de l'Académie, nous avons
reçu le programme de la Grande exposition internationale
des produits et engins dépêche, qui s'ouvrira à Londres le
I" mai 1883. J'ai eu la satisfaction d'y trouver deux para-
graphes qui rentrent tout à fait dans ce que demande l'Aca-
démie de Belgique. A la classe IV (pisciculture), on lit (divi-
sion 39) : On réclame « un système pour la destruction des
0 effets nuisibles produits pour les poissons par les rivières
" et fictives imprégnés d'eaux de cloaques, de produits chi-
> iniques et autres, système illustré de modèles et de des-
^> sins. » On voit encore (division 40) la demande d'une solu-
tion pour une question tout à fait connexe : « Des recherches
5) physico-chimiques sur les qualités cVeau douce et d'eau
i» de mer nuisibles aux animaux aquatiques... », etc.
Le Gouvernement belge, reconnaissant que nous ne devons
pas rester en arrière du mouvement qui se manifeste partout,
vient de charger une Commission de dix membres d'étudier
les questions qui se rattachent au repeuplement des cours
•d'eau.
Elle se compose de MM.lelieutenantgénéral baron Goethaels,
président; baron de Selys Longchamps, président du Sénat,
membre de l'Académie ; Willequet, membre de la Chambre
des représentants, à Gand; Edouard van Beneden, professeur
à l'université de Liège, membre de l'Académie ; de Clercq,
inspecteur général des ponts et chaussées, à Lruxelles ; Emile
•Gens, docteur en sciences naturelles, professeur à Verviers ;
Leyder, professeur à l'Institut agricole de Gembloux ; Mousel,
inspecteur des eaux et forêts à Arlon ; Denis, négociant pisci-
culteur, à Bruxelles; et Bernard, chef de division au Départe-
ment de l'Intérieur, secrétaire.
Cette Commission, installée le 27 octobre 1882, a tenu déjà
plusieurs séances, à chacune desquelles différentes communi-
REPEUPLEMENT DES COURS d'eAU. 155
calions ont été faites et ont provoqué des discussions ayant
pour objet l'examen des mesures à prendre pour satisfaire
aux vœux du Gouvernement.
Nous avons lieu de croire que cette activité ne se ralentira
pas, et que bientôt on mettra la main à l'œuvre.
Voici le programme du concours adopté par l'Académie :
ACAL)É>UE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS
DE BELGIQUE.
Classe des sciences. — Concours extraordinaire pour 1884.
Le Gouvernement a proposé et les Clianibres ont adopté une loi qui
a pour objet la conservation du poisson et le repeuplement des rivières.
L'obstacle capital qui empêche actuellement d'atteindre ce but, c'est
la corruption des eaux dans les petites rivières non navigables ni flot-
tables, qui sont contaminées par des matières solides ou liquides déver-
sées par différentes industries, et incompatibles avec la reproduction et
l'existence des poissons.
L'Académie fait appel à la science pour faciliter l'accomplissement des
vues des pouvoirs publics.
Acceptant la proposition d'un de ses membres, qui met généreusement
à sa disposition une somme de trois mille francs, elle demande une
étude approfondie des questions suivantes, à la fois chimiques et biolo-
giques :
1" Quelles sont les matières spéciales aux principales industries qui,
en se mélangeant avec les eaux des petites rivières, les rendent incom-
l>atibles avec l'existence des poissons, et impropres à l'alimentation
publique aussi bien qu'au bétail ;
2° Une liste des rivières de Belgique qui. actuellement, sont dépeu-
plées par cet état de choses, avec l'indication dos industries spéciales à
chacune de ces rivières, et la liste des poissons comestibles qui y vivaient
avant l'établissement de ces usines;
3° La recherche et l'indication des moyens pratiques de purifier les
eaux à la sortie des fabriques pour les rendre compatibles avec la vie
du poisson sans compromettre l'industrie, en combinant les ressources
que (peuvent olfrir la construction; de bassins de décantation, le iiltrage,
enfin l'emploi des agents chimiques ;
•i" Des expériences séparées sur les matières qui, dans chaque indus-
trie spéciale, causent la mort des poissons, et sur le degré de résistance
que chaque espèce de poisson comestible peut offrir à la destruction.
15G SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
Les mémoires devront être écrits lisiblement et être adressés, francs
de port, à M. Liagre, secrétaire perpétuel, au palais des Académies, avant
le 1" octobre 1884.
L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations; les au-
teurs auront soin, par conséquent, d'indiquer les éditions et les pages
des ouvrages cités. On n'admettra que des planches manuscrites.
Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage ; ils y inscri-
ront seulement une devise, qu'ils reproduiront dans un billet cacheté
renfermant leur nom et leur adresse. Faute par eux de satisfaire à cette
formalité, le prix ne pourra leur être accordé.
Les mémoires remis après le terme prescrit, ou ceux dont les auteurs
se feront connaître de quelque manière que ce soit, seront exclus du
concours.
L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, dès que les
mémoires ont été soumis à son jugement, ils sont et restent déposés dans
ses archives. Toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre des copies
à leurs frais, en s'adressant, à cet elfet, au secrétaire perpétuel.
SUR LE NOYER PAGANIER
(CARYA OLIV.ÏFORMIS)
ET AUTRES NOYERS AMÉRICAINS
Par M. E. DECROIX
Vétérinaire principal de l'armée, en retraite
et M. Jules GRISABD
Agent général de la Société.
{Extrait du compte rendu sténographtque.)
M. E. Decroix. — Parmi les arbres fruitiers qui croissent
sur notre globe, le Noyer est un des plus utiles, autant par le
bois qu'il fournit à la menuiserie et à l'ébénisterie, que par
ses fruits, qui sont consommés en nature ou bien encore
employés pour l'extraction d'une huile propre aux prépara-
tions culinaires et à la peinture : huile de noix.
Les Noyers appartiennent à la famille des Juglandées. 11 y
en a de différentes espèces.
En France, on cultive le Noyer féroce^ remarquable par
l'excellence de son bois, mais dont les noix sont petites et
très dures ; le Noyer mésange, qui donne beaucoup de noix
dont la coque est très tendre et beaucoup d'autres variétés.
En Amérique, on trouve plusieurs espèces de Noyer. Les
plus répandues sont : le Noyer noir (Juglans nigra), très
commun aux États-Unis et dont le fruit est de qualité infé-
rieure à celui du Noyer ordinaire; le Noyer blanc {Carya
alba) ; le Noyer Pacanier (Carya olivœformis), etc. C'est sur
ce dernier que je désire aujourd'hui appeler votre attention.
Dans la séance du 18 juin 1879, j'ai eu l'honneur de pré-
senter à l'Assemblée des fruits du Noyer Pacanier, provenant
de la récolte de 1878 et qui m'avaient été remis par une pa-
rente de M. le D' A. Bertherand. Ceux de nos collègues qui en
ont goûté ont pu se convaincre qu'ils étaient parfaitement
conservés, et qu'ils avaient un goût parfumé bien supérieur
à celui des noix récoltées en France.
A la suite de ma communication, j'ai été prié de prendre
quelques renseignements, près de la personne qui m'avait
158 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
donne ces fruits, sur les caractères botaniques de l'arbre qui
les produit, sur le climat qui lui convient, sur le mode de
culture, etc. J'ai demandé ces renseignements, mais la per-
sonne à qui je me suis adressé est morte sans me les envoyer.
Ces jours derniers, j'ai lu dans le n" 173 de la Chronique
de la Société d'Acclimatation, que M. Sanford, ministre des
États-Unis, à Bruxelles, mettait à la disposition de la Société
une certaine quantité de Noix de Pacanier. J'ai demandé de
ces noix à M. Grisard, et j'ai pu me convaincre ainsi, qu'il
s'agissait de la même espèce de fruit que celle dont j'avais
entretenu mes collègues en 1879.
J'ai eu alors la pensée de rechercher, et j'ai retrouvé,
quelques noix de la récolte de 1878, et voici, Messieurs, des
spécimens des unes et des autres. Ces noix, par leur aspect
général ressemblent plutôt à un gland très volumineux qu'à
la noix française. Le goût de l'amande en est plus fin, plus
parfumé ; la conservation en est plus facile ; ainsi celles qui
m'ont été remises en 1879 sont encore parfaitement man-
geables bien qu'ayant perdu de leurs qualités, tandis que les
noix communes se conservent à peine un an.
Je pense donc qu'il y aurait utilité à propager le Noyer
Pacanier dans le midi de la France ou dans nos colonies, en
Algérie notamment. Je me rappelle avoir vu en Kabylie de
très beaux Noyers rapportant beaucoup de fruits. Peut-être le
Pacanier y prospérerait-il également.
M. J. Grisard. — Je crains que le Pacanier ne réussisse
pas en Algérie comme le croit notre zélé confrère.
C'est un arbre qui aime les endroits frais et même très
iiumides. On le rencontre abondamment sur les bords des
rivières (Missouri, Arkansas, Illinois, etc.) Michaux cite même
un marais de 800 arpents qui est couvert de Pacaniers.
M. Raveret-Wattel. — Ces arbres réussiraient sans doute
en Cochinchine et à la Nouvelle-Calédonie.
M. Ed. Renard. — C'est aussi mon avis, mais la noix est si
dure....
M. Decroix. — Nullement.... voici des dents de soixante-
deux ansqui vont vous les briser toutes, facilement.
LE NOYER PACANIER. 159
Joignant le geste à la parole, notre confrère casse succes-
sivement cinq ou six noix.
M. Grisard. — M. Renard fait confusion. Il y a en effet
parmi les Noyers américains des espèces qui donnent des
fruits à coque excessivement épaisse et dont l'amande extrê-
mement petite ne s'extrait qu'avec la plus grande difficulté;
c'est le cas pour les Carya glabra ou porcina et tomentosa,
mais non pour la noix du C. olivœfonnis (pacane) qui se brise
très facilement et présente une amande remplissant entière-
ment la coque et qui n'est pas séparée par des cloisons li-
gneuses comme dans celle de notre Noyer commun {Juglans
regia), avantage qui est à considérer; la noix du C. alha
vient ensuite, la coque quoique mince est cependant assez
forte pour ne pas céder sous les doigts; elle renferme une
amande d'un goût délicieux et les fruits de ces deux espèces
se rencontrent communément sur les marchés des États-Unis
où ils atteignent des prix élevés, 80 à 100 francs l'hectolitre.
Les noix de C. oUvœformis s'exportent en assez grandes quan-
tités aux Antilles où elles sont très appréciées ; des envois
sont faits également en Europe et surtout en Angleterre où
on les mange à l'état naturel et où elles servent à la fabrica-
tion d'une huile estimée ; on en rencontre quelquefois dans
les rues de Paris. Ces noix se conservent fort longtemps sans
rancir, cette facilité de conservation les rend précieuses.
Il paraît qu'il existe des variétés dont les fruits sont de
dimension considérable.
Quant à la réussite de la culture de ces arbres dans la France
méridionale, elle n'est pas douteuse; notre confrère M. Léo
d'Ounous, en possède de superbes exemplaires dans l'Ariège ;
on en trouve également dans d'autres localités qui fructifient
tous les ans, à Toulouse notamment.
Un Membre. — A quel âge produit-il?
M. Grisard. — Son accroissement est lent ; il ne fructifie
que lorsqu'il est déjà fort, à 10 ou 15 ans, mais il est très
fertile et chaque arbre peut donner annuellement un hecto-
litre de Pacanes.
Sous le climat de Paris il résiste à des froids assez rigou-
160 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
reux (c'est même une des espèces qui y réussissent le mieux),
mais ne donne des fruits qu'exceptionnellement. Il exis-
tait dans l'école de botanique du Muséum un C. oUvœformis
de 60 centimètres de diamètre, au moins, qui datait du com-
mencement de ce siècle. Cet arbre a disparu après les grands
froids des hivers rigoureux de ces dernières années. Il fruc-
tifiait, mais donnait une quantilé restreinte de noix; il fallait
que les étés fussent chauds pour que la production soit assurée.
Mais on ne peut pas tirer de déduction sur le rapport ou la
croissance d'un arbre, ni même de plusieurs, quand c'est
dans une ville comme Paris et sur un sol aussi défavorable que
celui du Muséum qu'on expérimente.
Le C. oUvœformis fournit un bois compact, tenace et élas-
tique, mais son grain est grossier et il a les défauts de ses
congénères, il est facilement attaqué parles insectes.
M. Decrolx. — Si la fructification a été obtenue sous le
climat de Paris, il y a tout lieu d'espérer qu'ils s'acclimateront
bien un peu plus au sud et par conséquent dans le midi de la
France et en Algérie.
Quoi qu'il en soit, voici ma conclusion, c'est que la Société
prenne dès à présent des informations nécessaires aux Etats-
Unis, par l'intermédiaire de M. Sanford au besoin, qu'elle
fasse venir des noix de Pacanier de la prochaine récolte et
qu'elle en envoie dans le midi de la France et en Algérie,
au Sénégal même, avec prière de les planter. Tous les
commandants civils ou militaires de nos colonies se feront
un plaisir, j'en suis convaincu, de tenter la propagation du
nouvel arbre, en se conformant aux indications qui nous par-
viendront de l'Amérique.
M. Millet. — La Société ferait une bonne chose, je crois,
en proposant un prix pour la culture des Noyers d'Amérique.
M. Grisard. — La Société a déjà fondé un prix pour l'un
d'eux, le Carya alba ; peut-être n'est-il pas inutile d'en rap-
peler les dispositions en séance.
La création de ce prix remonte à 1870. Il est ainsi libellé :
Introduction et culture en France du Noyer d'Amérique
{Carya alba), connu aux États-Unis sous le nom de Hickory
LE NOYER PACANIER. 161
(bois employé dans la construction des voitures légères).
.On devra justifier de la plantation sur un demi-hectare de
?^oyers d'Amérique ou de la possession de 500 arbres hauts de
i'",50 au moins.
Concours ouvert jusqu'au l*"" décembre 1885. — Prix :
500 francs.
Le Carya olivœformis présente aussi un sérieux intérêt et
la Société devrait en encourager la culture ; la section des
végétaux d'accord avec la Commission des récompenses pour-
rait préparer, pour être soumise à l'approbation du Conseil,
une note qui concluerait à une demande de fondation deprix.
M. Decroix. — J'appuie cette proposition.
Un Membre. — Quels soins réclame le Carya alha? k
quels usages son bois est-il employé?
M. Grisard. — Le Carya alha (Shell-Bark ou Shag-Bark-
Hickory) est un grand et bel arbre à tronc droit, d'un dia-
mètre à peu près uniforme et souvent sans branches jusqu'aux
trois quarts de sa hauteur qui atteint de 25 à 30 mètres ; les
Feuilles d'un vert s ombre, unies et luisantes en dessus, ont un
arôme particulier lorsqu'on les froisse ; c'est une des espèces
les plus répandues du genre dans la culture européenne. Il
se plaît en forêt, il lui faut une terre fraîche et profonde ;
planté isolément, il est bien fourni en branches et est très
ornementaL Son bois compact, fort, pesant, est très souple et
se fend avec la plus grande facilité; il est propre à une infinité
d'usages : manches d'outils, de fouets, baguettes de fusil,
moyeux, essieux, jougs pour les bœufs, vis de pressoirs, etc.,
il est sans égal pour les cercles de tonneaux. C'est avec le
bois d'Llickory qu'on fabrique ces voitures si légères appelées
Araignées. Pour le chauffage il est supérieur à ses congénères
et donne plus de chaleur que le chêne même.
Un Membre. — Et le fruit '/
M. Grisard. — Le fruit, recouvert d'un brou presque aussi
dur que du bois et qui s'ouvre au moment de la maturité en
quatre parties, est petit, de forme arrondie mais comprimée
de manière à former plus ou moins quatre angles ; la coquille
a la dureté de l'os ; elle renferme une amande d'un bon goût ;
3« SÉRIE, T. X. — Mars 1883. 11
162 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
le fruit ne vient que sur le jeune bois, seul ou par grappe ôc
deux ou trois seulement.
Les écureuils sont très friands des noix d'Hickoryet en ca-
chent de grandes quantités en automne pour leurs provisions
d'hiver. De la sorte les fruits sont plus ou moins dispersés et
portés dans toutes les directions loin de l'arbre qui les produit.
Leur cachette favorite est dans les murs et il est très fréquent
de trouver çà et là le long de ces murs des Hickory poussant au
hasard avec de grandes variétés dans la grosseur des noix, l'é-
paisseur de leurs coquilles et la qualité de leurs amandes. La
oreffe et l'écussonnage réussissent mal elle meilleur moyen de
propagation est encore le semis en place, les Hickory suppor-
tant difticilement la transplantation ; cependant avec certaines
précautions ou par quelques procédés nouveaux, on arriverait
à atteindre le but, croyons-nous. Les noix sèches germent mal,
il faut les planter aussi fraîches que possible; dans ce but on
devra les recueillir aussitôt la maturité et les placer dans du
sable humide ; on les conservera de cette manière, dans une cave
ou un autre endroit frais, jusqu'au printemps. On les sèmera
alors au lieu môme où les arbres doivent rester en mettant Sou
4 noix par trou et en ne laissant lors de la germination que le
plant le plus vigoureux ; c'est le procédé suivi aux États-Unis.
En terminant, je vous signalerai encore le C. amara (Bit-
ternut Hickory), qui ne donne pas un fruit comestible, mais
dont le bois compact, tenace et élastique est recherché pour
les essieux de voitures, les manches d'outils, etc.; il est
moins sensible au froid que le C. alba; le Carya suicata
(Thick shell bark) des forêts humides fournit un bois, dont
le cœur d'une couleur claire est moins employé que celui des
espèces précédentes par suite de sa plus grande rareté; ses
noix quoique grosses sont de qualité inl'érieure ; enfin le C.
porcina (Pignut, Broom Hickory) donne un bois d'excellente
qualité, le fruit renferme une amande petite, sucrée ou un
peu amère.
Le bois des Cart/a résiste malheureusement mal aux
attaques des insectes.
I. EXTRAIT DES PROCÉSUERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ.
SÉANCE GÉNÉRALE DU t MARS 1883.
Présidence de M. Henri Boulev, Président.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté, après une
observation de M. de Barrau de Muratel.
— M. le Président proclame les noms des membres nouvellement
admis par le Conseil, savoir :
MM- PRÉSENTATEURS.
DuFRESNE (Ernest), greffier de la justice de i Ghesnel.
paix du canton de Neuilly, rue Jacques ] J. Grisard.
Dulud, 5J5, à Neuilly (Seine). ( le niar(|uis de Sinéty.
Feuillov (Gédéon), propriétaire, à Sénar- j ^- ^«oiiVoy Saint-Hilaire.
pont, par Oisemont (Somme). ) ^' «'''"'>'e^al-
{ ^aint-Vves Ménard.
FouRNiER (E.), apiculteur, à Issoire (Puy-de- ( f^^^"^^^^ ^u-ard.
])5„^g\ i Saint-Vves Ménard.
( le marquis de Sinély.
Hameau (le docteur), médecin-inspecteur, à ( ,," "P'"*
Arcachon (Gironde). ^^'^"'"'^^ <^''"'^^^*-
( H. de Vilmorin.
Kerambrun (Denis), notaire, à Belle-IsIe-en- ( Dupin.
Terre (Gôtes-du-Nord). Raveret-Wattel.
\ le marquis de Sinéty.
LECOMTE(Henri),professeurlicenciéèslettres, ( f^'"t-Yves Ménard.
8, boulevard Saint-Denis, à Paris. / Raveret-Wattel.
\ le marquis de Sinély.
Lecoq (Théodore-Auguste), propriétaire, 11, ( '^- ^^*^"''"«y Saint-Hilaire.
rue Perronet, à Neuilly (Seine). j '}' '''''
( le marquis de Sinéty.
Legrand (Jacques-Amable), docteur en mé- J^' Geoffroy Saint-llilaire.
decine, avenue de Neuilly, 136 (Seine). ' ^- ^o'''^-
^' "^ > \ Romam.
Ligney (Edouard), 46, boulevard Magenta, à ( ?* f'y'j^^^ski.
Paris. y ^; ^^'^''
\ Maquin.
LoLiGOis (Antoine), avenue de Neuilly, 53, ù ( ^°"'^h«''*^!^ux.
Neuillv (Seine). ]■ ^'''^"^-
{ Lecene.
Martin (Biaise), horticulteur, 11, rue de la ( A.Gjeoffroy Saint-llilaire
Chaussée, à Nt» ers (Nièvre). ) °'''®-
( le marquis de Sinély.
164 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
MM. PRÉSENTATEURS
riAVENEZ (Louis), comptable expert près le / A. GeofTioy Saint-Hilaire.
tribunal de la Seine, 91, boulevard Gouvion- s A. Marotte.
Saint-Cyr, à Paris. ' Saint-Yves Ménard.
[ H. Bouley.
Rocher, 66, rue Caumartin, à Paris. | P. Pichet.
( A.Geoffroy Saint-Hilaire.
„ ,T, -s ,■ r n . ( Delahogue Moreau.
Taintdrier (Henri), rentier, 4, rue Drouol, \ ,, ^ ^ c • . ni •
, r. • i A. Geoltrov Saint-Hilan-e.
a Pans. ( „. -^
V Simon.
— M. le Président fait part à l'Assemblée du décès de M. le baron
Jules Cloquet qui, membre de la Société d'Acclimatation presque dès
l'origine, fut pendant de longues années un des membres les plus actifs
du Conseil, et s'occupait particulièrement de l'introduction de végétaux
exotiques dans le midi de la France. « La Société el la science, ajoute
M. le Président, font une perte dans la personne de iM. Cloquet, membre
<ie l'Académie des sciences et de l'Académie de médecine. Depuis long-
temps, il est vrai, M. Cloquet s'était retiré, accablé par l'âge; mais il a
laissé dans la science une trace qui sera considérable, et dans la
Société d'Acclimatation des souvenirs qui ne se perdront pas. »
— MM. A. Gérard et Pimont adressent des remerciements au sujet de
leur récente admission dans la Société.
— M. Uurousseau-Dugontier fait connaître que son cheptel de Colins
est en parfaite santé.
— Des remerciements pour les cheptels qui viennent de leur être
accordés sont adressés par MM. de Boussineau, Poinsignon, Le Guay,
Giraud-Ollivier, B. Clémot, Blandin, Burky, Ein. Baré, G. de Fays, comte
de l'Esperonnière, Zeiller, Laporte, Henri Fabre, Fremy, Léon Mérat,
Th. Lépine, Nelson-Pautier, 0. Massias, Lemut et Leroy.
— M. Albert Orban écrit de Quarreux-Ayrraille (Belgique), à la date
du 22 février : « Les Canards Casarkas, que j'ai obtenus en cheptel,
l'année dernière, ne m'ont encore donné aucun résultat. J'espère être
plus heureux cette année. Les oiseaux sont en très bonne santé et en
parfait état.
» En réponse à l'article de la Chronique du 20 de ce mois, demandant
des renseignements sur la date de l'arrivée des oiseaux de passage, je puis
dire que j'ai déjà, depuis la fin de janvier, observé des Élourneaux, qui,
d'ordinaire, ne reviennent dans ce pays qu'au mois de mars. Les Hoche-
queues gi is sont également de retour depuis plus de quinze jours. »
— MM. Guillaume d'Augy, Boudent, Delgrange et Després, ainsi que
le régisseur de l'établissement national de pisciculture de Bouzey et la
direction de l'Aquarium du Trocadéro remercient des œufs de Salmo
fontinalis qui leur ont été adressés.
PROCÈS-VERBAUX. 165
— 31. Desprcs écrit de Nanteuil-en- Vallée : « J'apprends par M. de
Thiac, Président de la Société d'Agriculture de la Charente, que la So-
ciété d'Acclimatation vient de recevoir une assez grande quantité d'œufs
de Salmo fontinalis. Je vous serais bien reconnaissant, si vous vouliez,
comme vous l'avez fait l'année dernière, me confier encore gratuitement
quelques œufs de cette espèce. La Société que je dirige est encore dans
la période d'organisation et n'est pas assez riche pour en faire l'acqui-
sition. De nouvelles améliorations importantes viennent d'être faites ;
elles rne permettront de donner des soins efficaces aux élèves que vous
voudrez bien me confier.
s Je n'ai qu'un petit nombre d'alevins sur les œufs que vous m'avez
envojés l'année dernière, environ 200. Ces sujets, quoique parqués dans
des conditions à moitié satisfaisantes, sont fort beaux ; ils atteignent, en
moyenne, 10 à 12 centimètres de longueur. Je crois qu'ils pourraient
atteindre une taille plus forte, s'ils étaient soumis à une alimentation
régulière, indépendante de celle qu'ils trouvent dans leur bassin. Je
compte les traiter ainsi à l'avenir. — La Société d'Agriculture du dépar-
tement vient de me donner une médaille d'argent et j'ai tout litu de
croire que l'État, sur une demande appuyée par la préfecture, va m'ac-
corder une subvention personnelle, »
— M. F. Galiais adresse une demande d'œufs de Salmonidés.
— En remerciant des œufs de Salmonidés qui lui ont été adressés,
M. Rathelot écrit du Grand-Montrouge : « Les Salmo quinnat que vous
ïii'avez remis en décembre 1881 vont très bien; les premiers que j'ai
mis dans un bassin en plein air sont assez forts; ils ont atteint environ
22 centimètres; ceux que j'avais laissés dans mon laboratoire et que j'ai
mis quelques mois après dans le même bassin, sont plus petits; n'ayant
pu jouir, étant jeunes, de la même nourriture que les premiers qui, en
plus de la viande de cheval que je leur donne, trouvaient dans cette eau
dormante quantité de petits vers et autres animalcules qui facilitaient leur
croissance. Ils ont supporté, pendant les chaleurs, 22 degrés centigrades.
Ils vivent, quant à présent, en très bonne intelligence avec des ablettes,
des goujons, barbillons et écrevisses.
» Vers la fin d'octobre, quantité de feuilles de peuplier et autres étant
tombées dans le bassin, l'eau était devenue très foncée; voyant que mes
poissons ne mangeaient plus, et ne voulant pas pousser l'expérience plus
loin, j'ai dû faire procéder au curage du bassin.
» Je donne ces détails pour faire remarquer que le Salmo quinnat
n'exige pas une eau spéciale. »
— M. llignet écrit de Varsovie : « Mes A ttacus Pernyi, dont le papillon
n'est pas sorti à l'automne, sont jusqu'ici en bon état, les chrysalides
sont bien vivantes, celles du moins que j'ai mises au jour par l'ouverture
du cocon, et tout fait supposer que la race univoltine que je cherche à
obtenir depuis quelques années est créée. Ce résultat important pour
IGO SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
nous, aurait aussi de l'intérêt pour la France, car il me paraît difficile
que vous puissiez faire deux récoltes satisfaisantes dans la même année.
Vous ai-je dit que, de la seconde ponte, j'ai élevé, l'année dernière, en
chambre, quelques vers qui, dans les derniers temps, ont dû se contenter
de feuilles sèches et n'avaient pas l'air d'en trop souffrir. Ils ont fait leur
cocon et la chrysalide est bien portante.
m Je vous ai accusé réception des cocons de Cynthia. Ils sont arrivés en
bon état. Je vous réitère mes remerciements et vous prie de ne pas
m'oublier dans les distributions que vous pourriez être à même de faire,
.le recevrais aussi avec grand plaisir tout envoi de graines de plantes qui
se prêteraient à des essais d'acclimatation en Pologne. »
— M. le colonel d'Arnaud-Bey écrit de Marseille: « Le souvenir d'une
séance extrêmement intéressante, presque entièrement consacrée à l'in-
dustrie de la Ramie ou China-grass, que nous avons eue, a appelé mon
attention sur la matière, lorsque en passant <à Avignon, je me suis trouvé
par hasard en contact d'hommes spéciaux de différentes nationalités ve-
nant à l'effet de voir, de visu, les grandes pépinières, mais surtout une
machine à décortiquer les tiges de la racine, de l'invention de M. P. A.
Favier, de Villefranche, opération qui a présenté jusqu'ici des difficultés
sérieuses.
» J'ai aussitôt demandé à me joindre à ces messieurs, et nous nous
sommes acheminés vers la siège de la Société, oîi nous avons été accueil-
lis avec une grande affabilité par M. P. A. Favier, directeur de la Société
française de la Piamie à Avignon, à qui revient l'honneur de la découverte
de ce procédé de décortication si longtemps cherché; là M. Favier nous
a donné toutes les explications désirables et il a fait fonctionner devant
nous sa machine, d'une très grande simplicité, exigeant en outre peu de
force, pour donner un travail parfait, au dire de ces messieurs, plus
compétents que moi dans la matière.
» Après cela on a mis sous nos yeux toutes les diverses préparations
que l'on fait subir à la Raniie pour la rendre propre aux divers usages
que réclament les nombreuses industries qui l'emploient; enfin des échan-
tillons d'étoffes variées, mélangées ou entièrement faites en Ramie.
)) La possibilité de rendre industrielle la fibre de Ramie, que nous pou-
vons parfaitement obtenir sur le littoral méditerranéen, en Algérie, au
Sénégal, à la Réunion, à la Martinique, à la Guyane, à Saint-Pierre et
dans nos établissements français de l'Inde et de l'Océanie, offre un si
grand intérêt pour notre pays que j'ai cru devoir appeler de nouveau
l'attention de la Société sur les résultats dont je viens d'être témoin.
î Afin d'éviter de plus grands détails, je vous transmets ci-joint
une brochure que vient de publier sur ce sujet M. Favier, auquel vous
pouvez vous adresser si vous aviez besoin de plus amples informations. »
— Des demandes de graines sont adressées par le Comice agricole de
Brioude, ainsi que par MM. Beaufour, J. Cocchi et d'Augy.
FROCÈS-VERBÂUX.
167
— M. Guiseppe Gnecchi écrit do Milan : « Les essais Je culture que
j'ai faits encore dernièrement, ne permettent pas de tirer de renseigne-
ments positifs et précis sur le rendement du Téosinté. 11 faut d'ailleurs
l)ien des essais pour arriver à une culture rationnelle quand on ne pro-
cède que par tâtonnement.
» Un point de la plus haute importance a été cependant éclairé. J'ai
«ultivé, à côté l'une de l'autre, deux pièces de terre de 200 mètres carrés
<;hacune ; semant dans l'une de la graine d'une provenance et dans
l'autre delà graine d'une autre provenance. La fumure, les labours, le
jour du semis ont été les mêmes pour les deux pièces. Eli bien, le
produit en fourrage vert a été en raison de cent mille kilos, nombre
rond dans l'une et presque insignifiant dans l'autre. La cause en est dans
la différence entre les sujets obtenus des deux graines. Les premiers ont
levé suffisamment bien et ont donné des tiges bien droites, à feuilles
lisses, les autres ont levé imparfaitement, et n'ont donné que des tiges
tout à fait couchées, à feuilles frisées.
» Je n'ai pu d'ailleurs trouver aucune différence extérieure entre les
graines des deux provenances. Tant qu'on ne pourra pas être siir de la
variété dont on dispose, il sera prudent de faire quelques essais avant
de s'engager dans une culture de quelque importance.
» Cette énorme différence de produit d'une variété à l'autre, à condi-
tions égales de culture, explique, au moins en 1res grande partie, les
différences d'opinion qui existent sur le Téosinté.
» Dans la Chronique du 5 avril 1882 une distribution de noix de Pa-
canier était annoncée. Peut-être la Société apprendra-t-elle avec intérêt
que cette essence est parfaitement acclimatable en Lombardie. Je pos-
sède trois de ces arbres obtenus de noix mises en terre il y a 25 ans
environ. Le plus grand a de 5 à G mètres de hauteur, mais aucun des
trois n'a jusqu'à présent donné de fruits. ))
— M. le Président annonce l'ouverture du scrutin pour l'élection du
bureau et d'une partie des membres du Conseil, et il désigne pour faire
le dépouillement des votes une Commission composée de M.\L Ménard,
le vicomte d'Esterno, P. Chappellier, X. Dybowski, Grisard et Fallou.
— M. Raveret-Wattel signale un mémoire très intéressant publié dans
le journal de la Société des Arts, de Londres, par M. Alfred Wailly, qui
rend compte de ses éducations de différents Bomhyciens Séricigènes exo-
tiques, et qui indique un procédé ingénieux pour l'emballage de cocons
vivants destinés à être expédiés au loin.
M. le Secrétaire des Séances dépose ensuite sur le Bureau, de la part
de M. de Behr, président de la Société allemande de pisciculture, un
lot important de graines de Balsamine géante (Impatiens (tranduligera).
Cet envoi est accompagné d'une note (voy. au Bulletin), qui fait connaître
que la Balsamine géante est une plante vigoureuse et très florifère, qui
fournit en août et septembre une ressource précieuse pour la nourri-
168 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
tare des abeilles. — Des remerciements seront adressés au donateur,
— M. Millet donne lecture d'un travail sur les mœurs des poissons
migrateurs et sur l'emploi des échelles à Saumon (voy. au Bulletin).
— A l'occasion de cette communication, dans laquelle M. Millet signale
la ressemblance très grande qui existe entre le jeune Saumon ou Tacon,
et la Truite, et ajoute qu'on éprouve souvent de la difficulté à distin-
guer entre eux les deux poissons, M. Uaveret-Wattel dit que le Saumon
peut toujours se reconnaître à la frange de la nageoire adipeuse, qui
est de couleur noire ou brune, tandis que chez la Truite elle est d'une
teinte plus ou moins rougetâtre. M. le Secrétaire rend compte ensuite
d'observations faites en Angleterre sur les habitudes du Saumon à l'épo-
que de la remonte.
— Au sujet des renseignements donnés dans la communication de
M. Millet, sur la montée d'anguilles, M. Hédiard fait connaître qu'on
pèche dans la rivière de Bilbao des quantités considérables de ces anguil-
lettes qui sont connues en Espagne sous le nom A'Angoules et qui don-
nent lieu à une industrie locale : on en prépare des conserves en boîtes.
Une boîte de la dimension d'une boîte de 40 sardines peut contenir jusqu'à
200 de ces petites anguilles.
— M. le Président fait connaître le résultat du scrutin. Le nombre des
votants était de 344. (Outre les billets de vote déposés par les membres
présents, beaucoup de bulletins avaient été envoyés sous pli cacheté et
contre-signe). Les votes ont été répartis de la manière suivante :
Président : MM. Henri Bouley 344
Vice-Présidents : Docteur Ern. Gosson 344
Comte d'Éprémesnil 341
De Quatrefages 344
Marquis de Sinéty 343
Secrétaire général : A. Geoffroy Saint-Hilaire 342
Secrétaires : E. Dupin 313
Maurice Girard 342.
Raveret-Wattel 34a
Flury-Hérard 34a
Archiviste-bibliothécaire : A. Berthoule 344
Membres du Conseil : Camille Dareste 343
Alfred Grandidier 33i^
Docteur Henri Labarraque 343
E. Roger 342
En outre, plusieurs des membres ci-dessus désignés ont obtenu un
certain nombre de voix pour des emplois différents de ceux que leur a
assignés la majorité des suffrages. D'autres sociétaires ont également
obtenu des voix pour diverses fonctions.
PROCÈS- VERBAUX. 169
En conséquence, sont élus pour l'année 1883_:
Président : MM. Henri Bouley.
Vice-Présidents : D' Ernest Cosson.
Comte d'Éprémesnil.
De Quatrefages.
Marquis de Sinéty.
Secrétaire général : A. Geoffroy Saint-Hilaire
Secrétaires : E. Dupin.
, D'' Maurice Girard.
Raveret-Wattel.
Flury-Hérard.
Archiviste-bihliothécaire : Amédée Berthoule.
Membres du Conseil : Cuinille Dareste.
Alfred Grandidier.
Docteur Henri Labarraque.
E. Roger.
— M. de Fiennes fait une intéressante communication sur un procédé
de destruction des Loutres (voy. au Bulletin).
— M. Grisard donne lecture d'une note de M. Louis Boutan ayant pour
titre : « Le Phylloxéra en Australie ; moyens employés pour le com-
battre. »
— M. de la Chassagne estime que les moyens indiqués dans cette
note: l'arrachage de la vigne, l'emploi du sulfure de carbone, etc.,
sont impuissants contre l'envahissement du Phylloxéra. En Suisse, en
Autriche, partout oii on les a employés, ces moyens ont échoué. Aussi
la Société des agriculteurs de France n'a-t-elle pas cru devoir appuyer la
proposition de M. le colonel Meinadier, qui en recommandait l'emploi
pour l'Algérie.
— M. Saint- Yves Ménard présente à l'Assemblée un appareil inventé
par M. Rodier, propriétaire viticulteur à Briare (Loiret), pour le soufrage
des vignes atteintes de l'oïdium. C'est une sorte de petite cassolette en
fer-blanc, dans laquelle on fait brûler du soufre et qui sert à diriger l'acide
sulfureux qui se dégage tant sur le bois que sur les jeunes pousses, les
feuilles et le raisin. Cet appareil, désigné par l'inventeur sous le nom de
lampe vigneronne sulfureuse, doit être employé immédiatement après la
taille de la vigne, puis surtout au moment de l'aoutage : son emploi
permet un soufrage plus énergique que les procédés employés jus(iu'à ce
j our, et M. Rodier déclare avoir obtenu d'excellents résultats.
Î70 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
SÉANCE GÉNÉRALE DU 16 MARS 1883.
Présidence de M. Henri Bouley, Président.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
- M. le Président proclame les noms des membres nouvellement
admis par le Conseil, savoir :
MM. . PRÉSENTATEURS.
ï3LiGNiÈRES(Géleslin de), propriétaire, homme / H. Bouley.
de lettres, rue de Longchamps, 38, à - Leclerc.
Neuilly (Seine). ( Maurice Girard.
r)OYRON (docteur Georges), secrétaire du H. Bouley.
Conseil général de la Creuse, à Chatelus- ] J. Grisard.
Malvaleix (Creuse). ; Raveret-Wattel .
Daux (l'abbé Emmanuel), fauboursr Sapiac, \ , ' ,„<, ,
,_,,,., ,T . n X le comte d Epremesnil.
47, a Montauban (rarn-et-Garonne). > p , « aa"^ f* i
\ lltlVGrGl" VV tlllGl .
Gavinet (Jean-Louis-Alfred), juge de paix du / H. Bouley.
canton de Douvres, à la Délivrande (Cal- ] Raveret-Wattel.
vados). \ le marquis de Sinély.
Gaspard (Félix), notaire, à Saint-Jean-de- l „' ,'
D /, < \ - Raveret-Wattel.
Bournav Hsere). , . , „. ,
(le marquis de Sinety.
à^^.,^ /Al- \ •'. • ' r>i • r • H. Bouley.
Geliot (Adrien), propriétaire, a Plainfaing ^ , p. ,
/\j ^ . J. Clarté.
(Vosges). i ^ ,,, ,
^ ° ^ Raveret-V/attel.
Gennadius, inspecteur de l'agriculture, direc- [ H. Bouley.
teur du Jardin dendrologique de l'État, à ] Maxime Cornu.
xVthènes (Grèce). ( Saint-Yves Ménard.
Guillet (Lucien), négociant, rue Laffitte, 9, i „ '. ^. ^\,.
, T, . "a ' ' ' ' Saint-\vesMenard.
* Pans. i „T 1
, Raveret-Wattel.
JOLY (Charles-Ovide-Plessis), ancien notaire, ( J^'^°"^^7'
rue de James, Moulins-Engilbert )Nièvre). i l grisard.
° ' ^ [ Saint-Yves Ménard.
Lecoq (Joseph), propriétaire, château du Hil- H. Bouley.
gny, commune de Plogarlel-Saint-Germain ^ Maurice Girard.
(Finistère). ( Jules Grisard.
Cbcnet.
Lutman (Léopold), 78, rue Monge, ù Paris. ^ A. Porte.
' A. Geoffroy Saint-Hilaire.
rUOCÈS-VERCAUX. 171
^IJI, PRÉSENTATEURS.
Nouvel (Georges), propriétaire, au cliàteau de ( H. Bouley.
la Ronce, commune de Fontaine-sous-Jouy, . le comte de Foy.
canton sud d'Évreux (Eure). ' le baron Gérard.
. ^ • .n, MX . , ( H. Boulev.
PiNAUD (H.), négociant, a Santiago (Ch.l.), Il, ^ g^^g-^^^ Saint-Hilaire.
rue Magenta, à Asmères (StMne). ( ^^^^^^^,^ ^^^^,^^
( DcsbrossGS.
POLACK (Jules), courtier de commerce, avenue ^ Geoffroy Saint-Hilaire.
de Neuiliy, 189, à Neuilly (Seine). ( Saint-Yves Ménard.
REViLLON(Eugène-.\natoie), négociant, 9, bou- ( H. Bouley.
levard Ricbard-Wallace, à Neuilly-Saint- j Théodore Revillon.
.lames (Seine). ( le marquis de Sinéty.
, , , , , . 1 H. Bouley.
RlCHET, professeur a la Faculté de médecine, \ j^^^^^ ^^ p^^.^
rue de l'Université, 15, à Paris. \ Raveret-Wattel.
^ ., . ., , , ., / H. Bouley.
.Saffers (Emile), juge au tribunal de première \ ^^.^^ ^^'^^ mn^'A
instance de la Seine, rue Laflitte, 9, à Paris. \ ,^ ^^^^^.^^.^ ^^^ ^.^^.^^
. „ . ^ „, A. Geoffroy Saint-Hilaire.
\1G0UR (Jules), notaire, a Saint-Sorvan (Ille- \ 5^^,^^.^,^, ^^nard.
^'-^*'^'"^)- ( A. Porte.
— M. le Ministre des travaux publics adresse la lettre suivante :
« Monsieur, vous avez bien voulu me demander d'appeler l'attention
<les Compagnies de chemins de fer sur les soins que réclame le transpori
des œufs vioants de poisson que la Société Nationale d'Acclimatation
distrihue gratuitement, chaque année, aux personnes et sociétés qui s'oc-
cupent de pisciculture.
» Je m'empresse de vous informer que je viens d'écrire aux grandes
Compagnies, ainsi qu'à TAdministration des chemins de fer de l'Etat,
pour leur demander de veiller à ce que leurs agents observent exacte-
ment les précautions indiquées pai- les étiquettes spéciales que la Société
<rAcclimatatio!i appose sur ses colis.
j Recevez, etc.
» Le Ministre des travaux publics,
» 0. Raynal. »
— M. A. Mairet, faisandierchez M. Pierre E. Rodocanachi, au château
d'Andilly (Seine-et-Oise), écrit à M. le Secrétaire général la lettre sui-
vante, en date du 8 mars : « L'année dernière, j'ai eu l'honneur de vous
informer que notre femelle de Goura Victoria avait pondu trente-cinq
jours en avance sur l'année 1881 ; l'œuf, qui a été couvé par les parents
à l'air libre, a mis trente et un jours pour éclore, à cause des nuits
172 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
froides, où le thermomètre descendait à zéro. Le jeune, né chétif, n'a
pas vécu; il est mort au bout de trois jours.
» Une deuxième ponte a eu lieu le 1" juillet, ce qui nous a donné, le
30 du même mois, un jeune fort et robuste ; élevé par les parents, il a
pris aujourd'hui sa livrée d'adulte.
> L'échec que j'ai éprouvé sur ma première ponte a fait que j'ai dû y
remédier, et je viens cette année vous annoncer que j'ai pu obtenir,
après bien des difficultés, une avance sur l'année dernière de soixante-
quatre jours, et sur l'année 1881 de cent jours, ou trois grands mois;
je pense qu'avec cette avance nous pourrons obtenir deux reproductions
dans la même année. Nos Gouras couvent à l'intérieur de la cabane, dans
une boîte semblable à celle décrite dans ma première note, et à quelques
mètres de l'appareil de chauffage.
» Les deux jeunes Gouras que nous possédons font très bon ménage
ensemble, mais je ne puis pas encore savoir si nous avons mâle et femelle.
Une seconde génération obtenue en France serait fort intéressante.
> La reproduction que j'ai obtenue de deux espèces de Faisans rares
m'oblige à vous en dire un mot.
> Faisan d'Elliot. Une poule de cette espèce nous a donné l'année
dernière vingt œufs. Sur ce nombre, j'ai élevé dix-huit jeunes.
» Faisan de Sœmmerinfj . Sur quinze œufs, j'ai élevé dix jeunes. Ces
deux espèces, qui se rapprochent beaucoup du Faisan ordinaire, ont un
grand avenir comme gibier, étant originaires du Nord, l'une de la Chine
et l'autre du Japon. Elles se recommandent aux amateurs de chasse pour
leur rusticité à supporter nos hivers et la facilité avec laquelle on peut
les élever. Ni l'une ni l'autre ne sont sujettes aux vers du larynx; elles
ont une grande valeur comme oiseaux de table, et sont remarquables par
la beauté de leur parure.
» La ponte du Faisan d'Elliot commence du 8 au 12 mars et finit au
25 avril, époque à laquelle les Faisans ordinaires commencent leur ponte.
Sur vingt œufs que j'ai recueillis et mis à couver sous des poules, j'ai
obtenu vingt jeunes; le premier éclos a été mangé en partie par la poule
couveuse; un autre étant né les pattes sur le dos, j'ai àt. l'étouffer; les
dix-huit autres ont été élevés et livrés dans différents établissements de
1 Europe, et j'ai tout lieu d'espérer que cette année les descendants de la
première paire, importée en 1879, produiront de quoi garnir une chasse
princière.
ï La ponte du Faisan de Sœmmering commence du 15 au 20 avril
pour finir au 20 mai , les jeunes s'élèvent rapidement ; à l'âge de cinq
mois ils ont revêtu le plumage adulte, et ils se reproduisent dès la pre-
mière année, s
— MM. Burky, Clémot, de Lonlay, Martial, Léon Mérat, 31athey et le
comte G. de Saint-Innocent, accusent réception et remercient descheptels
qui leur ont été accordés.
PROCÈS- VERBAUX. 178
— M. Arthur Schotsmans rend compte de la perte du mâle de son
cheptel de Canards de Bahama.
— M. Duplantier demande à faire le renvoi de son cheptel de Lépo-
rides.
— M. Clémot annonce le renvoi de son cheptel de Canards du Pa-
radis.
— M. Ferary demande des renseignements sur la nourriture à donner
aux Faisans qui lui ont été confiés.
— Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Sommier et
Egal-Tible.
— MM. Bernard-Talhandier, Delgrange et Renouard accusent réception
des œufs de Salmo fontinalls qui leur ont été expédiés.
— M. le docteur Adrien Sicard adresse une demande d'œufs de Salmo
fontinalis.
— M. Bernard-Talhandier fait parvenir une demande de Grenouilles-
Bœufs et de montée d'Anguilles.
— M. Martial fait connaître que les œufs de Corégone qu'il a reçus lui
ont donné environ quinze cents alevins très beaux et très vifs. Notre con-
frère ajoute qu'il serait heureux de recevoir un nouveau lot d'œufs, dans
le cas où la Société en ferait une seconde distribution.
— M. le professeur Spencer F. Baird annonce l'envoi qu'il compte
faire prochainement à la Société de quinze mille œufs de Saumon des
lacs {Salmo salar, var. Sebago).
— M. Raveret-Wattel rappelle à cette occasion que le Saumon des lacs
de l'Amérique du Nord, qui est un poisson non migrateur et dont les
conditions d'existence se rapprochent ainsi de celles de la Truite, serait
une espèce très intéressante à acquérir pour nos eaux douces, en raison
de l'excellente qualité de sa chair et de la rapidité de sa croissance.
— M. le Président de la Société Linnéenne du nord de la France adresse
un rapport sur les résultats donnés par les œufs de Truite des lacs et de
Salmo Xamaijcush envoyés à cette Société.
— M. Gh. Renouard fait parvenir une réponse au questionnaire relatif
à la pisciculture; il y joint les renseignements suivants : « Tous les éle-
vages déjà faits par mes soins n'ont produit que de faibles résultats dans
les eaux de deux de mes propriétés; mais le pays en a profité, car les
jeunes poissons ont dû suivre le courant des ruisseaux de trop plein qui
sortent de mes étangs et aller peupler les rivières voisines, c'est-à-dire
la Monne, la Vie et la Touques d'une part, et l'Ure et l'Orne d'autre
part. »
— M. Banmeyer adresse la lettre suivante : c Je viens de visiter les
établissements de pisciculture de Virelles et de Chaulieu, et j'ai eu le
plaisir de constater que les œufs d'Omble-Ghevalier {Salmo salvelinus)
que vous avez eu l'obligeance de m'envoyer sont parfaitement éclos; il
en est de même des Coregonus albus, des Salmo Namaycush, qui vien-
174 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
lient également fort bien ; ces jeunes alevins sont pleins de vie. Quant
aux œufs de Truite du lac de Garde, envoyés dernièrement, nous en
attendons l'éclosion d'un jour à l'autre. C'est à peine si nous avons perdu
en moyenne 3 pour 100 de ces œufs. Les soins les plus assidus sont
donnés à ces difiérentes espèces, et je suis heureux d'en communiquer
les bons résultats. Tout fait prévoir que la période d'alevinage sera aussi
heureuse que celle de l'incubation. »
— M. Max. Cornu, inspecteur général de la sériciculture , lAI. le Di-
recteur de l'Ecole nationale d'agriculture de Grignon et M. le Directeur
de la station séricicole de Montpellier, accusent réception et remercient
de l'envoi qui leur a été fait de la graine de Ver à soie de la variété
dite Verdolina Casait.
— M"" veuve Simon écrit de Bruxelles : c Nous poursuivons avec
persévérance notre propagande séricicole, persuadés que l'agriculture,
dont les revers sont immenses, ne peut manquer de retrouver des jours
prospères. Nous vous ferons connaître le plus possible nos Bombyx, afin
que, lorsque des jours meilleurs viendront, l'industrie puisse prendre un
nouvel essor. Nos dispositions sont prises pour offrir à la Société quel-
ques centaines de grammes de graine à'Attacus Pernyi de seconde
récolte. Nous serions heureux de donner l'occasion d'expérimenter en
France la seconde récolte de Pernyi. »
— Des demandes de graines sont adressées par MM. Delalande, Chiffel,
Mathey, d'Augy et Gnecchi, ainsi que par la Société nantaise d'horti-
culture et par le Comice agricole de Brioude
— M. le comte de Bouchaud de Bussy écrit de Lyon : « Les Bambous
que j'ai reçus il y a quelques années delà Société d'Acclimatation sont
les B. violascens, viridi-glaucescens, Simoni, Quilloi. J'avais déjà les
Bambusa mitis, aurea, nigra, gracilis et scriptoria. Ceux qui ont pris
le plus de développement sont les B. mitis, violascens, nigra et aurea.
Us atteignent (les B. violascens et nigra) environ 6 ou 7 mètres de
hauteur et un diamètre de 0,03 à 0,035. Le Mitis atteint jusqu'à 8 et
9 mètres de hauteur sur 0,0i à 0,05 de diamètre. Ils sont de belle venue
et pourvus d'un feuillage fort abondant. Us drageonnent à d'immenses
distances, et on a toutes les peines du monde à les arrêter dans leur
travail souterrain. Le B. Quilioi, jusqu'à présent, est loin d'égaler la
vigueur même de B. aurea. Cependant, la description dont il a été l'objet
lui attribuerait une taille plus élevée que celle que je lui ai vu prendre
chez moi jusqu'à ce moment. Il ne paraît pas d'ailleurs plus délicat que
les autres, et je serais disposé à croire qu'il a été mal étiqueté. Quant
au viridi-glaucescens, il fleurit continuellement et ne donne que de très
médiocres pousses. Est-ce bien le viridi-glaucescens ?
» Le B. nigra est un des plus beaux et plus vigoureux chez moi.
» Le B. scriptoria est joli et assez vigoureux. Mais il est infiniment
plus sensible au froid que les autres. 11 pousse, du reste, beaucoup plus
PROCÈS-VERBAUX. 175
tard, et ses pousses sont encore incomplètement développées quand sur-
vient l'hiver.
» Le B. gracilis est souvent éprouvé par les hivers.
» J'ai depuis peu de temps le B. à tiges carrées. Mais il n'a pas encore
donné de tiges assez fortes pour me permettre de bien l'apprécier. Il a
commencé cet été dernier à végéter avec assez de vigueur, ce qui me
paraît d'un excellent augure pour la saison prochaine.
» Les Chamœrops exceha, qui proviennent de graines qu'a bien voulu
m'envoyer dans le temps la Société d'Acclimatation, sont au nombre
d'une trentaine. Ils ont environ l^.SO à l'",50 de hauteur et sont on ne
peut plus vigoureux. Us se distinguent entre eux, pour quelques-uns du
moins, par un port plus ou moins érigé ou étalé et des feuilles de teintes^
assez différentes. Us n'ont pas encore fleuri. Ils doivent avoir une dou-
zaine d'années de semis. Plusieurs ne tarderont pas à fleurir, car ils
sont très forts.
» 'en possède quelques pieds plus anciens, et que j'avais acquis de
divers côtés ; aussi fructifient-ils et fleurissent-ils abondamment depuis
quelques années déjà; il en est qui ont 3 mètres à A mètres de hauteur
et restent cependant assez bien garnis de feuilles. Us sont fort beaux et
sont très remarqués de mes visiteurs.
» J'ai l'honneur de vous expédier aujourd'hui une boîte desdites graines
récoltées cet hiver. Il y en a environ 3 kilogrammes, que la Société
d'Acclimatation pourra distribuer à son gré, trop heureux que je suis si
quelques-uns de nos collègues peuvent en retirer quelque profit et
quelque utilité
» Jusqu'à présent je n'ai pas trouvé à uUliser d'une façon satisfaisante
mes Bambous. Cependant j'ai cherché à les vendre, mais sans en trouver
de placement assuré. Si la Société d'Acclimatation pouvait me donner
quelques indications à ce sujet, je lui en serais profondément reconnais-
sant, désirant tout naturellement tirer parti de ces intéressantes grami-
nées, cultivées chez moi, au château de Roussan, dans les Bouches-du-
Khône.
» Si la Société avait en distribution quelques nouveaux et remarqua-
quables Bambous, je lui saurais un gré infini de m'en envoyer quelques
éclats ce printemps. De même que je me mets à sa disposition pour en
remettre à un certain nombre de membres de la Société qu'elle me dési-
gnerait.
> Si la Société avait également quelques nouveaux végétaux de plein
air, dignes d'intérêt, à répartir entre les sociétaires de bonne volonté,
je m'ofl're volontiers pour qu'il m'en soit remis quelques spécimens,
m'engageant à en faire l'objet d'un rapport annuel. »
— M. AUigné écrit de Vire : « Les Bambous que la Société a bien
voulu me confier en cheptel l'année dernière, au mois de mai, ont eu
une végétation aérienne presque insignifiante, probablement à cause de
176 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
la saison avancée dans laquelle ils ont été transplantés, quelques tiges
ne dépassant pas 59 à 60 centimètres en hauteur. Mais je me suis trouvé
fort étonné, ces jours derniers, en faisant labourer le terrain entre les
touffes qui sont espacées de 4 mètres environ, de trouver à une touffe de
violacens une racine traçante de 2 mètres de longueur et un peu plus
grosse qu'un porte-plume. J'espère que cette année ils feront de rapides
progrès, car le sol dans lequel je les ai plantés est exceptionnellement
bon ; c'est un terrain d'alluvion, situé sur le bord d'un cours d'eau, qui
est toujours frais, sans jamais être submergé. »
— M. Jules Delalande écrit de Bayeux : « Je vous demanderai la per-
mission de critiquer un peu le mode de plantation de la noix du Cary>a
olivœformis indiqué dans la Chronique.
» En règle générale, on doit planter isolément toute graine qui, une
fois levée, présente des difficultés à la transplantation. En supposant que
l'on sème trois ou quatre noix par trou, il se présente deux cas. Le pre-
mier est la germination de toutes les graines; mais, au moment où l'on
est forcé d'arracher les plants qui gêneraient la végétation du Carya
que l'on conserve, on ne peut le faire sans souvent briser le chevelu de
la jeune plante, ce qui arrête sa végétation et souvent la fait mourir.
Dans le deuxième cas, il peut se trouver des graines de gâtées, et ces
graines, entrant en décomposition, font mourir la graine qui a poussé.
Voici le mode à employer pour les graines germées ou développées et
difficilement transplantables : Planter séparément, soit en pleine terre,
soit en pot, et de préférence en pot, ce qui permet de choisir, au mo-
ment où la plante est développée, l'emplacement définitif qu'elle d'oit
occuper. Par ce système, les plants ne subissent aucun danger de trans-
plantation. »
— M. Clogenson adresse une demande de Bambous et de Vignes
nouvelles. Par une autre lettre, M. Clogenson rend compte de la situation
des végétaux qui lui ont été confiés.
— M. de Lonlay adresse un rapport sur ses cultures de végétaux exo-
tiques.
— M. Pontet écrit d'Aurillac : « Les cinq plantes qui m'ont été adres-
sées le 20 avril 1882 ont assez bien prospéré, sauf cependant VOsman-
thus illicifolius, qui est toujours fort malingre. »
— M. Dareste signale une monstruosité qu'il a récemment observée
sur un embryon de Gasoar, et qui consiste en ce qu'une partie de la tête
se trouve adhérente au jaune de l'œuf par une bride membraneuse.
Bien qu'extrêmement rare, le fait n'était pas absolument inconnu. Une
observation du même genre a été faite en 1827 par Etienne Geoffroy
Saint-Hilaire, sur un embryon de Poule, qui, de même que celui du
Casoar, s'était trouvé dans l'impossibilité d'éclore. M. Uareste ajoute que
ie sujet monstrueux qu'il met sous les yeux de l'assemblée présente une
hernie de l'encéphale; les hémisphères cérébraux forment une sorte de
PROCÈS-VERBAUX. 177
tumeur en dehors de la tête, anomalie qui n'est pas incompatible avec la
vie. Elle se produit parfois chez des Poulets, sur lesquels on voit la
tumeur se compléter extérieurement par la formation d'une peau cou-
verte de plumes, et intérieurement par l'ossification de la partie du crâne
membraneux qui se trouve au-dessous de la peau. Cette conformation
anatomique se trouve réalisée d'une manière constante dans la Poule dite
de Padoue; et, fait très singulier, c'est que, jusqu'à la fin du siècle der.
nier, cette race de Poules ne présentait ce caractère héréditaire que
dans le sexe femelle. Depuis, la même conformation s'est propagée du
sexe femelle au sexe mâle. En s'occupant d'expériences sur la formation
des monstruosités, M. Dareste a eu très souvent occasion de constater
l'apparition de cette hernie cérébrale sur des Poulets qui n'appartenaient
pas à la race de Padoue, et il estime que si l'on avait élevé ces oiseaux,
ils auraient pu devenir la souche d'une race tout à fait comparable à cellft
de Padoue. Cette tumeur céphalique, formée par une hernie de l'encé-
phale, a été observée chez d'autres oiseaux, le Canard notamment, et il
est probable que si l'on suivait les expériences sur une échelle suffisante,
on arriverait, pour toutes les espèces d'oiseaux, à produire des races
analogues à la race des Poules de Padoue.
— 31. Saint-Yves Ménard rappelle à ce sujet qu'un très grand nombre
de nos races d'animaux domestiques n'ont pas d'autre origine qu'une
anomalie quelconque devenue héréditaire, et souvent fixée par la sélec-
tion. On peut citer comme exemples les races de Lapins et de Moutons
sans oreilles, de Chiens à courte queue, de Chiens bassets, etc. Il existe
en Amérique une race de Bœufs à tête raccourcie, dite à tête de boule-
dogue; l'origine en est inconnue, mais il est facile de l'entrevoir. Toutes
les personnes qui s'occupent de monstruosités savent, en effet, qu'on voit
parfois des Veaux à tête de bouledogue naître de Vaches très bien consti-
tuées. Le fait s'est notamment produit l'année dernière au Jardin d'Ac-
climatation, où les visiteurs étaient frappés de la conformation singulière
de l'animal. H y avait là une anomalie susceptible d'être héréditaire si le
sujet eût vécu et qu'on eût voulu en tirer souche.
De semblables faits n'ont pas qu'un intérêt de curiosité, car les modi-
fications devenues héréditaires peuvent porter sur des détails très impor-
tants pour l'éleveur; par exemple, sur la laine, s'il s'agit de Moutons, ou
sur le développement des muscles chez tous les bestiaux. Les Mérinos de
Mauchamp, les Bœufs de Durham, ont pour souche un animal unique,
dont les caractères, transmis à ses descendants, ont été fixés par la sélec-
tion. Un des plus puissants moyens que nous ayons pour modifier les
animaux, c'est donc l'observation et la mise à profit des hasards de la
reproduction, (jui mettent à notre disposition certains sujets présentant
certaines particularités Sjiéciales, les unes avantageuses, les autres inté-
ressantes seulement au point de vue scientifique.
— M. Camille Dareste a vu il y a une quinzaine d'années, dans le
3« SÉRIE, T. X. — Mars 1883. 12
178 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
département du Nord, un Veau à tête de bouledogue. La pièce a été
montée; elle appartient au musée de Lille.
Des photographies, qu'il en a fait faire à celte époque, seront mises
par M. Dareste sous les yeux de la Société dans sa prochaine séance.
— M.Jules Gautier donne lecture [d'un rapport fait au nom de la
Commission de la chasse concernant un projet de loi sur les animaux
nuisibles (voy. au Bulletin).
Les conclusions de ce rapport sont mises aux voix et adoptées à l'una-
nimité. L'assemblée décide que le rapport et le projet de loi qui l'accom-
pagne seront adressés à M. le rapporteur de la Commission du projet de
loi sur la chasse, à la Chambre des députés, à MM. les Ministres de l'in-
térieur et de l'agriculture.
— A l'occasion de la lettre de M. Mairet, qui signale une monstruosité
observée chez un jeune Faisan, M. Dareste dit que les déviations des
membres sont assez fréquentes dans les monstruosités artificielles. Ce
fait se produit lorsque le corps de l'embryon est comprimé par l'amnios.
Dans ces conditions, les membres peuvent être plus ou moins gênés, et
alors tantôt ils s'atrophient plus ou moins, tantôt ils sont contournés,
renversés de différentes façons. C'est probablement d'un fait de ce genre
dont parle M. Mairet.
— M. Jean Dybowski fait une intéressante communication sur la Bar-
dane comestible du Japon (voy. au Bulletin).
En réponse à des questions qui lui sont posées par M. le Président,
ainsi que par MM. Millet et de Barrau de Muratel, M. Dybowski fait con-
naître que cette plante ne craint pas la gelée et peut être cultivée dans
tous les déparlements de la France, qu'elle ne paraît pas épuisante pour
le sol et qu'elle peut réussir dans tous les terrains oîi croît la Bardane
commune.
— M. Decroix rend compte d'expériences faites sur l'utilisation, pour
la nourriture des chevaux, du produit connu dans le commerce sous le
nom de tourteaux de Cocotier. 11 résulte de ces expériences, faites sur
des chevaux de l'armée, que les tourteaux peuvent être substitués à
l'avoine dans une certaine proportion, sans inconvénient pour la santé
et la vigueur des chevaux, et que cette substitution permettrait de réa-
liser une économie annuelle de 50 francs par tète de cheval (voy. au
Bulletin).
— M. Hédiard demande si les tourteaux n'ont pas une forte odeur de
rance. La farine de coco, fraîchement préparée, est très agréable au goût ;
la maison Siraudin en a préparé des bonbons qui ont joui d'une certaine
vogue ; mais cette farine rancit vile.
— M. Decroix répond que les tourteaux ont, en effet, une rancidilé très
accentuée; mais que néanmoins, les chevaux, qui généralement refusent
tout d'abord cette nourriture, l'acceptent sans grande difficulté quand
on les met à la diète pendant quelques heures.
PROGÈS-VERtJAUX. 179
— M. le Président fait observer que la Commission d'hygiène hippique,
chargée parle Ministre de la guerre d'étudier la question, n'a pas encore
déposé son rapport.
— M. Dybowski rappelle que les soi-disant tourteaux de Cocotier pro-
viennent en réalité de VEUm Guineensis, dont le fruit a toujours un
goût rance quand il n'est pas frais.
— M. le Président désirerait savoir si la production est abondante et
si elle pourrait subvenir aux besoins de la consommation, dans le cas où
ces tourteaux viendraient à être réellement acceptés en Europe pour
l'alimentation du cheval.
— M. Dybowski estime que la production doit être considérable, attendu
que des flottes entières de navires marchands vont chaque année sur les
côtes de Guinée (patrie de VElaïs Guineensis) y chercher un plein char-
gement des fruits, lesquels sont utilisés particulièrement à Londres et à
Marseille pour l'extraction de l'huile.
— M. de Barrau de Muratel rappelle que c'est cette huile qui est dé-
signée dans le commerce sous le nom d'huile de palme.
— M. Saint- Yves Ménard dit que les tourteaux d'Ëlaïs ont été essayés
au Jardin d'Acclimatation pour l'alimentation des Vaches laitières. Sub-
stitué dans une certaine proportion à la farine de maïs, ce produit a
déterminé dans la production du lait une augmentation d'un vingtième
environ. Aucune observation n'a été faite quant à la qualité du lait,
auquel certains tourteaux oléagineux donnent un goût désagréable. Il
en est de même des tourteaux de maïs provenant des fabriques d'amidon.
Cette nourriture, qui augmente le rendement en lait d'une fagon extraor-
dinaire, et qui amène un engraissement rapide, donne au Jait un goût
d'ail très prononcé, et, détail assez curieux, ce goût ne se manifeste
guère que vingt-quatre heures au moins après la traite.
— M. Geoffroy Saint-llilaire fait connaître que la Compagnie générale
des Omnibus a entrepris de son côté des expériences sur l'alimentation
des chevaux avec la farine de Cocotier; on peut donc espérer avoir pro-
chainement, pour apprécier la qualité de cet aliment, des renseigne-
ments circonstanciés et émanant de sources absolument distinctes.
— M. Hédiard dit qu'il existait il y a une quinzaine d'années à la
Briche, près Saint-Denis, un établissement spécial pour la préparation
de l'huile de coco. La bourre du fruit était utilisée comme crin végétal ;
les coquilles servaient à fabriquer des boutons, et la sciure était em-
ployée pour faire des fdtres. Cette exploitation, dont la cessation paraît
avoir été amenée par des causes financières, pourrait, si elle était bien
conduite, donner des résultats avantageux, attendu qu'on peut, dans
certains pays, et notamment sur les côtes de Madagascar, se procurer
des cocos en très grande quantité et au prix de 5 francs le cent, rendus
au port d'embar([uement.
— MM. Geoffroy Saint-llilaire, de Barrau de Muratel et Maurice Girard
180 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
insistent sur ce point, qu'il ne faut pas confondre le Coco, ou fruit du
Cocos nucifera, qui est volumineux, enveloppé d'une sorte de crin vé-
o-étal, avec le fruit de 1' Elais Gidneensis, qui est de la grosseur d'une
forte noix, et dont on obtient l'huile de palme.
— M. Hédiard dépose sur le bureau des échantillons d'Ignames, sur
lesquels il donne les renseignements suivants :
Dioscorea alata. — Cette grosse Igname à chair blanche est très fari-
neuse et mucilagineuse; on la cultive beaucoup aux Antilles; celles que
j'ai l'honneur de vous présenter viennent de la Martinique. La pellicule
est un peu rugueuse, de couleur gris de terre; la forme est longue, de la
grosseur et de la longueur du bras; les racines pèsent environ de 5 à
10 kil.; il y en a plusieurs variétés de cette taille, mais celle-ci est plus
estimée.
Les Ignames à chair violette se conservent beaucoup moins et ne sont
pas aussi féculentes.
On a cultivé en Algérie, il y a une dizaine d'années, l'Igname /am^es
d'Éléphant, mais cette variété est très mal faite, et offre beaucoup de
déchet à l'emploi, la qualité est aussi inférieure; il y a aussi le Diosco-
rea Batata, cultivé aux environs de Paris, mais cette espèce est très
coûteuse à cultiver à cause de l'arrachage difficile ; ses racines sont lon-
gues et épaisses; elle est, du reste, très bonne en beignets, mais ne
peut remplacer pour les amateurs des colonies la grosse Igname citée
plus haut.
Igname dite Cousscouche. — Celte espèce d'Igname que j'ai déjà pré-
sentée en décembre dernier provient également de l'île Martinique.
Le poids des tubercules est de 250 grammes à 1 kilog.; la forme en
est conique par le collet, et s'élargit à la base en forme de main; la lon-
gueur n'est guère que de 15 à 20 centimètres, ce qui en rend la culture
bien plus facile que celle de la grosse Igname, dite de Guinée. La chair
en est très blanche et fine, et elle est fort estimée des amateurs des
colonies.
La préparation varie suivant les habitudes de pays; on la fait cuire
autour de la viande, en ragoût ou dans des soupes créoles, ou bien
encore en beignets. Je crois qu'il serait possible d'en cultiver dans le
midi de la France, parce que ses tubercules germent assez facilement
pendant la traversée. Il ne m'a pas été possible d'en envoyer en Algérie,
l'entrée en étant interdite.
PROCÈS-VERBAUX. 181
SÉANCE GÉNÉRALE DU 30 MARS 1883.
Présidence de M. Camille Dareste, membre du Conseil.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté, après
quelques observations de MM. Decroix, Gautier, Millet et Saint-Yves
Ménard.
— A l'occasion du procès-verbal, M. Lespinasse dit que le produit
livré par le commerce sous le nom de farine de cocotier est bien tiré
réellement de la noix de coco, Cocos nucifera. Ces tourteaux, résidus de
la fabrication de l'huile de coco, sont plus blancs que ceux provenant de
la noix de VElaïs Guineensis, fruit qui fournit l'huile de palme et dont
l'enveloppe de couleur grise donne aux tourteaux une nuance particu-
lière. M. Lespinasse met sous les yeux de l'Assemblée des échantillons
de ces différents produits.
— M. de Rarrau de Muratel rend compte de l'essai qu'il a fait de la
Rardane du Japon présentée par M. Dybowski dans la précédente séance.
Préparée à la façon des salsifis, cette plante lui a paru très tendre et
agréable à manger, bien que les racines fussent restées toute l'année en
terre, et que, par suite," elles ne présentassent pas toutes les qualités
qu'elles auraient pu avoir si elles avaient été plus fraîches. D'ofi l'on
peut conclure qu'en saison convenable ce légume doit être réellement
très bon et qu'il y aurait une grande ulilité à en propager la culture.
— M. Millet fait remarquer que, d'après le procès-verbal, le rapport
sur la destruction des animaux nuisibles serait envoyé seulement à la
Commission de la Chambre de députés. Or notre confrère croit que, sur
sa demande et celle de M. Gautier, l'assemblée avait décidé que des
exemplaires de ce rapport seraient envoyés aux préfets et aux Conseils
généraux, lesquels ont été saisis de la question par le gouvernement.
— M. Gautier ne croit pas qu'on ait suivi cette marche lors de l'envoi
du précédent rapport concernant la loi sur la chasse. Noire confrère
ajoute qu'il s'est borné à demander qu'on procède pour le nouveau
rapport, comme on l'a fait pour le premier, et qu'il ne voit pas d'avan-
tage à adresser ce travail aux préfets pour en saisir les Conseils géné-
raux.
— M. Millet estime qu'il y a intérêt à envoyer le rapport au Ministre
de l'Agriculture, ainsi qu'au Ministre de l'Inlérieur et au Préfet de po-
lice, dans les attributions desquels la surveillance de la chasse se trouve
placée. L'envoi serait non moins utilement fait aux Conseils généraux,
qui ont été consultés par le Ministre de l'intérieur sur la proposition
Labitte.
— M. Gautier fait observer que si l'on adresse le nouveau rapport à
182 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
des personnes qui n'ont pas reçu le premier, il conviendrait de leur en-
voyer également celui-ci, car les deux questions traitées sont connexes.
— M. Saint-Yves Ménard rappelle que le rapport sur la chasse n'a
pas été tiré à un nombre suffisant d'exemplaires pour que l'envoi puisse
en être fait aux Conseils généraux.
— L'assemblée décide le renvoi au Conseil de la proposition tendant
à ce que le rapport sur la destruction des animaux nuisibles soit adressé
à MM. les préfets des départements et aux Conseils généraux.
— A l'occasion de communications faites dans la dernière séance con-
cernant les bizarreries qui peuvent se produire chez les animaux et de-
venir la souche de variétés ou races, M. llené de Sémallé rapporte avoir
vu, rue Guénégaud, un Chat de grosseur monstrueuse, dont la taille
atteint au moins trois fois celle d'un Chat ordinaire. Ce Chat, ajoute
M. de Sémallé, aurait pu servir à former une race véritablement gigan-
tesque.
— M. Lespinasse estime qu'il ne faut pas s'exagérer la facilité de mo-
difier la taille ou les autres caractères des animaux, attendu que bien
souvent les produits de sujets présentant des anomahes très prononcées,
rentrent complètement dans le type régulier. On sait, par exemple, que
le nain américain, exhibé autrefois en public sous le nom de ïom Pouce,
épousa une femme naine, elle aussi. Tous deux ensemble ne pesaient
pas plus de 30 kilogrammes. Ce couple donna toutefois naissance à des
enfants qui, devenus adultes, atteignirent la grandeur naturelle.
— M. Saint-Yves Ménard constate que les faits d'atavisme sont indé-
niables, et que toutes les anomalies ne deviennent pas forcément hérédi-
taires ; mais il insiste toutefois sur ce fait que c'est bien par suite de
l'observation et de la mise à profit de certaines anomalies qu'on est
arrivé à Jixer des caractères d'une très grande importance chez beaucoup
d'animaux.
— M. le Président met sous les yeux de l'assemblée des photographies
d'un squelette de Bœuf qui appartient au musée de Lille. Dans ce sujet
la mâchoire supérieure est très raccourcie et la tête rappelle complète-
ment celle d'un bouledogue. Cette déformation singulière, ajoute M. Da-
reste, qui n'est pas extrêmement rare dans nos races bovines, et qui se
produit en France d'une façon pour ainsi dire sporadique, se montrait à
l'état permanent chez une race de Bœufs qui a existé pendant près de
deux siècles dans l'Amérique du Sud sur les bords de la Plata. Cette
race paraît avoir disparu; mais il en existerait une autre, de même na-
ture, au Mexi(jue.
— Des remerciements au sujet de leur récente admission sont adressés
par M.M. Boyron, Fournier, Ganivet et Viéville.
— La Société Néerlandaise de Zoologie remercie de l'envoi qui lui est
fait, en échange de son journal, du Bulletin de la Société nationale
d'Acclimatation.
PROCÈS-VERBAUX. 183
— M. Raverel-Wattel signale à celte occasion un Iravail extrêmement
remarquable publié dans le recueil de la Société Néerlandaise de Zoolo-
gie, par le bibliothécaire de cette Société, M. le D"" P. P. G. Hoek, de
Leyde, concernant les organes génitaux de l'Huître.
— Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Boyron, Tarlier,
de Saint-Quentin, Vigour et Vincendon-Dumouliu.
— M. Carpentier de Juvigny renouvelle sa demande d'un cheptel de Cerf
nains de la Chine. MM. Pontet, Leprévost-Bourgerel, B. Gléraot, Jules
Dodemont, Martel-Houzet, Desroches, Zeiller, vicomte de Mondion, Poin-
signon, de Fiennes, Ferary, Nelson-Pautier, Giraud-Ollivier, comte de
l'Esperonnière, Hiver, F. Laval, Aubet, Reynal, Fubre père et Guillin
accusent réception et remercient des cheptels qui leur ont été adressés.
— M. Dautreville écrit à M. le Président : « J'ai l'honneur de présen-
ter à la Société la poudre loni-nutritive au sang de bœuf desséché, pro-
duit nouveau, et qui expérimenté a donné déjà des résultats intéressants
pour l'alimentation des Faisans, Faisandeaux et jeunes volailles. Cette
poudre granulée est composée de sang de bœuf desséché représentant
plus de cinq fois son poids de sang frais, et de farines. L'analyse que je
vous communique, vous montrera d'ailleurs quelle peut être la valeur
de ce produit, au point de vue de l'alimentation. Dans le cas où il vous
serait agréable de faire un essai, j'en mettrais volontiers un échantillon
à votre disposition ou à celle d'un des membres de la Société que ce pro-
duit pourrait intéresser.
» L'analyse de la poudre toni-nutritive granulée au sang de bœuf des-
séché a donné :
Albumine et fibrine !20,87 pour 100.
Matières amylacées 67,83 —
Eau 10,30 —
Chlorure de sodium 0,70 —
Acide phosphorique, chaux et potasse.... 1,20 —
Peroxyde de fer 0,04 — »
— M. Persin adresse les renseignements suivants sur les Cerfs-Co-
chons : « Ces animaux sont superbes, on les a vus tous les 5 ensemble
il y a quelques jours ; mais on les voit de temps en temps séparément
ou 2 ou 3 ensemble. Ils ont tout à fait le caractère du gibier, nous avons
tout l'hiver chassé les lièvres avec chiens courants dans le parc oîi ils
sont ; il est arrivé quelquefois aux chiens courants de les attaquer, chaque
animal chassé savait parfaitement prendre fuite et par ses ruses se dé-
fendre de la paire de petits chiens avec lesquels nous chassions dans ce
parc.
> Du reste, depuis que nous les avons laissés dans le grand parc, on ne
leur a plus donné aucune nourriture, et on leur en donnerait qu'ils ne
viendraient pas la manger.
184 SOCIÉTÉ NATIONALE d'AGCLIMATATION.
» Pendant 3 étés ot 2 hivers ils se sont suffi et sont magnifiques ; il
me senibli! que l'expérience est concluante. C'est du vrai gibier de chasse,
et mon parc en supporterait bien, je crois, sans inconvénient 2 ou 300
comme cela.
» C'est bien dommage que j'aie eu du retard au début par l'erreur qui
a été commise de me donner un mâle au lieu d'une femelle pleine : j'en
aurais déjà une forte bande aujourd'hui. J'aurais bien demandé à la
Société de me donner un deuxième cheptel, mais je crois que les statuts
s'y opposent. Cependant il vaudrait bien mieux, dans l'intérêt du but
qu'elle poursuit, donner 2 ou 3 cheptels à celui qui sait réussir plutôt
que d'en donner à d'autres chez lesquels l'insécurité est à peu près
certaine, .l'ai écrit, pour avoir des renseignements, à tous mes collègues
qui ont de ces animaux, presque tous m'ont répondu qu'ils n'avaient pu
réussir, tandis que je suis assuré maintenant que dans mon parc il n'en
manquait pas un. »
— M. Kiener écrit de la Forge (Haute-Alsace) : « Je m'empresse de
vous communiquer un nouveau fait relatif au croisement entre les Co-
chons d'Inde et les Hats. Un de mes voisins m'assure qu'il lui est arrivé
souvent d'épier ses Cobayes et de les voir avec des Rats, avec lesquels
ils s'accouplaient. Ici et à Wihr-au-Val (Haute-Alsace) le fait est très
connu. Les personnes qui en avaient dans des écuries à porc ou dans des
remises les ont vus disparaître un beau jour. Ce ne sont pas les Rats qui
manquent à Paris, et je suis convaincu qu'après quelques tentatives vous
serez édifié. Le fait est patent. J'en réponds. î
— M. le marquis d'Hervey de Sainl-Uenys écrit à M. le Secrétaire géné-
ral : « Depuis 18 mois, je n'ai plus qu'un Talégalle, mais il résiste depuis
quelque chose comme une dizaine d'années, je crois, ou tout au moins
sept à huit ans, ayant passé à l'état complètement sauvage, et ne s'appro-
chant même plus des habitations. 11 me paraît donc évident que sans
les deux hivers extraordinaires que nous avons eus, ces oiseaux se seraient
parfaitement acclimatés. »
— M. Leroy écrit de Fismes : « .Malgré la rigueur de la température,
mes Perdrix du Boutan ont fait un nid sous leur abri, à portée d'une
toufîe de lilas. Avant-hier, !) mars, je surpris la femelle jetant à plusieurs
reprises avec son bec des pailles par-dessus son dos, ce qui, comme vous
savez, est l'indice que la ponte a eu lieu ou va avoir lieu. Le mâle imita
ce manège. J'allai voir au nid. Rien encore. Ce nid, comme le nid de la
plupart des Perdrix percheuses. Colins, Perdrix de Chine, est creusé en
terre en forme de four et recouvert d'un amas de brindilles de paille
arrangées sans art et formant voûte. Le nid était vide.
> Hier dans l'après-midi, vers quatre heures, je surpris le mâle faisant
le guet auprès de l'entrée du nid.
» Je ne pus m'assurer de ce qui s'était passé parce que la nuit vint et
je ne voulais pas empêcher les Perdrix de se percher. .Mais ce matin, je
PROCKS-VKF{ItAUX. 185
viens (l'entrevoir un œuf au Ibnd du irou qui sert de nid. Col œuf m'a
paru très gros eu ég'ard à la taille des Perdrix du Houlaii i|ui est celle
de noire l'crdrix grise, f/œuf est di; la g^rosstiur d'un œuf d(! pigtion.
» J'espère beaucoup parce (jue les sujets sont admirables <le santé (îl
de vivacité.
» Si la Perdrix du Houtan pouvait, je ne dis pas s'acclitnatcM-, car elle
l'est, elle me paraît très dure au froid, au moins autant sinon plus que
la Perdrix de CIiIik;, mais se plaire; dans nos contrées <;t ikî pas émigrcr,
ce serait une vraie trouvaille, car la ponte étant (i(; (biux mois plus pré-
coce que celle de nos Perdrix françaises, l'éducation des jeunes serait
terminée longtemps avant la faucbaison des prairies arlilicielles, si fatale
aux couvées du gibier à plumes. »
— M. Gorry-Houteau annonce l'envoi de Léporides provtînanl de sou
cheptel.
— M. Mathey écrit de llochechouart : «...h; viens de perdre le Coq de
Dorking qui m'a été confié en cheptel et que j'ai reçu le H de ce mois.
Peu de jours après son arrivée, je remarquai que cet animal souffrait
d'un œil. Cette indisposition ne me f)araissait pas assez grave pour lui
donner l'air aussi triste et aussi abattu, et je l'examinai. Je reconnus
alors qu'il était atteint, même d'une façon très grav<!, de la diplitérite;
des fausses membranes jaunâtres avaient envahi la gorge, la langue et
les parties environnantes en étaient coinpIèl(;ment recouvertes ; à la langue
elles prenaient une teinte noirâtre. Je le traitais au frioyen de la liipieur
antidiphtérique, composée par notre confière M . lîachy, et je badi-
geonnai la gorge avec une plume imbibée d'huile de pétrole, moyen dont
je connaissais l'eflicacité. Bientôt le mal de l'œil empira, les paupières
avaient l'air de s'agrandir et le dessous était teinté de noir. Une sup|)u-
ration assez abondante s'y établit bientôt, ainsi qu'aux oreilles. Des bou-
tons apparaissaient autour du bec et au bas de la crèle ; le Coq refusa
alors toute nourriture, rejetant même celle qu'on lui introduisait dans le
bec; enfin dimanche matin la crête était devenue noire, l'animal ne se
tenait plus sur ses pattes et avait coirijdètemetit perdu la vue; cet état
dura jusqu'à hier, mardi ; à cinq heures du soir le Coq était mort. Voyant
le Coq atteint aussi gravement, je l'ai séparé des poules, qui sont égale-
ment atteintes, mais d'une façon qui, pour le moment, ne me paraît pas
devoir amener un résultat fatal, elles mangent, ont pondu quelques œufs,
je leur fais prendre chaque matin un peu de liqueur antidipbtérifjue.
J'ai répandu du phénol dans le poulailler. »
■ — .M. Lefebvre écrit à M. le Secrétaire général : <i Au printemps de
188'i, la Société a bien voulu me confier en cheptel une paire de Pigeons
boulants anglais blancs ; ces oiseaux, évidemment de la même couvée,
étaient imparfaitement déclarés et ne furent aptes à reproduire que dans
le mois d'août, même année. En septembre la femelle pondit et couva —
œufs clairs ! Une nouvelle ponte suivit bientôt, de laquelle naquit un
18(3 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
jeune qui fut laissé par les parents au bout de 12 jours et mourut malgré
tous mes soins. L'hiver vint sur ces entrefaites, la femelle pondit encore
une fois et quelques jours après je trouvai des œufs cassés. Je ne déses-
pérais pas, bien que déjà à cette époque, ma conviction fût faite. Dans
-ma famille on a toujours élevé des Pigeons ; moi-même, depuis bien des
années, je me livre à cet élevage et chaque fois nous avons constaté que
de l'union de deux Pigeons de la même couvée, le résultat est nul ; cet
avis est du reste celui de tous les marchands de Pigeons. (Deux Pigeons
de la même couvée, accouplés ensemble, ne produisent jamais rien, tandis
que deux du même père et de la même mère mais de couvées différentes
reproduiront aussi bien que si aucun lien de parenté ne les unissait.)
» Le printemps de 1882 arriva; mes Pigeons bien renfermés dans un
casier spacieux, sortant de temps en temps dans une très grande volière,
étaient établis suivant toutes les règles. Il y eut quelques œufs de pon-
dus qui tous furent écrasés ou abandonnés. Fin octobre, la femelle est
tombée malade; la mue fut très difficile et ne se lit même qu'imparfaite-
ment, depuis cette époque l'oiseau languit et dépérit chaque jour. 11
existe cependant encore, car je l'entoure de soins et cherche à vaincre son
mal par tous les moyens connus, mais sans espérance de succès. Le mâle
est aujourd'hui un oiseau magnifique et en pleine force pour reproduire.
Je viens donc prier la Société de vouloir bien me confier une nouvelle
femelle et une prolongation de cheptel afin de chercher à réparer mon
échec et, dans la mesure du possible, le préjudice causé involontairement
à la Société. »
— MM. Boudent, deClermont, Gallais et Rivoiron, ainsi que la Direc-
tion de l'Aquarium du Trocadéro accusent réception et remercient de
renvois d'œufs embryonnés de Saumon des lacs qui leur ont été faits.
— M. le Régisseur de l'Etablissement de pisciculture de Bouzey écrit
à M. l'Agent général : « J'ai la satisfaction de vous annoncer que les
Salmo Namaycush sont magnifiques, très vigoureux, nous n'avons pas
eu de pertes jusqu'à présent et pourtant la résorption de la vésicule sera
complète dans une huitaine de jours. Les œufs de Coregonus albus ont
donné un beau résultat, on peut dire presque autant d'alevins que d'œufs.
On en a mis 5000 dans le lac de Girardins, 10 000 dans le réservoir de
Bouzey, 4000 dans un bassin spécial de la pisciculture très bien appro-
prié et 1000 restent sur les tables que nous essayerons d'élever s'il y a
possibilité. Les œufs de Salmo fontinalis commencent à éclore et pro-
mettent un beau résultat. »
— M. Léon d'Halloy écrit à M. le Secrétaire des séances : « J'ai reçu
les œufs de Salmo Namaycush et de Corégone que la Société m'a expé-
diés. On a fait éclore les œufs de Corégone dans l'appareil allemand que
vous m'avez fait venir. Cet appareil a donné d'excellents résultats ; les
œufs restent toujours très propres et se nettoient très facilement, ainsi
que vous me l'aviez dit. Les alevins ont été làjchés. Ayez soin de recom-
PROCÈS-VERBAUX. 187
mander de les mettre dans des eaux profondes (au moins 3 mètres) ; sans
cela, on perd les feras à l'âge de six mois; jusqu'à cet âge, on peut les
élever dans 50 centimètres de profondeur d'eau ; les S. Namaycush
viennent bien, les alevins en sont très vigoureux.
» Tous mes poissons vont bien. J'ai eu des S. fontinalis (ceux que
vous avez vus) qui ont reproduit cette année. Les alevinssont plus vigou-
reux que ceux provenant des œufs que j'ai encore reçus cette année de
New-York. Je suis content des Truites de Lock Leven. Ce qui, dans les
premiers temps, me faisait mal juger cette espèce, c'est que, de même
que dans les S. fontinalis, le voyage des œufs dans de la glace cause la
production d'alevins peu vigoureux. »
— M. Leroy écrit à M. l'Agent général : « Je me permets de vous sou-
mettre une idée ayant trait au repeuplement des cours d'eau. 11 y a, dans
la plupart des chefs-lieux de cantons de France, des agents voyers, des
garde-rivières, cantonniers chefs, etc., dont le rôle consiste surtout à
faire des procès comme délit de pèche. Pour moi, leur rôle devrait plutôt
être celui de conservateurs que celui de gardes champêtres. Ainsi j'ai vu
chez moi le garde-rivière faire un procès, ou plutôt inquiéter de paisibles
pêcheurs à la ligne, parce qu'ils péchaient avec deux lignes ou qu'ils
avaient lancé en plein jour une ligne de fond dans la rivière. J'ai vu le
même garde faire la nuit des visites domiciliaires dans les moulins, pour
s'assurer si le meunier n'avait pas tendu des filets dans les vannes, au
moment des grandes eaux, pour prendre des anguilles, qui alors sont
entraînées par le flot et perdues pour nous. Ne pourrait-on permettre
aux meuniers d'agir ainsi, à la condition que chaque année ils lâcheront
aux yeux du garde-rivière mille petites anguilles? Pour cinquante qu'il
prendrait par an, le meunier en lâcherait mille; la rivière y gagnei-ait
encore, et les habitants pourraient profiter des anguilles qui aujourd'hui
pi'ofitent aux habitants d'aval.
» A côté de ces mesquineries, on tolère la pêche à l'épervier, aux filets,
aux nases, tambours, etc.
» Mais, pour moi, le dépeuplement des rivières ne vient pas du manque
de surveillance ni de cette pêche à deux lignes ou aux filets, mais de ce
que l'on ne s'occupe pas du repeuplement.
» Que coûtent les œufs ou les alevins, rien ! Je suis persuadé qu'un
garde-rivière, avec 100 francs par an, pourrait repeupler les rivières de
son canton sans grand travail, en lâchant chaque année, en différents
endroits de sa garderie, des milliers d'alevins qu'il aurait élevés. Je crois
ces moyens beaucoup plus efficaces que les procès- verbaux aux inoffen-
sifs pêcheurs à deux lignes.
» Si vous croyez l'idée bonne, faites-en tel usage (|u'il vous plaira, et
soumettez-la à qui de droit.
» Certes, je considère la chasse et le gibier comme très importants,
surtout que je suis chasseur et non pécheur; mais je crois que sans frais
188 SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
on arriverait, pour ralimenlation, à des résultats autrement pratiques
que ceux obtenus pour la reproduction et la conservation du gibier ; car
l'un est onéreux et l'autre presque gratuit. »
— M. le vicomte de Wolbock écrit du château de Kercado (Morbihan):
« Continuant et développant les travaux ostréicoles qui valurent à mon
père la haute faveur d'une médaille d'or de la Société d'Acclimatation, je
regarde comme un devoir de vous exposer la suite de cette grande créa-
tion. J'ai donc l'honneur de vous adresser un mémoire par lequel je
sollicite le prix d'honneur au Concours régional de Vannes de celte année,
et où j'expose la situation de l'ostréiculture, en résumant les étapes par-
courues et précisant les résultats obtenus. »
— M. Fandrin, professeur d'agriculture des Bouches-du-Rhône, et
M. Galfard, sériciculteur à Oraison (Basses-Alpes), sollicitent l'envoi de
graines de Vers à soie exotiques.
— MM. de Laleu, Vanderwalle, Jules Delalande, F. Malhey, E. Duval,
le comte A. de Montlezun, Alfred Rousse et le comte G. de Saint-Inno-
cent, ainsi que la Société Nantaise d'horticulture et l'Institut national
genevois, demandent à prendre part à la distribution de graines annoncée
dans la Chronique.
— M. le Directeur du Jardin d'Acclimatation fait parvenir des graines
à'Artocarpus incisa, offertes par Mme David. — Remerciements.
— M. de Confévron écrit de Langres : « Dans la séance du 9 décembre
1881 de la Société d'Acclimatation, M. Maurice Girard, à propos de mes
appréciations relatives au phylloxéra, me déclare arriéré de vingt ans.
C'est bien possible ; mais, à ce point de vue comme à bien d'autres
encore, les derniers pourraient bien finir par être les premiers. Pensent-
ils avoir réalisé de grands progrès ceux qui, en introduisant les Vignes
américaines, ont perdu tous nos vignobles français? Pensent-ils faire
merveille ceux qui, en préconisant les Vignes américaines, ne cessent de
revivifier par des éléments jeunes et vivaces le fléau qui s'épuise et semble
en décroissance sur certains points? Est-ce une bonne chose que l'en-
gouement pour le nouveau qui,j par des croisements peu judicieux et
l'anglaisement à outrance, a perdu toutes nos bonnes races d'animaux
domestiques?
î Je ne suis point l'ennemi des améliorations, loin de là; mais je crois
que dans cette voie on ne doit s'avancer qu'avec une grande circonspec-
tion. Si j'approuve la distribution de prix pour l'introduction de Perdrix
étrangères, j'en voudrais aussi, et en première ligne, pour encourager la
conservation de nos bonnes Perdrix grises et rouges.
» Ce n'est point inconsciemment, mais en connaissance de cause, que
je suis pour partie (car rien n'est absolu) dans la doctrine du phylloxéra
effet.
» Je ne vois pas à quoi eût servi l'arrachage de nos vignes phylloxérées,
si l'on devait ramener des insectes avec de nouvelles importations de
PROCÈS-VERBAUX. 189
souches américaines. Cet arrachage a eût eu d'eflicacilé qu'à condition
de proscrire d'une façon absolue l'entrée des Vignes venant d'Amérique
et le repeuplement de nos Vignes, uniquement avec des ceps français.
» Les Vignes américaines, dit-on, ne sont pas indemnes du phylloxéra,
puisque c'est par elles qu'il a été introduit, mais elles vivent avec lui.
Elles vivent avec lui, oui, par suite de la vigueur de végétation qu'elles
doivent à leur climat et à leur sol d'origine ; mais dans notre pays, dans
nos terrains épuisés, elles perdront bientôt cette vigueur et ne résisteront
pas plus que les nôtres.
)) Ce que je constate, c'est que le traitement par les insecticides et par
le sulfate de carbone, entre autres, ne peut avoir d'efficacité (ici je suis
d'accord avec M. Maurice Girard) qu'à condition qu'il soit employé avec
beaucoup de soins, d'intelligence, en temps convenable, avec une grande
surveillance, tous moyens qui ne sont pas à la porté de tout le monde.
Or le remède, lorsqu'il n'est pas accompagné de toutes ces conditions,
est bien pis que le mal et tue son malade, ce qui l'empêche d'être
pratique.
» Quant à la submersion, on en a souvent reconnu l'insuffisance, et
elle est même généralement nuisible à la vigne.
D Pour ce qui est de la bonne fumure et des soins de culture bien ap-
propriés, ils réussissent souvent, on pourrait dire presque toujours,
surtout dans les terrains pierreux ou sablonneux du Midi, à faire lutter la
végétation contre l'insecte, dont souvent elle triomphe et Unit par se
débarrasser.
» On peut constater ce fait dans certaines contrées du Midi, spéciale-
ment en Vaucluse, où beaucoup de cultivateurs pratiques persistent à
planter, à soigner avec courage et avec raison, selon moi, nos bons plants
français.
» P. S. — Le plus ou moins de pression atmosphérique a une grande
influence sur le développement des végétaux. C'est là qu'il faut chercher
la cause qui empêche certaines plantes qui croissent au sommet des
montagnes de végéter dans la plaine ou d'y acquérir un développement
normal.
» D'une note deM.AUéon, insérée dans la Revue de zoologie de M. Gué-
rin-Méneville (janvier 18G7), il résulte que la Tourterelle à collier haldte
à Constantinople sur les arbres des jardins et dans les édifices. Elle y est
en quelque sorte acclimatée, domestiquée, comme le Ramier à Paris, et
peut donner lieu aux mêmes remarques et aux mêmes queslions. »
— M. F. Jacquemin, directeur de la Compagnie des chemins de fer de
l'Est, fait connaître que la Compagnie a procédé à des essais de haies
fruitières sur deux lignes de son réseau, savoir : en 18G8, de lîar-sur-
Seine à Chàlillon (32 kilomètres), et en 1873, de Gretz à Coulommiers
(33) 11 a été renoncé à ces plantations parce quelles ne donnaient pas
de résultats satisfaisants.
190 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
— M. Vavin adresse une note sur la culture du Physalis edulis et sur
l'ulilisalion de cette plante au point de vue de l'alimentation et de la
thérapeutique.
— M. Banmeyer donne lecture d'une note sur l'établissement de pisci-
culture deChaulieu (Manche).
— A l'occasion de grands travaux d'irrigation projetés sur différents
points de la France, M. Raveret-Waltel appelle l'attention de la Société
sur les conséquences fâcheuses qne ces travaux pourraient avoir pour la
population des rivières, dans le cas où des mesures protectrices du poisson
ne seraient pas prises ; il signale, parmi les moyens proposés pour rendre
les irrigations moins destructives du poisson, celui qui consiste à main-
tenir toujours un filet d'eau dans les fossés au moyen d'une échancrure
ménagée à la base des vannes d'alimentation.
— M. le vicomte d'Esterno ne croit pas que ce moyen puisse être très
efficace, attendu que si l'on peut maintenir de l'eau dans les canaux les
plus voisins de la rivière, il est impossible que les rigoles ne s'assèchent
pas, et c'est toujours en quantités considérables que les poissons y péris-
sent. M. le vicomte d'Esterno, qui pratique les irrigations sur une très
grande échelle dans le iMorvan, a pu constater combien cette opération
est funeste pour la population des rivières; mais il n'a pu jusqu'à ce jour
trouver un moyen réellement efficace pour éviter cet inconvénient, et le
fait est d'autant plus regrettable que dans le Morvan les rivières sont
très favorables pour la Truite.
— M. de Semallé fait remarquer qu'en général les personnes qui se
sont occupées de pisciculture n'ont guère songé qu'à propager la Truite
ou le Saumon, alors qu'il y aurait grand intérêt à propager aussi d'autres
espèces plus faciles à obtenir, telles que la Carpe, par exemple. M. de
Semallé donne, à cette occasion, la description d'un procédé qui lui
paraîtrait permettre de multiplier abondamment et à peu de frais la
Carpe dans les canaux, et d'arriver ainsi à un repeuplement rapide des
eaux (voy. au Bidletin).
— M. Millet fait remarquer que les irrigations ayant une importance
très grande pour l'agriculture, il est à désirer qu'on n'y apporte aucune
entrave. Notre confrère entre à ce sujet dans quelques détails tirés de
son livre ayant pour titre : les Merveilles des fleuves et des ruisseaux.
11 termine en émettant l'avis que « l'application dans la mesure la plus
rigoureuse des règlements en vigueur sur la police des rivières est le
moyen d'avoir dans tous les cours d'eau d'abondantes et lucratives
pêches ».
— 11 est offert à la bibliothèque de la Société :
1» Association française jwur l'avancement des sciences, compte
rendu de la 10" session. Alger, 1881. Paris, 1882, au secrétariat de l'As-
sociation, 4, rue Antoine-Dubois, 1 vol. inS°.
2'' De l'énergie et de la structure musculaire citez les Mollusques
PROCÈS-VERBAUX. 191
acéphales, par A. Coutance. Paris, 1879, J.-B. Baillière et fils, 19, rue
Haulefeuille, in-8" avec 2 planches. (L'Auteur.)
3° Relations des Champignons et des Algues dans la constitution des
Lichens, par A. Coutance. (Extrait du Bulletin de la Société acadé-
mique de Brest). Halegouet, 11, rue Kléber, à Brest, in-18. (L'Auteur.)
i" Expériences de bord, établissant que les minimum de salure sont
placés sur le trajet des courants et les maximum hors des courants
marins, par A. Coutance (Extrait du Bulletin de la Société académique
de Brest). Brest, imp. Gadreau, in-18. (L'Auteur.)
5° Analogies du climat de Brest avec celui 'de l'époque tertiaire,
par A. Coutance (Extrait du Bulletin de la Société académique de
Brest). Imp. Gadreau, in-18. (L'Auteur.)
6" Là Fontaine et la philosophie naturelle, par A. Coutance. Paris,
1882, C. Beinwald, lib.-éditeur, in-8". (L'Auteur.)
1" Le Bouleau, par A. Coutance. Paris, 1881, Berger-Levrault,
éditeurs, in-8% 2 tableaux, 1 planche. (L'Auteur.)
8° La lutte pour l'existence, par A. Coutance. Paris, 1882, C. Bein-
wald, éditeur, in-8". (L'Auteur.)
9° Souvenirs de Leyde, par A. Coutance (Extrait du Bulletin de la
Société académique de Brest). Brest, imp. Gadreau, in-18. (L'Auteur.)
10° Phénomènes de capillarité, par A. Coutance (Extrait du Bulletin
de la Société académique de Brest). Brest, imp. F. Halegouet, in-18.
(L'Auteur.)
11" Romains et Zoulous, par A. Coutance (Extrait du Bulletin de la
Société académique de Brest). Brest, imp. Halegouet, in-18. (L'Auteur.)
12° Semis d'arbres fruitiers. Expériences de M. Tourasse, proprié-
taire à Pau. Pau, imp. Veronèse, grand in-8°. (L'Auteur.)
13° Ostréiculture. Appendice à ma brochure de i87i, par le docteur
Kemmerer. Typ. V<' Mareschal et E. Martin, in-18. (L'Auteur.)
U" Note sur la iS" session de la Société pomologique américaine,
par M. Ch. Joly (Extrait du Journal de la Société nationale d'horti-
culture, 'd' série, t. IV, 1882, p. 377-380). ln-18. (L'Auteur.)
15° Description des produits du lac de Castel Gandolfo et de ses
dépendances, appartenant à M. le le marquis de Lezzani. la-i".
Marquis de Lezzani.
16» The déserts of Africa and Asia, par P. de Tchihatcheff (llead at
the Meeting of the British Association for the Advancement of science,
at Southamplhon, 23 rd, August 1882). (L'Auteur.)
17" Instructions pour MM. les officiers de la Marine ([m voudraient
faire des collections d'histoire naturelle destinées au Muséum de Paris.
Paris, 1882, Berger-Levrault et G'% in-8". Ministère de la Marine.
18" Liste générale des Mammifères sujets à l'albinisme, par Elvezio
Canloni, traduction de l'italien et addition par Henri Cadeau de Kerville.
Bouen, 1882, imp. Léon Ueshays, in-8". (Le traducteur.)
192 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
19" De l" action du Mouron rouge sur les oiseaux, par Henri Gadeau
de Kerville (Extrait du Bulletin de la Société de biologie, séance du 8
juillet 1882). Paris, imp. Ed. Roussel, in-8°. (L'Auteur.)
20° Annual Report of the Commissioners of fisheries of ihe state of
New- York for the year 1881. Albany, 1882, in-8o. M. Seth Green.
21° Rapport du Jury international sur l'Exposition universelle de
1878. ln-8°. Ministère de l'Agriculture.
22° La Globulaire Turbith, par le docteur Bertherand. Alger, 1870,
imp. Aillaud et C'% broch. in-S" (L'Auteur.)
23° Utilisation de Veau de fleurs de Citronnier, par le docteur l'.er-
tlierand (Extrait du Journal de médecine et de pharmacie de l'Algérie
(avril! 881). (L'Auteur.)
24° Études chimiques et médicales sur Vécorce de Sapotillier, par
le docteur Bertherand (Extrait du Journal de médecine et de pharmacie
de l'Algérie (juillet 1881). 1 broch. avec planche. (L'Auteur.)
Le Secrétaire des séances,
G. Raveret-Wattel.
Erratum au procès-verbal du i9 janvier 1883. — Page 59, ligne 27,
au lieu de Faure, lisez Fol.
III. EXTRAIT DES PROCÊS-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS
PREMIÈRE SECTION
SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1883.
Présidence de M. Saint-Yves Ménard, Vice-Président.
M. Gautier, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière
séance, lequel est adopté sans observation.
— M. le Président donne lecture d'une lettre de M. de Fiennes, qui
offre d'indiquer aux membres de la Société qui le désireront, une ma-
nière de piéger la Loutre qui lui a parfaitement réussi depuis plusieurs
années.
— M. Geoffroy Saint-Hilaire fait observer qu'il y aura lieu d'insérer
cette lettre dans la Chronique et dans le Bulletin.
— M. Grisard ajoute qu'il a vu M. de Fiennes, et que ce dernier se
propose de faire, à ce sujet, une communication spéciale à la Section de
pisciculture que le sujet intéresse particulièrement.
La 1''^ Section vote des remerciements à M. de Fiennes.
— Le Secrétaire donne lecture d'une lettre de M. Pays-Mellier ren-
dant compte des résultats obtenus par lui dans divers cheptels d'animaux,
notamment ceux de Cerfs-cochons, qui lui ont été confiés par la Société
d'Acclimatation.
A ce sujet, M. Geoffroy Saint-Hilaire ajoute qu'aujourd'hui l'expé-
rience est faite, et que la reproduction des Cerfs-cochons en liberté dans
des parcs, n'est pas un fait isolé. 11 cite les essais faits chez M. Roger,
à Cesson, dans un terrain relativement froid, et par cela même peu
favorable. La Société avait envoyé à M. Roger un lot de trois Cerfs-
cochons, un mâle et deux femelles, qui dut être reconstitué plusieurs
fois, l'un des mâles ayant été tué par un braconnier, un autre étranglé
par un lacet. Pendant quelque temps, on vit des jeunes, mais sans pou-
voir apprécier leur nombre. Enfin, en présence des dégâts qu'ils cau-
saient aux fleurs et aux arbustes, on prit la résolution de les panneauter.
Le panneautage eut lieu non sans difficultés, le Cerf-cochon ne galopant
pas comme le cerf, mais filant droit comme le sanglier, ce qui nécessita
l'emploi de filets très résistants, et douze animaux furent pris. Il y avait
six ans que les premiers animaux avaient été lâchés. Il est donc incon-
testable que le Cerf-cochon peut réussir comme gibier. Si l'on ajoute
que la chair, plus blanche que celle du Chevreuil, en est excellente, on
voit que l'importation en a été des plus utiles. Il complète en effet la
gamme, si l'on peut s'exprimer ainsi, des diverses espèces de Cerfs, du
3° SÉRIE, T. X. —Mars 1883. 13
194. SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
plus petit au plus grand, et permet aux chasseurs de peupler leurs bois
avec des animaux appropriés à leur étendue. Au-dessus du Cerf-cochon,
gros comme un chien d'arrêt, se trouve le Daim, puis le Cerf, et enfin le
Cerf du Canada, le plus grand de tous.
La Section adresse ses félicitations à M, Pays-Mellier, et renvoie sa
lettre à la Commission des récompenses.
— La Section adresse également des remerciements à M. Lataste pour
une note qu'il lui a communiquée sur la petite Gerboise, et l'offre qu'il
fait de donner des individus de cette espèce aux membres de la Société
qui voudraient l'étudier. M. Lataste fait ressortir l'avantage que présente
la Gerboise au point de vue de l'étude des effets de la domestication sur
les races. En effet, elle est petite, n'a aucune odeur, supérieure en cela
aux Rats et aux Cobayes, et donne six portées par an; les petits repro-
duisent au bout de deux mois. En un temps restreint, l'observateur aura
donc vu un nombre considérable de générations, ce qui n'est pas possible
avec la plupart des espèces de mammifères. La Section renvoie le travail
de M. Lataste à la Commission des récompenses.
— M. le Président rappelle ensuite à la Section qu'elle a pris en con-
sidération, dans une de ses dernières séances de l'année dernière, la
lettre de M. le marquis de Pruns se plaignant de ce que la Chèvre d'An-
gora n'était pas admise dans les Concours régionaux ; que celte réclama-
tion lui a paru devoir être étendue à toutes les espèces de Chèvres, et
qu'il serait urgent de décider quelle suite devait lui être donnée. Après
avoir entendu les observations de MM. Dt-croix, Roger et Geoffroy
Saint-Hilaire, la Section décide qu'il y a lieu d'envoyer à tous les mem-
bres de la Société, ainsi qu'aux Sociétés d'agriculture, un questionnaire
qu'elle rédige séance tenante. Sur l'observation de M. Decroix, elle
décide que ce questionnaire devra être retourné au Président de la
Société, ce mode de procéder ayant l'avantage d'éviter tout retard.
Enfin elle charge M. Gautier de préparer un travail sur cette ques-
tion lorsque les renseignements auront été recueillis.
Le Secrétaire,
Jules G.\utier.
DEUXIEME SECTION
SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1883.
Présidence de M. Millet.
M. le Secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance précé-
dente.
— X ce propos, M. de Barrau de Muratel fait remarquer qu'il a vu,
dans le midi de la France, et surtout dans le Tarn, les mêmes passages
PROCÈS-VERBAUX. 195
de Perdrix grises, signalés par M. Millet comme une espèce particu-
lière, qu'on appelle la Roquette.
— M. Gautier en a vu dans le centre de la France, et même dans le
déparlement de la Seine.
Le procès-verbal est adopté.
— M. Nelson=Paulier écrit de Liste (Dordogue), sur les élevages que
la Société lui a confiés en cheptel, et insiste particulièrement sur l'es-
pace et les soins hygiéniques que l'on doit donner aux oiseaux, pour
réussir et éviter les maladies.
— M. Ed. Pfannenschmid écrit de Eniden (Frise orientale, Pays-Bas),
et annonce l'envoi d'un échantillon d'une nourriture fortifiante pour les
oiseaux, dont il est l'inventeur, et pouvant remplacer les œufs de
fourmi, et demande à être admis candidat pour le prix de 500 francs, à
décerner à la personne qui présentera une nourriture nouvelle, peu coû-
teuse et pouvant remplacer les œufs de fourmi pour la nourriture des
Faisans .
Cette préparation consiste en Crangon vulgaris (petite crevette
grise) desséchée et broyée finement, que l'on ajoute à du pain ou du lait
caillé.
— M. Ménard dit qu'il y aurait lieu d'essayer cette préparalion avant
d'envoyer cette communication à la Commission des récompenses.
— M. le Président consulte la Section, qui décide de faire l'expéri-
mentation de cette composition, et prie M. l'Agent général de vouloir
bien inviter M. Pfannenschmid à envoyer à la Société un échantillon de
oO kilogrammes au moins pour en faire l'essai.
— M. le marquis de Pruns écrit de Brassac-les-Mines, sur les ten-
dances à l'albinisme, des végétaux et animaux dans la vallée de la
Limagne d'Auvergne. 11 a observé principalement. ces effets sur les
Canards du Labrador, les Vaches de Salers, les Pigeons noirs et Faisans
dorés, qui, à la troisième génération, ont les teintes plus pâles et sur
les oiseaux des plumes blanches apparaissent; enfin, les arbres teintés
de rouge, telsque le Hêtre pourpre. Noisetiers de Byzance, etc., pâlis-
sent et deviennent presque verts.
M. le marquis de Pruns pense que ces effets sont dus au manque de
sels calcaires et de fer dans le sol.
— M. de Harrau de Muratel a observé les mêmes effets sur ses Canards
du Labrador,
— 31. Ménard dit que cet effet d'albinisme est dû à la domestication,
et que l'on trouve pour le Canard Labrador le fait analogue avec le
Dindon sauvage, qui offre, parla domestication, les variétés : blanche,
rouge, etc., et que ces transformations peuvent se rencontrer partout.
11 ajoute qu'il a peine à croire à une influence du sol.
— M. Dybowski fait observer qu'il a vu à l'école de Grignon, ce même
effet d'albinisme se reproduire sur le Lapin de garenne, qui donnait en
196 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
captivité, après plusieurs générations, des produits taclietés de blanc.
M. Sturne demande si M. le marquis de Pruns a fait faire une ana-
lyse chimique du sol.
— M. le Président pense qu'il serait utile d'écrire à l'auteur de celte
commùnicalion pour avoir une analyse exacte du sol.
La Section adopte .
— M. Millet émet le vœu que l'on publie dans le prochain numéro de
la Chronique, un questionnaire ayant trait aux dates de l'arrivée des
oiseaux de passage dans les diverses régions de la France. Il annonce
qu'il a déjà vu cette année la Fauvette à lêle noire.
— M. de Barrau de Muratel dit qu'il existe déjà une feuille analogue
dressée par le Jlinistère de l'Instruction publique.
Le Secrétaire,
Gustave Sturne.
TROISIEME SECTION
PROCÈS-VERBAL. — SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1883.
Présidence de M. Vaillant.
En l'absence de MM. les Secrétaire et Vice-Secrétaire, M. le Président
prie M. Gautier de remplir les fonctions de Secrétaire.
Lecture est donnée du procès-verbal de la dernière séance.
— M. Millet fait remarquer qu'il n'a fait, relativement aux Saumons,
que rapporter l'opinion de M. Le Paute.
Le procès-verbal est adopté sans autre observation.
— La parole est donnée à M. de Fiennes, qui a obligeamment offert de
communiquer à ses collègues les moyens employés par lui pour prendre
les Loutres au piège, moyens qui lui ont parfaitement réussi.
M. de Fiennes raconte que, propriétaire, dans les Ardennes, d'un do-
maine où se trouvent une rivière courante et quatre étangs, il n'a pu,
mal<^ré tous ses efforts et de nombreuses nuits passées à l'affût, se
débarrasser des Loutres qui les ravageaient, jusqu'à ce qu'un de ses
amis, député des Ardennes, lui eût envoyé un trappeur fort habile, qui
lui a enseigné toute une série de précautions nécessaires pour les piéger.
Depuis cette époque, il a pris di.\-huit Loutres : deux seulement se sont
enfuies avec le piège, qui n'était pas fixé assez solidement en terre.
M. de Fiennes se sert du piège allemand : il le fait fabriquer par le
serrurier du village. 11 faut seulement que ce piège soit très délicat, la
Loutre étant à la fois forte, rusée et très souple. On n'y met point
d'appât; car, à l'inverse du Renard, la Loutre ne prend aucun appât. On
le tend à la place où l'on a reconnu ses traces; ces traces sont faciles à
reconnaître, non seulement par l'empreinte de sa patte palmée sur la
PROCÈS-VERBAUX. 197
terre mouillée, mais aussi par ses laissées. En effet, la Loutre n'est pas
amphibie, et choisit en général un endroit sec et propre pour y venir
faire ses besoins.
Le piège doit être bien entretenu et ne pas avoir de rouille, car l'o-
deur de la rouille éloignerait la Loutre. Pour l'éviter, ou le met dans
de l'eau oîi l'on fait bouillir du genêt, et on l'essuie doucement ensuite.
Mais le piégeur ne doit pas sentir le tabac; aussi M. de Fiennes lui fait-
il mettre un bandeau sur la bouche. Pour éviter que la Loutre ne sente
l'homme, on place une planche sur laquelle il se tient pendant qu'il tend
le piège. Il doit également se frotter les mains et frotter le piège et sa
chaîne avec du poireau, dont l'odeur très forte dissimule ce qui pourrait
rester d'émanations humaines. On frotte de même la mousse et les feuilles
destinées à recouvrir le piège. Enfin, le piégeur jette sur le piège de la
terre qu'il a eu soin de prendre au même endroit, et qu'il arrose dou-
cement, toujours pour éviter qu'il ne reste une odeur qui suffirait pour
que la Loutre ne reparût plus au même endroit. L'heure la meilleure
pour tendre est midi, de façon à ce qu'il s'écoule un long espace de
temps avant le passage de l'animal.
M. le Président remercie M. de Fiennes de son intéressante communi-
cation, et l'engage à la renouveler en assemblée générale.
— A propos de la destruction de la Loutre, M. Millet cite un piégeur
des Ardennes qui emploie un onguent destiné, comme le poireau, à
dissimuler l'odeur de l'homme. Il cite également les moyens employés
au moment du frai des Truites pour effrayer les Loutres. C'est d'abord
de tendre une corde sur laquelle on attache des bouts de papier blanc
ou mieux des morceaux de porcelaine blanche faits exprès pour cet
usage, et ensuite de tendre des fils de fer épineux, non seulement sur le
bord de l'eau, mais dans l'eau même. Ces moyens, toutefois, ne sont pas
praticables pour les étangs. M. Millet ajoute que la Loutre s'apprivoise
facilement, et qu'il en a possédé une devenue aussi caressante qu'un
chat; certaines personnes les dressent même, paraît-il, à prendre du
poisson et à le rapporter à leur maître.
— M. Vaillant, président, étant obligé de quitter la séance, M. Maurice
Girard prend la présidence. L'ordre du jour appelle la suite de la dis-
cussion sur les échelles à Saumons.
— M. Millet ayant demandé si, dans le système présenté à la Société,
les plaquettes en bois n'ont pas l'inconvénient d'éclater par la gelée,
M. Uaveret-Wattel répond que le bois est employé parce qu'il est plus
économique; (|ue de plus, ces palettes ne présentent pas cet inconvé-
nient puisqu'elles sont employées dans le Nord et au Canada oîi il fait
froid : on his protège seulement contre le bois à flotter qui pourrait tout
briser. D'ailleurs, la congélation de l'eau est rare, car l'échelle est
placée dans un rapide. En résumé, les échelles du syslème présenté ont
l'avantage d'être facilement accessibles et faciles à franchir pour le
198 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Saumon qui préfère monter d'un seul bond plutôt que par des bonds
successifs; elles coûtent moins cher à établir (le prix de revient est au
Canada de 150 à 200 francs pour un mètre de hauteur), et sont d'un
entretien peu coûteux; enfin elles présentent l'avantage de fonctionner
sans exiger trop d'eau, ce qui aurait pour effet de diminuer la force
motrice du cours d'eau où elles sont placées, et de porter par là môme
préjudice aux usiniers voisins.
— M. Millet donne lecture des résultats obtenus; il existe en France
163 échelles, dont 23 donnent de très bons résultats, 13 des résultats
assez bons; tout le reste est mauvais. Il ajoute que les mauvais résultats
proviennent peut-être plutôt des endroits où elles sont placées que des
défectuosités du système des échelles.
— M. le Président fait remarquer que le Saumon ne se trouve pas
dans les pays chauds : il ne dépasse guère le Portugal.
Poîir le Secrétaire,
Jules Gautier.
QUATRIÈME SECTION.
SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1883.
Présidence de M. Jules Fallou, Vice-Président.
M. X. Dybowski, vice-secrétaire, lit le procès-verbal de la dernière
séance, qui est adopté.
— M. Grisard annonce que M. le comte G. Gasati a envoyé 40 grammes
de graine de Vers à soie du mûrier, et la Section décide de les distribuer
entre les différents membres qui s'occupent de sériciculture ainsi qu'à
l'école d'agriculture de Grignon et aux stations séricicoles.
M. Grisard lit ensuite un article àa Bulletin de Vinseciologie agricole
relatif à l'empoisonnement des Abeilles par l'Eucalyptus Red Gum, à
Palestre, province d'Alger, et demande si ce fait a déjà été observé en
Australie, patrie de Y Eucalyptus; il serait istéressant d'être renseigné
sur ce point.
— M. Fallou s'étonne que les Abeilles, et les insectes en général man-
gent des plantes qui les empoisonnent.
— M. Maurice Girard rend compte d'un mémoire (voy. au Bulletin) àe
M. Louis Boulan, délégué à l'exposition de Melbourne, il y a trois ans.
On parlait à Melbourne d'une maladie inconnue jusqu'alors attaquant la
vigne dans plusieurs provinces de l'Australie.
On forma une commission. Celle-ci fit une excursion à Geelong à
(JO kilomètres de Melbourne, où on a l'habitude de planter les vignes
très serrées. Ce sont des Suisses qui la cultivent.
PROCÈS-VERBAUX. 199
M. Boutan était le seul de la commission qui connût le phylloxéra, et
il ne tarda pas à voir, par des taches caractéristiques, que la maladie des
vignobles était le phylloxéra. Dans certains endroits, en contre-bas, le
parasite ne se trouvait pas sur les racines parce que ces endroits avaient
été inondés pendant assez longtemps.
M. Boutan affirme que ce phylloxéra, qui est le même d'ailleurs que
le nôtre, le Vastalrix, a été importé par des cépages français à Gee-
long.
Dès que cette fâcheuse découverte a été faite, la commission fit un
rapport au parlement, et celui-ci vota une loi établissant des syndicats.
Les viticulteurs de trois provinces: de Victoria, delà xNouvelle-Galies du
Sud et d'Adélaïde se sont déjà constitués en syndicats en s'imposant une
somme de 4000 livres, au moyen d'un impôt de six scheUings par acre
de vigne.
Les imposés, quand ils ont leurs vignobles atteints du phylloxéra,
reçoivent une indemnité s'élevant à la valeur de deux ans de récolte, et
leurs cépages sont arrachés aux frais du syndicat. La loi est, du reste,
très sévère, et les viticulteurs non syndiqués sont obligés d'arracher
leurs vignes à leurs frais, dès que le phylloxéra les a atteintes, et ils
ne reçoivent aucun dédommagement.
M. M. Girard dit que semblables mesures devraient être prises en
Algérie dans le cas où le phylloxéra y ferait invasion.
Les limites d'arrachage, en Australie, sont d'un mille autour des taches.
Mais celte distance est insuffisante, car le phylloxéra ailé se transporte
à des distances plus considérables.
M. M. Girard annonce ensuite qu'il va faire une conférence, le 28 fé-
vrier, sur le phylloxéra, à Soissons. Il estime que dans le Nord l'invasion
de ce parasite marche très lentement. Ainsi, aux environs d'Orléans, oîi
il existe depuis dix ans, il reste stationnaire. C'est que le climat ne lui
est pas propice; sans soins les environs de Paris seraient phylloxérés
depuis longtemps.
Le Vice-secrétaire,
Xav. Dybowski.
200 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
CINQUIÈME SECTION.
SÉANCE DU 6 MARS 1883.
Présidence de M. Paillieux, vice-président.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
— M. Vavin distribue des graines de Fenouil de Florence, reçues di-
rectement d'Italie, — de Betterave d'Egypte récoltées sur une racine qui
mesurait 65 centimètres de circonférence, — de Maïs du Gabon provenant
d'un pied de 4", 50 de haut et de Zapallito de tronco.
— M. de Barrau de Muratel rend compte de ses essais de culture des
graines distribuées en séance de la Section :
Le Physalis Peruviana a parfaitement réussi, et a produit beaucoup;
la maturité a été arrêtée par un refroidissement considérable de la tem-
pérature arrivé le 12 septembre. Les fruits ont été essayés en confiture
qui a été trouvée assez bonne, mais désagréable à manger à cause des
nombreuses graines.
Le Soya d'Etampes a bien mûri et a produit beaucoup, mais n'a pas
été trouvé de bon goût pour la cuisine. Essayé dans la montagne à 630
mètres, il n'a pas mûri.
Le Soya vert du Japon donné comme hâtif s'est montré, au contraire,
plus tardif de huit à dix jours; il n'a pas été dégusté.
La Courge de Siam a mal réussi et n'a pas mûri ; quant à la'Courge
meloniforme du Japon, elle se fend avant la maturité, qui s'effectue mal
du reste ; la chair en est très sèche.
La Courge de Boston, très coureuse (certaines branches ont atteint
8 mètres de long), a une chair peu abondante, très dure et très sèche;
elle ne paniît pas propre au climat du Midi.
Le Concombre du Sikkim a bien réussi ; les fruits sont abondants et de
bonne qualité; il ne parait en rien supérieur au Concombre ordinaire.
Le Melon blanc du Japon (Shiro uri) et le Haricot cerise à rames du
Japon n'ont pas réussi.
La Chufa d'Espagne a passablement réussi malgré la sécheresse qui
a duré jusqu'en septembre.
M. de Muratel dépose sur le bureau un échantillon du produit obtenu.
L'Aubergine de New-York réussit bien, et est très belle.
La Laitue frisée de Californie monte lentement en graine, c'est là son
mérite, elle a bien résisté aux deux derniers hivers, mais ces hivers ont
été tellement doux que l'expérience n'est pas concluante.
Deux grains de café (don de M. Hédiard), le Silaus Besseri, et le Tal-
ruda d'Algérie n'ont pas levé.
Le Yage nari [Phaseolus radiatus) a réussi, le produit peu abondant
a été gardé pour être semé cette année.
PROCÈS-VERBAUX. 201
Deux graines d'une Légumineuse de la Martinique (Canavalia) don-
nées par M. Hédiard ont produit deux plantes tenues en serre chaude.
L'une d'elles est déposée sur le bureau.
La Courge qui réussit le mieux dans le Tarn, département habité par
notre collègue, est une courge cultivée depuis fort longtemps, très ana-
logue à la courge pleine de Naples, mais beaucoup plus grosse.
M. de Barrau de Miiralel présente ensuite des conlîtures de Pastèque à
graine rouge; ces confitures sont trouvées très bonnes, et cependant le
fruit cru est de très médiocre qualité.
— M. Paillieux donne lecture d'un mémoire sur divers végétaux propres
à former des pickles.
MM. Hédiard, Rieffel et de Muratel veulent bien se charger de la dé-
gustation des préparations faites par les soins de M. Paillieux et d'en
rendre compte dans la prochaine séance.
— A cette occasion M. Chappellier signale comme succédané du Corni-
chon et le remplaçant avantageusement les conserves de petits Melons.
— M. Hédiard fait observer que ces petits Melons sont en effet excel-
lents, mais qu'il faut les manger frais, car au bout de peu de temps ils se
ramollissent complètement. On les trouvait autrefois facilement aux
Halles et à bon compte, mais aujourd'hui ils sont plus recherchés et leur
valeur a décuplé.
A propos de l'Angourie dont il est question dans le mémoire de M. Pail-
lieux, M. Hédiard fait connaître qu'à Bourbon et à Maurice on cultive
un légume tout à fait semblable, mais un peu plus gros, il a la taille d'un
marron d'Inde ; ce légume, nommé Margausse, se conserve dans le sel
et par son goût amer il excite l'appétit.
— M. Vavin rappelle que l'on fait avec le Physalis edidis un excellent
sirop pour les bronchites; on peut encore confire les fruits au vinaigre
et les manger comme cornichons.
— M. Paillieux dit qu'il a fait faire avec les ivu'ils du P. Peruviana un
sirop qui rappelle le sirop de gomme et doit jouir des mêmes pro-
priétés.
— M. Millet confirme ce que vient de dire M. Vavin, il a fait lui-même
usage du sirop de Physalis et s'en est fort bien trouvé.
Notre confrère donne ensuite quelques détails sur la maladie des
Pommes de terre qui, dans l'Aisne et les Ardennes, a sévi d'une façon
désastreuse.
M. Millet a eu l'idée d'employer pour cette culture les résidus de la
combustion des cokes et charbons de terre qui, dans ces terrains com-
pacts et humides, agissant à la fois comme fertilisants et comme diviseurs,
lui ont donné d'excellents résultats; il s'est servi également avec succès
du marc de café.
— M. Manceau préconise l'emploi de la sciure de bois pour les terrains
forts
202 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
— A ce propos M. Nicard dit qu'on ne peut tirer aucun parti de la
sciure pure, dans laquelle aucune plante ne pousse.
M. Millet fait connaître qu'à la section d'horticulture de la Société
des Agriculteurs de France, M. Michelin avait fait la motion de planter
les routes en arbres fruitiers, mais qu'en présence du peu de bénéfice
qu'il était possible d'en tirer, vu les causes multiples de destruction, il
avait semblé préférable à notre confrère de proposer des plantations
d'arbres forestiers: peupliers, ormes, etc., qui au bout de quelques
années deviennent une source de revenu pour la commune.
La proposition de M. Michelin a été repoussée et celle de M. Millet
adoptée par la Société des Agriculteurs.
— A ce propos, M. J. Grisard rappelle que la Compagnie des chemins
de fer de l'Est a fait clore par des arbres fruitiers, disposés en espalier,
une certaine partie de ses lignes, et que les résultats ont été nuls.
Le Secrétaire,
Jules Grisard.
IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE
Incubation artificielle d'oeufs de Casoai*.
Lettre adressée à M. le Secrétaire général.
« J'ai l'honneur de vous envoyer les renseignements suivants sur l'in-
cubation des œufsdeCasoar que vous avez eu l'obligeance de nie confier,
incubation qui a parfaitement réussi comme je vous l'explique ci-
dessous.
» Le H janvier dernier, j'emportai du Jardin d'Acclimatation i œufs,
dont un, le premier pondu, était beaucoup plus petit que les 3 autres.
Je les laissai reposer deux jours, et le 13 au soir, je les mis dans ma
couveuse artificielle. Cet appareil, dont j'ai fait la description dans le
Bulletin de la Société, est chauffé au gaz; il est muni d'un régulateur de
température empêchant complètement les excès de chaleur.
Cette couveuse est installée dans une boutique sur la rue, à 1 mètre
de trottoir, près d'une porte dont le timbre résonne très fort; il a passé
dans la rue, pendant tout le temps de l'incubation, des voitures et des
fardiers conduisant les matériaux du chemin de fer de grande ceinture
en construction dans nos parages. Je mets tous ces détails pour montrer
que le bruit et la trépidation ne nuisent en aucune façon à la bonne
venue des élèves quand l'appareil possède toutes les chances de réussite.
J'ai remarqué souvent que plus les oiseaux sont gros, moins ils déve-
loppent de chaleur; je réglais donc ma couveuse à 2 degrés de moins
que pour les poulets.
» Je n'ai pas de regret de cette manière d'agir, car le 25 février, ayant
mis nies œufs sur le verre de la couveuse, je constatai que 3 d'entre eux
étaient animés, et que les petits remuaient déjà dans la coquille; le
quatrième œuf était clair. Je recommençai cette opération tous les trois
ou quatre jours, et les mouvements devinrent de plus en plus accentués.
Vers le 10 mars, ou entendait parfaitement le cri des petits.
» Le 12, un des œufs était bêché, mais le jeune 'ne put sortir complè-
tement, car une membrane de chair reliait le dessus de la tète avec
l'abdomen; ce phénomène, excessivement curieux, s'était complètement
développé, malgré sa monstruosité. Je l'envoyai à M. le professeur Ca-
mille Daresie, qui le présenta, quelques jours après à une séance de
notre Société.
» Le 13, un deuxième petit Casoar commençait à bêcher l'œuf vers six
heures du soir, et sortait très vigoureux à dixheures et demie. Cinq jours
après, le 18 mars, après (34 jours d'incubation, le dernier jeune bêchait
vers huit heures du malin, et sortait complètement deux heures après.
204 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
î Ces oiseaux sont très rustiques, peu farouches, mangent dans la
main, et trottent on ne peut mieux au bout de deux à trois jours.
» Mal<^ré ce qui a été dit, les poussins bêclient eux-mêmes la coquille,
absolument comme les Pintades; les parents ne doivent nullement les
aidera sortir; ils font même cette besogne avec beaucoup de facilité.
» Les œufs se trouvent bêchés, comme je vous l'ai dit, au commence-
ment de la chambre à air, qu'ils percent avant, et non à l'extrémité
comme on me l'avait affirmé. Cette chambre à air se trouve très petite,
el les œufs mis dans l'eau la veille d^ l'incubation, ne dépassaient le
niveau que de 1 centimètre.
» Je crois, du reste, que c'est la première fois que des Casoars éclo-
sent dans une couveuse, dans laquelle ils restent depuis le commence-
ment de l'incubation, c'est-à-dire de cinquante-huit à soixante-quatre
jours.
» J'ajouterai que mes charmants élèves vivent parfaitement; ils ont
une éleveuse artificielle avec parc de gazon; ils rentrent d'eux-mêmes
chercher la chaleur. Je les nourris avec de la pâtée composée d'œufs
durs avec coquille, pain rassi, salade et cœur de bœuf, le tout haché un
peu gros.
» Les premiers jours, je leur donnai des vers de terre, dont ils étaient
très friands; mais j'ai dû renoncer à cet aliment qui était trop laxatif.
» Ils ne boivent que vers le sixième jour.
» La croissance de ces animaux est prodigieuse. Aimant, du reste,
beaucoup à me rendre compte des choses, je pesai ces Casoars à leur
naissance; leur poids était, le premier jour, de 320 grammes chaque;
7 jours après, de 530 grammes; 7 jours plus tard, de 835 grammes ;
et encore, 7 jours après, de 1180 grammes.
» L'augmentation du poids était donc, le premier jour, de 15 à 16
grammes; cette augmentation est maintenant de 45 à 50 grammes par
jour. La consommation de nourriture, qui était d'environ 100 grammes
les premiers jours, par oiseau, est maintenant de 270 à 300 grammes.
)) Vers l'âge de 15 jours, l'aîné était devenu triste et ne mangeait
plus. Je lui administrai alors 1 gramme d'aloès et de semen-contra : la
santé et l'appétit lui revinrent, six heures après.
ï Ces animaux dorment les pattes repliées sous le corps, le cou tendu
et le bec perpendiculaire au sol. J'ai suspendu, dans l'éleveuse, un fort
plumeau, sur lequel ils aiment se rouler et lisser leur duvet.
» J'espère que maintenant ces animaux continueront à bien venir et
je vous tiendrai, du reste, au courant de leurs faits et gestes, si toutefois
cela peut vous intéresser.
ï Recevez, Monsieur, etc.
» A. BOUCHEREAUX. ))
FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 205
Reprodtictiou du Saiiiuon de Californie,
à raquariiini du Trocadéi'o.
Le 25 octobre i878, raquarium du Trocadéro recevait de la Société
nationale d'Acclimatation un millier d'oeufs de Saumon de Californie
(Oncorhijnchus quinnat), provenant d'un envoi fait par M. Spencer
F. Baird, commissaire des pêcheries des États-Unis. Ces œufs ne tardè-
rent pas à éclore. Les alevins étaient très vigoureux et leur développe-
ment fut assez rapide.
Abondamment nourris de chair de poisson blanc hachée, les jeunes
Saumons atteignirent, en l'espace d'une année, un poids moyen de
250 grammes. Ils supportaient parfaitement leur élevage en stabula-
tion, et les pertes étaient relativement insignifiantes.
Deux ans plus tard, les saumoneaux étaient devenus de très beaux
poissons. Quelques-uns pesaient jusqu'à ^kilogrammes. En octobre 1881,
plusieurs sujets donnaient des signes évidents de frai. Des fécondations
artificielles furent essayées; mais les œufs récoltés paraissaient mal dé-
veloppés et ne donnèrent aucun résultat. ,
L'année suivante, 1882, au mois d'octobre également, le désir de
frayer se manifesta de nouveau chez ces poissons, et, le 2i octobre, plu-
sieurs femelles donnaient environ 1500 œufs, que l'on essayait de féconder
avec de la laitance de Truite, faute de Saumons mâles mûrs à point.
L'opération ne réussit pas. Mais, peu de jours après, les sujets des deux
sexes étaient en plein frai, et l'on pouvait récolter et féconder, en
l'espace de cinq semaines, près de 30 000 œufs.
Malheureusement, le manque d'un nombre suffisant d'appareils d'éclo-
sion nécessita l'entassement des œufs pendant quelques jours dans un
espace beaucoup trop restreint. En outre, des travaux de réparation dans
les conduites d'eau qui alimentent l'aquarium ne permirent, pendant
quelque temps, que l'emploi d'eau non filtrée.
Environ 1500 alevins très vigoureux ont pu toutefois être obtenus et
sont actuellement en parfait état. Ils suffisent pour démontrer la possi-
bilité d'élever et de faire reproduire le Saumon de Californie dans des
conditions de captivité tout à fait exceptionnelles. Le fait semble d'autant
plus intéressant qu'il s'agit d'une espèce étrangère, essentiellement mi-
gratrice, qui s'est ainsi pliée, à la fois, à un nouveau climat et à un
changement complet dans les habitudes. L'acquisition de cette espèce
paraît donc facilement réalisable, et elle serait particulièrement utile au
point de vue de l'empoissonnement des cours d'eau tributaires de la
Méditerranée.
Raveret-Wattel et Bartet.
(Extrait en partie des comptes rendus des séances de l'Académie des
sciences.)
V. BIBLIOGRAPHIE
I
De raction du froid t^iir les végétaux pendant l'hiver 1879-1880,
par M. Charles Baltet, liorliculteur à Troyes. 1 vol. in-8°, 340 pages.
G. Masson, libraire, 120, boulevard Saint-Germain, 1882.
Quelle a été la cause première des grands froids de l'hiver 1879-80,
qui ont occasionné tant de désastres sur les végétaux? Il semble qu'il
faut l'attribuer à la persistance des vents du nord, du nord-est et de l'est,
en septembre, octobre, novembre, et même jusqu'au 26 décembre, ainsi
qu'à la tempête des 3, 4 et 5 décembre, pendant laquelle le vent du
nord-est se fit sentir avec une si grande violence. De plus, l'effet désas-
treux ^de ces vents fut augmenté par le rayonnement nocturne produit
par la pureté constante du ciel.
Sans doute, il n'est pas donné à l'homme d'empêcher le retour de telles
catastro[)bes; mais la science pourra peut-être un jour en atténuer les
eflets au moyen de mesures préventives, lorsque des réseaux électriques
enserreront le monde et que le signal précurseur sera donné avec une
rapidité de 45 000 lieues à la seconde, alors que les vents les plus violents
n'ont qu'une vitesse de 36 lieues à l'heure.
Quoi qu'il en soit, il est du plus grand intérêt d'étudier les conséquences
d'un froid excessif et persistant sur chacune des essences végétales de
notre pays, et plus spécialement encore sur celles nouvellement intro-
duites. Il y a dans cette enquête des données bien précieuses à recueillir,
n on seulement sur la force de résistance de chaque plante, mais encore
sur l'aptitude des différentes espèces à se plier aux conditions atmosphé-
riques de leur patrie adoptive.
M. Baltet a étudié, avec autant de zèle que d'exactitude, les effets de la
durée et de la persistance du froid sur les végétaux dans les diverses
régions de la France, et plus particulièrement dans le département de
l'Aube-, la rigueur du froid d'après l'altitude et le sol; le rôle de la
n eige pendant la gelée ; l'action du soleil sur les végétaux gelés, la dété-
rioration de leurs tissus; les effets de la gelée sur les pépinières, les
jardins, les parcs, les plantations routières, les bois, les forêts, les
plantations fruitières et la vigne. Mais la partie la plus intéressante de
son travail consiste dans une nomenclature par ordre alphabétique de
tous les arbres et arbustes naturalisés en France, indiquant ceux qui
ont été détruits et ceux qui ont été fatigués ou épargnés. Chaque végétal
fait l'objet d'une notice distincte, indiquant la famille botanique, le pays
d'origine, les habitudes et l'indication précise de la manière dont chacun
s'est comporté sous l'action du froid.
BIBLIOGRAPHIE. 207
Le mémoire de notre habile confrère a été couronné par la Société
nationale d'Acclimatation et par la Société nationale d'Agriculture (1).
E,B Chasse (Lois usuelles annotées), par Ad. Giraudeau, J.-M. Lelièvre
et G. Soudée; un volume petit in-S", 434 pages, ^^ édition, augmentée
et mise au courant de la jurisprudence. Larose et Forcel, 22, rue Soufflet,
1882.
Nous avons à signaler à nos lecteurs un nouveau commentaire de la
loi du 3 mai 1844. Les auteurs ont suivi pas à pas le texte des disposi-
tions législatives, en indiquant, à la suite de chaque article, les opinions
de la doctrine et les décisions judiciaires intervenues sur les nombreuses
questions que soulève la police de la chasse. Ces analyses sont succinctes
et précises; les discussions sont «brèves et judicieuses.
Spécialement en ce qui concerne la section 1" de la loi, relative à
l'exercice du droit de chasse, le commentaire étudie successivement la
nature de ce droit, sa cession et sa location; qui peut chasser et à qui
cette faculté appartient ; les faits qui constituent ou ne constituent pas
la chasse ; les conditions requises pour l'exercice de ce droit; la chasse
sur les propriétés de l'État, des communes et des établissements publics,
ainsi que sur les routes traversant les bois et les forêts, ou dans les ter-
rains clos ; l'ouverture et la clôture de la chasse ; la vente et le colportage
du gibier en temps prohibé, sa saisie et sa recherche pendant la même
période; les permis de chasse et les personnes à qui le permis peut ou
doit être refusé; les modes de chasse autorisés ou défendus; les attri-
butions des préfets, le droit naturel de repousser et de détruire les bêtes
fauves, etc.
Nous ne saurions évidemment entrer dans l'analyse d'un commentaire
de loi; mais on lira avec profit, dans le chapitre dont nous venons
d'indiquer les principales divisions, la partie qui se rattache à la nature
du droit de chasse. Nous croyons, avec les auteurs, que ce droit constitue
une servitude personnelle et non une servitude réelle. Nous pensons,
dès lors, que la concession ne peut en être faite valablement à perpétuité,
à titre onéreux ou gratuit, soit au profit d'une personne désignée et ses
héritiers, soit au profit des propriétaires d'un fonds. Les commentateurs
reconnaissent également avec raison qu'en matière de mutation par
décès, le montant d'un bail de chasse doit être compris dans le revenu
déclaré pour la perception du droit (Gass., 7 avril 1868; Dalloz, 1868,
J, 259), et cette proposition, ainsi formulée, est [absolument exacte:
mais nous ferons observer que s'il n'y avait pas de bail, et si le proprié-
taire avait conservé pour lui la faculté de poursuivre le gibier sur ses
terres, le droit de chasse ne saurait être considéré comme un fruit
(l) Soc. d'Acclim., 26 mai 1882 Grande médaille d'argent à l'effigie d'Isidore
Ceoffroy Saint-Hilaire. — Soc. d'Agric, 7 août 1882, médaille d'or.
208 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
susceptible d'être déclaré. C'est un point que l'arrêt cité a parfaitement
reconnu, et qui sert à bien préciser la nature de ce droit, — attribut
inhérent à la qualité même de propriétaire.
L'explication de la loi de 1844 est suivie d'une étude approfondie sur
la léo-islation et la jurisprudence concernant l'institution de la Louveterie,
le droit sur le gibier, la responsabilité des chasseurs et des propriétaires
des bois, ainsi que les gardes particuliers. Elle est accompagnée du
formulaire des quelques actes, demandes ou procès-verbaux que l'on
peut être appelé à rédiger en matière de chasse.
Aimé Dufort.
II. — Publications nouvelles
Culture de la vigne en Cbaintres par A. Vias, instituteur à
Chissay (Loir-et-Cher), 4= édition. In-8», 111 p. et portrait. Mesnil,
imp. Firmin-Didot. Paris, lib. agricole de la Maison rustique.
i,a question du vinage et les vins artificiels en 1882 par H. Mes-
sine, négociant, juge au tribunal de commerce de iMontpellier. In-8»,
36 p. Montpellier, imp. Grollier et fils.
i^'art et la science en agriculture, amélioration des races d'ani-
maux domestiques par le marquis de Virieu, président de la Société
d'agriculture de la Tour du Pin. In-12, 48 p. Lyon, imp. Albert.
Des chiens anglais de chasse et de tir et de leur dressage à la
portée de tous; setters, pointers, retrievers, cockers, etc., par Paul
Gaillard. Préface du mar((uis de Cherville. In-18 jésus. xxiv-273 p.
Mesnil, imp. Firmin-Didot. Paris, lib. Firmin-Didot et C'e.
Précis pratique de l'élevage du porc (Races, engraissement, pro-
duits, porcheries, maladies), par A. Gobin, professeur de zootechnie,
de zoologie el d'agriculture. In-I8 jésus, 309 p. avec 50 fig. Paris,
imp. Pion et C'e ; lib. Lebroc et G'». 3 fr. 50.
lies plantes fourragères, par Gustave Heuzé, inspecteur général de
l'agriculture, 4'^ édition, t. I : les plantes à racines et à tubercules. Li-18
jésus, xiv-359 p. avec 89 fig. Mesnil, imp. Firmin-Didot; Paris, lib.
agricole de la Maison rustique. 3 fr. 50.
Compte rendu des opérations de la condition des soies de Lyon
pendant l'année 1881, par A. Perret, directeur. In-S", 20 p. avec
tableaux. Lyon, imp. Pilral aîné.
Le gérant : Jules Grisard.
Imprimeries réunies, A, lue Mignon, 2, Pari:
I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
ENQUÊTE SUR LA CHÈVRE
RAPPORT PRÉSENTÉ A LA PREMIÈRE SECTION
Par M. J. GitUTIER.
Messieurs,
Je viens, selon le désir exprimé par la l'« section dans sa
dernière séance, vous rendre compte des réponses faites au
questionnaire adressé par la Société d'Acclimatation au sujet
de la Chèvre.
Il a été, comme je le craignais, impossible d'étudier la
question d'une façon complète dans un espace de temps aussi
court que celui qui m'a été laissé. En effet, les réponses de-
mandées pour le 10 avril continuent à arriver encore à
l'heure actuelle et de plus doivent être reprises une à une
dans les bureaux pour établir leur origine, par suite de la
mauvaise rédaction de la première question.
Le travail que je vous présente aujourd'hui est donc non
pas une étude dans le sens du vœu exprimé par M. le mar-
quis de Pruns, mais seulement le très long résumé de toute
la correspondance échangée à son sujet.
Le nombre des réponses au questionnaire, défalcation faite
de quelques anonymes, par conséquent de nulle valeur, a été
de 136. Un certain nombre d'entre elles contiennent des
observations intéressantes; enfin il nous est également par-
venu quelques lettres dont nous vous rendrons compte.
Un seul questionnaire nous a été retourné de l'étranger :
d'Espagne. Les départements qui ont répondu à notre appel,
au comptant l'Algérie, sont au nombre de 03 et ils ont ré-
pondu dans la proportion suivante : Algérie, 1 ; Ain, i ;
Aisne, 1; Allier, 1; Alpes - Maritimes , 3; Ardennes, 2;
Ariège, 2; Aude, 1 ; Aveyron, 3; Basses-Alpes, 2; Calvados, 2;
3* SÉRIE, T. X. — Avril 188a, 14
210 SOGllÎTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
Canlal, 1 ; Charente, 3; Charente-Inférieure, 2; Cher 3;
Côles-dii-Nord, 1 ; Creuse, 1 ; Deux-Sèvres, 5; Dordogne, 3;
Eure, 1 ; Gard, "i ; Ilaute-Loire, 1 ; llaule-Saône, 1 ; Haute-
Marne, l ; Ilaule-Savoie, 1 ; Haule-Vienne, 1 ; Hérault, 1 ;
Indre, 2; Indre-et-Loire, 5; Ille-ct-Vilaine, 3; Isère, 2;
Landes, l ; Loi'-et-Cher, 1 ; Loire-Inférieure, 5 ; Lot, 2 ;
Lot-et-Garonne, 1 ; Lozère, 1 ; Manche, 1 ; Maine-et-Loire, 3;
Marne, 3; Mayenne, I ; Meuse, 2 ; Morbihan, l ; Nord, 0;
Oise, I 7 Pas-de-Calais, 4; Pyrénées-Orientales, 2; Puy-de-
Dome, 5; Saône-et-Loire, 1 ; Sarthe, 3; Savoie, 2; Seine-
Inférieure, 3; Seine-et-Marne, 2; Seine-et-Oise, 1; Somme, 2;
Tarn, i ; Yaucluse, i ; Vendée, 3; Vienne, 8; Vosges, 2;
Yonne, 1.
Enfin un questionnaire nous a été retourné d'Alsace : nous
n'avons pu, hélas! le classer parmi ceux qui nous sont reve-
nus des départements français, mais nous n'avons pu nous
résoudre non plus à le classer comme venant de l'étranger.
A la l" question « Y a-t-il des Chèvres dans votre départe-
ment ? » tous nos correspondants ont répondu d'une fagon
affirmative; mais à la seconde question «Sont-elles nom-
breuses? » les réponses ont cessé d'être nettes : « assez nom-
breuses » et « pas très nombreuses » sont les locutions les
plus employées, et il faut reconnaître qu'elles sont fort élas-
tiques. Bien plus, quand plusieurs correspondants nous écri-
vent du même département, les réponses sont contradic-
toires : ce qui s'explique par ce fait qu'ils habitent évidemment
dans des arrondissement différents, arrondissements qui nous
sont inconnus; dans celte situation il est impossible de donner
un résumé, môme succinct, des réponses faites à la deuxième
question.
La 3° et la 4* question n'en font qu'une pour ainsi dire :
« Y a-t-il une race particulière, et est-ce une race du pays? >>
A cette question nos correspondants ont répondu n 'g.itive-
ment pour le plus gr.ind nombre el il paraît ressorlii- de ce
qui nous est écrit qu'à l'exception de l'Algérie, où l'on trouve
pures la race arabe et la race maltaise ; du déparlement du
Nord, où l'on trouve à Lille un troupeau de Chèvres du Thi-
."'"■ ENQUÊTE SUR LA CHÈVEE. 211
bel, admis au concours régional de 1879; des Pyrénées-
Orientales, où l'on trouve la Chèvre roussi llonnaise, noire avec
le dessous du ventre presque blanc ; enfin des Vosges, où, nou&
dit-on, il existe une race naine du pays, il n'existe pas en
France de race de pays bien fixée. 11 serait seulement permis
de conclure des renseignements qui nous sont envoyés que
dans certains déparlements les Chèvres proviennent de telle
ou telle ancienne race que l'on nous désigne comme race des
Alpes, race d'Auvergne, race du Vivarais, race des Pyrénées,
race poitevine ou limousine, sans que les individus dont il
s'agit soient purs.
Telle n'est pas cependant la réalité des choses et il existe
certainement en France des races bien fixées et détermi-
nées.
La cinquième question « Description de la Chèvre » a donné
lieu aux réponses les plus variées. Par cela même qu'il n'exis-
tait pas de race bien caractérisée dans la plupart des lieux
habiles par nos correspondants, le pelage de la Chèvre affecte
toutes les couleurs depuis le blanc jusqu'au noir en passant par
le roux, le fauve et le gris. Il est à remarquer seulement que
la couleur blanche semble partout préférée à cause de celte
croyance que le lait des Chèvres blanches est d'un goût plus
délicat. Le poil varie de longueur comme de couleur ; il sem-
ble être en général de 4 à 6 centimètres. Toutefois dans les
Côtes-du-Nord on nous cite le chiffre de 15 centimètres, de
16 dans la Dordogne, de 10 à 12 dans l'IIle-et-Vilaine, et
noUe correspondant de la Meuse nous écrit que les Chèvres
du pays onl le poil long el dur, ayant à sa base un duvet fin,
soyeux et très court.
^nEn ce qui concerne la taille, elle varie de 60 à 80 centimè-
tres. Nous signalerons seulement le chiffre de 50 centimètres
qui nous est envoyé de la Meuse et du Tarn.
il ressort des réponses faites à la 6' question relative aux
cornes, que partout en France on trouve à côté l'une de l'au-
Ire la Chèvre avecxornes et la Chèvre sans cornes, mais dans
des proportions différentes. C'est ainsi que les Chèvres à
cornes existent en grand nombre dans le Cantal, le Cher, la
212 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
Dordogne,laHaule-Marne, la Savoie et le Tarn, tandis que les
Chèvres sans cornes sont de beaucoup les plus nombreuses
dans la Haute-Loire, la Mayenne, la Meuse, le Nord, l'Oise,
le Pas-de-Calais, les Pyrénées-Orientales, la Sarthe et la
Vienne. Il convient d'ajouter que les Chèvres sans cornes
jouissent d'une faveur plus grande que leurs sœurs, non seu-
lement parce qu'avec elles les chances d'accident sont moin-
dres, mais encore parce que, à tort ou à raison, leur lait passe
pour être plus abondant et de meilleure qualité.
La septième question est ainsi conçue : « Comment sont
réparties les Chèvres du département? est-ce par troupeaux
ou par individus isolés? »
Les départements où les chèvres se trouvent réparties par
troupeaux sont fort peu nombreux. Nous trouvons d'abord
l'Algérie, où dans le Sud on rencontre des troupeaux considé-
rables de plus de 1000 têtes de race arabe et des petits trou-
peaux de 15 à 20 têtes de race maltaise aux environs des
villes.
Nous trouvons ensuite les Landes, les Basses-Alpes, les Pyré-
nées-Orientales, la Savoie et le Puy-de-Dôme, départements où
les propriétaires de quelques Chèvres les réunissent pour for-
mer des troupeaux gardés par chacun d'eux à leur tour. Les
autres départements possèdent bien quelques troupeaux, mais
exceptionnellement, si l'on peut s'exprimer de la sorte. C'est
ainsi que dans la Charente il n'en existe qu'aux environs de
Ruffec et dans l'Aveyron sur les parties montagneuses ; dans
le Cantal on en trouve seulement dans les pays de bois, et
dans l'Allier seulement à l'établissement du docteur Boudard.
Dans d'autres départements les troupeaux ne sont que de
passage : ainsi dans le Tarn, dans le Nord et dans laDordogne
où ils viennent conduits par des bergers basques. Partout
ailleurs les Chèvres se rencontrent par individus isolés. Sans
doute quelques propriétaires en possèdent plusieurs, qu'ils
envoient en général pâturer avec les moutons, mais il n'y a
pas à proprement parler de vrais troupeaux.
Le nombre des chevreaux misbas (8' question) est générale-
ment de 2. Toutefois il paraît, d'après nos correspondants,
ENQUÊTE SUR LA CHÈVRE. 213
que le nombre 3 est souvent atteint. Signalons enfin les re-
marques de nos correspondants de la Sarthe, de la Vienne et
de la Vendée, qui nous disent que ce nombre s'élève ex-
ceptionnellement à 4 et même 5 Chevreaux, dans une seule
portée.
(9% 10' et 12' questions.) La durée de la lactation comme
toutes les dernières questions ont donné lieu aux réponses les
plus diverses et les plus contradictoires : ce qui est fort natu-
rel, puisque les chiffres donnés sont ceux des localités habi-
tés par nos correspondants. Il faudrait les citer ici un à un,
ce qui est évidemment impossible. Tout ce que peut faire le
rapporteur, c'est de vous dire que cette durée varie générale-
ment entre quatre et huit mois. Le chiffre de neuf à dix mois
est exceptionnel et nous est signalé dans les Ardennes, les
Deux-Sèvres, l'Indre-et-Loire, l'Isère, le Loir-et-Cher, la
Loire-Inférieure, la Lozère, les Pyrénées-Orientales, la
Saône-et-Loire, la Sarthe, la Vienne. Enfin notre correspon-
dant de Vaucluse nous écrit que la durée de la lactation est
parfois de deux ans.
Le chiffre de litres de lait donné journellement par une
chèvre n'est pas moins variable. Il est de 2 à 5 dans
presque tous les départements, le plus souvent de 2 ou
3. Certains de nos correspondants nous accusent cepen-
dant des chiffres plus élevés. Aussi dans l'Ariège le rendement
serait de 4 à 5 litres ; dans l'Ille-et-Vilaine, de 5 à 6 ; dans le
Lot, de 6 à 8 ; dans le Morbihan, de 4 à 5 ; dans la Sarthe, de
5 à 6 ; dans la Seine-Inférieure, de 5; dans la Somme, de 4
à 5; dans, l'Yonne de 6.
i : Le lait sert le plus souvent à la fabrication de fromages ;
parfois il est vendu pour les enfants ou les malades; dans ce
cas sou prix varie entre 10 et 30 centimes, mais le prix de 20
ou 25 centimes est celui qui nous a été généralement indiqué.
Dans deux départements seulement, l'Ille-et-Vilaine et l'Isère,
on nous a signalé son emploi pour la fabrication du beurre.
Dans les Alpes-Maritimes, le litre vaudrait 40 centimes ; dans
la Charente, 50 centimes; dans la Savoie, 40 centimes; dans la
Vienne, 40 centimes.
214 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
En ce qui concerne la viande de Chèvre, nous ne parlons pas
en effet ici de la viande de Chevreau, partout fort estimée, elle
«stlout à fait dédaignée dans les départements suivants: Allier,
Ardennes, Arièg.e, Basses-Alpes, Charente, Charente-Infé-
rieure, Deux-Sèvres, Haute-Saône, Ilaute-Marne , Haute-
Vienne, Hérault, Isère, Oise et Pas-de-Calais : elle est peu es-
timée dans l'Ain, le Calvados, la Creuse, la Loire-Inférieure et
le Puy-de-Dôme. Dans tous les autres départements elle paraît
être employée à l'alimentation et parfois même aussi recher-
chée que celle du mouton ; par exemple dans les Alpes-Mari-
times où son prix est de 1 fr. 40 le kilogramme, dans l'Isère où
son prix est de i fr. 20; dans le Loir-et-Cher, dans le Cantal,
dans les Pyrénées-Orientales, à peu près partout le prix du ki-
logramme est de 80 centimes, sauf dans la Sarthe, où, d'après
notre correspondant, il ne serait que de 20 centimes. Enfin
disons que dans certains déparlements la viande de Chèvre
■ est salée et même fumée, notamment dans la Haute-Loire, le
Loiret, la Lozère, la Haute-Savoie.
Il est assez difficile de résumer ce qui nous a été répondu,
louchant le prix de la peau ; en effet, un certain nombre de
1 nos correspondants ont cru qu'il s'agissait de la peau du
- Chevreau, d'autres de la peau de lu Chèvre, enfin le plus grand
nombre s'est borné à mettre un chiffre en regard de la ques-
tion, posée incomplètement du reste, sans dire s'il s'agit de
, ]a peau de Chèvre ou de la peau de Chevreau. Disons cependant
que ces chiffres varient de 1 à 5 francs et que les chiffres 2, 3
. et 4 sont les plus fréquents. Par exception nos correspondants
nous signalent 5 pour le Morbihan, 5 à 0 pour la Haute-
Savoie, 6 à 10 pour le Loir-et-Cher, 5 pour Saône-et-Loire et
la Savoie. Cette peau est d'ailleurs employée à des usages di-
vers selon les départements : c'est ainsi que nous en voyons
: faire des outres dans l'Aveyron, la Lozère et le Tarn, des
descentes de lit et des couvertures de harnais de chevaux
dans la Meuse, des vêtements en Seine-et-Oise, etc., etc.
Il ressort des réponses faites à la 11^ question « Comment
nourrit-on les Chèvres ? » que dans les pays de montagnes seu-
'. lement on les laisse vagabonder et que partout ailleurs on ne
ENQUÊTE SUR LA CHÈVRE. 215
les nourrit à la crèche que pendant la mauvaise saison: pen-
dant la belle saison on les fait pâturer soit en les laissant aller
avec les troupeaux de moutons, soit en les faisant paître atta-
chées à un piquet. Par exception elles semblent toujours
vagabonder dans l'Ille-et-Yilaine et les Landes, tandis qu'au
Mont-d'Or on suit exclusivement le système de la stabulation.
La 13" et la 14' question ont trait aux prix moyens de la
Chèvre adulte et du Chevreau. Ici encore un résumé est très
difficile à faire et il faudrait citer pour ainsi dire touts les
chiffres qui nous sont envoyés. Disons pourtant que le chiffre
le plus fréquent pour la Chèvre adulte est 25 francs, et que
le prix varie entre 20 et 40 francs pour le plus grand nombre
des départements. Les chiffres les plus bas sont 10 à 20 pour
le départctement de l'Ain, 15 à 20 pour l'Allier, 10 à 15 pour
la Charente-Inférieure, 12 à 15 pour les Côtes-du-Nord, 10 à
20 pour l'Eure, 15 pour les Landes et le Pas-de-Calais, 12 à
16 pour les Pyrénées-Orientales, 9 à 8 pour la Seine-Infé-
rieure, 12 à 16 pour la Somme, et 10 à 14 pour la Vendée.
Les chiffres les plus élevés sont 50 francs pour l'Aude et la
Dordogne, 40 à 50 pour la Sari lie, 50 à 80 pour l'Yonne.
Pour les Chevreaux le prix est de 4 à 7 francs presque par-
tout, le plus ordinairement 5. H s'élève par exception de 8 à
1) francs dans le Tarn, de 7 à 8 dans la Vienne, de12 à 15 dans
les Alpes-Maritimes, de10à15dans les Ardennes etl'Ariège,
de 8 à 12 dans la Charente.
En ce qui concerne la 15' et dernière question nous n'avons
rien à dire. La question n'a pas été clairement posée. Elle est
ainsi conçue: « Que rapporte une Chèvre en moyenne? » Or
de quel rapport s'agit-il? Est-ce du rapport d'un jour ou du
rapport d'une année? Est-ce du rapport brut ou du rapport
net? Est-ce du rapport en lait ou du rapport total? ^'os cor-
respondants ont compris les uns d'une façon, les autres d'une
autre, un très grand nombre s'est abstenu de répondre.
Nous avons, Messieurs, à vous rendre compte maintenant
des deux questionnaires qui nous ont été retournés, l'un
(l'Espagne, l'autre d'Alsace.
Notre correspondant d'Espagne, M. Poileux, nous écrit
216 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
que les Chèvres sont très nombreuses dans ce pays, où il ne se
trouve que peu de vaches laitières si ce n'est aux environs des
grandes villes. Les Chèvres maltaises se rencontrent en liberté
et isolées dans le Sud seulement, car les montagnes du Nord
sont trop froides pour elles : elles sont en effet d'une nature
délicate bien que donnant plus de produits que la Chèvre du
pays.
Dans l'Andalousie il est d'habitude de donner en cheptel
des troupeaux variant de 100 à 1000 têtes. Le cheptelier paye
tous les frais et ne doit au propriétaire du troupeau que le
Chevreau ou sa représentation en argent ; la perte par morta-
lité est partagée entre les deux parties contractantes.
La couleur est grise pour les Chèvres maltaises et la taille
60 à 80 centimètres. Elle est fauve pour les races du pays, dont
le poil plus court ne mesure que de 5 à 8 centimètres au lieu
de iO à 15. Les Chèvres maltaises n'ont pas de cornes; au
contraire celles du pays ont de longues cornes.
La Chèvre du pays donne par portée un petit , rarement
deux; la race maltaise au contraire en donne généralement
deux. La quantité de lait donnée pendant 4- à 5 mois est de 3
litres environ pour la race du pays et de 6 litres pour la race
maltaise, et le litre vaut de iO à 15 centimes.
La peau des premières vaut 2 fr. 50, celle des secondes de
3 fr. 50 à -4 francs. Aussi le prix moyen d'une Chèvre du pays
n'est-il que de 12 fr. 50, alors que celui d'une Chèvre mal-
taise atteint de 25 à 30 francs.
Quant au Chevreau, il vaut de 3 à 5 francs, la peau comprise.
Enfin notre correspondant d'Alsace, M. Nardin, nous écrit
qu'il y a dans la vallée des Vosges un assez grand nombre de
Chèvres appartenant à diverses races, le plus souvent d'un pe-
lage noir et blanc, ayant pour la plupart de longues cornes.
Ces Chèvres donnentun ou deux Chevreaux, rarement trois, et
fournissent en moyenne 3 litres de lait par jour pendant quatre
mois. Ce lait se vend 20 centimes le litre. La peau vaut 75 cen-
times à 1 franc, et les propriétaires consomment eux-mêmes
la viande : ils augmentent le rendement du lait en nourrissant
la Chèvre avec les eaux grasses du ménage, auxquelles on
ENQUÊTE SUR LA CHÈVRE. 217
ajoute de la farine noire, du son ou des débris de légumes, La
Chèvre adulte vaut 30 francs environ et le chevreau 3 francs
au maximum.
Le rendement moyen d'une Chèvre est de 100 francs, si on
la garde moitié du temps à l'écurie.
Nous arrivons, Messieurs, aux observations qui ont été
faites par nos correspondants. Disons d'abord que le but même
que se propose la Société d'Acclimatation, l'admission de la
race caprine dans les concours régionaux et par suite son
amélioration, a été assez vivement critiqué. Là où le terrain est
riche et divisé la Chèvre n'appartient qu'aux pauvres gens et
vit évidemment aux dépens de ceux qui possèdent. Là encore
où l'industrie beurrière est en pleine activité, l'espèce bovine
seule est en honneur. Partout enfin, dans une mesure qui
varie avec les productions du sol, la Chèvre cause des dégâts
et c'est ainsi qu'il est d'usage dans les baux d'interdire aux
fermiers d'avoir des Chèvres, dans plusieurs départements, par
exemple le Cher, la Vienne et les Deux-Sèvres. Doit-on cepen-
dant en conclure qu'il n'y ait pas lieu d'améliorer l'espèce
caprine ? Nous ne le pensons pas. De ce que l'élevage de la
Chèvre n'a pas de raison d'être dans certains départements,
il ne s'ensuit pas qu'il ne présente pas des avantages consi-
dérables dans d'autres et la question de dommage est absolu-
ment distincte de celle de l'amélioration de la race.
Parmi les observations intéressantes qui nous ont été faites
nous avons à vous signaler les suivantes : dans certains dé-
partements, le Loiret, le Lot, le Maine-et-Loire, le Nord, le
Pas-de-Calais, la Seine-Inférieure, le Tarn et la Vendée, il est
d'usage de conserver un Bouc dans les étables. 11 est destiné
à chasser le mauvais air et à garantir les troupeaux des épi-
démies.
Notre correspondant du Cantal nous signale une Chèvre
bonne laitière sans avoir jamais porté. On l'a trait pendant
un certain temps trois et quatre fois par jour et elle a fini par
donner un lait un peu moins abondant que celui d'une Chèvre
en rapport, mais très supérieur comme goût.
Notre correspondant de l'Aude nous apprend qu'un pro-
218 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
priétaire de ce département possède un troupeau d'environ
100 têtes de Chèvres d'Angora.
Un de nos correspondants du Nord nous signale un trou-
peau de Chèvres du Thibet dans ce département et nous dit
que cette Chèvre a figuré à Lille dans le concours régional
de 1879.
Dans l'Isère, les Chèvres sont, paraît-il, tout à fait dégéné-
rées, à tel point qu'il est difficile de trouver un Bquc et l'on
nous écrit que le perfectionnent de la race rendrait un grand
service aux habitants des coteaux.
Notre correspondant de Gien nous dit que, dans le Loiret,"
on a souvent une Chèvre nourrice pour les veaux. Il nous cite
une Chèvre grasse dont on retiré 50 chandelles blanches et
bonnes.
Notre correspondant de la Haute-Loire estime que la
Chèvre du Thibet s'acclimaterait bien dans le département.
Plusieurs personnes ont tenté l'expérience et cette expérience
a réussi.
Il ne nous reste plus, Messieurs, qu'à vous parler brièvement
des lettres qui nous ont été adressées. Nous voudrions pou-
voir en donner ici des extraits, qui seraient certainement fort
intéressants, mais l'étendue de ce travail , déjà fort long, nous
l'interdit. Nous nous bornerons à citer celles de M. le marquis
de Pruns. pleine de détails intéressants, celle de M. de Con-
fevron, qui signale l'utilité de la Chèvre au point de vue de
l'allaitement des nouveau-nés, de M. Rodiez (de Briare), qui
nous donne des renseignements sur la viande de Chèvre, de
M. delaRochebrochar (Deux-Sèvres), qui énumère les inconvé-
nients de l'espèce caprine, de M. Ferté (Aisne), qui nous signale
le fait d'une Chèvre élevée chez lui et ayant atteint le poids
énorme de 84 livres, de M. Vincendon-Dumoulin, de MM. les
sous-préfets d'Uzès, de Nogent-le-Rotrou, de Pont-Audemer.
Nous avons également à signaler à votre attention une
lettre de M'"' Muller(de Blois), qui nous écrit qu'en 1872 elle a
fait l'acquisition d'une Chèvre, qui, croisée avec un Bouc du
Liban, noir brillant, a donné naissance à une véritable race,
qui malheureusement s'éteint aujourd'hui. Tous les produits
ENQUÊTE SUR LA CHÈVRE. 219
élaient noirs ou couleur de chevreuil. Notre correspon-
dante ajoute qu'elle pourrait exposer, si la race caprine élait
admise dans les concours, un magnifique Bouc, issu de la race
du Thibet qu'elle possède aujourd'hui. Elle nous enseigne de
plus qu'elle a fait usage du lait de Chèvre pour l'élevage si dif-
ficile des jeunes chiens de race, et s'en est fort bien trouvée,
tous ses élèves ayant évité la maladie.
Enfin nous avons encore à citer la lettre de M. Pautier, qui
nous écrit que, dans la Dordogne, la race limousine à cornes
longues, sous poil brun de 4 centimètres environ de longueur,
s'est conservée dans certains cantons, tandis que l'on rencontre
dansles autres une Chèvre à cornes plus courtes croisée de la
race limousine avec la race du Poitou, du Béarn et d'Auvergne.
Ces dernières, qui appartiennent à des pasteurs, sont rencon-
trées par troupeaux de 25 à 30 têtes; leur poil est un peu plus
long et de couleurs diverses. Les pasteurs tiennent à ces croi-
sements, parce que les sujets sont plus faciles à élever que
ceux de races pures, dont des troupeaux entiers disparaissent
emportés par le mal du genou. Ces pasteurs font aussi quel-
ques croisements des races limousine et anglaise.
Tel est, Messieurs, le résumé aussi exact et aussi complet
que possible de la correspondance échangée au sujet de la
chèvre. En terminant, votre rapporteur croit devoir vous pro-
poser de voter les remerciements les plus vifs à nos correspon-
dants, dont l'empressement à nous répondre a hautement dé-
montré l'intérêt qu'ils portaient aux travaux de la Société
d'Acclimatation.
LE CYGNE DE BEWIGK
(CYGNUS MINOR)
Par M. Gabriel ROGERON
I
Le Cygne est le plus beau, le plus noble, le plus majestueux
des oiseaux d'eau, en même temps que le plus gracieux et le
plus séduisant; depuis les temps les plus reculés, et Léda est
là pour le dire, on est d'accord sur ce point. Malheureuse-
ment, bien qu'il soit universellement apprécié, il n'est pas
toujours possible de lui fournir un séjour, un cadre digne de
lui, un lac d'azur où, comme à Genève (1), il puisse mirer
son blanc plumage, ni même un étang, une simple pièce d'eau
assez vaste pour qu'il n'y semble pas à l'étroit, soit pour lui-
même, son état de santé, de propreté, soit surtout pour l'œil
du visiteur.
Car, bien que ce bel oiseau soit sobre et frugal, qu'il
occupe consciencieusement une partie de ses journées à
pourvoir à sa subsistance, à brouter l'herbe à terre, à sarcler
la tête sous l'eau les plantes marécageuses, il a encore besoin
d'une nourriture plus substantielle, que nécessite en assez
grande quantité sa puissante corpulence. Aussi regarde-t-on
le plus souvent à une dépense vraiment appréciable, entière-
ment de luxe, et se rabat-on, bien qu'à regret, sur de sim-
ples (Canards, mieux en harmonie d'habitude avec la capacité
soit de nos pièces d'eau, soit de notre budget des dépenses
inutiles.
Le motif donc pour lequel, en général, l'on ne fait pas au
Cygne l'accueil qui lui est dû, pour lequel il est resté l'apa-
nage à peu près exclusif des résidences princières, des jardins
et établissements publics, en un mot, ce qui l'empêche d'être
répandu comme mériterait de l'être celui que Bufîon a appelé
(1) A Genève, autour de l'île Jean-Jacques Rousseau, on entretient un cer-
tain nombre de ces oiseaux.
LE CYGNE DE BEWICK. 221
le roi des oiseaux d'eau, c'est sa forte taille. Tout en conser-
"/ant le Cygne ordinaire pour les grands espaces où on le place
d'habitude, et où d'ailleurs il fait si bien, il eût donc fallu
trouver un type plus réduit, moins encombrant, mieux appro-
prié avec les modestes pièces d'eau dont nos jardins particu-
liers sont d'ordinaire pourvus.
Eh bien, ce type plus restreint existe, et dans des condi-
tions exceptionnelles de beauté, de grâce et d'élégance. Une
seule chose étonne, c'est qu'aune époque où l'on s'est le plus
particulièrement occupé d'acclimatation, où les jardins zoo-
iogiques font venir des coins du monde les plus éloignés
Faisans, Bernaches, Canards, non seulement jusqu'à ce jour
l'on n'ait pas encore acclimaté ce magnifique palmipède, dont
le besoin comme oiseau d'ornement, dans les conditions que
j'ai indiquées, se fait si vivement sentir, mais que son nom
ne soit pas même inscrit au catalogue du Jardin d'acclimata-
tion de Paris.
Ce Cygne est le Cygne de Bewick, entièrement blanc, sauf
ses pieds d'ébène et son bec de même couleur avec la base
jaune, mais d'une blancheur tellement éclatante, qu'elle fait
paraître jaune le Cygne domestique et le Cygne sauvage ordi-
naire. A l'œil, d'un tiers moins grand seulement que ces deux
derniers , il atteint en réalité à peine la moitié de leur poids ;
il pèse 7 livres environ, tandis que le poids des autres est de
12 à 15. Ce qui le fait paraître relativement plus grand, c'est
qu'il est plus svelte, plus long de cou que le Cygne sauvage
ordinaire.
Son port à terre est beaucoup moins lourd, moins embar-
rassé que cîlui de ses congénères, et dans l'eau il possède
tout autant de grâce et de majesté. A peine du poids de l'Oie
domestique, il semble le double de taille par l'épaisseur de
son plumage et sa tournure élancée. En un mot, c*est un oiseau
splendide, d'une grande élégance, possédant toutes les qua-
lités des Cygnes blancs, les seuls vraiment beaux, je dirais
même les seuls vraiment Cygnes, et les possédant à un haut
degré, car il est plus dégagé de formes, et sa blancheur a plus
d'éclat; son plumage est en outre entièrement blanc, sans
22'2 S0CIÉT15. NATIONALE D ACCLIMATATION,
excepter même la lêle, chez le Cygne ordinaire souvent for-
tement teintée de roux. 11 mériterait donc mietixqu'aucun de
ceux de sa race le nom de Ci/gne blanc par excellence. Son
chant, hien que moins fort que celui du Cygne sauva^ie, est
doux et harmonieux; en cela il l'emporte sur le Cygne do-
mestique, dont le cri presque nul est en même temps rauque
et désagréable.
Il serait donc fort utile (!t fort intéressant d'acclimater une
espèce aussi précieuse à tous égards, et l'on y parviendrait
siîreménl en faisant venir des jeunes élevés en captivité, des
pays qu'ils habitent. Nul doute que l'on réussît auSsi bien à
les faire reproduire qu'on y est facilement parvenu pour le
Cygne sauvage, avec qui le Bewick a une gi-ande aflinité : le
Cygne sauvage étant élevé en assez grand nombre en Russie,
où on le préfère, comme oiseau de luxe et d'agrément,, à
-notre espèce domestique (l). .:;!•;;. ;'•
Mais où trouver, comment se procurer, faire venir cet oi-
seau? Pour cela, je m'en rapporterais au savant directeur de
notre Jardin zoologique d'acclimatation de Paris. Du moment
que l'importance dé l'acclimatalion de cette espèce serait re-
connue, il faudrait bien faire tous les sacriticespour y par-
venir, comme on a dû le faire déjà nombre dé fois pour d'aur
:tres races d'animaux, d'oiseaux, d'un mérite recortnu.-îojnjib
Cet oiseau doit d'ailleurs habiter en certain nombre darlg
;le noyd de l'Europe, avec le Cygne chanteur, comme ses émi-
grations assez fréquentes che^ nous (en Maine-et-Loire) dans
ces derniers hivers, semblent l'indiquer. Jusqu'alors, il est
-Vrai, sa présence n'y avait jamais été certainement constatée,
et notreMusée d'ornithologie d'Angers, un des plus riches et
iies.plùs complets de France, grâce aux soins de son habile
directeur, M. Deloche, le comptait parmi les quatre espèces
d'Europe manquant à sa collection ; mais, pendant les grands
i'roids de l'hiver 1878 à 1879, il en lut remarqué chez nous
différents passages, entre autres un couple qui séjourna quel-
que temps à peu de distance d'Angers, dans les comnmnes
s
(1) lîrème, Oiseaux, V volmiie, p. 726.
LE CYGNE DE liEWICK. ^î>S
marécageuses el riveraines de la Loire, de la Dagenière et
de Labohalle. L'un fut tué, et l'on fut assez heureux pour
briser seulement l'aile au second. Un troisième, jeune de
l'année, faisant partie d'une bande plus nombreuse, fut aussi
démonté aux Ponts-de-Cé, près Angers; il n'avait également
que l'aile cassée et eût pu facilement être conservé vivant ;
mais le chasseur, peu expert en histoire naturelle, ignorant
la valeur de sa capture, l'acheva pour en faire un maigre rôti ;
ce ne fut que plus tard seulement qu'il se désola vainement,
ayant appris le proht qu'il eût pu tirer de son oiseau vivant.
L'année suivante, pendant l'hiver exceptionnellement ri-
goureux de 1879 à 1880, cette espèce lit encore son appari-
tion dans les environs d'Angers. Un jour de marché, j'en
aperçus un à un étalage d'un marchand de gibier ; j'allai vite
prévenir notre savant directeur du Musée d'histoire naturelle,
qui put par là même combler l'un des quatre vides qui, dans
sa riche collection des oiseaux d'Europe, lui tenaient tant au
cœur. M'étant informé près du marchand de la provenance
de cet oiseau, le chasseur lui avait dit avoir tiré sur une
bande de quatre Cygnes, dont l'un avait été tué et un aulie
seulement blessé.
A mon retour chez moi, quel fut mon élonnement de trou-
ver le susdit chasseur avec son animal blessé! Celait un jeune
de l'année, encore entièrement gris de plumage, et, bien que
parvenu à sa grosseur, ayant encore conservé le piaulement
des poussins. La pauvre bête semblait peu endommagée, mais
néanmoins guère solide sur ses jambes. Cette allure molle et
peu assurée était, m'assura-t-on, le résultat de la fatigue et du
froid extrême; toute la matinée il l'avait eu dans son panier,
mais il ne doutait pas que, réchauffé un peu, il ne reprît bien
vite toute la vigueur qu'il avait encore le matin au sortir de
chez lui.
Je comprenais toute l'importance de celte acquisition ;
aussi, ne demandant pas mieux que de me laisser persuader,
le marché fut vite conclu, et je me hâtai de transporter mon
malade dans un appartement chaud, où je lui ingurgitai les
cordiaux les iJusfortitiaats, telsque bouillon, viande crue, etc.
224 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
D'abord mes soins semblèrent produire d'heureux résultats ;
mais bientôt il se remit de nouveau à chanceler sur ses jambes,
et le lendemain matin il était mort. L'ayant alors pesé et ayant
constaté que son poids était de six livres et demie, je l'en-
voyai rejoindre son compagnon d'infortune à notre Musée
d'histoire naturelle.
Ainsi, pour qu'en deux années seulement il ail été abattu,
à ma connaissance, cinq Cygnes deBewick, et cela à plusieurs
reprises différentes, dans un aussi petit rayon, il faut vrai-
ment que cet oiseau ne soit pas d'une extrême rareté dans les
contrées septentrionales de l'Europe, et il semble qu'avec les
puissants moyens que possèdent nos Sociétés d'acclimatation,
il serait fort possible de répandre cette espèce comme elle
mérite de l'être.
II
Reste à savoir si cette espèce d'un physique si séduisant
posséderait en captivité les mêmes qualités morales, la même
sociabilité que ses congénères; là-dessus je demanderai la
permission de citer ma propre expérience.
.l'ai dit que les deux premiers Bewick observés en Maine-
et-Loire l'avaient été dans les deux communes limitrophes de
la Bohalle et de la Dagenière.
C'est dans les marais de cette dernière que pendant les
grands froids de l'hiver s'abattit, fuyant les régions du Nord,
un couple de cette espèce, et vraisemblablement le mâle et la
femelle, à en juger par l'attachement témoigné par l'un d'eux
à son malheureux compagnon, lorsque celui-ci eut succombé
sous le plomb d'un chasseur de canards. Au lieu de continuer
seul sa migration vers le sud, de fuir ces contrées inhospita-
lières, où sans doute d'ailleurs ils n'avaient dû faire qu'une
simple halte pour reprendre bientôt leur vol vers des régions
plus tempérées, toute la vallée de la Loire étant couverte alors
d'une épaisse couche de neige et de glace, pendant plus d'une
semaine que dura encore cette température rigoureuse, il ne
quitta point le pays témoin de son infortune; et, quand le
LE CYGNE DE BEWICK. 225
froid eut cessé, il était encore là, errant et solitaire, tantôt
naviguant seul dans ces vastes marais'débordés, tantôt faisant
d'immenses rondonnées dans les airs. Chaque matin on le
voyait s'élever à une très grande hauteur, au moins à celle
du passage des Oies sauvages lors de leurs migrations, telle-
ment haut, m'ont rapporté les gens du pays, que son cou
mince disparaissait presque ; on n'apercevait plus guère que
sa tête en avant de son corps ; on eût dit d'ailleurs une Oie
sauvage, n'était la longueur démesurée de ce cou et ses ailes
plus arrondies à leur extrémité.
Il semblait alors qu'il était parti pour toujours vers les
régions du Nord; mais quelques heures plus tard on le voyait
arriver également dans les nues, et après avoir tournoyé
quelques instants pour descendre, il s'abattait de nouveau,
ses grandes ailes étendues, superbes à voir se replier lente-
ment, et seulement après qu'il s'était reposé. Évidemment ce
sol malheureux, où il avait perdu le plus cher compagnon de
son existence, lui tenait au cœur; il eût voulu le quitter, il
ne le pouvait pas, il y cherchait quelque chose qu'il n'y re-
trouvait plus!
On se figure combien un tel oiseau, avec ses allées et ses
venues, devait exciter de convoitises, et comme tous les chas-
seurs, si nombreux dans cette contrée marécageuse, furent
sur pied pendant près de trois semaines qu'il resta ainsi dans
le pays. Il avait des raisons pour être défiant, mais il avait
affaire à trop forte partie. Déjà manqué une première fois
près de la gare de la Bohalle, une chevrotine finit par l'at-
teindre à l'aile sur cette même commune. Cependant il
n'était que démonté, et il nageait avec une telle vigueur, que
ce fut avec une difficulté extrême que le bateau à sa pour-
suite, monté cependant par plusieurs vigoureux rameurs,
finit par le gagner de vitesse.
A quelques jours de là, son possesseur arrivait chez moi,
m'apprenant qu'il m'apportait un Cygne sauvage; il l'avait
dans sa carriole à ma porte. J'allai voir; effectivement, j'a-
perçus une tête et un inrimense cou émergeant d'un panier
recouvert, sur le dessus duquel on avait ménagé un trou. H
3« SK«iE, T. X. — Avril KSSIJ. "^ ^5
g
•226 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
était sale et en mauvais état. Cet oiseau, d'ailleurs nouvelle-
ment blessé, vivrait-il? Je possédais déjà bien assez de bêtes
de toutes sortes, pour ma tranquillité, sans y joindre en-
core calle-là. Je dois ajouter que, ne voyant pas le corps et
n'ayant nullement remarqué les différences caractéristiques
du bec, j'étais loin de me figurer avoir affaire à un Bewick. Je
congédiai donc le plus poliment qu'il me fut possible ce brave
homme, lui indiquant le directeur de notre Jardin des
plantes, et à son défaut un marchand d'oiseaux de ma con-
naissance qui pourrait peut-être le lui acheter.
Cependant à peine était-il parti que j'étais tourmenté de
regrets; un simple Cygne sauvage vivant n'est point déjà
ibier tant à dédaigner. Aussi dormis-je mal, et dès le matin
['étais au Jardin des plantes, où j'appris avec plaisir que le
directeur n'avait point non plus su profiter d'une telle oc-
casion ; de là je me rendis chez le marchand d'oiseaux, où je
retrouvai ma bête, m'estimant trop heureux de l'acheter le
triple du prix qu'on me l'eût sans doute faite la veille.
Maintenant ce noble étranger chez moi survivrait-il à ses
hlessures, et surtout au chagrin d'être devenu captif? Com-
bien, hélas ! avais-je perdu de Canards blessés dans les mêmes
conditions, n'ayant également point voulu survivre à leur
liberté! Dès le lendemain, je fus rassuré à cet égard : je m'a-
perçus qu'il avait touché, bien que discrètement, à l'écuelle
de pain mouillé servie à son intention. Mais une difficulté
se présentait : pouvais-je toujours le tenir enfermé dans la
pièce où je l'avais mis sous verrous? Car je ne suis nulle-
ment enclos; si je lâche cette bête sauvage, qui souffle et
rhérisse ses plumes à mon approche, elle va s'enfuir dans la
campagne, s'y perdre ou s'y faire prendre. Pendant plusieurs
semaines, je l'attachai donc au bord de l'eau par le pied à une
longue corde, et chaque soir, à son grand déplaisir, je reti-
.rais la corde et l'animal avec, toujours persuadé que sa der-
nière heure était venue, et poussant des cris navrants, faisant
les efforts les plus désespérés pour m'échapper. Je le prenais
-dans mes bras et l'emportais dans sa chambre.
Bientôt à sa manière d'être, à son air paisible et tranquille
LE CYGNE DE BEWICK. 227
à mon approche dans la journée (car le soir, à ma vue, la
pensée de se voir attiré de force le mettait toujours hors de
lui), je vis bien que je pourrais désormais compter sur mon
prisonnier. Un jour, je cessai donc de l'attacher; il se rendit
de lui-même à ma pièce d'eau et n'en bougea pas. Restait
une difficulté ; les chiens et les voleurs m'ont appris à être
prudent : chaque soir je renferme mes oiseaux d'eau à double
tour de clef ; mon Bewick voudrait-il se conformer à cette
étroite partie de mon règlement? Chose singulière, ce Cygne,
qui, moins d'un mois avant, en pleine liberté, ne connaissait
que sa volonté, dès ce premier soir emboîtait le pas de mes
autres palmipèdes, se rendait docilement devant nous à son
local de nuit. Et il en fut de même les jours suivants. S'il
était à terre quand on venait le chercher, il n'essayait nulle-
ment de retourner à l'eau pour nous échapper; s'il était dans
ma pièce d'eau, il suffisait de frapper quelques coups de
gaule pour l'en faire sortir aussitôt.
Néanmoins, en obéissant ainsi, il prenait très fort sur lui-
même. On voyait que la chose lui coûtait infiniment, qu'il eût
mille fois préféré coucher sur l'eau, à la belle étoile.
Aussi, lui qui passait sa journée dans l'eau ou à paître, sur
les pelouses, au bord, le soir venu cherchait-il à se dissimuler
de son mieux, et, malgré l'éclat de son plumage, il fallait le
chercher souvent assez longtemps pour le découvrir ; tantôt
on le trouvait blotti et sans mouvement derrière un arbuste,
tantôt dans l'intérieur d'une touffe de jonc, dans une petite
excavation, et il était étonnant de voir le peu de place qu'il
y tenait.
Plus d'une fois je me désolai, le croyant perdu, et j'étais
presque dessus quand je le retrouvais. Certains jours, soit
que nous devançassions un peu l'heure ordinaire, soit qu'il
eût lui-même tardé à se cacher, dès qu'il nous apercevait avec
nos gaules réglementaires, on le voyait s'aplatir, marcher à
plat ventre, se dissimuler derrière les buissons jusqu'à ce
qu'il eût rencontré une cachette favorable, et il faut dire que,
dans les cas assez rares où il était ainsi pris au dépourvu, il
semblait faire assez peu de fond de noire intelligence, et il
^S SOCIÉTÉ X\TIO>'ALE d'aCCLIHATATIO'.
se tapissait derrière un objet, qui souvent lui dissimulait à
peine la moitié du corps. Quand il se croyait bien caché
ainsi, il vous attendait avec la plus ferme confiance, et il fal-
lait être dessus pour le faire déloger. Alors seulement, voyant
qu'il était bien certainement vu, il se levait de lui-même et
prenait tranquillement le chemin de son dortoir, où jamais,
en y arrivant, il ne se trompait de compartiment. Mais c'était
seulement des personnes ayant Thabilude de le faire rentrer,
et à cette heure spéciale de la journée, qu'il se cachait ainsi ;
à tout autre moment, il ne semblait faire nulle attention à
notre présence.
Il rentra ainsi six mois environ avec une extrême docilité ;
après quoi, comme les serviteurs qui, au bout d'un certain
temps, confiants dans la mansuétude de leur maître, com-
mencent à s'émanciper, il cessa de montrer la même bonne
volonté, puis un soir refusa carrément d'obéir. Comme je
croyais qu'il y allait de sa vie, tous les bras et toutes les gaules
disponibles furent mis à réquisition pour frapper l'eau : rien
n'y fit ; j'espérais que cet entêtement ue serait que momen-
tané, qu'il reviendrait à des sentiments plus conciliants ; mais
il fallut dès lors renoncer à tout espoir de le rentrer pendant
la nuit.
A part cette question de dortoir, où nous différions entiè-
rement, et pour laquelle il amis, je trouve, trop d'obstination,
mon Bewick est vraiment fort aimable. Encore jusqu'à ce
jour les événements lui ont-ils donné raison; voici plus de
quatre ans qu'il couche au milieu de ma pièce d'eau (tou-
jours au juste milieu, par prudence), et il ne lui est arrivé
aucun fâcheux accident. Sa taille en impose, paraît-il, aux
Chiens, qui s'acharnent contre mes seuls Canards, et les vo-
leurs sont persuadés avec raison que sa chair est trop coriace
pour compenser les graves inconvénients pouvant résulter de
l'essai de sa capture. Mieux que cela, il m'a rendu et peut me
rendre encore de signalés services, en m'avertissant au milieu
de la nuit de la présence de Chiens poursuivant mes Ca-
nards non rentrés par hasard.
Quand il pousse un certain cri, je puis être sûrqu'il se passe
LÉ CYGNE DE BEWICK. 229
quelque chose d'étrange sur ma pièce d'eau. En cela il diffère
complèlemenl de mes autres palmipèdes, môme les plus
loquaces, tels que les Casarkas de Paradis, qu'un vrai dan-
ger paralyse et rend absolument muets, comme ils m'en ont
donné la preuve, alors que lui ne cessait d'appeler au secours.
Môme nouvellement capturé, jamais il n'a été farouche; il
se laissait approcher à la distance ordinaire des oiseaux de
basse-cour; mais à son regard peu sympathique, à ses souffle-
ments, au hérissement de ses plumes, on pouvait voir qu'il
détestait cordialement les humains, à qui il devait, outre la
perte de son regretté conjoint, celle de la liberté et d'une de
ses ailes. Le pain qu'on lui présentait, il refusait obstinément
même de le regarder ; il fallait qu'il fût absolument seul pour
y toucher. Mais il ne tarda pas à s'apercevoir que j'étais étran-
ger à ses malheurs ; qu'au contraire, je ne cherchais qu'à le
consoler, à lui rendre la vie plus douce, et la confiance en moi
ainsi qu'en les personnes de la maison lui vint bien vite, jus-
qu'à venir à nous et à nous avertir par un petit grognement de
reproche que l'on avait tardé à remplir sonécuelle de pain, car
cet enfant gâté, à la différence de mes autres palmipèdes, ne
mange que du pain; encore, pour qu'il veuille bien l'accepter,
faut-il qu'il soit noir; le blanc lui répugne, et il aimerait
mieux brouter l'herbe vingt-quatre heures de suite à côté, que
d'y toucher. Je suis convaincu d'ailleurs que c'est par caprice,
parce que c'est la première nourriture qu'on lui a servie, à
laquelle il a pris goût, et qu'il mangerait fort bien comme les
autres Cygnes de l'avoine et toutes sortes de graines, si on le
mettait à la diète quelques jours; mais je n'ai pas eu le cou-
rage de le contrarier à ce point. Il est si sobre d'ailleurs ! Une
demi-livre de pain noir lui suffit amplement chaque jour ;
encore là-dessus mes Canards prélèvent-ils bon nombre de
bouchées, et c'est d'ailleurs l'unique occasion où il se dé-
partit un peu de sa placidité ordinaire et de sa mansuétude à
l'égard de ses compagnons de captivité. En effet, comme on
le sert sur un socle élevé, où ses compagnons plus petits ne
peuvent atteindre, quand il dîne, tout un peuple de parasites
et de mendiants font cercle autour de lui, alin de guetter les
230 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aCCLIMATATION.
morceaux et miettes pouvant lui échapper, et même de lui
arracher quelquefois du bec. Là-dessus sa sei,2:neurie n'en-
tend pas plaisanterie et inflige aussitôt une juste, mais, il
faut dire aussi, peu sévère correction, consistant, suivant les
cas, en un léger coup de bec, et, dans les grandes circon-
stances, à prendre l'impertinent par les plumes du dos et à le
rejeter en arrière
Il me resterait encore beaucoup à dire si je voulais faire
une énumération complète de toutes les aimables qualités du
rare et bel oiseau dont je suis l'heureux possesseur; mais, par
cet individu isolé, pris entièrement à l'état sauvage et s'étant
si parfaitement apprivoisé, il est facile de prévoir que cette
espèce, l'une des plus belles du genre, ne le céderait nulle-
ment en sociabilité à ses congénères, et que son acclimatation
comblerait un vide dans nos jardins et nos pièces d'eau.
LES IRRIGATIONS
AU POINT DE VUE DE LA CONSERVATION DU POISSON
Par M. C. BAVERET-AVATTEL ,
Secrétaire des séances.
Le départemenL de l'Agriculture, dans sa sollicitude pour
les grands intérêts qui lui sont conliés, se préoccupe en ce
moment des voies et moyens de répandre le plus possible
l'usage des irrigations. Tout en applaudissant à la propaga-
tion d'une des pratiques les plus propres à augmenter la
richesse agricole du pays, on ne peut s'empêcher d'entrevoir,
dans les travaux projetés, une nouvelle cause certaine et très
active de dépeuplement pour les rivières, si quelques me-
sures protectrices du poisson ne sont pas prises.
Assurément, l'utilisation des eaux pour les besoins de l'a-
griculture, — aussi bien que l'amélioration des voies naviga-
bles ou la création de forces motrices pour les usines, —
présente aujourd'hui une importance qui doit primer celle
de la production du poisson. Mais il est grandement à désirer
que cette dernière ne soit pas entièrement sacrifiée. Or les
irrigations ont été et sont encore tous les ioursune des causes
les plus actives de la disparition du poisson. Les irrigations,
en effet, ont lieu au printemps, avant la fenaison, et en été,-
après celte opération. Elles sont arrêtées en juin et en sep-
tembre pour permettre la rentrée des récoltes, et c'est là
qu'est le danger. Voici pourquoi :
Les tout jeunes poissons, les alevins, affluent toujours dans •
les fossés des prés au moment des irrigations. Ils y sont at-
tirés par les proies nombreuses et faciles qu'ils y trouvent, et
aussi par l'instinct de la conservation, qui les pousse à fré--
quenter des eaux courantes, dont le peu de profondeur ne
permet pas aux poissons de forte taille de s'y engager à leur
poursuite. Au printemps, ce sont les alevins des espèces qui;
232 SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION.
frayent en hiver, comme la Truite et le Saumon; en automne,
ce sont ceux des espèces estivales, de la Carpe et des divers
poissons blancs. Or, pour faucher et faner les herbes, on ferme
les vannes d'alimentation et toutes les rigoles sont rapidement
mises à sec. Les jeunes poissons qui y ont pénétré périssent
alors sans exception, « et cela en telle abondance, que parfois
des cultivateurs enlèvent ce fretin par brouettes pour nourrir
leurs porcs, et qu'aux abords des canaux asséchés l'air est
vicié et infecté par le poisson pourri. C'est ce qui se produi-
sait notamment pendant les premières années du fonction-
nement des grands canaux d'irrigation construits dans la
vallée de la Moselle, et alors que cette rivière était encore
très poissonneuse ; aujourd'hui même que cette cause perma-
nente de destruction a fini par ruiner la Moselle, c'est encore
par milliers qu'à chaque mise à sec on peut ramasser des
Truitelles de trop] petite taille pour être consommées et qui
pourrissent dans ces canaux desséchés (1). »
D'après M. Gauckler, ingénieur en chef des^ ponts et
chaussées, < il résulte d'une expérience faite à ce sujet que,
sur un hectare de prairie irriguée, il est mort d'une seule
fois vingt mille petits poissons environ, dont beaucoup de
Truites. L'apport des eaux est, de cette façon, fertilisant pour
les prairies, mais l'irrigation de ces dernières est la destruction
de la population des rivières. Ajoutons que le poisson blanc,
la Carpe surtout, recherche, pour frayer, les eaux chaudes qui
couvrent les gazons. En juin et juillet, il fraye dans les rigoles
d'irrigation et, en septembre, sa progéniture est détruite (2) »,
quand on met les rigoles à sec (3).
L'enquête ouverte par la Commission sénatoriale du repeu-
plement des eaux a fait ressortir, du reste, les inconvénients
(1) Commission sénatoriale de repeuplement des eaux. — Rapport fait par
M. George (des Vosges), secrétaire de la Commission.
(2) Gauckler, La pisciculture et le repeuplement des cours d'eau. Épinal,
novembre 1878.
(3) Pour obvier à cet inconvénient, on a parfois songé à garnir de grillages
rentrée des rigoles. Mais celte mesure a le défaut grave d'obstruer souvent les
prises d'eau par l'amoncellement sur les grilles des herbes et des débris charriés
par les eaux. D'ailleurs, efficace en ce qui concerne les poissons d'une certaine
taille, elle est sans effet pour l'alevin, qu'il importe surtout de protéger.
LES IRRIGATIONS. 23o
graves que présentent les irrigations au point de vue de la
conservation du poisson. Parmi les dépositions recueillies,
plusieurs ont signalé différentes mesures qui permettraient
sans doute d'atténuer jusqu'à un certain point les consé-
quences désastreuses des mises à sec. Ces mesures sont les
suivantes:
4" Rendre obligatoire un aménagement des vannes et canaux
tel, que la fermeture des vannes de tête ne puisse être étanche
et qu'il reste toujours dans les canaux principaux une lame
d'eau d'une épaisseur déterminée, et en communication con-
stanle avec la rivière (1) ;
2° Prescrire que le fond des canaux soit toujours dressé en
pente régulière, de façon à ce que le poisson se trouve forcé
de suivre la nappe d'eau et ne soit pas tenté de rester dans les
flaques et les petites dépressions où on le prend;
à" Exiger qu'aucune manœuvre de vannes, de nature à
produire un abaissement considérable du plan d'eau, ne
puisse avoir lieu sans que l'administration en ait été informée
au moins deux ou trois jours à l'avance; de manière à ce
qu'on puisse envoyer sur place un agent chargé d'empêcher
les faits de pêche et faire procéder à la mise en rivière de tout
le poisson resté dans les canaux; imposer, en tout cas, qu'au-
cune manœuvre ayant pour résultat soit une mise h sec, soit
simplement un abaissement notable du plan d'eau, ne puisse
avoir lieu que lentement et par gradation, de façon à per-
mettre au poisson de s'échapper (2).
(1) M. Gauckler, ingénieur en chef des ponts et chaussées, considère ce moyen
comme très efficace, et il s'exprime ainsi sur la question : « Les vannes de prise
d'eau des rigoles d'irrigation [lourraient toutes être munies d'une échancrure à
leur partie inférieure. Elle maintiendrait la communication avec le cours d'eau,
et permettrait aux alevins répandus dans la prairie de le regagner. Un filet
d'eau, évacué par le canal de colature, devrait continuellement cire maintenu
dans la rigole d'irrigation. Cette disposition ne nuirait en rien aux travaux de la
récolte, et empêcherait des émanations insalubres, en conservant la fraîcheur
du sol. Prescrite dans les Vosges depuis deux ans, elle n'a pas suscité plus d'une
seule réclamation. » {La pisciculture et le repeuplement des cours d'eau.)
(2) Une disposition assez simple paraîtrait fournir la possibilité de supprimer,
au moins en grande partie, les inconvénients ([ui résultent des irrigations pour
la conservation du poisson. Ce serait d'empêcher, au moyen d'une cloison étanche,
toute communication directe entre la rivière et les rigoles. La prise d'eau se
234 SOCIÉTÉ NATIONALE d'ACCLIMATATION.
Si les dépositions recueillies varient dans l'indication des
mesures à prendre, toutes sont du moins d'accord sur la né-
cessité absolue, — si Ton ne veut pas assister à une destruc-
tion complète de la population déjà si réduite de nos rivières,
— de soumettre les prises d'eau à une réglementation spé-
ciale, à une surveillance toute particulière.
Il ne paraîtrait donc pas inopportun d'appeler sur cette
importante question la bienveillante attention de M. le Mi-
nistre de l'Agriculture, au moment où son département s'oc-
cupe, avec une sollicitude si éclairée, de répandre en France
la pratique des irrigations ; car il est très désirable que les
travaux projetés soient exécutés dans des conditions dénature
à sauvegarder le plus possible les intérêts de la pêche et de la
pisciculture. Celte démarche me semble rentrer complète-
ment dans les attributions de la Société nationale d'Acclima-
tation, et j'ai l'honneur de prier le Conseil de vouloir bien y
donner son assentiment.
Dans sa séance du 10 avril 1883, le Conseil a approuvé les
conclusions de cette note et décidé qu'elles seraient soumises
à M. le Ministre de l'Agriculture.
ferait à Taide d'une conduite en forme de siphon partant presque du fond de la
rivière et passant sous la cloison étanche pour venir aboutir dans la rigole.
Les poissons ne s'engageraient pas volontiers dans ces conduites, où l'eau obéi-
rait aux variations de niveau delà rivière, et dont une clef permettrait de régler
le fonctionnement à volonté.
NOUVELLE COMPOSITION DE PICKLES
Par M. PAILLIEL'X
S'il est fort difficile de Irouver aujourd'hui des plantes pota-
gères exotiques qui puissent être ulilement introduites dans
nos cultures et passer directement du jardin à la cuisine, il en
est quelques-unes qui peuvent constituer d'heureuses acqui-
sitions pour nos tables en sortant des mains du confiseur ou
du vinaigrier.
Le Physalis Peniviana a fourni elle année un aliment 1res
intéressant cà Ja confiserie. Peut-être estimerez-vous , après
dégustation des Pickles que je vous présente, que des res-
sources nouvelles sont offertes aux vinaigriers.
Aux colonies, les Acharts; en Angleterre, les Pickles; en
France, les Cornichons associés à d'autres légumes, sont l'ob-
jet d'un trafic important. La Société d'Acclimatation ne sorti-
rail pas de son rôle en indiquant l'emploi qui peut être fait de
plantes peu connues jusqu'ici ou même absolument incon-
nues.
Les spécimens qui sont sous vos yeux ne contiennent, ni le
Slachys, ni la Capucine tubéreuse; de l'un, je n'avais encore
rien récolté ; de l'aulre, je ne possédais pas cette année une
seule touffe dans mon jardin ; mais je me propose de confire
cet été les divers légumes dont je vais vous parler et de vous
présenter l'an prochain des bocaux, dans lesquels ils seront
tous compris.
OIGNON c.VTAWissA {AlUum fistulosiim, VSlY.)
L'Oignon Catawissa occupe le premier rang dans la compo-
sition de Pickles que j'ai l'honneur de vous proposer. Il a
été considéré jusqu'ici comme étant d'origine américaine,
mais, tout récemment, en parcourant le livre du docteur
Ilretschncider intitulé : Early european researches inlo the
236 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Flora of China, j'ai eu la satisfaction de découvrir sa véri-
table patrie.
Un Français, nommé Louis Le Comte, se joignit en 1687 aux
jésuites missionnaires en Chine et publia à Paris, en 1696,
un ouvrage en deux volumes intitulé : Nouveaux mémoires sur
VÉtat de la Chine.
L'auteur, né en 1655, mourait à Bordeaux en 1729.
Le Comte parle (1, 178) d'un Oignon chinois particulier dans
les termes suivants: « J'y ai vu une espèce d'Oignon, qui ne
vient point de graine comme ceux d'Europe, mais, à la fin de
la saison, on voit sortir de petits filaments sur la pointe ou sur
la tige des feuilles, au milieu desquelles se forme un Oignon
semblable à celui qui germe dans la terre. Ce petit Oignon
pousse avec le temps des feuilles comme celles qui le soutien-
nent, lesquelles à leur tour portent un troisième Oignon sur
leur pointe, de manière néanmoins que leur grosseur et leur
hauteur diminuent à mesure qu'ils s'éloignent de la terre. »
Cette description ne serait sans doute pas suffisamment
probante, si le docteur Bretschneider n'ajoutait pas ce qui
suit : « Cet Oignon paraît être celui qui avait été décrit sous le
nom de Lou Iz'tsung (Oignon poussant en étages) dans le Kin
huang imi ts'ao publié à la fin du quatrième siècle. On y
trouve aussi une bonne figure. La description porte qu'au
sommet des feuilles poussent de quatre à cinq petits Oignons,
et que sur ceux-ci d'autres Oignons se produisent encore, for-
mant ainsi de trois à quatre étages. Ces Oignons ne donnent
pas de graines »
MM. Yilmorin-Andrieux et C ont donné une bonne descrip-
tion de l'Oignon Catawissa, description que je transcris : «Très
grande Ciboule, vivace, prolifère, c'est-à-dire produisant de
petits bulbes au lieu de fleurs, à la manière de l'Oignon Ro-
cambole. Plantées au printemps ou à l'automne, car la plante
est parfaitement rustique sous le climat de Paris, ces bulbilles
donnent la première année des pieds à deux ou trois tiges sur-
montées de bulbilles, qui, à peine constituées, développent
elles-mêmes des tiges nouvelles couronnées de nouvelles bul-
billes,lesquelles donnentfréquemmentnaissance à un troisième
NOUVELLE COMPOSITION iJE PICKLES. 237
étage de pousses, le tout s'élevant de 75 à 80 centimètres.
» Après un ou deuxans, la végétation se modifie. Les touffes
deviennent très vigoureuses, se composant de vingt à trente
montants, dont chacun porte de dix à vingt bulbilles, mais
développant beaucoup moins souvent des tiges secondaires.
» Le goût des bulbes et des pousses est cà peu près celui de la
Ciboule commune. Les bulbilles peuvent aussi être consom-
mées après en avoir cependant enlevé la première enveloppe,
qui est très dure ». (Vilmorin-Andrieux et V\)
L'Oignon Calawissa a été importé d'Amérique par M. A. de
Lentilhac aîné, et mis en vente par M. Gagnaire lils aîné, hor-
ticulteur à Bergerac. Je l'ai cultivé dès qu'il a été introduit et
je dirai plus loin ce que j'en pense. Je donnerai d'abord la
parole à son introducteur. M. Gagnaire s'exprime ainsi dans
la Revue horticole, année 1875, p. 57 : « Personne n'ignore
que l'Oignon qui se mange en vert au printemps à Paris
comme en province, est, d'un côté, le résultat des semis que
les jardiniers exécutent dans le courant du mois d'août, tandis
que de l'autre, et notamment dans notre région, l'oignon vert
est obtenu en mettant en terre, en septembre et octobre, des
bulbes impropres à la consommation, qui', au printemps
émettent trois ou quatre tiges vertes, quelquefois plus, que
l'on détache de la souche selon les besoins de la maison ou de
la vente.
« Quels que soient les moyens employés, il n'en reste pas
moins avéré qu'il faut semer, repiquer et planter annuelle-
ment à l'automne l'Oignon qu: Ton veut consommer en vert
au printemps; et si, d'un autre côté, il s'agit d'obtenir au jar-
din du petit Oignon pour confire, je n'ai pas à dire les soins
que ce travail exige, sans compter qu'il n'est pas toujours
facile d'arriver à. des résultats salifsaisants. Or avec l'Oignon
Catawissa, ces inconvénients disparaissent puisfju'il possède
la faculté de donner à chaque printemps, et pendant trois ou
quatre ans, des Oignons verts en abondance, en été des bul-
billes en quantité pour confire, et qu'il ne demande d'autre
culture que celle que je vais signaler.
a L'Oignon Catawissa est une plante potagère, à souche vi-
238 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
vace, émetlant à la base, au printemps, de vingt à trente liges
grosses comme des poireaux, longues, tendres etexcellentes à
manger en vert ; plus précoce d'une quinzaine de jours ou
même d'un mois que les Oignons plantés à l'automne. On le
multiplie de bulbilles, que l'on met en place depuis le mois
d'octobre jusqu'en février et que l'on traite de la manière sui-
vante :
» Le terrain destiné à l'Oignon Catawissa ayant été travaillé
et copieusement amendé préalablement à l'aide d'une forte
couche de fumier ou d'engrais, on trace au cordeau plusieurs
sillons espacés de 40 à 50 centimètres chacun, dans lesquels on
place les bulbilles que l'on distance également de 40 à 50 cen-
timètres les uns des autres. Cette distance, de laquelle on
peut tirer aisément parti la première année en cultivant entre
les rangs des Chicorées, des Laitues, des Carottes, etc., est
indispensable par la suite à cause du développement que ne
manquent pas de prendre les souches à la deuxième année de
plantation. Les bulbilles mises en terre d'octobre à février
pousseront vigoureusement au printemps, mais elles ne don-
neront celte première année qu'une seule tige, que l'on main-
tiendra à l'aide d'un petit tuteur. Dans le courant de l'été, cette
tige produira au sommet un ou deux étages de bulbilles, que
l'on utilisera pour la plantation ou desquelles on lire parti en
les confisant au vinaigre à la manière des Cornichons.
» Lasecondeannéeest celle de la première récolte. Dès la fin
de février jusqu'à la fin d'avril, quelquefois même jusqu'en
mai, à la place des bulbilles que l'on a plantées l'année précé-
dente, on trouve une touffe d'Oignons verts, gros comme des
Poireaux, contenant de 20 à 80 tiges d'une saveur et d'une
qualité qui ne lecèdent enrienauxmeilleursOignonscultivés;
et comme avec cent touffes d'Oignon Catawissa un ménage or-
dinaire ne consommera pas, au printemps, les tiges vertes
qu'elles fournissent, celles qui restent aux pieds se dévelop-
pent, atteignent une hauteur de 0"',80 à 1 mètre et se cou-
ronnent au sommet, en été, de un ou deux étages de bul-
billes, que l'on utilisera comme je l'ai indiqué ci-dessus.
» A partir de ce moment, les touffes d'Oignon Catawissa pro-
NOUVELLE COMPOSITION DE PICKLES. 239
duiront pendant deux, trois ou même quatre ans, et à chaque
printemps, des tiges en abondance, en été des bulbillcs en
quantité, et cela sans autres soins que quelques binages appli-
qués pendant le cours de la végétation et un bon labour au
printemps, un peu avant l'apparition des tiges
» L'Oignon Catawissa est d'une rusticité sans égale puisqu'il
supporte sans altération 20 à 30 degrés au-dessous de zéro. »
La note de M, Gagnaire est suivie de quelques observations
de M. Carrière, qui a reconnu que l'Oignon Catawissa est abso-
lument distinct de l'Oignon Rocambole: ce qui était contesté.
Je n'ajouterai rien à ce qui précède relativement à la culture
de rOignon Catawissa, si ce n'est pour l'approuver. Quant à
ses usages, il en est un dont je ne puis mesurer l'importance.
Je sais qu'il se consomme une grande quantité d'Oignons verts
dans certaines parties de la France, mais je n'en ai jamais
mangé. Je ne puis dire si les tiges du Catawissa ont la saveur
de l'Oignon commun, mais je puis affirmer avec M. Gagnaire
que ses souches sont d'une grande fécondité.
Je me bornerai à apprécier le mérite et l'utilité de ses bul-
billes. Le Catawissa s'appelle Oignon dans le commerce,
Ciboule en botanique et peut-être Echalote en cuisine. 11 serait
plus vrai de dire que VAlliuni chinois a une saveur qui lui est
propre et qui n'est précisément ni celle de l'Oignon, ni celle
de la Ciboule, ni celle de l'Echalote. C'est ce qui m'en fait
conseiller la culture. En effet, les bulbilles du Catawissa, con-
fites dans le vinaigre, sont excellentes et diffèrent de toute
préparation analogue.
De plus, la plante est très curieuse. On en trouvera une
figure, très exacte, accompagnant une noie de M. Carrière,
dans la Revue horticole, année 4875, p. 453.
coNCO.MBRE ANGOURiE {Cucumis Atiguria Linné)
Le petit volume de ce Concombre et les épines molles dont
il est hérissé lui donnent l'apparence d'un marron d'Inde. La
plante figure depuis longtemps dans les catalogues sous le
nom de Concombre Arada, qui ne lui appartient pas.
240 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
Le Concombre Arada, décrit par Descourtilz, lire son nom
d'une conformation particulière, qui le fait ressembler, en
un certain point, aux femmes de la tribu des nègres Aradas.
Je n'ai pas réussi jusqu'ici à me le procurer. C'est le Cucumis
compressus de Linné.
Le Concombre Angourie croît partout naturellement aux
Antilles et principalement dans les savanes sèches et près des
rivières dont les bords offrent une riche végétation. On le ren-
contre dans la Nouvelle-Grenade, au Brésil, près de Bahia,
dans toute l'Amérique du Sud, principalement dans sa partie
orientale, où il est fréquemment cultivé dans les potagers.
La culture de l'Angourie ne présente aucune difticulté. Cinq
mois s'écoulent entre la date du semis et celle de la récolte.
On sème sous châssis en mars; on met la plante en pots en
avril; on la met en place, sous cloche du 15 au 25 mai. On ré-
colte du 10 au 15 août.
La fructification est d'une abondance extraordinaire. On
peut compter sur une centaine de fruits par pied; mais, si les
plantes reçoivent la pluie pendant plusieurs jours, la récolte
est entièrement détruite. On n'est assuré de récolter qu'autant
qu'on préserve la plantation de l'eau du ciel au moyen de châs-
sis vitrés. L'Angourie n'exige pas de couche neuve ou vieille.
Il suffit de la planter en poquets, garnis d'un peu de fumier
consommé.
Le 10 août 1876, j'ai présenté à la Société centrale d'horti-
culture des Angouries admirablement bien venues, semées le
16 mars et chargées d'une multitude de fruits, à point pour la
récolte. Sous le climat de Paris, c'est une plante d'amateur
que j'ai pris grand plaisir à cultiver.
Dans le Midi, sa culture serait certainement rémunératrice
comme on en pourra juger par ses usages.
Les fruits de l'Angourie se mangent en salade.
A la Basse-Terre. (Guadeloupe), nos soldats d'infanterie de
marine les recueillent dans leurs promenades autour de la
ville et les ajoutent à leur ordinaire. On prépare de diverses
manières ce joli petit Concombre, en sauce, en conserves
au vinaigre, notamment dans celles qui portent aux colonies
NOUVELLE COMPOSITION DE PICKLES. 241
le nom à'Acharts. Selon Descourtilz, {Flore des Anlilles),
pour le préparer, on le coupe par le milieu et on enlève les
graines qu'il contient en nombre infini ; puis, on le fait cuire
seul, ou avec du jambon, ou des crabes, ou des tomates, ou
bien encore avec de la morue. Pour le confire au vinaigre,
selon Fauteur que je cite, il faut le dépouiller de ses graines
et ajouter des tiges, des pampres et des fruits verts de piment.
M. le docteur Sagot, dans notre Bulletin, 1872, p. 550, nous
dit que le jeune fruil cuit du Cuciimis Anguria est tendre et
très agréable. La plante, dans un bon terrain, fructifie beau-
coup. C'est le Pepinhodo mato des colonies portugaises. M. Nau-
din, dans les Annales des sciences naturelles, a publié sur le
C. Anguria une note instructive et intéressante, à laquelle
nous renvoyons le lecteur. Selon lui, la plante est bien d'ori-
gine américaine, ce dont il avait douté d'abord ; elle est consi-
dérée comme potagère et cultivée comme telle dans une grande
partie de l'Amérique. Il semble que sous ce rapport on en ait
tiré quelque parti en Italie, dans le siècle dernier, comme
nous l'apprennent, dit-il, Gilii elXuarés dans un opuscule au-
jourd'hui fort rare {Osservatione fitologice, etc.), qui fait partie
de la bibliothèque de M. Delessert et de celle de l'Institut.
Je conserve dans du vinaigre, préparé avec fleurs de sureau,
piments, etc., les fruits du C. Anguria sans leur enlever
leurs graines. Je considère cette opération comme inutile et
j'emploie les fruits entiers saus les couper.
Cette conserve est très jolie, très bonne. Il ne faut pas con-
fondre l'Angourie avec tous ces légumes insipides et mous,
véritables éponges à vinaigre, qu'on a l'habitude d'associer aux
Cornichons. On devra cueillir les fruits avant leur entier déve-
loppement; leur peau durcit assez vite.
Pour conclure, je recommande vivement la culture de l'An-
gourie aux amateurs de la région de Paris et aux horticulteurs
ou maraîchers du midi de la France. La vente de ses fruits me
semble assurée.
3* SÉRiK. T. X. — Avril 18S:{. Ki
242 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
MiÔGA {Amomum Miôga Thunb.)
(Fam. des Zingibéracées.)
Le Miôga est originaire du Japon. Il a été décrit par Kaem-
pfer dans son ouvrage intitulé : Amœnitatuni exoticarum...^
p. 826.
Il a été recueilli par Thunberg, Siebold et autres botanistes
près de Nangasaki. Il croît spontanément-, mais il est généra-
lement cultivé.
Dans le livre intitulé : le Japon à VExposition imiverselle
de 4878, je lis : « Le Miôga est une plante dont on mange les
jeunes tiges et les fleurs. Les fibres de ses tiges peuvent aussi
servir à faire des cordes. »
M. le docteur Hénon m'écrivait, le 11 avril 1879 : « Je vous
envoie une petite racine d'une espèce de Gingembre appelée
au Japon Miôga et par Thunberg Amomum Miôga. On en
mange les inflorescences avant l'épanouissement des fleurs ;
c'est assez bon,
» Bien que toutes les Zingibéracées soient considérées ici
comme de serre chaude, cette plante passe parfaitement les
hivers chez moi depuis trois ans en pleine terre, plantée à
10 centimètres de profondeur et recouverte en hiver d'un peu
de feuilles sèches. Elle a bien fleuri l'été dernier ; si le mor-
ceau que je vous envoie est un peu petit, c'est que je ne l'ai
encore guère multipliée ; s'il ne reprenait pas, je vous en en-
verrais de nouveau en automne. »
Le docteur m'écrivait encore le 7 juin de la même année :
« Mes pieds de Miôga ont parfaitement passé l'hiver en pleine
terre et poussent de tous côtés. Si le trop petit pied que je vous
ai envoyé ne poussait pas, je pourrais vous en envoyer autant
que vous le désireriez, l'hiver prochain. »
Je n'ai pas demandé un second envoi à mon obligeant cor-
respondant, le tronçon qu'il m'avait donné avait si bien végété
que je pourrai, cette année, faire une plantation de 400 pieds.
Mon Miôga, on le voit par la date à laquelle je l'ai reçu, a
supporté le grand hiver. Il était, il faut le dire, protégé par
NOUVELLE COMPOSITION DE PICKLES. 243
une épaisse couverture de neige; mais en 1880-81 et en
1881-82, 1882-83, rien ne le défendait contre lelVoid. Je suis
donc arrivé sans échec à ma cinquième année de culture.
11 n'existe pas, je crois, de plante plus rustique que le Miôga,
ni qui se multiplie plus rapidement. Je ne l'ai vu atteint d'au-
cune maladie, attaqué par aucun insecte.
Je plante les tronçons de rhizome dans une planche de jar-
din large de 1"\30, sur deux lignes parallèles distantes de
50 centimètres. Il reste donc un espace de 40 centimètres
entre les lignes et les sentiers, ce qui n'empêche pas les plantes
de porter sous ceux-ci leurs tiges et leurs inflorescences.
Il ne se montre dans la planche que fort peu de mauvaises
herbes, dont un binage ou deux font justice. Arrosage facultatif.
Il ne faut pas biner après le 31 juillet. On risquerait de couper
des turions et des inflorescences. On peut sarcler à la main.
Vers le 15 août, commence la récolte, on surveille la plan-
tation comme celle de l'Asperge ; comme les turions de l'As-
perge, on coupe tout près de la racine dès que l'inflorescence
laisse voir sa pointe aiguë à la surface du sol.
Je n'ai jamais récolté les turions, sauf quelques-uns seule-
ment pour les déguster, de peur d'amoindrir la multiplication
On les récolte comme les inflorescences et je n'ai pas trouvé
de différence appréciable entre la saveur des uns et celle des;
autres. . '
Je suppose qu'il convient d'attendre deux ans avant de ré-
colter les turions d'une plantation et de ne les couper qu'au
printemps, bien qu'il s'en produise aussi pendant l'automne.
On aurait donc régulièrement, ce me semble, une récolte d'in-
florescences d'août à septembre, et une récolte de turions pen-
dant tout le mois d'avril. Il ne serait sans doute pas prudent
de prolonger la coupe au delà de ce mois.
Je n'insisterai pas sur la rusticité du iMiôga et sur sa rapide
multiplication. Je parlerai de l'usage qu'on peut faire de. ses
turions et de ses inflorescences.
J'ai dégusté ces dernières préparées au gratin comme le
macaroni en couches alternantes de légume et de Pai:mesan
râpé; c'est assez bon. i .. .. .
244 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
Je les ai mangées en salade après les avoir simplement blan-
chies à l'eau bouillante. Je lésai trouvées excellentes. Un léger
goût de résine disparaît à la deuxième ou troisième bouchée
et la saveur légèrement piquante du légume se marie on ne
peut mieux avec celle de l'huile.
Enfin j'ai associé, pour faire des Pickles, les inilorescences
de Miôga aux Angouries des Antilles, aux bulbes de l'Oignon
Galawissa, etc.
Le résultat m'a pleinement satisfait et les spécimens que je
vous présente seront dégustés et appréciés par vous.
J'espère qu'on essayera, avec un peu de persévérance,
diverses préparations culinaires de ce légume absolument
nouveau. Il reste beaucoup à faire.
A ceux qui me demanderont si le Miôga ressemble à telle ou
telle autre plante potagère de nos jardins, je répondrai : non,
il n'a le goût, ni du Chou, ni du Gardon, ni de la Tomate, ni
d'aucun de nos légumes... il a le goût du Miôga.
CAPUCINE TUBÉREUSE (Tropœohim tuberosiim Ruiz et Pavon).
Plante vivace de l'Amérique méridionale. Ses graines mû-
rissent très rarement sous notre climat. La multiplication a
lieu par les tubercules.
Dans l'ouvrage intitulé les Plantes potagères, que MM. Vil-
morin-Andrieux et G'" viennent de publier, la culture et les
usages de la Gapucine tubéreuse sont ainsi décrits : « Les-
tubercules de la Gapucine tubéreuse se plantent en avril ou
mai, en pleine terre, à 50 centimètres en tous sens; il con-
vient de donner quelques binages, jusqu'au moment où les
tiges, en s'étendant sur la terre, l'ont couverte entièrement ;
l'arrachage ne doit se faire qu'assez avant dans l'automne^
après les premières gelées, les tubercules ne se formant sur
les racines que tard dans la saison, et ne craignant pas les-
effets du froid tant qu'ils sont en terre.
» Guites dans l'eau, comme les Garottes ou les Pommes de
terre, les racines de la Gapucine tubéreuse sont aqueuses et
ont un goût assez désagréable, quoique parfumé. En Bolivie,
NOUVELLE COMPOSITION DE PICKLES. 245
OÙ la plante est très cultivée dans les districts montagneux
élevés, on en fait geler les tubercules après les avoir cuits.
Dans cet état, ils sont regardés comme une friandise et très
recherchés. Ailleurs, on les expose au grand air dans des sacs
de toile, et on les mange à demi desséchés. 11 ne faut donc
pas s'étonner que le tubercule frais ne nous paraisse pas ex-
cellent, puisque, même dans le pays d'origine, on ne le mange
que préparé. »
Dans une note du docteur Weddell sur quelques tubercules
comestibles {Revue horticole, 1852, p. 448), se trouvent des
détails intéressants sur l'usage de la Capucine tubéreuse ou
Ysano : « C'est donc cuits et gelés que l'on doit manger les
tubercules du Tropœolum, et encore faut-il les manger avant
qu'ils ne dégèlent, c'est-à-dire croquants. A cet état, je puis
affirmer, car j'en ai fait l'essai maintes fois, qu'ils constituent
un mets assez agréable.
» Il n'y a guère de jour qu'on ne voie sur le marché de
La Paz une ou deux rangées de marchandes, qui ne vendent
autre chose que ces Ysanos gelés, qu'elles profègent contre
l'action du soleil en les enveloppant d'une étoffe de laine ou
de paille. Les femmes de La Paz en sont toutes extrêmement
friandes, et elles ont rhabitud(3 de les prendre comme rafraî-
chissement, pendant la chaleur du jour, en les trempant dans
de la mélasse. »
Comme on le voit parles extraits qui précèdent, la Capucine
tubéreuse ne pourrait guère être utilisée chez nous, s'il fal-
lait, pour manger ses tubercules, les dessécher à demi, ou
bien les cuire, les faire geler ensuite, puis enfin les tremper
dans de la mélasse ; il était donc très désirable de lui trouver
un emploi autre que celui qu'elle reçoit dans son pays natal.
Lorsqu'en 1875 la pensée m'est venue de la confire dans le
vinaigre, je croyais être le premier à le tenter ; mais mon ami,
M. Bois, a trouvé et m'a communiqué une note, publiée dans
la Revue horticole de 1845-46, p. 17, par M. Neumann, qui
m'a prouvé que j'avais été devancé, .l'en extrais ces quelques
lignes : « J'ai essayé de mariner ces tubercules au vinaigre,
comme les cornichons, mais sans avoir été satisfait du résultat.
*24G SOCIÉTÉ NATIONALE d' ACCLIMATATION.
Un abonné de la Revue horticole a eu la même idée et en a
apprécié aiUremenl le produit Que faut-il en conclure?
C'est encore apparemment qu'il ne faut pas disputer des
goûts, ou bien que mon terrain ne convenait pas à la plante.
Notre abonné a laissé mariner ses tubercules pendant trois
mois, n'a ajouté aucun assaisonnement et a trouvé que « dans
cet état ils offraient une espèce de Cornichons beaucoup plus
agréables au goût que les véritables, outre que le vinaigre a
acquis un parfum convenable pour servir dans les sauces et
dans les salades. »
Je n'hésite pas à dire que c'est Y abonné qui a raison. Lors-
que j'ai confit la Capucine tubéreuse dans le vinaigre, je l'ai
associée à tous les condiments d'usage; elle a cependant con-
servé son goût propre, simplement atténué. J'ai dégusté celle
préparation en famille, et je l'ai soumise à l'appréciation de
diverses personnes, qui en ont fait l'éloge ; je ne suis donc nul-
lement surpris que, selon le dire de V abonné, les tubercules
de la Capucine tubéreuse communiquent au vinaigre, sans
addition aucune, un parfum des plus agréables.
STACHYS AFFINIS
Je vous ai dit, le 30 janvier dernier, tout ce que je savais
sur celte plante.
M. le docteur E. Bretschneider nous a appris que les Chi-
nois mangeaient ses tubercules. Ceux qu'il nous a envoyés, et
que j'ai plantés, paraissent devoir se multiplier rapidement.
Ils ont bien passé l'hiver en pleine terre.
Je ne sais pas comment les Chinois les préparent pour la
table, mais les Japonais mangent le Stachys Sieboldii, très
voisin du S. af/înis, après l'avoir confit dans du vinaigre de
prunes.
Je crois donc pouvoir introduire ce dernier dans la compo-
sition de mes Pickles.
II. EXTRAIT DES PROCÈS VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ.
SÉANCE GÉNÉRALE DU 13 AVRIL 1883.
Présidence de M. E. GossoN, vice-président.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
— A l'occasion du procès-verbal, M. le Président signale l'utilité qu'il
y aurait à ce que les documents publiés par la Société, concernant la
destruction des animaux nuisibles et la conservation des oiseaux, soient
adressés au ministère de l'Instruction publique, qui saisirait de cette
question les instituteurs, et leur ferait connaître les lois et arrêtés en
visfueur. A leur tour les instituteurs les feraient connaître aux élèves des
écoles et leur en inspireraient le respect.
Des dispositions dans ce sens seront prises par le Conseil.
- 31. le Président proclame les noms des membres nouvellemeni
admis par le Conseil, savoir:
MM. PRÉSENTATEURS.
,.. . .r. , T^ -j , f A. Berthoule.
Blocman (Henri), 18, rue des Pyramides, a ^ . „ . ,
^^"^- ( Raveret-Watte .
Rrousset (Pierre), négociant, 15, rue de la { A. Berthoule.
République, à Cette (Hérault), et à Tunis, ! Maurice Girard
rue Szazaia. ( i- Grisard.
. ,„ , , ^ , ( Saint- Yves Ménard
Dalaut (François), 43, avenue de la Grande- ) j^^veret-Wattel
Armée, à Paris. ( L.' Vaillant.
. „,,. ^ , , ,, . ,' A.Geoffroy Saint-Hilaire
Deltour (Paul-Feli.v), 8, rue Labordere, a \ „ „
Neuilly (Seine). ( j^,^^^^^i^ j^ g^,^.^
r. , . . • s r. • w I ' . ^ Leblond. v
Dujardin (Frédéric), 19, rue du Marche, a gaint-Yves Ménanl.
. ^"^«"'"y (Seine). ( L. Vaillant.
_ ., , ( A. Berthoule.
Kern (Edouard), banquier, 7, rue Scribe, a ) , p^- „,..
L. Vaillant.
Berson
Le Pargneux (Albert), propriétaire, au châ- \ a. Geoffroy Saint-Hilairc.
teau de Beauregard, près Caen (Calvados). / g^i^j.y.g, Renard.
,,.,,,,,. , , ,. ^ [ A.Geoffroy Saint-Hi lai re.
Pauliau (Louis-Andre), y, rue Labordere, a V „ j,
V II /c • \ 1 *' • ' 3SS\.
Neuilly (Seine). / ., • . o^i.,^
j ^ ' [ Marquis de Se ve.
24-8 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
MM. PRÉSENTATEURS.
Ornano (comte Ludovic d'), au château de J. Cornély.
la Brauchoire-sous-Ghambray, par Joue- | Comte d'Epremesnil.
les-Tours (Indre-et-Loire). ( Marquis de Selve.
Rivière (J.-B.), négociant, 95, avenue de ( ^^l^^^ ^ . „.. .
Neuilly, à Neuilly (Seine). } A- GeoffroySa.nt-H.laire.
•' J V / [ Saint-\vesMénard.
RivoiRON (Emile), pisciculteur, à Sewayette, ^ / p ■ ",
commune de Miribel-les-Échelles (Isère), i *
^ \ Raveret-Wattel.
Robert (Hippolyte), docteur en médecine, ai ,' . ,
I ■ \\i i^ S J- Grisard.
Ligny (Nord). f „ -.,- .
" "^ ^ ^ V Raveret-^Valtel.
RouLLAND (Claude), principal clerc de notaire, \ „' . ^i, ,. i
' r .' /m • \ i • > Raveret-Waltel.
a Geste (Maine-et-Loire). f . ,, .,,
c /. X ,- T^ . . •. [ Saint-Yves Ménard.
OCELLIER (de), il, rue Parmentier, a Asnieres \ <.,
,£, • V l Sturne.
(seine). f , ., ...
^ ' V L. Vaillant.
ViEViLLE (Etienne), batteur d'or, président' A.GeoffroySaint-Hilaire.
de la chambre syndicale, 209, rue Saint- ? Saint-Yves Ménard. '
Maur, à Paris. ' A. Porte.
\T ,j • \ c^r, , ,, -i. . XT -11 , A. Gaudinot.
YzAC(Louis), 83, avenue de Neuilly, a Neuilly \ », ..
(Seine).
\. Lacroix.
— M. le Président fait part à l'assemblée de la perte regrettable que
la Société vient de faire de deux de ses membres : M. le prince Marc de
Beauveau, vice-président honoraire, qui dès l'origine de la Société, lui
avait apporté un concours des plus actifs et des plus utiles, et M. Pierre
Carbonnier, qui s'occupait avec tant de zèle et de succès de l'introductio
et de racclimatation de poissons exotiques.
-- M. Camille Dareste adresse la lettre suivante : « Je ne sais s'il sera
possible de faire une rectification au procès-verbal de la séance du 19
janvier. Je n'avais pu malheureusement assister à la séance et, par
conséquent, demander moi-même cette rectification au Secrétaire. Mais
tel qu'il est rédigé, le procès-verbal, en ce qui concerne mes paroles,
est absolument incompréhensible. J'avais parlé, dans ma lecture, de
l'apparition des monstruosités comme étant le signe d'une modification
nuisible, dans les conditions de l'incubation.
» M. Fornet, dans sa seconde réponse, dit que les faits que je prenais
pour des monstruosités n'étaient que des altérations pathologiques, et
qu'il n'y avait de monstruosité véritable que lorsqu'il y avait fusion de
deux embryons primitivement distincts.
PROCÈS-VERBAUX. 249
> J'ai répondu à M. Fornet, que tout en considérant les monstruosités
simples comme de véritables monstruosités, et non comme des déforma-
tions pathologiques, dans la discussion actuelle, cette distiaclion n'a-
vait point d'importance. En effet, quel que soit leur mode de formation,
pathologique ou tératologique, l'apparition des monstruosités simples
est pour moi l'indice de toute modification dans les conditions de l'incu-
bation, et non seulement, comme le disait M. Fornet, d'élévation insolite
de la température. »
— MM. Brousset et Feuilloy adressent des remerciements au sujet de
leur récente admission.
— M. le U"^ Adrien Sicard fait parvenir deux exemplaires de ses études
sur l'huile antiphylloxérique Roux.
— M. Marins Galfard, d'Oraison (Basses-Alpes), prie la Société de
vouloir bien lui procurer le traité sur l'élevage de VAttacus Yama-maï
par M. Personnat et de lui adresser, en même temps, le programme des
prix encore à décerner.
— Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Blancheton,
Derré et Emile Riom.
— M. Henri Fabre remercie du cheptel de Cygnes noirs qui vient de lui
être accordé, et demande à recevoir des Grenouilles-Bœufs.
— M. E. de Laubépine, de Marcigny-sur Loire (Saône-et-Loire), prie
la Société de vouloir bien lui fournir des renseignements sur l'installa-
tion des pêcheries de Saumon dans les fleuves.
— Le Comité central d'exposition de l'île de la Réunion adresse
Ja note suivante, relative à différentes questions se rattachant aux
travaux de la Société nationale d'Acclimatation et intéressant la colonie,
savoir :
« [''Maladie du Café. — La colonie est très préoccupée des conséquences
que peut avoir dans un avenir plus ou moins prochain, une maladie qui a
fait son apparition, l'année dernière, sur les feuilles des Caféiers. Aussitôt
qu'elles sont adultes, elles se marquent de taches circulaires d'un brun
jaunâtre, qui finissent par les envahir presque totalement; elles se des-
sèchent et tombent ; en peu de jours les sujets atteints sont tout à fait dé-
pouillés et beaucoup de fruits n'arrivent pas à maturité. Celte maladie est
attribuée concurremment à un ver, VElachista cofj'eela, et à un cham-
pignon, l'Hemî/e/avastainaî. Jusqu'ici on n'a pu y opposer que quelques
palliatifs, tels que la taille des arbusies malades et l'incinération des
feuilles et des branches; il s'agirait de trouver un remède efficace.
Dans la session actuelle, le Conseil général a voté une somme de
1000 francs pour aider aux expériences.
» 2° Extraction des fibres des plantes textiles. — Nous possédons
un grand nombre de textiles ; mais depuis quelques années, il a été intro-
duit et l'on commence à cultiver sur une grande échelle difiérentes
Orties; la variété préférée de beaucoup est celle dite Bœhmeria utilis.
250 SOCIÉTÉ NATIONALE D' ACCLIMATATION.
Malheureusement il nous manque une machine à décortiquer les tiges à
l'état vert, au moment même de la coupe, parce que cette plante prospère
surtout dans les régions élevées de l'intérieur, dont le climat pluvieux et
l'humidité presque permanente sont un obstacle insurmontable à sa
dessiccation. Il est beaucoup question dans le moment d'une machine,
dite de Berthet, du nom de son inventeur, laquelle, parail-il, rempli-
rait ce but. Un des députés de la Réunion, M. Bureau de Vaulcomle,
s'occupe très activement de cette question d'un grand intérêt pour le
pays.
» Tout récemment noire service des Eaux et Forêts, dirigé par
M. Echernier, directeur des Domaines, à qui la colonie est redevable de
la reconstitution en très bonne voie déjà de son couvert forestier, a
introduit et s'applique à propager le Sanceviera Ciibana (famille des
Liliacées). Cette plante, originaire des Antilles, donne des fibres plus
fines, plus soyeuses et aussi résistantes que celles de l'Aloès. Le Comité
central de l'Exposition serait très reconnaissant à la Société d'Acclima-
tation de lui faire connaître, si possible, d'autres textiles de qualité su-
périeure.
ï> Nous devons lui signaler ici, d'une manière toute particulière, les
efforts tentés dans ces derniers temps par M. Eugène Veyrières pour
l'extraction des fibres d'un grand nombre de textiles indigènes.
» 3" Introduction et propagation des arbres et lianes à caout-
chouc. — L'introduction de la meilleure variété que nous possédions
actuellement, VHevea Gîiyanensis, est due à M. Julien Potier, directeur
du Jardin colonial. Du reste, à notre Exposition intercoloniale de 1881,
M. Julien Potier a obtenu une médaille d'or pour introduction du plus
grand nombre de plantes utiles pendant les années 1879-1880 et 1881.
La colonie trouverait dans la préparation du caoutchouc un produit
important ; elle recevrait avec reconnaissance des semences des espèces
préférées.
» i" Fabrication des chapeaux de paille. — C'est encore là une
industrie qui tend à se développer ici en se perfectionnant. Un grand
nombre de familles pauvres y trouvent depuis longtemps des moyens
d'existence. Mais les chapeaux, fabriqués avec les feuilles du latanier,
sont grossiers et peu recherchés. On doit au D' Eugène Jacob de Corde-
moy et à M. Julien Potier l'introduction du Carludovica palmata (fa-
mille des Pandanées), avec lequel, dit-on, se fabriquent les vrais panamas.
Le D-^ E. Jacob de Cordemoy a le mérite d'avoir le premier indiqué et
introduit cette plante dans la colonie ; mais sa tentative n'a pas réussi ;
M. Julien Potier en a introduit d'autres plants, les a cultivés avec le plus
grand soin et en a distribué déjà un grand nombre dans plusieurs de nos
localités. Toutefois des doutes se sont élevés sur le point de savoir si
c'est bien avec les feuilles du Carludovica palmata que se fabriquent
les panamas. C'est un point qu'il nous importe d'éclaircir et, à cet eflet,
PROCÈS-VERBAUX. 251
nous faisons appel aux lumières de la Société. » — Renvoi à la seclioii
des Vésrétaux.
— A l'occasion de cette communication, M. Vavin demande si l'on ne
pourrait pas essayer, contre la maladie du Caféier, l'emploi de la lleur
de soufre, qui donne de si bons résultats dans le traitement des Vignes
atteintes de l'Oïdium.
— M. Millet fait connaître que ce mode de traitement a été signalé à
la réunion de la section des Végétaux.
— M. Lucien Jlerlato écrit d'Aïn-Marmora à M. le Secrétaire général :
« C'est avec une vive et légitime satisfaction que je m'empresse de vous
annoncer le bon résultat du commencement de l'incubation artificielle
des œufs d'Autruche au parc de la Société française pour l'élevage de
l'Autruche en Algérie. Vous n'ignorez pas que cette Société a bien voulu
me confier la direction de son exploitation.
» Les premiers flés, au nombre de trois, sont éclos d'eux-mêmes, sans
aide; sont d'une conformation parfaite et mangent et courent depuis leur
quatrième jour d'âge; ils ne présentent, jusqu'à présent du moins, au-
cune des difficultés qui ont été signalées dans l'élevage de l'Autruche
couvée artificiellement en Algérie.
» Considérant que, au dire des plus vieux habitants du pays, l'hiver
que nous venons de traverser a été un des plus durement éprouvés depuis
au moins vingt-cinq ans, j'espère acquérir bientôt la ferme conviction
que, à quelques modifications près, l'élevage industriel de cet oiseau est
tout aussi pratique dans cette colonie que sous d'autres latitudes.
» Je me ferai un devoir de vous tenir au courant des progrès que la
Société française est appelée à faire faire à cette industrie en Algérie. »
— M. E. Leroy écrit de Fismes (Marne) : « Les Perdrix du Boutan ne
m'ont donné jusqu'ici que deux œufs, puis à la suite des grands froids
elles ont interrompu leur ponte et défait le nid. Les deux œufs sont en
incubation sous une Poule. Depuis quelques jours, le nid est refait et
hier la Poule Boutan jetait des pailles avec son bec par-dessus son dos.
Il n'y avait pas d'œuf cependant, mais la ponte est imminente, je crois.
Ce qui a arrêté les oiseaux, ce n'est pas le froid, c'est, à mon avis, le
manque de vers. Ces oiseaux sont avides de lombrics et bouleversent le
sol de leur volière pour en trouver. Je vais leur en distribuer, ainsi que
j'ai déjà commencé à le faire, et le Coq les ramasse, appelle sa femelle
et les lui offre. Je vous tiendrai au courant.
» . ..Il y a ce matin, 3 avril, deux œufs au nid. J'avais mal vu hier,
mais c'est si profond, et j'ai eu peur d'être indiscret. »
— M. A. Delaurier aîné, d'Angoulème, écrit en date du 5 avril à M. le
Directeur du Jardin zoologique d'acclimatation : « J'ai la satisfaction de
vous annoncer que les deux Poules Tragopans de Blylh ont commencé
leur ponte, l'une hier, l'autre aujourd'hui. Les œufs seront bien fécondés,
je n'en doute pas. Le Coq très excité fait entendre assez fréquennnent
252 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
des appels ressemblant assez aux miaulements d'un chat sur une note
plus forte et plus grave; les Poules y répondent sur un ton plus sourd et
moins fort. Les deux oeufs pondus sont de la grosseur des œufs de Lopho-
phores. Je crois que la ponte sera abondante. Ils absorbent en ce moment
des quantités de verdure et de lentilles d'eau. Une des paires Tragopans
de Hastings est en amour, la Poule va pondre incessamment. Je ne suppose
pas la fécondité de cette espèce semblable à celle des Blyth. Jusqu'à pré-
sent, ceux-ci me paraissent des oiseaux d'avenir, après l'élevage je serai
fixé et je vous dirai mon sentiment. La paire Faisans d'Elliotest en par-
fait état, mais rien encore ne me fait supposer une ponte imminente.
» Toutes mes Perruches de la Nouvelle-Zélande à front pourpre, auri-
ceps et alpinus couvent ou élèvent. J'ai déjà obtenu depuis décembre
dernier 31 jeunes des trois paires de la première espèce. Les Perruches
Erylhroptères s'accouplent. Les Colombes poignardées et Lophotès ont
leurs premiers jeunes. P.ien encore des deux paires Colins de Sonnini,
dont une paire a passé l'hiver dehors et paraît avoir moins souffert que
celle que j'ai rentrée en appartement. »
— M. le Directeur du Jardin d'acclimatation communique la lettre sui-
vante, qui lui est adressée par M. le D^ Rabé, de Maligny (Yonne) : « Je
pense vous intéresser en vous annonçant les résultats que j'ai obtenus
avec les Oies d'Egypte que vous m'avez envoyées il y a deux ans.
» L'année dernière, la femelle n'a pas pondu ; cette année, malgré un
froid de 4 degrés en moyenne qui un jour est descendu à 10 degrés, mal-
gré la neige sur le dos, la femelle a couvé bien régulièrement, et quatre
petits sont éclos, sur six œufs; des deux autres, l'un était clair, l'autre
contenait un oisillon mort à terme dans la coquille.
» Aujourd'hui mes quatre oisillons ont dix jours, courent sur les pe-
louses avec les parents, qui ne les quittent pas, et se mettent à l'eau très
volontiers.
» Je suis moins heureux avec les Oies du Canada. Le mâle, qui m'est
parvenu en 1881, par le même envoi que les Oies d'Egypte, pour une
raison que j'ignore (sa trop grande jeunesse probablement), n'est pas
supporté par la femelle que j'ai depuis six ans et qui depuis trois ans
pond sans résultat (depuis la venue de ce mâle). Avant lui, d'autres
mâles l'avaient fécondée et tous deux sont morts phtisiques (tuber-
cules dans les os, cavernes dans les poumons); j'en avais fait l'autopsie.
» Cependant je ne désespère pas complètement ; j'ai vu ce mâle s'ac-
coupler avec une Oie de basse-cour.
ï Pour celte année je n'ai rien encore à attendre ; la femelle couve des
œufs inféconds. »
— M. de Confévron écrit de Langres : « Je viens de lire avec la plus
grande attention le projet de loi sur la chasse, qui a été présenté le
12 mai 188"2 à la Société nationale d'Acclimatation par la Commission y
relative.
FROCÈS-VERBAUX. ^ÔS
» Les dispositions de cette loi sage et bien conçue, auraient certaine-
ment, appliquées avec vigilance, discernement et fermeté, donné d'excel-
lents résultats il y a quinze ans, alors que le mal n'avait pas atteint le
degré auquel il est arrivé. Mais je doute qu'elles soient suffisantes, main-
tenant que le mal est à son comble.
» A une situation désespérée il faut un remède héroïque et j'eslime
que la suppression absolue de toute chasse pendant plusieurs années ne
serait pas de trop.
» Dans les environs de Paris, où l'on a des chasses gardées avec des
réserves, on ne peut se faire une idée de l'état de choses en province,
où les rares couples de Perdrix existants pourront à peine suffire au
repeuplement. Non seulement il faudrait ne plus tuer un seul de ces
oiseaux, mais encore il conviendrait d'en mettre et de les défendre.
» Une vérité, dont il serait désirable qu'on fût bien pénétré, c'est que
les exceptions introduites dans une loi comme celle dont nous nous occu-
pons, sont des portes largement ouvertes aux abus et aux infractions.
C'est pourquoi je voudrais que la chasse, une fois fermée, fût absolument
interdite, sans distinction du gibier de passage ou autre. Cette distinc-
tion, très délicate à établir du reste, rend la surveillance et la répression
presque impossiïjles. En effet, sous prétexte de chasser des oiseaux d'eau
ou de passage, on s'écarte un peu, on est tenté, l'occasion fait le larron
et on détruit toutes espèces d'autres gibiers. Les Ramiers payent pour
les Bécasses absentes.
» La latitude laissée aux préfets (art. 3) d'ouvrir et de fermer la
chasse, sur leur seule initiative, me paraît trop large et je crois qu'il
serait sage de demander que ces décisions ne fussent prises qu'après
consultation d'une commission recrutée parmi des personnes compétentes
dans les questions d'histoire naturelle.
ï Les dispositions du paragraphe 5 de l'article 4 me semblent aussi
beaucoup trop élastiques. 11 est nécessaire de prohiber d'une façon gé-
nérale et absolue la destruction de tous les nids.
» Les gardes champêtres ou autres agents ne peuvent, en eff'et, distin-
guer à quelles espèces appartiennent les nids trouvés entre les mains des
maraudeurs. Il faudrait leur supposer des connaissances assez avancées
en ornithologie et qu'ils n'ont certainement pas, pour croire qu'ils pour-
ront reconnaître la nature du nid, des œufs ou même des petits oiseaux
non encore emplumés. L'interdiction complète présente moins de dan-
gers que la latitude laissée.
» Les constatations prescrites par le paragraphe 4 de l'article 5 de la
loi primitive sont très difficiles et ne recevront certainement pas sou-
vent une sanction efficace. La nouvelle rédaction vaut beaucoup mieux.
» A mon humble avis, toute condamnation pour contravention aux lois
sur la chasse devrait entraîner, pour celui qui l'aurait encourue, la pri-
vation d'un permis.
254 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION.
» Toutes chasses de nuit ou avec nappes, filets, raquettes ou engins
quelconques devraient être interdites, la chasse au fusil étant seule
permise.
» La nouvelle loi manque aussi d'une disposition interdisant sur le
territoire français le transport de Cailles vivantes, prises au départ ou à
l'arrivée sur les côtes et s'expédiant par milliers en Angleterre ou en
Belgique. Ces agissements doivent nécessairement amener dans un temps
limité une destruction absolue de ces charmants oiseaux.
» Quant aux oiseaux migrateurs, très improprement appelés de pas-
sage, il ne faut pas perdre de vue qu'ils ne sont à l'état de passants que
pour se rendre là oîi ils nichent. Or, s'ils sont détruits pendant la route,
la reproduction ne peut avoir lieu. Je ne pense donc pas que cette dis-
tinction entre les oiseaux de passage et ceux qui ne sont pas considérés
comme tels, doive avoir lieu. D'ailleurs la chasse de beaucoup d'entre
eux s'effectue au moment des nichées. C'est ainsi que lâchasse à la passe
de la Bécasse est, fort à tort, permise pendant les mois de mars et
d'avril, qui sont ceux pendant lesquels les oiseaux entrent dans leur
saison d'amour, se recherchent, s'accouplent et nichent dans nos con-
trées, étant des plus précoces. Ils voltigent alors en se poursuivant au-
dessus des taillis et c'est là ce qu'on appelle la passe. Tuer une Bécasse
en mars produit donc, au point de vue de la destruction, le même effet
que tuer une Perdrix en mai.
s Le paragraphe 5 de l'article 9 est un de ceux que j'ai voulu désigner
comme ouvrant la porte aux abus. Le paragraphe 7 du même article
laisse aussi une bien grande latitude aux préfets, ainsi qu'aux Conseils
généraux dont les membres ne sont pas tous ornithologistes.
-» Le paragraphe 9 abandonne les oiseaux d'eau qui fréquentent les
bords de la mer à une destruction complète. Ils méritent cependant bien
une protection quelconque et ont aussi leur époque de reproduction, qui
s'effectue non loin des rivages.
» Article 12. A partir de la fermeture de la chasse, tout chien ren-
contré faisant acte de chasse et accompagné ou non, devrait être mis en
fourrière et donner lieu à un procès-verbal contre son propriétaire.
» Les savants non chasseurs, ou les personnes notoirement connues
pour s'occuper de questions scientifiques, devraient seules pouvoir bé-
néficier des dispositions additionnelles de l'article 11.
» Maintenant permettez-moi une digression.
j On cherche, dans les écoles primaires, à inspirer aux enfants
l'amour des oiseaux et à réagir contre leur penchant naturel à la des-
truction des nids. On ne peut trop appaludir à ces bonnes dispositions,
dont les oiseaux et les enfants ne peuvent que tirer profit. Mais on doit,
dit-on, faire une distinction entre les oiseaux utiles et les oiseaux nui-
sibles. Là est le danger. Outre que cette distinction subtile ne peut guère
être que relative, qui l'établira? Comment les agents ou fonctionnaires
PROCÈS-VERBAUX. 255
reconnaîtront-ils l'espèce des nids saisis entre les mains des délinquants,
à quels oiseaux ils appartiennent ? Qui dira, ce nid est de Tourterelle,
ce", autre d'Émérillon? puisque, selon le cas, ils constitueront un corps
de délit, ou seront le témoignage d'une bonne action. Enfin, qui peut
déclarer d'une façon certaine que tel oiseau est nuisible ? Dans cette
catégorie on range le Corbeau, or celui-ci détruit les vers blancs en
grande quantité. A ce point de vue donc il est utile et je ne vois pas
que d'un autre côté il commette beaucoup de méfaits. Les Pies-griècbes,
qui mangent les peiits oiseaux, mangent aussi des vers blancs, des in-
sectes, et d'autres oiseaux déclarés nuisibles détruisent bon nombre de
rongeurs. Comment donc déterminer d'une façon certaine si le bien
qu'ils font d'une part ne balance pas le mal dont ils sont coupables d'autre
part et si, somme toute, il n'y a pas compensation. Les rongeurs eux-
mêmes n'ont-ils pas leur bon côté? Les Loirs détruisent un nombre
incalculable de Hannetons. Faut-il donc, me direz-vous, ménager ces ani-
maux? Non, je ne vais pas jusque-là, car ils font plus de mal que de bien,
par les déprédations auxquelles ils se livrent sur les nids des oiseaux,
sur ceux des Lapins même et par les pertes qu'ils occasionnent en atta-
quant les plus beaux fruits.
» Quant aux oiseaux, je ne pourrais guère parmi eux désigner, à coup
sur, comme nuisible que la Pie, et encore !
i Beaucoup d'oiseaux, sans doute, sont coupables de méfaits au point
de vue des récoltes, des fruits ou même des autres oiseaux. Mais ils
racbètent cela en aidant au repeuplement de nos forêts, dont ils dissé-
minent les graines, ou par d'autres services.
■» Je trouve donc très dangereux de dresser une liste des proscription;s
et de dire aux enfants : Ceux-ci sont utiles, ceux-là nuisibles, allez,
épargnez les uns, massacrez les autres sans merci! On peut parfaite-
ment ainsi faire fausse route, sans compter que la distinction des nids
n'est pas toujours facile pour des enfants inexpérimentés. Rien des inno-
cents seraient, de bonne foi ou non, sacrifiés pour les coupables.
■ ï Avant tout il faut se bien pénétrer de cette vérité : que, dans l'élat
de nature, tout se trouve dans une harmonie parfaite et dans d'admi-
rables proportions, qu'aucune espèce animale ou végétale n'est envahis-
sante au détriment des autres. Les animaux se faisant récipro(iuemenl
la guerre pour l'existence et se nourrissant aussi des plantes, il en ré-
sulte que tout se maintient dans un équilibre constant, que l'homme,
avec sa civilisation, ses besoins, sa vie en agglomération vient seul
déranger.
» Loin de moi la pensée que, pour son plus grand bien, l'homme
devrait vivre à l'état de nature, dans la barbarie et la sauvagerie, res-
pectant les animaux fauves ou se laissant manger par eux. Nul ne goûte
plus que moi les bienfaits de la civilisation et n'est plus partisan de ses
progrès. Mais, lorsqu'il s'agit de conservation ou de propagation des
256 SOCIÉTÉ NATIONALE d'aCCLIMATATION.
animaux, on ne saurait tenir trop grand compte de leurs conditions na-
turelles d'existence, pour s'en rapprocher le plus possible et pour com-
battre les perturbations qui y sont apportées par l'humanité, jetant
nécessairement un trouble dans la pondération primitive. Ceci bien
compris, il ne faut pas une abstraction intellectuelle bien grande pour
se rendre compte qu'en détruisant une espèce animale quelconque, fût-
ce la plus infime, on apporte à l'ordre naturel une modification dont ou
ne peut deviner les eftets et mesurer les conséquences.
» Ainsi donc ne détruisons qu'avec une extrême circonspection el
beaucoup de réserve les oiseaux, même ceux qui nous semblent nuisi-
bles, car nous ne savons pas bien ce que nous faisons, ni la répercussion
infinie que la suppression d'une espèce peut avoir dans la nature.
» Mais efforçons-nous, au contraire, de conserver et de propager les
espèces qui nous sont utiles ou agréables, par tous les moyens à notre
disposition, et pour cela ne dédaignons pas les enseignements que nous
donne l'observation de l'état naturel de choses.
» En ce qui concerne la chasse et la conservation du gibier, ayons
une loi bien nette, bien précise, bien compréhensible, disposant d'une
façon générale, n'ouvrant pas la porte aux exceptions, ne se prêtant pas
aux interprétations ni aux distinctions subtiles. Surtout, faisons-la ob-
server.
» Telles sont les réflexions [qui m'ont été suggérées par le projet de
loi sur la chasse et par mon désir de voir prendre des mesures pratiques
pour la conservation du gibier et des oiseaux. »
— M. Léo d'Ounous demande à prendre part aux distributions d'œufs
de Salmonidés faites par la Société.-
— M. Henneguy adresse plusieurs exemplaires d'une note qu'il vient
de publier sur une épidémie qui a détruit, cette année, tous les jeunes
alevins de Truite du laboratoire du Collège de France.
— M. Rivoiron accuse réception el remercie des œufs de Saumon des
lacs qui lui ont été adressés.
— M. Rathelot écrit du Grand-Montrouge: « l^es œufs de Saumon des
lacs que vous avez bien voulu me faire remettre, sont tous éclos dans les
journées des 10 et il avril ; je n'ai éprouvé qu'une perle de 7 œufs sur
les 800 que vous m'avez donnés. Les œufs de Truite que j'avais mis en
incubation le 19 décembre ont mis de 95 à 107 jours pour éclore, à la
température moyenne de + 5 degrés. »
— M. Cloquet écrit de Sèvres : « J'ai reçu de la Société, à la fin
d'avril 1882, 600 el quelques œufs d'Attacus Pernyi. Comme je vous
l'avais annoncé dans mon accusé de réception, j'avais partagé mon édu-
cation en deux parties, une en chambre, l'autre à air libre. Le 1" mai,
vers huit heures du' malin, l'éclosion commençait et durait ainsi tous
les jours suivants de huit à onze heures du matin. L'éclosion a été en
augmentant de jour en jour. Le premier jour, apparaissaient 7 larves,
PROCÈS-VERBAUX. 257
le lendemain, 9, et ainsi de suite en augmentant. Le 20 mai, l'éclosion
était de 30, elle se maintenait ainsi dans une moyenne de 30 à 35 pendant
trois ou quatre jours et redescendait ensuite à une moyenne de 15 jus-
qu'au 26 mai. A partir de ce jour il n'y avait plus aucune éclosion ; il
était né 371 vers, quelques-uns étaient morts à la sortie de l'œuf. Les
œufs restant se déprimèrent rapidement. Je fus étonné de la grande
quantité d'œufs mauvais (environ 250). Je ne sais à quoi attribuer cela,
L'éclosion avait lieu dans une pièce au midi (20 à 22 degrés). Les vers
ne mangeaient pas tout de suite, ils ne commençaient guère que dans
la nuit suivante.
ï. Au bout de quatre ou cinq jours, vers le 1« juin, lorsque je jugeai
la température suffisante, je plaçai dans mon jardin exposé au soleil,
dans une cage vitrée et grillée, la partie que je me proposais d'éle-
ver à air libre (200 environ). Les autres furent laissés dans la pièce
d'éclosion. Le 3 juin, les premiers nés entraient dans leur premier som-
meil et les autres successivement. Malheureusement pendant le premier
sommeil, une nuit, un violent orage s'abattait sur le pays, la cage mal
consolidée fut renversée par le vent, et l'eau entrant dans la cage, dé-
truisait les trois quarts de mes chenilles. Le lendemain je n'en retrouvais
qu'une trentaine qui avaient échappé au désastre. Je les transportai
aussitôt dans la chambre d'éclosion avec les autres et je renonçai pour
cette année-là à l'éducation à air libre.
» Les variations de température pendant l'année 1882, comme vous
le savez, ont été assez brusques et le thermomètre a peu monté. Le so-
leil a été assez rare. Quoique l'éducation ait marché assez régulièrement,
les sommeils ayant lieu à espaces réguliers de neuf à dix jours et durant
de quatre à six jours en moyenne, avant le quatrième, pour une cause
que je ne m'explique pas et que je n'ai pu trouver, j'ai perdu une grande
(juantité de chenilles. Je leur ai toujours autant que possible fourni les
feuilles les plus fraîches possible. J'avais choisi dans le parc de Saint-
Cloud un petit taillis de chênes, où j'allais faire ma récolte de feuilles,
ne choisissant ni les jeunes ni les trop vieilles feuilles et ne voulant pas
changer d'arbres. Aucun oiseau, aucun insecte n'a pu m'en détruire.
Les chenilles mouraient ou disparaissaient par grandes quantités. Enfin,
vers les premiers jours d'août, les quelques vers qui avaient échappé
commençaient leur cocon. J'en ai obtenu une quinzaine et j'ai pu éviter
l'éclosion des papillons et aussi une seconde éducation. Je compte re-
commencer cette année, si mes papillons viennent bien et s'accouplent,
mais je doute de ce fait ; il ne s'est encore rien produit dans les cocons.
11 me semble pourtant que le moment serait arrivé.
» Si la Société peut encore cette année disposer de graines, je deman-
derai la faveur d'être compris dans cette distribution pour une toute
petite quantité, espérant n)ieux réussir celte année que la précédente.
» J'ai semé cette année du Soya liispida. Placé dans un terrain sec,
3' SÉRIE, T. X.— Avril 1883. 17
258 SOCIÉTÉ NATIONALE D'aGCLIMATATION.
crayeux, il a parfaitement réussi et a été d'un rapport très considérable.
)i J'avais aussi obtenu de la Société une petite quantité de graines de
Sagyina (Sorgbo). Semé en ligne comme du Maïs, il a parfaitement
réussi. Les épis sont très bien venus, le grain était très beau et très
bien formé, mais il n'est pas arrivé à complète maturité. J'attribue cela
au peu de soleil et aux mauvais temps que nous avons eu l'été dernier.
Les tiges sont d'une liauteur de 2 mètres à peu près, bien fournies, et
donnent une très bonne paille qui peut remplacer la paille de Mais.
La croissance est assez rapide et la maturité a eu lieu vers la fin de
septembre.
» J'avais donné une petite quantité de graines de Soya et de Saggina
à une personne habitant Montgeron, chez laquelle elles ont aussi très
bien réussi.
» Une personne habitant Juvisy m'a appris hier qu'il y a quelques
jours on avait capturé dans la Seine un Saumon pesant 23 livres et me-
surant environ 80 centimètres de long. Je crois être utile à la Société
en lui signalant ce fait, qui n'est pas rare, à ce qu'il paraît, dans ce
pays. »
— M. Alfred Wailly adresse de Tudor Villa, Norbiton (Angleterre),
un rapport sur ses éducations de Bombyciens séricigènes pendant l'an-
née 1882. 11 y joint un article sur les Lépidoptères anglais et européens,
extrait du Land and Watei-. « J'attends, écrit M. Wailly, une caisse de
Cocons Mylitta (grande race de l'Himalaya), la seule que j'ai réussi à
élever en ltS79. Ils me sont expédiés de Calcutta et le navire est à Lon-
dres depuis vendredi dernier. Si les Cocons sont tous bien vivants, j'en
aurai bon nombre, car j'en attends d'autres de Ceyian et de Bombay ;
mais on ne peut compter que sur ce que l'on tient eu bon état. »
— M. Pontet, président de la Société d'Horticulture et d'Acclimatation
du Cantal, adresse une demande d'oeufs de Vers à soie du chêne.
— M. Mollinger adresse de Godesberg, près Bonn (Allemagne), un
petit lot de cocons de différentes espèces de Vers à soie : Telea Poly-
phemus, Attacus cynthia, Samia cecropia et Samia Promethea, tous
de provenance américaine. — Uemerciements.
— M. Charles Baltet prie la Société de vouloir bien lui faire parvenir
des œufs de plusieurs espèces de Vers à soie.
— MM. Fabre père, Le Guay, Jean Burky, Duplantier, V. Fleury,
Guy aîné, Lecointre, Mathey, Emile Meunier et Mollinger demandent à
orendre part à la distribution de graines annoncée dans la Chronique.
— MM. Mathey, Gnecchi et Mollinger remercient des envois de graines
qui leur ont été faits.
-- M. Fréd. Bomanet du Gaillaud prie la Société de vouloir bien lui
procurer, s'il est possible, du plant de Tradescantia erecla.
— M. Fréd. Palmer demande si la Société possède des renseigne-
ments sur une nouvelle variété de Pommes de terre dite du Brésil.
PROCÈS-VERBAUX. 259
— M. A. Derré de Sablé (Sarlhe)' rend compte des résultats donnés
par différentes graines et plantes provenant de la Société.
— M. de Saint-Quentin écrit de Cette : « Le Cytisus proliferiis, dont on
a distribué récemment des graines et dont j'avais reçu quelques se-
mences il y a cinq ou six ans, sous le nom de Tagasaste, je crois, vient
parfaitement dans la région de Cette. J'avais partagé mes graines avec
quelques propriétaires, qui n'ont pas su ou voulu s'en occuper. Sur cinq
que j'avais gardées et qui ont levé, j'ai perdu, par accident, quatre
plants. Un seul existe encore ; il a 2 mètres de haut, il est très étalé
et a toujours résisté aux tentatives que j'ai faites pour le faire monter,
en lui formant un tronc central. La tige que l'on dresse contre un tu-
teur ne se développe plus et les branches latérales deviennent plus
vigoureuses. Il